nager dans l'eau bleue des fontaines. et puis r'garder le ciel.

flottant à la surface de primrose lake, les yeux rivés sur les nuages cotonneux qui n'assombrissaient en rien la fête, thybault se laisser couler dans son petit monde. pour une fois qu'il s'était forcé à sortir un peu de son quotidien, il appréciait l'effort et l'ambiance. une envie soudaine d'aller regarder un peu ailleurs que les informations morbides de sa télévision et de son film du week-end. un petit pas vers ce que le commun des gens appelait se populariser. faire des rencontres, s'enfiler deux trois bières avant d'aller se peloter derrière un buisson. ouais mais non. c'était pas trop son trip à thybault. lui il était là pour observer ce beau petit monde. nageant vers le bar central, immense îlot flottant au centre du lac, et repère des buveurs, il grimpa sur la plateforme d'un geste assuré, son maillot de bain ruisselant d'eau. de là, il pouvait dominer le lac entier. parcourant la population du regard, à la recherche des quelques amis qu'il possédait encore, il abandonna bien vite, s'asseyant au bord de l'eau, ses pieds s'agitant dans les profondeurs miroitantes du lac.

Rien de tel que le summer break organisé par la ville, sur le lac, pour passer un moment de détente en bonne compagnie ! C'est dans cette idée que je m'y rendis, en maillot short rouge et lunettes de soleil sur le nez, pressé de voir ce que le Maire nous réservait, cette année. Comme d'habitude, je ne fus pas déçu. Il y avait même un bar flottant en plein milieu du lac, idée que je trouvais génialissime. Je devais retrouver quelques potes, qui arriveraient plus tard dans la journée. La première chose que je fis ? Facile : moi qui adorais l'eau, ce fut de m'y jeter ! Je plongeai et nageai sous l'eau avec délectation essayant de garder les yeux ouverts pour ne heurter personne. Et accessoirement pour mater quelques paires de fesses, mais ça, c'est le but inavoué. Je revins à la surface et eu tout de suite envie de tester le bar flottant. Une fois sur celui-ci, je remis mes lunettes de soleil – trempées, mais tant pis – et j'allai me commander un verre. Un mojito, pour bien commencer la journée. Je cherchai ensuite quelqu'un à aborder, pour ne pas rester seul. Une agent de police en fonction était au bar, je la saluai d'un sourire et m'éloignai vers un mec assis au bord du bar, les pieds dans l'eau. Je me posai à côté de lui, sans gêne. Après tout, il était seul et moi aussi. J'étais du genre sociale. « Salut ! » lui dis-je, un sourire avenant aux lèvres. Je l'observai un instant et finis par le reconnaître. « Hey, monsieur le facteur, ravi de te voir ailleurs que sur ta bicyclette ! ».

il était un peu farouche thybault. effrayé à l'idée de n'être pas à la hauteur des espérances des autres. en réalité il possédait un énorme complexe d'infériorité.

le soleil tapant fort sur sa peau déjà légèrement brunit, cela faisait un bon quart d'heure qu'il se tenait assis le cul sur le sol étonnement stable du bar flottant, ses pieds bougeant de façon symétrique en cercles concentriques dans l'eau fraîche de primrose lake. les allées et venues des gens dans le bar la laissait indifférent puisqu'il leur tournait le dos. entendant de temps à autres des bribes de conversations, il lui arrivait de sourire, ou de feindre l’ignorance. le lac était étroitement surveillé, par une ribambelle de flic, dont l'une d'elle se tenant au bar à quelques pas de lui. il pouvait de là où il était, entendre le grésillement de son talkiewalkie. r.a.s. la fliquette ne semblait pas trop bileuse. la soirée commençait plutôt bien et sans encombres.

il ne s'y attendait pas, mais un garçon qui devait avoir son âge s'assit nonchalamment à ses côtés, un cocktail dans une main. tout sourire il le salua gentiment. thybault était un peu mal à l'aise vis à vis de n'importe qui qui ne faisait pas parti de son quotidien. mais ce brave gars avait l'air cotoyable. d'autant plus qu'il semblait particulièrement sociable et qu'il connaissait thybault de vu à en croire ses dires. « oh salut. » essayant de paraître tout aussi sociable que le nouveau venu, il se massa la nuque, esquissant ce qui s’apparentait à un sourire. « on s'connait ? 'fin tu m'connais ? j'suis thybault. le facteur ouais. » un léger rire lui échappa. alors c'était comme ça qu'on le percevait à white oak station. le facteur à bicyclette. il lui tendit sa main, attendant en retour un échange de poigne aussi viril que possible. thybault et les codes sociaux, c'était un grand débat.

Le jeune homme à côté de qui je m'étais posé me semblait sympathique, et quand je le reconnus, je ne regrettai pas de m'être assis près de lui. Mon geste sembla le prendre au dépourvu, mais il se remit vite et me salua en retour. Il me demanda si on se connaissait, ce qui me fit sourire. « Qui peut vraiment dire qu'il connaît son facteur, hein ? Juste... de vue, ça fait des années que c'est toi qui distribues le courrier, non ? » lui répondis-je. J'étais né et j'avais grandi ici, si bien que je l'avais déjà vu à de très nombreuses reprises. On devait avoir un peu près le même âge, d'ailleurs. Il se présenta, me confirmant qu'il était bien celui que je pensais. J'attrapai sa main tendue et la lui serrai tranquillement. Je n'étais pas là pour faire démonstration de ma force, juste pour passer un bon moment et rencontrer du peuple. « Ravi de faire enfin ta connaissance alors, Thybault ! Moi c'est Julian. Si tu as besoin d'une machine à café... je bosse au magasin d'électroménagers, comme ça tu sauras tout ». Je souris et bus une gorgée de mon mojito. « Tu ne bois rien ? » demandai-je, avant de me rendre compte que je m'imposais quand même, là. « Tu attends quelqu'un, en fait ? Je ne te dérange pas ?... Ouais, j'aurais du commencer par ça, désolé ». Trop de sociabilité, Julian. Oui, je sais, je sais. Chassez le naturel, hein !

le jeune homme qui par la suite se présenta en tant que julian, semblait fort sympathique à thybault. pas prise de tête, rieur et très sociable. ce n'était pas la sociabilité qui rongeait thybault, non plutôt sa timidité maladive et sa peur omniprésente d'être pris en ridicule. mais avec julian tout glissait sur des roulettes. impossible de ne pas sourire face à son caractère avenant. le jeune homme décida de se la jouer à la julian. « hé mais justement, la machine de ma mère déconne un peu j'crois. si tu as le temps de venir jeter un coup d'oeil. on est sur fairmount district. » parait qu'il ne faut pas trop se fier aux inconnus, mais à white oak station, et surtout parmi la jeunesse, thybault ne se faisait pas trop de bile. zieutant sur le cocktail de son nouveau camarade, thybault fut rapidement démasqué. « si, j'attendais juste de trouver quelqu'un comme toi pour trinquer aux vacances qui sont là. » il sourit un peu s’apprêtant à aller chercher une de ses boissons rafraichissantes tant recommandées dans le bar, quand julian lui présenta des excuses inutiles, s'apprêtant sûrement à partir pour laisser thybault en paix. ce dernier ne voulait absolument pas, maintenant qu'il avait trouvé un potentiel compagnon de soirée, qui plus est capable de le sociabiliser, il ne comptait pas le lâcher. « oui les filles font la queue derrière moi t'avais pas vu ? » tu lâches une petite blague, espérant qu'elle ne retombe pas en flop comme elles le font parfois. « non j'suis venu seul à vrai dire. ma sociabilité est défaillante ces temps-ci. pas comme la tienne apparemment. »

Thybault n'avait pas besoin d'une machine à café... il en avait déjà une – enfin, sa mère – et visiblement, elle était défaillante. Il m'indiqua son adresse, et me proposa de passer jeter un œil. « Ouais, sans problème ! 'Faudra juste qu'on pense à s'échanger nos numéros d'une manière ou d'une autre. J'ai pas mon portable, à cause du lac » répondis-je avec enthousiasme. Ça ne me dérangeait pas une seule seconde de passer donner un coup de main, et ça ne dérangerait pas mon patron non plus qui ne crachait pas sur le service après-ventes, qui devait être au top selon lui, parce qu'on vendait parfois de la camelote... de ses propres mots. Je m'étonnai que le jeune homme ne soit pas en train de boire, et il me répondit qu'il attendait juste quelqu'un pour trinquer aux vacances. Vacances, il parlait pour lui, mais ça ne me dérangeait pas de trinquer aux miennes qui seraient... en septembre, argh. Je m'inquiétai tout de même de savoir s'il n'attendait pas quelqu'un, en remarquant que je m'incrustais, ce à quoi il me répondit que si, les filles faisaient la queue pour passer du temps avec lui. J'éclatai de rire, tandis qu'il précisait qu'il était venu seul et que, contrairement à moi, il n'était pas particulièrement sociable. « Bon, bah comme t'es marrant, t'as un pote pour te tenir compagnie ! Viens, on va t'chercher un verre » lui répondis-je, en me redressant à mon tour. Nous nous dirigeâmes vers le bar, et j'attendis qu'il passe sa commande. « Je lève mon verre aux vac... » commençai-je par dire, mais mon attention fut détournée par une fille qui passait par là dans un minuscule bikini. Je ne pus pas m'empêcher de la suivre des yeux. « Aux bikinis ! » m'exclamai-je, à moitié sérieux. « A moins que tu ne puisses pas mater pour raison impérieuse, et j'entends par là une femme ».  

échanger nos numéros. c'est ce qu'avait dit julian. thybault en était presque médusé. c'type là voulait bien prendre son numéro ? il essayait vainement de trouver dans les tréfonds de sa mémoire qui était la dernière personne qui lui avait demandé son numéro. amicalement ou avec une autre idée derrière la tête. mais ça ne percutait pas. il se souvenait simplement des gros vents bien froid qu'il s'était pris par bon nombre de demoiselles dédaigneuses. il aimait bien ce julian. il lui donnait envie de sourire. il se désignait même déjà comme son pote. thybault n'en demandait pas plus. pour lui la présence de julian pour passer une soirée sympa c'était déjà beaucoup. il n'aurait pas pu mieux tomber. se levant à sa suite afin d'aller commander un de ces fameux cocktails au bar, il se décida pour un bon mojito bien mentholé comme son nouvel ami. « je lève mon verre aux vac... » attrapant le verre, il le leva en même temps que julian, dont l'attention semblait avoir été détournée par une personne du sexe opposé. « aux bikinis ! » thybault ne pu s'empêcher de rire. non loin de rejeter ce genre de chose, il avait passé une bonne partie de son début de soirée à observer les demoiselles présentes. peut-être à la recherche de la sienne. sa demoiselle aux cheveux flamboyants. ou alors il avait tenté de l'oublier en vain, se concentrant sur cette expansion de filles qui s'agitaient dans l'eau en maillot de bain. « à moins que tu ne puisses pas mater pour raison impérieuse, et j'entends par là une femme » qu'il aurait aimer pouvoir dire à julian qu'il se voyait contraint de ne pouvoir l'accompagner dans son délire, sa raison impérieuse l'en empêchant. mais agnès n'était pas là. agnès n'était pas sienne. « sans soucis, je n'ai personne qui m'attend avec une hache derrière, prête à me dégommer si je pose mes yeux sur une poitrine avantageuse. » un sourire amusé se dessina sur les lèvres du garçon. depuis combien de temps n'avait-il pas eu de conversation de ce genre avec un pote. décidément julian tombait bien. et t'en qu'on était dans la conversation, pourquoi ne pas lui retourner la question. « et toi, une demoiselle dans ta vie ? » une bonne gorgée de mojito et sa soirée était lancée.

Le courant passait plutôt bien entre nous : il riait à mes blagues et je riais aux siennes, que demande le peuple ! Une fois pour nouveau pote servi, d'un mojito lui aussi, nous trinquâmes à ma fabuleuse idée : les bikinis. Je vérifiai s'il avait une copine, ou s'il était disposé à s'amuser un peu ce soir – ça faisait longtemps que je n'avais pas copiloté, et j'étais sûr qu'il était le genre de mec à faire craquer les nanas, avec son petit air innocent. « Sans soucis, je n'ai personne qui m'attend avec une hache derrière, prête à me dégommer si je pose mes yeux sur une poitrine avantageuse » me répondit-il, ce qui me fit de nouveau rire. « A la bonne heure, les poitrines avantageuses, il y a qu'ça d'vrai » m'exclamai-je, « bien que je n'ai rien contre les petites poitrines, note. Une fille qui se balade sans soutif', c'est plus beau quand ils tiennent tout seuls ». Discussion hautement philosophique. Le brun me demanda ensuite si j'avais quelqu'un dans ma vie. « Pas en ce moment, nope. Disons que j'ai quelqu'un en vue, mais c'est la sœur de mon coloc' alors c'est compliqué ». Je me retins de soupirer en songeant à la jeune femme, à qui je ne m'étais toujours pas déclaré. Un jour, peut-être. Mais en attendant... « C'est pas ce soir qu'on se fera assassiner à coup de hache, voyons le côté positif des choses ! C'est quoi, ton style ? Plutôt genre la fille en face, sur le tabouret de droite... » demandai-je en désignant une petite blonde à l'air idiote, aux seins énormes, « ... ou alors celle qui sors de l'eau, sur la plate-forme d'à côté, avec son maillot rouge ? ». Cette fois, je lui désignai d'un coup de menton une fille toute mince, plate mais avec des lunettes de vue et un air inspiré sur le visage. J'aimais bien le jeu du X ou Y, surtout quand le sujet principal était la gente féminine.  

« à la bonne heure, les poitrines avantageuses, il y a qu'ça d'vrai. bien que je n'ai rien contre les petites poitrines, note. Une fille qui se balade sans soutif', c'est plus beau quand ils tiennent tout seuls. » thybault s'esclaffa à son tour. depuis combien de temps n'avait-il pas eu l'occasion de rire un peu avec un garçon de son âge. car en réalité il était tout aussi viril que le reste du monde, alors pourquoi ne pas avoir lui aussi le droit de plaisanter sur les fesses rebondies et les poitrines avantageuses. les deux garçons hilares entamèrent le sujet si délicat des demoiselles. et julian semblait lui aussi en proie à une histoire complexe. thybault acquiesça à tout ce qu'il lui racontait, buvant de temps à autre une gorgée de son cocktail. c'est quand julian entama le jeu du x ou y que l'heure des vérités avait sonné. déglutissant difficilement, le petit brun se mordilla la joue pour éviter de montrer son désarroi. « à vrai dire, ni l'une, ni l'autre. j'ai quelqu'un d'autre qui me trotte dans la tête. » et comme cela n'allait pas avec son discours sur les coups de hache et les petites copines jalouses, il s'empressa d'ajouter. « non pas que ce soit ma copine. malheureusement... » il lâcha dans un énième soupire.

Spoiler:

Entre la blonde et la brune, le coeur de Thybault ne balançait tout simplement pas. De mon côté, j'aurais clairement choisi la brune, même si elle avait un petit air coincé... qui n'était peut-être qu'une façade, au final. Mon nouveau camarade m'expliqua alors qu'il avait quelqu'un d'autre en tête. Je lui lançai un regard interrogatif : était-il dans la même situation que moi, le bougre ? J'avais diablement bien fait de venir poser mes fesses à côté de lui. Il ajouta que la fille en question n'était malheureusement pas sa copine. « Pas encore, tu veux dire ! » m'exclamai-je, convaincu. « Je te demanderais bien pourquoi tu ne lui proposes pas, mais je suppose que c'est : 1, indiscret et : 2, compliqué ». Je souris, en buvant une gorgée de mon cocktail. « Elle ressemble à quoi ? ». A la façon qu'un homme a de décrire la femme qui lui plaît, on voit tout de suite s'il veut se la faire ou s'il tient vraiment à elle. Je le savais, depuis que je pensais à Maxym comme à une fille au sourire le plus tendre que je n'avais jamais, aux cheveux de soie dans lesquels je rêvais de passer mes mains, au regard noisette coquin et affectueux à la fois... et pas comme à une paire de fesse et un joli décolleté. Comme quoi, même les cas désespérés peuvent être sauvés, tout n'est pas perdu.  

la bonne humeur de julian était contagieuse et ne tarda pas à faire sourire thybault. « pas encore, tu veux dire ! » pas encore. thybault en aurait presque étouffé le garçon dans ses bras tant c'était ce qu'il rêvait d'entendre. mais julian ne connaissait pas toute l'histoire. il ne connaissait vraisemblablement pas agnès. « je te demanderais bien pourquoi tu ne lui proposes pas, mais je suppose que c'est : 1, indiscret et : 2, compliqué » un sourire amusé étira les lèvres de thybault. « indiscret pas tellement. je dirais que c'est le genre de chose dont on parle. avec des potes ? » thybault en avait si peu qu'il n'osait les compter sur les doigts d'une main. puis la question fatidique. la description d'agnès. par thybault. par où commencer. « elle est belle. genre vraiment très belle. » il sourit bêtement thybault à l’évocation d'agnès, sans se douter de rien. « elle a de très jolis yeux verts. et des cheveux roux ou blond vénitiens ça dépend des saisons. l'accord parfait quoi. » ces niaiseries qui sortent de sa bouche, thybault il peut enfin les dire à voix haute. comme il ne l'a jamais dit à personne. comme il ne l'a jamais dit à agnès. « et elle s'appelle agnès. c'est joli hein ? » il sourit comme un enfant thybault. comme l'enfant qu'il était, se roulant dans l'herbe aux côtés de la demoiselle.

Thybault me rassura, ce n’était pas indiscret mais plutôt le genre de chose dont on parlait avec des potes. Je haussai les épaules : « Soyons potes, alors ! ». Non, je n’étais pas gêné et si je me prenais une veste… tant pis. Ça ne serait pas la dernière, et encore moins la première. Bien que, d’habitude, c’était les femmes qui me mettaient des vents. Je faisais rarement des propositions d’amitié dans le style de celle que j’étais plus ou moins en train de faire au petit brun. Je lui demandai comment était la fille dont il me parlait. Thybault commença par me dire qu’elle était belle. Vraiment belle. Jusque-là, rien d’étonnant. Les jolies filles ont cette capacité à nous rendre dingue, c’est malheureux mais c’est ainsi. Son sourire niais en disait long sur la beauté de la fille en question, d’ailleurs. Une rousse aux yeux verts, j’étais d’accord avec lui pour dire que c’était un accord absolument charmant. « Je préfère les brunes, mais c’est vrai qu’une belle rousse… on se laisserait séduire, hein ! ». D’ailleurs, j’étais déjà tombé dans les filets de quelques-uns de ces dames. « Et elle s’appelle Agnès. C’est joli, hein ? » conclut-il, ce qui me fit froncer un sourcil. « Agnès… Agnès Gauthier ? » m’étonnai-je. Et puis, le drame. Agnès Gauthier, cette superbe rousse faisait partie des filles qui m’avaient fait craquer par le passé ! A vrai dire, je n’aurais même pas hésité à remettre ça avec elle, si l’occasion s'était présentée. Mon nouveau pote craquait-il réellement pour elle ? Si oui… ça craignait, parce que partager une fille – même à plusieurs mois d’intervalle –, c'est vraiment pas l'idéal dans une amitié.

l'entente cordiale qui s'établissait entre les deux était plus que ce que thybault aurait pu espérer de sa soirée. « soyons potes, alors ! » voilà ce qu'avait dit julian, qui d'après ce qu'avait observé thybault était sûrement le genre de mec avec peu de difficulté de sociabilité, contrairement à lui. alors pour lui c'était tout vu, julian était le genre de mec qu'il rêvait d'avoir comme ami. et voilà que cela se présentait sur un plateau d'argent. puis finalement et de la façon la plus naturelle, la conversation avait tourné sur la gente féminine. thybault se sentait vraiment bien julian. un peu comme si il l'avait toujours connu. et de ce fait il lui avait parlé d'agnès. de la façon la plus simple du monde. et puis la situation avait basculé. « agnès… agnès gauthier ? » cette petite hésitation, accompagnée d'un froncement de sourcils. tout ça n'augurait rien de bon pour thybault. non pas qu'il crève de jalousie, mais un type comme julian avait très bien pu séduire agnès. ça ne l'aurait guère étonné. « tu la connais ? » se massant le menton, il réfléchissait à toute vitesse. et si il la connaissait juste comme ami. comme meilleur ami ? et si il allait tout lui balancer ? « merde alors. lui dit rien s'teu plaît. on vient tout juste de recommencer à se parler. et même si j'espère rien, tu peux pas savoir comme ça me rend heureux. » thybault espérait vraiment qu'il pouvait faire confiance à ce garçon. il était en réalité loin de se douter de la vérité qui se jouait derrière tout ça.