Plus les jours passaient et plus c'était long et ennuyeux de rester enfermer à ne rien faire. Le calme était agréable, ça lui faisait du bien, mais il n'avait pas réfléchi au fait qu'éloigner de tous, il pouvait ruiner sa vie sociale. Il ne voyait que très peu de personnes en ce moment, juste les fois où il sortait faire des courses ou lorsqu'il arrivait à croiser quelqu'un au milieu des montagnes et de la campagne. C'était de tout repos, un lieu sain et il pouvait se sentir complètement serein quand il voyait ce qui l'entourait. Mais parfois, il ressentait ce vide Sloan, comme s'il n'existait plus pour personne, et c'était un peu le cas, parce qu'il ne faisait pas vraiment d'efforts pour avancer. La solitude lui avait toujours semblé un bon remède pour se sentir bien, mais avec le temps, il réalisait que sa maison au milieu de nulle part n'était peut être pas faite pour lui. Pourtant, il avait choisi de venir vivre ici, alors il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même, mais au fond, ça lui faisait toujours bizarre d'être seul, depuis deux ans maintenant, caché au milieu des bois. Toujours les mêmes occupations en vue, nettoyer les feuilles sur sa terrasse, lire un bouquin, tourner en rond dans le salon, manger, puis enfin dormir. Sa vie pouvait être résumée en un mot : pathétique. Parfois, en se regardant dans le miroir, il se trouvait vraiment minable, il avait envie d'afficher un sourire, de sortir, mais il ne le faisait jamais, pour la simple et bonne raison qu'il se sentait bien trop mal pour sortir, et encore plus pour rencontrer des femmes. Parce que oui, parlons en des femmes, depuis combien de temps n'avait-il pas fréquenté quelqu'un ? Il ne savait plus, ça paraissait bien trop loin à son goût, il se demandait même la dernière fois où il avait regardé une femme tout simplement. Pathétique Sloan.

Encore une journée à ne rien faire, une journée à traîner un peu partout, partout sauf dans la maison, parce qu'elle lui semblait bien trop grande. Bien sur, il avait la chance d'avoir un loyer assez réduit, mais quel intérêt avait-il à rester dans cette foutue maison de campagne finalement ? Sa vie sociale mourrait à petit feu, et il suivait bien évidemment ce chemin à son tour. Des idées noires. Toujours des pensées bien trop sombres. Il n'était plus rien. Il se jeta donc sur son lit, épuisé de n'avoir rien foutu un samedi alors qu'en été, la ville arrivait à proposer plein de choses intéressantes. Il aurait très bien pu aller faire un tour au Summer Break, mais l'envie ne lui était pas venue naturellement, se baigner avec des inconnus ne le branchait pas trop, ça lui semblait bien trop con, et puis le fait qu'il soit assez timide l'empêchait d'aller bien loin. Des pas, des branches qui craquent, il se redressa sur le lit, une petite moue surprise accroché à ses lèvres. Qui pouvait venir dans un endroit pareil, au milieu des bois et des montagnes ? Sa curiosité le fit se lever et il sortit sur sa terrasse où elle s’apprêtait à venir. Arizona. Sloan fronça les sourcils. Que faisait-elle ici ? Pourquoi portait-elle sa valise ? Trop de questions, et surtout, son visage fatigué qui lui signifiait qu'elle n'était pas au top de sa forme. "Qu'est ce que tu fais là ?" Demanda-t-il, surpris. Parce qu'elle avait beau être de White Oak Station, elle ne s'attardait jamais trop longtemps, préférant sa vie bien rangée avec son mari, on ne sait où. "Laisse moi t'aider..." Il attrapa sa valise et vint la poser sur la terrasse, lui indiquant d'un signe de tête de le suivre. Il n'allait pas la laisser dans la forêt, peu importe la raison de sa venue ici.  

La voir débarquer ici était... surprenant. Disons qu'il ne s'attendait pas du tout à la voir devant lui. Parce qu'il pensait qu'il était sorti de son esprit, que maintenant qu'il ne faisait plus parti de l'armée, ils allaient être des inconnus. Mais bon, il se doutait bien qu'il la croiserait un jour parce que ses parents vivaient dans le coin et ils les avaient déjà vu deux trois fois, suffisamment pour comprendre qu'ils faisaient parti de sa famille. Ce qui l'étonnait le plus, c'était le fait qu'elle portait une valise alors qu'en la voyant, il songeait simplement à une visite de courtoisie, une visite pour être polie, histoire de dire qu'elle était passée dans le coin alors elle venait lui dire bonjour. Et puis elle était seule aussi, et ça, ça n'avait rien de normal, rien du tout. Sloan afficha une petite moue en l'ayant devant les yeux, elle n'avait pas changé Arizona, toujours aussi simple, une petite femme bien dans sa peau, une femme qu'il avait longtemps regardé sans s'y intéresser. Parce qu'elle avait beau être jolie et sympathique, elle se révélait mariée et ça n'avait jamais été son genre d'approcher les gens de trop près lorsqu'ils n'étaient pas libres. Il ne comprit pas vraiment pourquoi elle voulait que sa venue reste secrète, peut être un problème avec eux ? ou avec son mari ? Les questions se bousculaient dans sa tête, tout était confus, parce que la situation semblait assez suspecte, bien trop à vrai dire. Il ne réfléchit pas trop longtemps avant d'aller lui donner un coup de main, par politesse tout d'abord, puis il se devait d'être un hôte convenable, même si ce n'était pas vraiment son genre à Sloan.

"Eh bien, oui, tu peux rester ici tant que tu veux..." Il ne se voyait pas refuser Sloan, ce n'était pas du tout dans son intérêt de la laisser à la porte, surtout la connaissant, elle aurait un peu insisté et finalement, il aurait fini par céder. Pas qu'elle lui faisait peur, non, mais son fort caractère pouvait rapidement le déstabiliser, surtout dans son état actuel. "Tu ne me déranges pas Arizona." Lâcha-t-il en affichant un petit sourire alors qu'elle le suivit sur la terrasse, peut être ayant envie de se mettre à l'aise après un long trajet. Il n'en savait rien, cela faisait une éternité qu'il ne l'avait pas vu, il se demandait même comment elle faisait pour se souvenir de lui, et pourquoi elle avait pensé à lui avant d'autres. Arizona était plutôt du genre sociable, et il avait remarqué qu'elle s'entendait un peu avec tout le monde, alors le choisir lui, il n'arrivait pas vraiment à saisir l'idée. Ses joues rosées, gênée, elle le faisait sourire, ce qui arrivait rarement ces temps-ci et puis il réalisa que ça ne pouvait pas lui faire de mal d'avoir de la compagnie, quelqu'un de connu près de lui, quelqu'un d'agréable...

"Est-ce que tu vas bien ?" La question était de rigueur et elle se devait d'être honnête avec lui, parce qu'il fallait avouer que c'était étrange de la voir ici. Au milieu de nulle part. Il reprit sa valise en main et l'invita à entrer à l'intérieur, parce que la chaleur devenait étouffante parfois, et elle devait certainement mourir de chaud, surtout après un trajet à pieds jusqu'à son habitation. "Tu as soif ? Faim ? Je sens que ça ne va pas..." C'était comme si c'était écrit sur son visage. Il ne l'avait pas connu comme ça, elle était de nature pétillante, toujours à avoir le dessus sur toutes les situations alors ça lui semblait bien suspect qu'elle soit éteinte comme cela. Et ça lui faisait un petit pincement au cœur, parce qu'il l'appréciait et n'avait pas envie qu'elle se sente mal. "Fais comme chez toi." Ajouta-t-il, parce que si elle comptait rester quelques jours, il fallait qu'elle se sente à l'aise, pas comme une étrangère venue de nulle part. Non, il voulait qu'elle se sente bien Sloan, juste pour voir un sourire à nouveau accroché à ses lèvres.

S'il n'était pas certain de son choix, jamais il ne l'aurait invité à entrer. Mais Arizona était tout de même une ancienne collègue, et malgré toutes ces sauts d'humeur, Sloan avait toujours respecté la demoiselle. Pas parce qu'elle était une femme, mais tout simplement parce qu'il ne s'imaginait pas manquer de respect à quelqu'un, il était bien trop bon pour ça. Même s'il pouvait être quelques fois violent, il n'était pas du genre à blâmer tout le monde pour sa vie de merde. Qui plus est, la demoiselle avait été d'un grand soutien lorsqu'il se sentait mal, tout comme ses autres camarades, mais plus particulièrement elle et cette tendresse féminine que personne d'autres ne pouvaient lui offrir. Peut être parce qu'il n'y avait pas beaucoup de femmes dans l'armée, la violence et les insultes ne sont pas des choses aimées, mais pourtant, elle était là, toujours avec son sourire plaqué sur ses lèvres, à faire fantasmer plus d'un homme. Arizona et sa joie de vivre, sa sévérité et son rire joyeux. Au plus loin qu'il se souvenait, Sloan ne l'avait jamais vu aussi étrange, elle ne respirait plus la joie de vivre qu'elle avait auparavant, il avait l'impression qu'elle avait perdu cette petite étincelle en elle, qu'elle était devenue une toute autre personne pendant ces quelques années. "Certain." Lui répliqua-t-il en affichant un petit sourire, parce qu'elle arrivait à lui décrocher un sourire Arizona, sa simple présence suffisait pour combler la solitude qu'il avait tant voulu. Il se sentait assez bizarre, surpris lui même par ces efforts qu'il faisait alors qu'elle n'était là que depuis cinq minutes tout au plus. Sa question paraissait un peu stupide, parce que si elle se trouvait là, c'est qu'elle n'allait pas vraiment bien. Si elle était au plus haut de sa forme, elle n'aurait certainement pas mis les pieds ici, il en était sur, elle aurait profité de sa famille, ou de son mari. Mari qui devait bien se poser des questions quant au fait qu'elle soit ici et pas ailleurs, à moins qu'il ne sache pas tout ça.

Dans le fond elle allait bien, prétendait-elle. Mais qu'est ce que ça signifiait tout ça ? Il n'arrivait pas vraiment à la comprendre, comme il n'avait jamais compris les femmes, bien trop compliquées à son goût. L'expression de son visage en disait beaucoup sur ce qu'elle ressentait, elle avait l'air complètement perdue, en pleine réflexion peut être ? Il n'avait aucune réponse à toutes ces questions, Arizona semblait avoir quelques soucis à s'exprimer, à comprendre elle même ce qu'il se passait dans sa tête. "De quoi tu parles Arizona ? Je n'arrive pas à comprendre... Tu es mariée, t'as une famille aimante, à côté de quoi peux-tu passer ?" Il n'enviait pas sa vie, elle devait sûrement avoir des problèmes, comme la plupart des gens dans ce monde, mais elle avait toujours fait bonne figure, jamais il ne l'avait vu triste, jamais il ne l'avait vu aussi embêté par quelque chose. Et il se demandait bien les raisons de ce retournement de situations, de cette tristesse. "Il s'est passé quelque chose dont tu veux parler ?" Son mariage volait en éclats, et cela signifiait qu'elle était disponible alors. Il se sortit cette idée de la tête, ce n'était pas du tout son genre de penser ainsi, de croire qu'il avait un quelconque pouvoir sur elle, une maigre chance d'être plus que son ami. Il n'avait jamais désiré ces choses-là, mais la voir ici le remuait, son esprit était totalement confus, il n'arrivait plus à penser correctement. Elle remercia, et sans qu'il s'y attende, elle s'approcha pour le prendre dans ses bras. Il l'enlaça Sloan, surpris par cette proximité, le palpitant tambourinant dans sa poitrine, il n'avait jamais été aussi proche d'elle qu'aujourd'hui. "Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là Arizona..." Il ferma les yeux, l'odeur de ses cheveux vint caresser ses narines, et pour chasser ces vilaines pensées peu orthodoxes, il se détacha d'elle, préférant garder ses distances.

La vie d'Arizona semblait bien plus difficile qu'elle n'y paraissait. Elle parvenait très bien à cacher ses doutes au fond d'elle, rien ne pouvait sembler clair quand on la voyait. Mais comme tout le monde, elle s'avérait avoir des failles et c'était dur pour elle d'accepter sa vie comme elle était actuellement. Elle se posait plein de questions, tout comme Sloan s'en était posé il y a de ça deux ans maintenant, mais après tout ce temps, il n'avait toujours pas résolu tous ses problèmes. Et Arizona n'y parviendrait peut être pas si elle continuait sur cette voie là. Certes, ce n'était pas la meilleure solution que de fuir, mais si elle le faisait c'est qu'elle avait une bonne raison. Tout d'abord, elle expliqua que sa famille n'accepterait pas le fait qu'elle quitte l'armée, et elle avait raison de penser ainsi, parce que du peu qu'il les connaissait, ils étaient purs américains et c'était un honneur pour eux que d'avoir leur fille représentant leur pays. Ils étaient fiers d'elle et ils avaient de quoi l'être, car Arizona avait toujours assuré dans son travail, il n'avait jamais eu de doutes à propos d'elle, c'est certain. Il haussa les épaules, ne sachant que lui dire, ça semblait être une situation délicate et il n'était pas certain de pouvoir améliorer ses angoisses, ses doutes, il pouvait la soutenir, c'était déjà une bonne chose pour commencer. "Il faut que tu réfléchisses, ne fous pas en l'air ta vie à cause de tous ces doutes." Il ne fallait pas qu'elle jette tout comme si ça n'avait jamais existé, il fallait qu'elle pense à son futur, à ce qu'elle allait faire si elle projetait de quitter l'armée. Qu'elle vive d'une de ses passions, parce que c'était certainement la seule chose qui pourrait la conforter dans l'idée de quitter son boulot actuel. "Fais quelque chose qui te plait, ne regrette pas tes choix..." Il était bien placé pour parler, au fond de sa montagne, avec personne comme compagnons à part les animaux ou les bruits qu'il pouvait entendre. Il vivait tout de même correctement et ça lui plaisait, il ne souffrait plus désormais.

"Tu as parlé de ton ressenti à ton mari ?" Il connaissait déjà la réponse, mais il devait la lui poser pour être sur de savoir toute l'histoire. Bien qu'il avait l'impression de ne rien pouvoir faire, peut être que le mari en question ressentait la même chose. Il n'en savait rien, il ne le connaissait pas, mais il voulait être sur qu'Arizona n'était pas en train de faire une connerie, parce qu'il était important de mettre les choses au clair avant de partir. Il fit une petite moue, il n'avait jamais connu l'amour, ni la vie avec quelqu'un alors il ne pouvait pas se prononcer sur le sujet, les histoires sérieuses n'avaient jamais été son truc. Pas qu'il ne désirait pas être posé, disons plutôt qu'il n'avait jamais trouvé quelqu'un, sa vie était bien trop compliquée pour que quelqu'un vienne la partager. Mais désormais, Arizona était là et il devrait se faire à la vie à deux, même s'ils n'étaient que deux amis, tout simplement. A cause de cette proximité, Arizona se sentit gênée, il pu le voir sur son visage qui rougit soudainement. Lui même l'était, et il se passa la main derrière la nuque, confus de ce qu'il venait d'arriver. Ça n'avait rien d'extraordinaire en soit, mais le fait qu'il ne soit qu'un ami pouvait la gêner, surtout qu'ils n'avaient jamais été aussi proches, même si elle l'avait soutenu dans ses problèmes, ils n'avaient jamais osé se faire une étreinte, et la demoiselle s'en excusa immédiatement. "Tu n'as pas à l'être Arizona." Il fit une petite moue et lui offrit un sourire qui se voulait rassurant, ça arrivait à tout le monde de perdre pieds, elle n'était pas une exception à la règle, sauf que derrière son sourire, elle cachait bien des choses, et ça faisait parti de sa personnalité, qu'elle le veuille ou non. Il passa sa main sur sa joue, la caressant délicatement, pour être sur que tout allait bien pour elle, pour garder cette proximité gênante malgré tout. "Est ce que je peux faire quelque chose pour t'aider ?" Demanda-t-il innocemment, ne sachant plus vraiment comment agir face à elle.

Lui aussi était passé par cette phase là. Il avait eu des doutes sur sa carrière, sur ce qu'il devait faire ou non, et à force de persévérer, il avait réussi à trouver une alternative à son boulot de militaire. Oui, ce n'était pas facile, elle devait prendre le temps de faire les bons choix et surtout, ne pas s'en faire pour la suite. Ça ne paraissait pas si facile en réalité, mais lui avait réussi alors pourquoi pas elle ? Il se souvint de cet acharnement sur lui même, des tentatives de s'en sortir sans y parvenir, non ça n'était pas facile, même bien difficile pour lui. Mais s'il avait réussi, elle pouvait également le faire à son tour, il fallait juste qu'elle réfléchisse correctement et elle ne serait pas seule dans cette épreuve, Sloan l'accompagnerait jusqu'au bout, coûte que coûte, même si penser une telle chose pouvait paraitre étrange vu le temps qu'il s'était passé entre leurs dernières rencontres. "Quoi que tu fasses, je serai là Arizona, du mieux que je pourrais." Parce qu'il n'était pas vraiment stable dans sa tête, alors avoir la conscience de son amie en plus l'épuiserait certainement. Il n'était pas encore complètement soigné, il avait encore du travail, mais il faisait ce qu'il fallait pour s'en sortir, et garder Arizona près de lui l'aiderait certainement à avancer, sans arrières pensées étranges évidemment. Bien qu'en la voyant ainsi, il avait envie de la prendre dans ses bras, la consoler jusqu'à ce qu'elle aille parfaitement bien. Mais si c'était le cas, elle partirait certainement, et maintenant qu'elle était là, ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait. "Tu vas t'en sortir, regarde moi, j'ai réussi." Un mensonge, mais il ne pouvait pas lui dire qu'il n'allait pas bien, que les cauchemars persistaient chaque nuit, elle aurait certainement fuit. Et puis, son but était de l'aider elle, pas de se morfondre sur son sort, ça n'avancerait à rien.

Aucun centre d'intérêts communs ? Il arqua un sourcil, parce que là, elle s'était plantée sur toute sa vie en fait. Enfin, c'est ce qu'il comprenait de ses dires. Finalement, elle avait épousé une parade, un bon gars pour que sa vie paraisse parfaite aux yeux des autres. Il l'ennuyait, et il devait certainement ressentir la même chose de son côté, sinon il l'aurait retenu, il ne l'aurait jamais laissé partir alors que pourtant, elle était là. Là, elle ne pouvait plus rien faire pour sauver son couple, et même s'il voulait le sauver lui, il ne pourrait pas, parce qu'Arizona ne lui portait plus aucun amour et la forcer n'aurait pas arrangé les choses. "Alors divorce, ça ne sert à rien de continuer." De toute façon, que pouvait-il lui dire d'autre ? Son avis ne comptait pas puisqu'elle était mariée et il ne pouvait pas remédier à cela, à moins de repartir des années en arrière pour la stopper dans son élan, et même s'il n'était pas à la pointe de la technologie, il doutait qu'une telle machine pouvait bien exister. "Un tel mariage ne pourra jamais fonctionner, tu en as conscience ? Et de son côté, il doit ressentir la même chose que toi, sinon cela ferait bien longtemps qu'il t'aurait parlé." Il soupira, elle avait pris conscience des choses visiblement, et elle était prête à changer de vie, petit à petit, parce que ça ne se faisait pas d'un seul coup, mais elle y parviendrait, avec sa force, il en était certain.

L'accueillir chez lui était bien la moindre des choses, il pouvait bien faire ça pour elle, surtout dans sa situation, il ne voulait en aucun cas la laisser à la rue, avec sa détresse. Il fit une petite moue Sloan, parce qu'il ne savait pas trop quoi ajouter pour détendre l'atmosphère qui devenait peu à peu assez pesant à son goût. S'éloigner d'Arizona pour commencer était la meilleure idée qu'il ait eu depuis des mois, il ne voulait pas qu'il y ait une quelconque ambiguïté entre eux, ce n'était pas le but de leur rencontre. Mais maintenant qu'elle était là, il fallait qu'il se bouge un peu, qu'il réfléchisse à une activité, parce que trainer au milieu du salon n'était certainement pas le top du top question occupation. Intérieurement, il rit de sa stupidité, et gentiment il lui prit la main pour l'entrainer dans la salle de bain où il lui tendit une serviette. "Prend un bain, ça te fera du bien." Il avait la chance d'avoir une baignoire et il savait à quel point c'était bénéfique pour lui d'en prendre quand ça n'allait pas, alors autant en profiter, sans mauvaises arrières pensées évidemment.

Prendre une décision ne s'avérait pas toujours facile, encore moins quand notre avenir dépendait totalement de ce qu'on allait faire. Arizona avait raison, il fallait vraiment qu'elle réfléchisse à ce qu'elle voulait faire de sa vie, si elle désirait vraiment tout changer que ce soit son métier ou sa vie sentimentale. Parce qu'elle pourrait regretter par la suite et Sloan n'avait pas franchement envie de contribuer à ses remords, sa vie à lui était déjà bien compliquée à son goût. Quitter sa mère n'avait pas été une chose facile pour lui, même si elle ne lui portait pas l'amour qu'il voulait, elle n'en restait pas moins la femme qui l'avait mise au monde. Même si elle ne le désirait pas, même s'il était tout simplement une honte à ses yeux. Alors quand il avait décidé de partir, il avait eu lui aussi des doutes quant à son avenir si proche. Et finalement, l'armée avait eu raison de lui, il avait choisi de défendre son pays, mais pas seulement, il voulait aussi se détendre dans les combats, oublier toute cette vie merdique qu'il avait eu pendant ses plus jeunes années, et autant dire que ce n'était pas chose facile.

Ça pouvait paraitre facile de divorcer, d'envisager de changer complètement de vie. Mais pour Arizona, c'était l'enfer, elle détestait penser à cette idée, il pouvait le voir sur son visage tant c'était flagrant. C'était embêtant de ne pouvoir rien faire pour elle, ça le rongeait de la voir comme ça dès son arrivée, alors qu'elle aurait du avoir le sourire. Mais visiblement, elle l'avait perdu depuis fort longtemps, bien trop au goût de Sloan. Mais il ne pouvait rien y faire à part lui exprimer sa compassion parce qu'il ne connaissait pas son mari (et ne voulait pas le connaitre d'ailleurs), il ne savait rien sur lui, pas même son prénom, alors pour comprendre un total inconnu, c'était assez lamentable. Il soupira, ne sachant que faire pour remédier à son problème de couple, lui ne connaissait pas cela, et il n'envisageait pas encore de le connaitre, alors il était certainement très mal placé pour la conseiller, vraiment trop mal placé. "C'est compliqué et il te faut du temps pour y réfléchir. Alors reste tant que tu veux ici, ça te permettra de faire le point, d'éclaircir certaines choses." Enfin, il espérait que l'air de la montagne lui soit aussi bénéfique que pour lui, seul le temps nous dirait si les choses allaient s'arranger.

Arizona sembla apprécier l'idée du bain, un bon point déjà. De toute façon, il n'avait pas d'autres options à ce moment précis pour lui remonter le moral. Et qui sait, il espérait que ça les ferait changer de sujet de conversation lorsqu'elle aurait fini. Pas que sa vie ne l'intéressait pas, mais avant tout, elle était là pour oublier ses tracas, alors pas de quoi en parler toute une journée, ça n'avancerait certainement à rien. Il lui fit un sourire en la conduisant à la salle de bain, et lorsqu'elle entreprit de prendre le bain, il sortit de la pièce, allant dans le couloir pour souffler un coup. Ce n'était pas dans ses habitudes d'accueillir qui que ce soit chez lui, et ça lui faisait bizarre de la voir ici donc il avait besoin de se remettre les idées en place Sloan. Il s'appuya contre le mur pendant un instant puis il remarqua que la salle de bain n'était pas fermée. Lentement, il s'approcha jusqu'à y voir le corps de son amie, presque nu. Il resta un instant à la regarder, le cœur battant rapidement, puis il secoua rapidement la tête et détourna les yeux, honteux. Pas fier de ce qu'il venait de faire, il partit dans le salon et s'installa sur le canapé, encore l'image d'Arizona nue. Pas que le spectacle était déplaisant, bien au contraire, mais il avait honte, terriblement honte d'avoir posé les yeux sur elle sans signaler qu'il se trouvait là.

La honte le submergeait totalement. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi mal face à quelqu'un. Regarder Arizona alors que la porte de la salle de bain était encore ouverte ne faisait pas parti des choses qu'il faisait d'habitude, mais il avait céder à la tentation, parce qu'il avait toujours senti une connexion entre eux. Sauf que la demoiselle se révélait marié, et même si elle passait par une mauvaise période, il ne pouvait pas se permettre de la mater comme un adolescent en mal de relations sexuelles. D'ailleurs, il n'y avait jamais songé, il vouait un réel respect à son invitée, Sloan ne faisait pas parti des gars du genre à sauter sur la première venue pour se faire plaisir. Il ne l'avait jamais fait, non, en général la femme venait plutôt à lui, sans vouloir se vanter. Il n'était pas du genre à draguer, ça se voyait clairement sur son visage de toute manière, malgré son apparence caractérielle, il restait quelqu'un de timide et calme -bien plus qu'auparavant. Il se chassa toutes ses vilaines pensées de la tête et resta figé sur le canapé, attendant patiemment que son amie le rejoigne dans le salon pour discuter ou lui faire visiter un peu le coin de nuit. La forêt se révélait assez sympathique la nuit tombée, et le calme qui y régnait plairait sûrement à la douce Arizona.

Pourtant, Arizona vint le sortir de ses pensées en débarquant dans le salon à moitié nue, portant juste une serviette qu'il lui avait gentiment donné quelques minutes plus tôt. Elle signala sa présence en lui avouant avoir oublié de prendre ses vêtements. Il aurait du y penser avant de la pousser dans la salle de bain. Sloan émit un soupir et se leva immédiatement, comme s'il pouvait l'aider à quoi que ce soit, alors qu'en réalité, elle n'avait certainement pas besoin de lui pour s'habiller, elle demeurait assez grande pour le faire toute seule. Il essaya de regarder ailleurs, de ne pas poser les yeux trop longtemps sur elle mais ça semblait impossible, elle avait l'air d'avoir besoin d'aide, besoin de réconfort et il ne savait même pas quoi lui dire. "Tu aurais du m'appeler, je t'aurais apporté ta valise." De toute façon, qu'aurait-il pu faire de mieux ? La situation se révélait de plus en plus gênante, Arizona se baladait presque nue devant lui et il voyait ça comme une provocation, alors qu'elle n'était pas du tout du genre à faire ce genre de choses, il en était certain. Elle repartit aussi rapidement qu'elle fût venue et il se rassit presque immédiatement. En y réfléchissant, il aurait pu faire un effort pour elle. Alors il se leva et la rattrapa, frappant à la porte pour signaler sa présence, attendant qu'elle lui dise d'entrer. Elle le fit après un moment, sûrement le temps d'enfiler quelque chose. Sloan entra et la découvrit pas totalement habiller, mais c'était déjà mieux. "Je vais te faire de la place dans un placard pour que tu te sentes vraiment chez toi." Dit-il en lui faisant un sourire, pas trop convaincu de ce qu'il venait de dire parce que ça avait l'air tellement ridicule. Il se sentait pathétique.