Du désespoir, le moral au fond des chaussettes, l'âme au fond d'un trou. Enterré. Complètement. Ces cauchemars incessants et ce sang sur ses mains, sur ce pont. Les autres, étalés sur le sol, vidés de tout amour, de toutes peines. Sloan eut quelques difficultés à sortir du lit en ce début d'après midi. Il n'était pas un fainéant du genre à rester au pieu toute la journée, mais il fallait avouer qu'il n'avait eu envie de rien depuis son réveil tôt ce matin. Il n'avait pas bougé de ses draps, son sommeil bien trop agité l'avait contraint à rester ici, à penser, à périr caché de tous. Incapable de se raisonner, de se persuader que tout irait bien, parce que rien n'allait finalement, il n'arrivait pas à comprendre le pourquoi du comment de sa naissance, parce que la vie ne se devait pas d'être vécu si elle était aussi cruelle avec lui, ou d'autres d'ailleurs. Mais il ne pouvait pas en juger par lui même, parce qu'il ne côtoyait pas grand monde ces temps-ci, il avait mis un terme à tous contacts autres qu'animalier. Il arrivait à sentir leurs émotions, alors que les êtres humains étaient bien trop complexes à ses yeux, bien trop sadiques et sournois. Mais las de rester immobile, à réfléchir, il se décida à sortir de son lit, même si quitter ses draps s'avérait assez difficile tout compte fait. Mais ce n'était pas en restant seul qu'il allait pouvoir chasser toutes ces idées de son esprit, et torturé ou pas, il fallait qu'il sorte, qu'il aille faire un tour.

Un endroit bondé de monde était la seule solution pour réapprendre à vivre en communauté. Bon bien sur, il n'allait pas aborder n'importe qui n'importe quand, ça paraissait tellement insensé, surtout venant de sa part, mais ça lui ferait du bien de voir un peu de monde, ne serait-ce que pour observer. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas rendu dans un endroit tel que la gare, et ça lui faisait bizarre de revoir le lieu qui l'avait vu venir deux ans auparavant, ça lui semblait tellement lointain comme souvenir. Il ajusta sa casquette sur sa tête, parce qu'ainsi il pouvait être discret, observer les gens sans passer pour un fou ou un pervers. C'était une de ses craintes quand il voyait le monde autour de lui, il était tellement différent de tous. Sloan se posta sur le quai de la gare, entendre les sifflets des employés, voir les rails trembler, il se perdait peu à peu dans ses pensées, revoyant ses camarades dans le train qui les avait conduit le jour de leur départ. Il resta donc immobile, incapable de faire un pas, incapable de voir ce qu'il se passait autour de lui, tout le bruit qu'il pouvait entendre quelques minutes auparavant n'était désormais plus rien, juste un bruit sourd.

« Oui, bien sûr. Ton train arrive à quelle heure ? » avait-elle demandé à sa sœur qui l'appelait d'elle ne sait où. Elle était partie avec des amis pour une voyage improviser. Almeryne devait rentrer dans la journée, elle avait besoin d'un coup de main pour ramener ses affaires jusqu'à la maison de leur parent. Lila semblait être la seule disponible, la seule qui pouvait se déplacer jusqu'à la gare aujourd'hui. Son train arriverait en début d'après-midi s'il n'y avait pas de retard. Lila aurait terminé sa garde à la caserne, elle aurait même le temps de passer chez elle pour accueillir sa petite soeur dans une tenue plus convenable que son uniforme de pompier. Elle eut à peine le temps de raccrocher que l'alarme stridente sonna. Une nouvelle intervention pour la caserne de White Oak Station, un accident de la route semblerait-il.

Elle était revenue en fin de matinée, sa garde était terminée. L'intervention avait duré plus longtemps que prévu. Elle était rapidement rentrée chez elle pour se laver et enfiler une tenue estivale, plus féminine. Elle avait enfilé un short léger, avec un débardeur coloré. Dehors, le soleil pointait son nez, quelques nuages pour l'accompagner. La chaleur était loin d'être étouffante grâce à la petite brise. Elle quitta son appartement, clé de voiture en main. Elle se rendit à la gare en quelques minutes. En entrant dans la battisse, elle put lire que le train de sa soeur aurait du retard. Au minimum trente minutes pour une raison que Lila ignorait. Elle se rendit malgré tout sur le quai, pour patienter en compagnie de visages inconnus. Elle regarda autour d'elle, écouta les bruits assourdissants de cette gare qu'elle ne fréquentait jamais. Chaque personne présente avait quelque chose de particulier. La dame sur sa droite avait un air triste, sans doute venait-elle de dire au revoir à un proche. L'homme à quelques mètres d'elle semblait impatient, presque en colère. Il martelait son téléphone de ses doigts avec puissance. Finalement, le regard de Lila se posa sur un homme, un peu plus vieux qu'elle sans doute. Il paraissait perdu dans ses pensées, au bord du quai. Il ne bougeait pas, immobile. Fixé sur un point, le regard vide. Il était intriguant, d'une certaine manière. Intriguant dans sa manière d'être. Il ne semblait attendre personne, n'avoir accompagner aucun membre de sa famille. Il n'était pas impatient, il n'était pas triste. Il paraissait vidé de ses émotions.

Elle ne l'avait pas quitté des yeux jusqu'à entendre au loin l'arrivée d'un train à grande vitesse. Il ne s'arrêterait sans doute pas à la gare de White Oak Station. Un coup d'oeil sur la gauche lui indiqua qu'il venait droit sur leur quai. Un coup d'oeil au jeune homme lui indiqua qu'il se ferait forcément percuter par le train. Elle s'approcha, continuant de jeter un oeil au train, un oeil sur lui. Elle passait de l'un à l'autre. Elle l’interpelle. « Monsieur, vous ne pouvez pas rester là ! » Il ne bougea pas. Rien, pas un mouvement. « Monsieur, le train va vous percuter si vous restez là. » redit-elle. Toujours aucune réaction. Peut-être était-il sourd. Peut-être pas. Sans doute le brouhaha de la gare était trop important pour que sa voix puisse être entendue. Le train se rapprochait si rapidement que Lila n'eut d'autre choix que d'attraper le bras du brun pour l'éloigner du bord. Quelques secondes plus tard, le train défilait sous leurs yeux. « Désolée, vous ne répondiez pas, j'étais obligée. » Elle esquissa un faible sourire. Un sourire d'excuse principalement.

Il n'arrivait plus à penser à autre chose qu'à ses collègues, sur ce pont, le sang coulant de leurs corps meurtris. Le jour de leur départ était tellement joyeux, certainement le jour le plus heureux de sa vie, le jour de sa liberté, de son ascension pour représenter son pays. Un bon jour parti en fumée désormais et ça lui fendait le cœur, il ne pouvait cesser de penser au fait qu'il soit vivant et eux, au fond d'un trou, dans ce cimetière où jamais il ne mettrait les pieds, il ne pouvait pas s'infliger une chose pareille. Et le train arrivait à toute vitesse, il ne s'arrêterait pas, il en était certain. Mais il était incapable de faire un pas en arrière, incapable de faire le moindre mouvement parce qu'il était bien trop absorbé par ses pensées noires. Il le voyait venir à toute vitesse, et une voix lointaine résonnait dans sa tête, mais il n'arrivait pas à comprendre ce qu'elle disait. Une douce voix dont il ne comprenait pas un seul mot, et d'un seul coup, il se retrouva complètement en arrière, une main ayant attrapé son bras pour qu'il recule. Un coup de vent se fit ressentir, ses cheveux volèrent sans qu'il ne comprenne ce qu'il se passait. "Héé !" Lâcha-t-il en faisant ses pas en arrière. Puis il reprit ses esprits Sloan, il respira un bon coup et regarda la demoiselle qui se trouvait en face de lui, toute confuse visiblement. Elle venait de lui sauver la vie sans qu'il ne s'en rende compte, et son palpitant battait à toute vitesse dans sa poitrine, la peur prenant le dessus sur ce qu'il ressentait à ce moment précis. La demoiselle semblait avoir eu la peur de sa vie elle aussi, elle lui fit un petit sourire, gênée par la situation certainement, alors que lui était confus de lui avoir foutu la frousse. "Ohh. Je suis désolé." Lâcha-t-il. "Ne vous excusez pas, vous avez fait ce qui était le mieux." Le mieux pour le sauver, pour le sortir de ses pensées totalement atroces. Il s'en voulu sur le moment, parce qu'il l'avait mise en danger alors qu'il ne le voulait pas, même si ce n'était pas vraiment volontaire. Il aurait pu se faire écraser par un train, sous ses yeux. "Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous remercier ? Je suis tellement désolé de vous avoir fait peur..." Il se mit à rougir, ce n'était pourtant pas son genre, mais la situation faisait qu'il se sentait particulièrement mal à l'aise.

Elle avait peut-être été brusque mais il ne semblait pas souffrir. Elle l'avait sorti d'un monde lointain, de son monde. Un endroit propre à lui où il revivait des souvenirs. Sans doute mauvais, un pressentiment pour Lila. Elle lui avait tiré le bras. Il n'aurait pas fallu quelques secondes de plus, sans quoi aurait été emporté par la vitesse de ce train qui s'arrêterait sans doute à la prochaine gare. Elle était soulagée de le voir entier et pourtant, la gêne était présente. Elle ne savait ce qui avait créé ce trouble chez cette personne mais elle était persuadée d'une chose : il avait souffert. Comment ? Quand ? Lila n'en savait rien. « Pour me remercier ? Oh, rien. Ce n'était rien. » Des vies, elle en sauvait régulièrement. Son métier le voulait. Si elle n'avait encore jamais vécu de sauvetage miracle, Lila ressentait à chaque fois quelque chose de magique. Une sensation qu'elle serait bien incapable de définir. Elle ressentait l'adrénaline, la force, la satisfaction. Et d'autres choses encore. « Eviter d'être ailleurs quand un train s'approche serait une bonne initiative. Vous devriez faire attention. On est jamais à l'abri. » Elle esquissa un sourire léger. Elle ne pouvait rien lui demander de plus, sinon être prudent. Elle ne pouvait rien lui demander de plus, sinon ne plus recommencer. Elle n'était sans doute pas la seule à avoir eu peur dans cette gare. Personne n'avait bougé mais elle avait cru entendre des agitations après qu'elle ait aidé le jeune homme. « Vous sembliez tellement troublé. Vos pensées doivent avoir beaucoup d'impact sur votre vie pour que vous ne vous rendriez compte de rien autour. » Elle ne savait pas réellement ce qu'elle disait. Cet homme semblait simplement avoir des préoccupations. Dans ses yeux, elle avait cru voir une lueur similaire à la sienne. Du moins, pouvait-on parler de lueur. Un vide plutôt. Lila avait perdu trop de choses. Greg, son bébé, sa joie. En était-il autant pour lui ? Sa curiosité lui faisait se poser des questions et pourtant, par respect, elle n'en disait rien, préférant seulement faire de vagues suggestions. Cet inconnu qu'elle venait de sauver avait lui aussi un passé qui devait le hanter. Différent du sien, difficile d'une manière différente. « Je suis sans doute mal placée pour vous dire ça mais ... vous devriez parler à quelqu'un. Si votre esprit continue de vous emporter si loin ... » Elle ne prit pas le temps de finir sa phrase, elle sentait son intrusion dans sa vie personnelle.  

Il était mal à l'aise Sloan, parce qu'il lui avait fait peur en restant planté là. Et certainement pas seulement à elle, vu les regards posés sur lui. Ça le mettait plutôt mal à l'aise voir tant de personnes le regarder, mais il ne pouvait rien y faire, il avait merdé et c'était son problème. De toute façon, que pouvait-il faire ? C'était plutôt courant pour lui de se perdre dans ses pensées, et certainement que ça devait arriver à d'autres, sauf qu'ils n'étaient peut être pas prêts de se faire emporter par un train. Pour la demoiselle, ce n'était rien, mais Sloan voulait absolument la remercier, après tout, il avait évité de peu un terrible accident, si bien qu'il se sentait honteux qu'elle refuse quoi que ce soit de sa part. Ça pouvait paraitre idiot mais il n'était pas du genre à laisser passer les choses, il préférait nettement faire dans les règles, par politesse sûrement. "Je peux vous inviter à boire un café peut être ? Juste là." Il désigna un petit café restaurant sur le côté. "A moins que vous attendiez quelqu'un, auquel cas je ne vous retiendrais pas." Il ne voulait surtout pas s'imposer, juste être poli, il ne fallait pas qu'elle voit un côté plan drague derrière son geste parce que ce n'était pas du tout son intention de se faire voir ainsi. "Je sais, j'étais perdu, j'étais ailleurs..." Il rougit, elle lui faisait la leçon et elle avait totalement raison, on n'est jamais à l'abri de rien, et il en était la preuve vivante aujourd'hui. "Ça... Ça arrive souvent, je suis troublé oui, mais ne vous en faites pas, tout va bien maintenant." Il faisait face chaque jour à son passé, mais ces temps-ci il arrivait plutôt bien à s'en sortir. Il suffisait seulement d'un lieu, ou d'un objet pour se remémorer des tas de choses qu'il aurait aimé oublier, sauf que ce n'était pas possible, bien trop ancré au fond de lui pour ne plus y penser. Cette demoiselle était quand même assez curieuse, elle se permettait de faire des commentaires sur lui et autant dire que ça ne lui plaisait pas beaucoup, parce qu'il avait cette impression qu'elle lisait en lui comme dans un livre ouvert, qu'elle pouvait tout savoir de lui rien qu'en le regardant. Peut être était-elle psy et elle avait l'habitude de voir ce genre de cas ? Non, elle était bien trop jeune pour prétendre à ce métier. Mais peut être faisait-elle des études dans le but de le devenir ? Il n'en savait rien et il ne voulait pas savoir, de toute façon, ça n'aurait servit à rien. "Je n'en ai pas besoin, je vous assure que je vais bien. Je pense que ça vous arrive aussi de vous perdre dans vos pensées, non ?" Il n'était pas le premier et certainement pas le dernier, elle aussi devait avoir ses problèmes, ses yeux le disaient, son visage de poupée témoignait de sa tristesse qu'elle peinait à cacher visiblement. Aucun sourire, aucune joie, et il ne se permettait pas de le lui rappeler, parce que trop de gens devaient le lui avoir dit un jour ou l'autre.

Avec le temps, Lila avait réussi à se servir de son sens de l'observation pour comprendre qui étaient les gens qui l'entouraient. Il lui arrivait d'analyser et de comprendre les gestes d'un inconnu, de voir dans le regard d'une connaissance un sentiment dont elle n'avait pas idée. Et cet homme, elle avait certainement compris trop rapidement les raisons de trouble sans pour autant y mettre un nom. Elle ne voulait pas l'entendre, le savoir. Elle n'avait pas envie de jouer les bêtes curieuses. « Ce n'est pas nécessaire, vous savez. Enfin, j'accepte la proposition, mais vous n'êtes pas obligés vraiment. » Elle ne voulait pas paraître impolie. Ses parents, ses éducateurs, lui avaient appris à savoir accepter les gestes de reconnaissances s'ils restaient simples, agréables. Lila avait besoin de partager sa vie avec d'autres personnes, de voir du monde. De changer. Depuis quelques mois - depuis la mort de Mila, précisément - elle n'était plus la même. Plus renfermée sur ses sentiments, prête à profiter de la vie d'une mauvaise façon. Lila n'était plus la même. « Je dois attendre ma soeur, mais son train a du retard. J'ai un peu de temps devant moi. » Alméryne n'arriverait pas avant plusieurs dizaines de minutes, peut-être plus. Elle n'était pas pressée. Elle ne reprendrait son service au bar qu'en début de soirée. Elle avait le temps. « J'essaye d'être en sécurité, quand je me perds dans mes pensées. » Ou au moins, d'être seule pour ne pas à entendre les réprimandes, subir les regards des gens autour. Lila préférait être chez elle pour se laisser aller dans des pensées souvent sombres. Elle ne voulait paraître vulnérable aux yeux de personnes. Elle voulait rester digne. « Le problème, c'est que des personnes troublés pour des raisons que je ne connais pas, j'en croise très souvent. Et souvent, quand je suis près d'eux, c'est qu'il y a eu un drame. Une maladresse, un égarement incontrôlé. » Sauver des gens, Lila le faisait trop souvent. Parfois, ce n'était rien. Pas grand chose, beaucoup de peur pour peu de mal. Elle tentait à chaque intervention de raisonner ses hommes et ses femmes, de leur expliquer les dangers de comportements comme l'avait eu le jeune homme. Qui sait si quelqu'un aurait eu le courage de se lever ? Qui sait si cet inconnu aurait été en vie si elle n'avait pas été suffisamment réactive ? « Je ne voudrais pas paraître intrusive dans votre vie mais faites attention, faites en sorte que ça ne se reproduise pas dans une situation dangereuse. » Elle lui toucha le bras délicatement avant de s'éloigner légèrement. Au loin, les pleurs d'un bébé la mirent mal à l'aise, troublèrent son esprit. Et si ça avait Mila... Chaque enfant, chaque rire, chaque pleur, chaque petit son lui rappelait des souvenirs malheureux. Tous ces bruits lui rappelaient les yeux clos de son bébé et le silence pesant qui avait suivi sa naissance.

Spoiler:

Sloan avait appris à être poli, non pas grâce à sa mère qui lui en avait voulu toute sa vie d'être né, mais plutôt grâce à son passage dans l'armée. Là bas, on lui avait dit qu'il fallait être rassurant, reconnaissant et toujours en bonne forme. Ce n'était plus vraiment le cas depuis deux ans maintenant, mais il n'avait pas oublié ses principes, il était bien éduqué et ça n'allait pas changer de si tôt. Alors il invita, sans savoir comment, la jeune demoiselle face à lui, qui lui avait porté secours l'instant précédent, pour lui c'était la moindre des choses, la politesse tout simplement. "Ça me fait plaisir, c'est normal." Il pouvait bien lui offrir un café, ça n'avait rien d'extraordinaire et puis il lui devait bien ça à son avis. Il lui fit un petit sourire, timide, puis l'invita à le suivre jusqu'à l'endroit. Désignant une table, il lui indiqua de le suivre dans ses gestes pour qu'ils puissent se poser tranquillement et peut être discuté, même si ce n'était qu'un court instant. "Malheureusement, on peut se perdre dans ses pensées n'importe où..." Il n'était sûrement pas le seul à qui ça devait arriver, et en général, s'il voulait réfléchir, il le faisait chez lui, tranquillement. Mais aujourd'hui, le lieu lui avait rappelé de nombreux souvenirs qu'il aurait préféré oublier mais ce n'était pas possible, c'était ancré en lui et il ne pourrait certainement jamais s'en défaire. Il commanda rapidement deux cafés, observant discrètement la demoiselle qui, elle non plus n'avait pas l'air en pleine forme, elle cachait également beaucoup de choses essayant tant bien que mal de s'auto persuader que ça allait bien. Mais Sloan n'était pas quelqu'un de curieux naturellement, il passa au dessus de ça, ne voulant pas paraitre indiscret aux yeux de sa sauveuse. "De toute façon, ça n'a pas d'importance, c'était un moment d'égarement comme vous avez pu le voir. Je vais bien, je peux vous l'assurer." Il hocha positivement la tête, par réflexe sûrement puis il se mit à réfléchir. Elle devait sûrement travailler dans la médecine, ou le secours des personnes, sur ça il n'avait aucun doutes, elle avait l'air de maitriser parfaitement le sujet. "Vous êtes dans le domaine de l'aide aux personnes, si je ne me trompe pas ?" Ce n'était pas une question indiscrète au moins, parler boulot évitait de parler vie privée et il n'avait aucunement envie de savoir ce qui l'inquiétait elle, c'était sa vie et même s'il est du genre à se soucier des autres, il ne pouvait pas se permettre de lui demander ce qui n'allait pas. "Je ferais en sorte que ça n'arrive plus, promis." Une promesse qu'il essayerait tant bien que mal de tenir, même si ce n'était pas une certitude, il n'était à l'abri de rien, surtout dans son état actuel. Pourtant, il sentait bien qu'il allait mieux, que les choses allaient dans le bon sens, que le passé le retenait mais qu'il pouvait surmonter cette étape de sa vie, qu'il finirait par s'en sortir un jour.

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