Aujourd'hui,
C'est toute souriante mais épuisée que je déguerpis de mon dernier entraînement de la journée. Comme quoi, même épuisée et suante je ne me défais pas de mon allure joviale. Apparemment, voir quelqu'un sourire dans la rue sans aucune raison provoque un élan de bien-être obligatoire apparaître autour de cette personne. Est-ce que ça marche ? Je n'en suis pas certaine ! Mais c'est très agréable de sourire à quelqu'un et d'en recevoir un en retour. Par contre, pour ceux qui te lâchent un vent, tu restes calme et tu imagines qu'une wrecking ball lui fonce dessus. Il n'y a pas de problème, seulement des solutions.
Hum.. j'ai une philosophie de vie plutôt étonnante je sais, mais on dit souvent de moi que je suis un peu spéciale.
Quentin me récupère à la sortie de la salle de Gym, papa dit que même s'il est plus jeune que moi, il l'estime assez fort pour me surveiller. Je ne sais pas d'où lui viens cette paranoïa à deux francs six-sous mais, ça a le mérite de tenir debout. Mais malgré moi, je râle toujours un peu.. après tout, j'ai passé l'âge d'avoir un chaperon, non ? Bon, j'avoue que je ne cracherais pas sur un garde du corps aux faux airs de Leonardo Dicaprio ou Brad Pitt.. pas Quentin ! Le gars avec qui je prenais des bains toute nue quand j'étais bébé - on prend rarement des bains habillé, je l'avoue - mais quand même. 
Bref ce que je raconte est très brouillon et très peu intéressant donc venons en aux faits : En descendant comme un éléphant les escaliers du gymnase, je m'attache les cheveux en un chignon qui retombe mollement sur mes épaules dans un style de " je donne un air négligé un peu swag avec mes mèches rebelles - et manque de m'éclater la figure en loupant une marche. Le rire d'imbécile heureux de Quentin me monte aux oreilles et je lève les yeux au ciel quand il me reproche mon manque de délicatesse en lui décochant un coup dans le bras. Même souriante, il arrive à me renfrogner et au final il se fait taper dessus, quelle injustice ! Mais avec ma force de mouche handicapée, c'est à peine s'il remarque que je l'ai touché, ça c'est dur.
Il tire une mèche de cheveux sur mon épaule en me parlant de sa journée son pote et moi je hoche la tête en marchant à ses côtés silencieusement. Ce que j'aime chez mon frère, c'est qu'il ne m'oblige jamais à raconter ma journée et ne manque pas de conversations, j'aime bien parfois rester dans ma bulle en faisant sembler d'entendre ce qu'il me raconte. Non pas que je n'aime pas entendre parler de la nouvelle série qui est sortie ou du nouveau film d'horreur en salle, même si j'adore ça énormément, mais entendre sans arrêt rabâcher la même chose à longueur de journée te permet de façonner une bulle de tranquillité autour de toi. Une bulle que rien ni personne n'éclate en général.
« Hey.. tu m'écoutes ? » Me demande Quentin en se penchant vers moi pour me regarder dans les yeux. « Non.. » Je dis en riant tout en promenant mon regard autour de moi. « Tu me paies une glace ? » je réponds innocemment, sachant pertinemment que sa réponse serait.. « Non, désolé faut que je me dépêche.. tu sais j'ai un.. » « Match.. je sais.. » je le coupe en hochant la tête, compréhensive. Je sais à quel point mon frangin aime le foot, presque autant que moi j'aime la danse... rater un match lui serait fatal. Même si on s'aime énormément, j'aimerais passer du temps avec lui parfois, pouvoir renouer les liens. 
On passe de moins en moins de temps ensemble mais, je me borne à croire que ça va s'arranger au fil du temps. Je hausse les épaules et lui dis que ce n'est pas grave, que je mangerais ma glace toute seule. Il a un peu râlé, refusant de désobéir à Papa mais, quand je lui propose de prendre tous les tords, il n'hésite plus et m'embrasse sur la joue avant de tourner les talons.
Le regardant s'éloigner en secouant la tête, je me dis que j'ai quand même de la chance d'avoir un petit frère comme lui. 
Un " Oh mon dieu " s'exclame près de moi, d'une jolie voix féminine. Je souris et me retourne, voulant savoir pourquoi la jeune femme s'adressait à moi comme ça. « Où ça ? » Je demande innocemment en me retenant de rire. Mon sens de l'humour est vraiment pourri mais souvent instantanément, j'ai du mal à le mépriser. Je regarde vers la demoiselle et mon sourire se fige avant de disparaître complètement, laissant place à une mine choquée et confuse. « Na..Nalà ? » .. c'est ma voix ça ? L'effet de surprise la complètement enrouée. Ou alors serais-ce les larmes de bonheur qui inondent mes yeux qui provoquent cet effet là ? Quoi qu'il en sois, j'ai du mal à croire que Nalà sois là devant moi, je reste sans voix jusqu'à ce qu'elle me saute dans les bras. J'enroule mes bras autour de sa taille et la serre comme si ma vie en dépendait, éclatant d'un rire nerveux mêlé à mes larmes. « Oh mon dieu la vache putain de bordel de... » je suis morte de rire en serrant ma meilleure amie dans mes bras. « C'est toi ? C'est pas une blague ? ».