~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Ma vie au lycée (...) ça remonte quand même à très loin mais j'en garde de bons souvenirs. J'étais le genre de gars qu'il fallait pas trop chercher. Un tantinet trop impulsif, je dégainais à la moindre remarque cinglante. J'étais un élève turbulent, 'l'élément perturbateur' de la salle de classe. A chaque fois, je me tapais des heures de colle mais j'en profitais plus pour draguer les jolies filles. D'ailleurs, la fois où mon cas s'est vraiment aggravé fut la fois où la fille du directeur m'a accompagné au bal de fin d'années. Je vous laisse imaginer la réaction de son père ...

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Oui ? Non, sérieusement, je pense que je le suis. J'ai l'air de pas l'être ? Mouais. Bref, je me plais plutôt bien ici. Y a pas à dire, cette ville a quelque chose qui fait qu'on s'y sent bien ; c'est mon ressenti. Bien sûr, je peux me tromper surtout que ça fait moins d'un an que j'y suis mais l'atmosphère est tranquille, détendue. Les gens ne semblent pas être alarmés dès qu'ils me voient, pas comme ... dans mon ancienne ville. Avec le passé que j'ai, je foutais un peu la frousse aux gens que je croisais. Mais c'est du passé. Ici, c'est différent. Tout est différent, c'est mieux d'ailleurs.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Plus ici déjà, au moins, je vivrai mieux, je l'espère. Je n'aime pas trop me projeter dans l'avenir, préférant vivre au jour le jour, qu'importe ce qu'il pourra m'arriver. Sincèrement, je ne m'imagine pas du tout être casé ou alors, divorcé avec, éventuellement, un enfant à charge. Mais .. ne parlons pas de malheur, pas encore. Je pense que je serai toujours le même gars, mécanicien et alcoolo à ses heures perdues. Quoique, je me verrai bien 'clean' mais j'idéalise trop mon futur, c'est vrai.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: alex. ÂGE: vingt ans. LOCALISATION: France . PRÉSENCE: régulièrement sauf en période d'examens . COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? bazzart, comme souvent. AUTRE CHOSE À AJOUTER? Magnifique forum

Un rendez-vous chez mon psychologue, un énième depuis mon arrivée à White Oaks il y a moins d'un an. Je pensais en avoir fini avec tous mes problèmes et pourtant, je continuais de payer ces foutues séances. Dans le fond, ça me faisait du bien, ça me soulageait, me détendait, de parler de mes soucis. A qui pourrai-je en parler sinon ? Mes amis ? Sans façon, ils ont déjà assez de merdes dans leur vie pour que j'en rajoute une couche supplémentaire.
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L'atmosphère s'avérait tendue voire électrique. Cela se sentait rien qu'en pénétrant dans la pièce. Cette dernière était d'un style plutôt classique avec quelques tableaux accrochés aux murs, des bibelots ornant une table et de la paperasse par millier. Les deux grandes étagères étaient couvertes dans leur totalité de bouquins et autres dossiers sur la psychologie. Quant à moi je restais immobile, serrant le jeu de clé de ma voiture, une vieille Mustang que j'avais retapé avant de venir dans cette ville. Je me demandais ce que je foutais ici. Je me rappelle encore les paroles de de ma mère qui m'avaient forcé à consulter un psy à cause de mes problèmes avec l'alcool lors de ma période 'je suis un jeune adulte qui se rebelle'. Pourtant, même maintenant, âgé de vingt-huit ans, j'avais encore des problèmes. J'étais qu'un con, je me le répétais sans cesse ; tout ce qui comptait pour moi c'était que j'amasse de l'argent, que je puisse picoler en paix, que j'ai de belles femmes dans mon lit, une belle maison, une splendide voiture et un beau chien. Le reste ? Je m'en foutais. J'avais fait des études et de la prison - c'était le plus dramatique dans ma vie, selon ma mère -. « Asseyez-vous monsieur Hawkins, je vous en pris. » J'acquiesçais, déposant mon blouson poisseux contre le dossier de l'une des deux chaises puis pris place sur le sofa, m'étalant de tout mon long comme s'il s'agissait de mon propre 'chez moi'. « Bien, lors de notre précédent entretien, notre séance a été écourtée suite à ... votre maladie. » J'acquiesçais une fois de plus, ne désirant pas le contredire au vue des circonstances de cette 'dernière séance'. J'avais été dans l'obligation de quitter le médecin plus tôt que prévu sachant que j'avais réussi à dégueuler aux pieds du psychologue ; quelques jours plus tard, j'avais contracté la grippe. Je vous passe le monologue qui s'en était suivi après cette envolée furtive. « Reprenons. Nous nous en étions arrêtez à votre profession. Vous êtes mécanicien, c'est bien ça ? Depuis combien de temps avez-vous monté votre propre affaire ici ? » Son regard se braqua un instant sur moi alors qu'il commençait à griffonner sur son calepin -je n'avais pourtant rien dit-. Je plissais brièvement les paupières puis pris la parole, apparaissant comme un type normal n'ayant aucun problème. Pour la deuxième remarque, permettez-moi d'émettre un doute. « C'est bien ça. Ça fait maintenant quelques mois que j'ai acquis un vieux garage aux abords de la ville. Sur un coup de tête, j'ai décidé de le rénover et d'y monter mon propre business, en tant que mécanicien. Je pense que ma mère serait fière de moi si elle voyait que j'ai enfin fait quelque chose de bien dans ma vie. » Je décroisais mes doigts puis me redressais tranquillement. Au loin, j'entendis des éclats de rire qui me firent songer à des éclats de verre. « Votre mère, parlez-moi en un peu. Que faisait-elle dans la vie ? Était-elle mariée ? Avez-vous des frères/soeurs ? Parlez moi de votre vie monsieur Hawkins. » Ca débutait fort. J'avalais machinalement ma salive avant de lisser les pans de mon tee-shirt. J'étais songeur, pensant à ma mère qui, de là où elle me surveillait, devait bien se marrer. J'avais pas l'air ridicule à me confier à un type que je ne connaissais pas et qui osait me poser des questions auxquelles je n'avais jamais réfléchi. Pourtant j'allais faire un effort, juste pour elle. « Ma mère, c'était vraiment quelqu'un de bien. Elle avait du cœur pour tout ce qu'elle faisait. Quand j'étais gamin, elle m'engueulait beaucoup parce que j'étais vraiment un garçon assez rebelle, turbulent et allant à l'encontre des problèmes. Faut croire que je me suis un peu assagi avec le temps. » J'esquissais un doux sourire puis reprit, levant mon regard au plafond auquel je portais soudainement un si grand intérêt. « Elle était professeur de français au Texas, mariée à un riche avocat, mon père. Ils ont eu deux enfants : moi, l’aîné et Siobhàn, la plus jeune, ma soeur. J'ai vécu de bons moments avec eux jusqu'au jour où tout s'est cassé la gueule, pardonnez-moi l'expres​sion (...) » Ma voix se faisait plus grave, plus sombre par moment à mesure que je racontais mon récit. Je lui fis part de la liaison extraconjugale de mon père avec une bonne femme rencontrée lors d'un voyage à Paris. Je lui parlais également de la descente aux enfers de notre propre famille lorsque mon père avait demandé le divorce après avoir tenté de recoller les morceaux. Pourtant, peu de temps après l'annonce officielle de leur divorce, ma mère s'est foutue en l'air : se jetant sur les rails d'un train. Ma sœur et moi-même en étions devenus malades à tel point que la semaine suivant le décès de ma mère, je m'étais pointé au domicile de mon présumé père et lui avait fait payer ses années de mensonges et d'absence à coups de poings, de crochets et d'injures. Si j'avais pu, je l'aurai expédié directement au cimetière sauf que ma conscience m'en avait défendue. Alors pour me soulager, je m'étais posé chez moi et avait commencé à faire rejaillir mon vieux démon : l'alcool. Les bouteilles s'étaient rapidement enfilées et je n'avais même pas remarqué que ma sœur avait assisté à cette triste scène. J'avais fini par craquer et éclater en sanglots ; les larmes brûlants les plaies saignantes de mon visage, déversant toute ma rage à l'encontre de ma sœur. Au fond, c'est elle qui avait su me soutenir et me rééquilibrer. Je fis également part à mon interlocuteur de ma passion pour la musique et les tatouages. Une autre manière de ne plus songer à mon passé et à mes erreurs commises. « Depuis combien de temps buvez-vous ? Êtes-vous chez les ... » Je lui coupais aussitôt la parole, ne lui laissant guère le temps de répondre. « Les Alcooliques Anonymes ? Non, pas du tout. J'ai pas franchement l'envie d'y mettre les pieds d'ailleurs. Sur ce sujet-là, ça ne regarde que moi. » Je comptais bien lui clouer le bec, histoire qu'il me foute la paix avec ses questions. Il faisait chaud, j'en avais déjà marre. Je voulais simplement me barrer et ne plus avoir affaire à ce type ; si j'étais venu ici, c'était uniquement parce que ma mère l'aurait voulu.
« Bien. Revenons-en à un autre sujet si vous me le permettez. Vous vous plaisez à White Oak ? » Je haussais tranquillement les épaules avant de détourner mon regard vers la fenêtre. Jusqu'à quand cette interrogatoire ? J'allais tout de même pas m'éterniser ici, et encore moins en sa compagnie. Mais, suite à sa question, je pensais à Mike, à Charly et à James ; mes potes que je m'étais fais ici. Sans parler d'Andrea, la belle Andrea qui me faisait toujours autant de l'oeil et qui m'agaçait de temps en temps. Idem pour Lussy avec qui j'entretenais de bons rapports. Restait à savoir si la ville en elle-même me convenait, si l'ambiance s'avérait aussi chaleureuse à laquelle je m'y attendais. Oui, on peut dire que pour l'instant, ça tenait la route. Moins les gens se posaient de questions à mon sujet, mieux je me portais. La vie était parfaite ainsi. « La dernière fois, vous m'avez vaguement parlé de vos quelques mois de détention. » Merde. J'avais eu dans l'idée qu'il n'allait pas se souvenir de ce passage vaguement évoqué. Manque de chance, je m'étais complètement trompé. Ses pupilles me fixèrent inlassablement. Je restais coite, muré dans un silence des plus solennels. Fais chier. « Je comprendrai que vous ne désirez pas en parler de suite. » Surpris, je le dévisageais durant quelques secondes avant de remarquer sa sincérité. Ce type avait donc un coeur, parfait. « Je ne compte pas en parler. » Cette remarque mettait fin à notre entretien et le médecin semblait bien l'avoir compris. Distant, je me contentais simplement de me relever du sofa, ajustant à moitié mon tee-shirt et mon pantalon. Il était désormais dix-sept heures et il était clair que la séance n'avait que trop durée. Dans l'immédiat, je ne fis qu'agripper mon blouson, reprenant mon sac et ne lançant qu'un bref « Au revoir monsieur Svensson. » avant de passer le pas de la porte, dérouté après cette séance où tant d’événements venaient d'être énoncés.