Comme tous les jours depuis que je travaillais, je m'étais réveillé d'assez bonne heure. Sept heures trente, le réveil avait retenti dans ma chambre. Le soleil traversait mes épais rideaux. Les yeux rivés sur le plafond, j'essayais de me motiver à me réveiller. À mes côtés, le corps d'une jeune demoiselle dormait encore profondément. Comme à mon habitude, j'étais sortis hier soir avec quelques potes. J'étais rentré avec une jeune femme avec qui j'avais passé une nuit assez torride. C'était ainsi ma vie depuis quelques années déjà. Mais ça n'empêchait pas que j'en restais un médecin hors du commun. Bon, peut-être pas le meilleur des médecins mais respecté malgré tout. Depuis les quelques années que j'exerçais, j'avais ma petite clientèle. Soigner des gastro, des bronchites, des rhumes ne m'enchantaient guère mais il fallait bien gagner sa vie. En attendant de pouvoir ouvrir mon cabinet, j'exerçais mes talents – c'est un bien grand mot, on est d'accord – à l'hôpital de Whit Oak Station. C'était loin d'être un grand hôpital mais ça me convenait parfaitement. Bref. Je me levais du lit sans faire trop de bruit pour ne pas réveiller la femme qui dormait encore. Chaque matin, j'avais mon petit rituel. Première étape, direction les toilettes. Ensuite, j'allais prendre un rapide petit-déjeuner – je n'ai jamais bien faim le matin – et ensuite, la douche. La douche du matin s'était surtout pour me réveiller et me débarbouiller. Je ne me rasais pas tous les jours et comme je l'avais fait hier, je zappais avec bonheur cette étape. Je détestais me raser. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ça a toujours été comme ça. En revenant dans ma chambre, je vis que la jeune femme s'était réveillée. Elle insistait pour avoir un autre câlin de ma part mais je déclinais son offre. Je devais être au travail à dix heures et hors de question pour moi d'être en retard. J'avais des patients qui comptaient sur moi. Elle se rhabillait donc et une fois que je fut prêt, je la raccompagnais chez elle. J'avais beau être un véritable connard avec les femmes, je n'en restais pas moins gentleman tout de même.

J'arrivais enfin à l’hôpital. Sur le parking, je me garais à ma place habituelle. Je saluais les hôtesses d'accueil, les quelques patients qui se trouvaient aussi. White Oak Station était une petite ville. La plupart des gens se connaissait. En prenant mon planning, je vis le premier nom qui y était inscrit. Gustafsson. Ça me disait quelque chose. Je le connaissais mais d'où. Qu'importe. Tout en réfléchissant, je mettais ma blouse blanche de médecin, attrapait le dossier que je posais sur mon bureau sans le consulter encore. « Madame Gustafsson. » M'exclamais-je dans le vide.