Oh putain » Scarloup

Les regrets sont la pire des chose que peut ressentir un être humain. Passer ses journées à se dire « Si j'avais fait telle action, ou si j'avais réagi de telle sorte, ça ne se serait pas passé comme ça. » était un vrai supplice. Et ce n'était pas Loup qui allait dire le contraire. D'habitude si calme, réservé et les pieds sur terre, le petit brun avait bien changé. Depuis l'incendie, il n'était plus le même. Enfin, c'était plutôt depuis la fois où Maël lui avait donné un cachet pour calmer sa douleur qu'il n'était plus le même. Son regard sur le monde, sur son frère, avait changé. Il était devenu pour ainsi dire tout ce qu'il détestait : un pauvre drogué incapable de s'en sortir tout seul. Maintenant, il comprenait son frère. Du moins, en partie. Parce que lui avait l'envie de s'en sortir et Maël ne l'avait peut-être pas autant qu'il aimait le croire.

Les anti-douleurs ne lui faisaient plus rien désormais. C'est ainsi qu'il se retrouva dans cette petite ruelle sombre, un soir où son frère n'était pas là. En béquilles, Loup pensait être capable de se procurer de la came facilement. Après tout, il fallait bien commencer quelque part. Il n'allait pas non plus passer sa vie à en piquer à son frère, non, il ne voulait pas qu'il le remarque. Il n'avait aucune envie de le décevoir, ni même d'entendre cette fameuse phrase qui passait en boucle dans sa tête à chaque fois qu'il était défoncé. « C'était bien la peine de me faire la morale. » Loup se pensait différent de son frère, parce que lui n'était pas en soirées tout le temps, il ne se tapait pas n'importe qui en oubliant de se protéger. Mais au final, il n'était pas si différent que ça. Il était lui aussi dans un sale état. Et maintenant que les deux jumeaux sont dépendants, qui pourra les sauver ?

Certainement pas lui ... Oscar ?! Mais qu'est-ce qu'il fout là celui-là ? Oscar se tenait au bout de la ruelle, observant Loup. Et ce dernier fronça les sourcils en réfléchissant. Il ne pouvait pas prendre la fuite, il ne pouvait pas non plus acheter devant lui, sinon il le dirait très certainement à son frère. Jurant à voix basse, Loup s'avança à l'aide de ses béquilles jusqu'à arriver devant Oscar. « Toujours au mauvais endroit au mauvais moment toi ! Qu'est-ce que tu fais là ? » lui demanda-t-il d'un ton qu'il voulait lassé, mais qui démontrait bien sa panique.

« Sérieusement, file moi l'argent ou toi et moi allons avoir un gros problème. » Son ton s'était fait cinglant, sans détours. Oscar n'appréciait pas qu'on lui fasse perdre son temps. Il se trouvait déjà bien assez gentil de faire le déplacement jusqu'aux appartements de ses clients. En repoussant une petite mèche de cheveux qui barrait son front, un sourire méchant se dessina sur les lèvres du brun qui n'avait absolument plus l'air de plaisanter avec son hôte. Le garçon qui lui faisait face était bien plus jeune que lui. Peut-être était-il même mineur. Ce dernier lui tendit une poignée de billets qu'il glissa dans l'arrière de la poche de son jean.« Tu vois quand tu veux. Tu n'es pas tout à fait idiot. » Déclara-t-il en haussant une épaule. Oscar donnait toujours l'impression d'être extrêmement sûr de lui. Il avait beau être taillé comme une allumette, cela lui donnait une impressionnante prestance qu'il était difficile de lui nier. En s'allumant une cigarette, il claqua la porte du logement sans même saluer son client. Sa patience avait été attaquée, comme toujours. Il n'avait pas envie de faire d'efforts.

En bas des escaliers, il leva le nez et prit une longue inspiration pour tenter de se calmer. Il ne fallait pas qu'il remonte pour frapper ce type. Il savait que ça n'en valait pas la peine, mais l'idée tournait en boucle dans sa tête sans qu'il puisse jamais sans défaire. Oscar tira une latte sur sa cigarette et avança. Le corps du grand brun se mouvait dans l'obscurité comme un chat de gouttière ayant perdu son chemin. Son cœur battait la chamade sans qu'il arrive à le contrôler. Alors qu'il passait en dessous d'un lampadaire, il vit une silhouette qui lui était familière. Au départ, Oscar passa une main sur son visage émacié pour bien confirmer que l'herbe qu'il avait fumé une heure avant n'avait rien à voir avec la scène qui se déroulait sous ses yeux.Putain... Loup? Dans ce quartier? Il ne put s'empêcher de refréner un rictus en voyant l'autre s'approcher de lui. Loup l'avait aussi remarqué. Oscar n'éprouvait aucune peine de voir ce type en béquilles. Il ne l'appréciait pas. Oscar ne lui souhaitait pas de mauvaises choses, il se fichait juste d'apprendre un jour que la vie de Loup était un merdier sans nom. Ce n'était pas ses affaires, tant que Maël allait bien et était toujours opérationnel pour aller en soirées avec lui. Le sens des priorités n'était pas une qualité que le barman possédait, c'était peu de le dire. « Toujours au mauvais endroit au mauvais moment toi ! Qu'est-ce que tu fais là ? » Lui lança le blessé. Oscar prit volontairement un air ennuyé et détourna les yeux en baillant légèrement. Il tourna finalement sa tête vers Loup, toujours accompagné de son petit sourire insupportable. « Moi, je suis à ma place, il n'y a aucun doute. Par contre, toi... Tu t'es perdu ou tu cherches quelque chose? » Le brun avait dit sa phrase avec un ton mielleux et envoûtant qui contrastait avec le peu de sentiments positifs qu'il éprouvait à l'encontre de Loup. Ses deux billes bleu océan se noyaient dans celle du jumeau, sans pudeur. Il avait envie de n'en faire qu'une bouchée. Il savait qu'il y parviendrait. « C'est quarante dollars. Non négociables. » Finit par dire Oscar en recrachant sa fumée un peu plus loin.

Oscar était vraiment la dernière personne que Loup aurait aimé croiser ici. D'ailleurs, son air ennuyé et son bâillement l'agaçait déjà. En fait, tout dans son comportement l'agaçait, et pas seulement parce qu'il entraînait son frère dans la drogue. Peut-être aussi parce qu'il trouvait qu'il avait un mauvais comportement, une attitude que Loup n'appréciait pas. Il ne savait même pas pourquoi son frère était encore ami avec lui, si tant est qu'on puisse appeler ça une amitié. Enfin, maintenant, Loup n'avait pas grand chose à dire. Il était lui aussi dans la même galère que Maël, alors il se contentait de ne plus rien dire sur ses fréquentations, quand bien même l'envie lui prenait. « Moi, je suis à ma place, il n'y a aucun doute. Par contre, toi... Tu t'es perdu ou tu cherches quelque chose? » Son sourire était insupportable aux yeux de Loup, cette façon qu'il avait d'étirer ses lèvres en un rictus mesquin pour se montrer supérieur lui donnait presque envie de vomir. Mais Loup restant Loup, il se mit à rougir violemment et leva les sourcils.

« Je cherche quelque ... Non je cherche rien du tout. Je suis juste ... » Il se mit à réfléchir à toute vitesse, cherchant un prétexte pour justifier sa venue ici. Malheureusement pour lui, le regard de son interlocuteur s'était mêlé au sien, ce qui le perturba quelque peu. Il se crispa un peu, mais n'eut le temps de dire quoi que ce soit puisqu'Oscar reprit déjà la parole. « C'est quarante dollars. Non négociable. » Les sourcils du petit brun se froncèrent de nouveau tandis qu'il gardait son regard dans le sien. « Qu'est-ce qui est à quarante dollars ? » Bien vite, il regretta sa question, car il savait bien de quoi il s'agissait en réalité. Oscar parlait bien évidemment de drogue, c'était clair comme de l'eau de roche. Et Loup ne sut plus où se mettre. Rougissant de nouveau, il soupira lourdement avant de secouer la tête. « Je viens pas pour ça, qu'est-ce que tu crois ! Je tomberai jamais là-dedans. »

Mentir à son frère était quelque chose, et s'il voulait que son mensonge soit crédible, il fallait qu'il mente à toutes les personnes qu'il rencontrerait dans ces rues. Il recula d'un pas et soupira de nouveau, baissant les yeux sur le sol. « Je suis ici parce que j'ai ... J'ai une amie qui habite ici. Et comme je passais dans le coin, enfin non, je passais pas. Enfin si, je passais mais ... Je suis passé ici pour la voir, voilà. » Il douta fortement de la crédibilité de son mensonge à la seconde même où il l'avait prononcé. Mais ça n'était pas étonnant, même un enfant aurait pu voir qu'il mentait. Parce que Loup ne savait pas tellement mentir, et puis qu'il était fortement déstabilisé par la situation et les yeux moqueurs d'Oscar qui l'observaient. Alors, il soupira une nouvelle fois et tourna le dos au brun dans le but de faire quelques pas afin de regagner la ruelle. Mais il s'arrêta à deux pas pour se retourner et reposer les yeux sur Oscar. « Dis pas à mon frère que tu m'as vu ici. S'il te plaît. »

« Je cherche quelque ... Non je cherche rien du tout. Je suis juste ... » Oscar rit légèrement face à la gêne du petit brun. Loup pouvait toujours essayer de la lui faire à l'envers, il n'était pas né de la dernière pluie. Il savait exactement ce qu'il fichait là à cette heure tardive. Il ne pouvait pas s'empêcher de le trouver pathétique. Le garçon s'était tellement énervé contre lui du fait qu'il pourrissait la santé de son jumeau. L'arroseur arrosé, c'est ce qu'Oscar préférait quand il s'agissait de ses ennemis. Il tira sur sa cigarette et ne répondit pas. Son regard en disait déjà assez long sur ce qu'il pensait à propos de cette mascarade. Loup le prenait vraiment pour un con. L'attitude calme du barman contrastait avec la petite flamme que l'on pouvait lire au fond de ses yeux. Il expira la fumée et laissa tomber son mégot à ses pieds avant de l'écraser sans ménagement. Ce geste s'était fait si sec qu'il avait presque résonné comme une menace vis-à-vis de l'autre. « Tu es juste stupide de vouloir me berner, moi. Ne cherche pas plus loin. » Finit-il par rétorquer en ricanant. Oscar ne supportait pas que l'on lui mente. Le fait que Loup ait été touché par un grave accident ne lui faisait ni chaud, ni froid. Il n'avait qu'un seul objectif en tête à ce moment précis; faire de lui un client régulier, contre son gré. Oscar était un tigre, un prédateur qui n'hésitait pas à se jeter sur une proie affaiblie. Enfin, dans cette ruelle, le garçon ressemblait plus à une hyène. Un charognard, riant au moindre souffle douloureux de sa cible. Loup ne sortirait pas indemne de cet échange, il en était persuadé.

« Qu'est-ce qui est à quarante dollars ? » Oscar pencha sa tête sur la tête, un peu étonné de la question. Il avait pourtant semblé clair. Et puis, Loup connaissait parfaitement les activités du plus vieux. Il ne comprenait pas à quoi il jouait. Un peu étonné, il plaça ses doigts sous son menton. « Ma dope. Celle dont tu as terriblement besoin là, maintenant. » Répliqua-t-il en reprenant son ton sec et son attitude passée. Si il y avait bien une personne qui ne l'impressionnait pas sur cette terre, c'était Loup. Il devait bien faire une tête de moins que lui et ses joues n'arrêtaient pas de s'empourprer à chacune des remarques cinglantes d'Oscar. Ce dernier ne pouvait pas s'empêcher de le trouver ridicule. « Je viens pas pour ça, qu'est-ce que tu crois ! Je tomberai jamais là-dedans. » Oscar secoua la tête de part et d'autre en signe de négation à cette annonce. L'absurdité de la situation était difficile à gérer pour lui.  Loup avait  de la chance d'avoir Maël pour jumeau, il l'aurait bien plus maltraité si ça n'avait pas été le cas.  « C'est marqué sur ton front que tu mens. Et puis, on n'apprend pas au vieux singe à faire la grimace, mon grand. Tu oublies mon expérience un peu trop vite. » Oscar retira son sac à dos et y chercha un petit sachet dans la doublure. Sans attendre, il goba un des cachets que Loup désirait tant, sous ses yeux. Le plus vieux n'avait même pas daigné lui jeter un regard pendant toute l'opération. « Ah, je me sens revigoré d'un coup. » Dit il en s'étirant après avoir remis le sac sur ses épaules. Oscar était une enflure, sans foi, ni loi.

Il observa l'autre faire quelques pas afin de reculer. Il arqua un sourcil en le voyant encore baisser les yeux. Il trouvait l'énergie que mettait Loup à lui mentir presque remarquable. Mais plus les minutes avançaient plus Oscar avait envie de rentrer rapidement chez lui. Ses yeux étaient lourds, il n'avait pas envie de passer son jour de repos à prendre froid tout en écoutant les balivernes que voulait bien lui dire son ennemie numéro un. « Je suis ici parce que j'ai ... J'ai une amie qui habite ici. Et comme je passais dans le coin, enfin non, je passais pas. Enfin si, je passais mais ... Je suis passé ici pour la voir, voilà. » Oscar posa un doigt sur sa bouche pour s'empêcher de rire. C'était l'explication la plus stupide qu'il avait entendu de toute sa vie. Il eut une petite pensée pour tous ces professeurs des écoles qui étaient obligés de subir sagement les mon chien a mangé mon devoir, mon réveil ou encore les deux en même temps. Pour lui, ce que Loup faisait était du même acabit. Surtout couplé avec ses attitudes enfantines à souhait. Oscar rit beaucoup moins en le voyant tourner le dos. Il serra les poings et le laissa avancer un peu tout de même. « Dis pas à mon frère que tu m'as vu ici. S'il te plaît. » Oscar ne répondit pas tout de suite, le laissant croire un instant qu'il allait pouvoir s'échapper d'entre ses griffes. Mais il n'en était rien. Il avança de quelques pas et se retrouva plus proche que jamais de Loup. Oscar pouvait sentir son délicat parfum bourgeois, très agréable. Il lui glissa au creux de l'oreille tout en se baissant, comme si il lui disait le plus intime des secrets. « Tu ne vas pas repartir les mains vides tout de même... Les autres fois non plus d'ailleurs. Ma langue risquerait de fourcher. J'ai des soucis à la garder dans ma poche quand on ne m'est pas fidèle. Tu verras, je vends la meilleure came de la ville. » Oscar se redressa et lui fit son plus joli sourire hypocrite.

Il était bien clair que Loup ne sut plus où se mettre à cet instant-là. Il aurait simplement voulu pouvoir se téléporter, n'importe où tant que c'était ailleurs. Se tenir devant Oscar lui donnait des frissons. Certes, le grand brun était sec, mais ça ne l'empêchait pas d'être impressionnant. Surtout quand on a déjà reçu son poing dans la face une fois. Loup, lui, ne savait même pas se battre. Il n'a jamais su se défendre et il n'a jamais voulu apprendre. Mais les temps ont changé, peut-être qu'il deviendra un peu plus bagarreur au vu des endroits qu'il doit fréquenter maintenant, bien qu'il tente tout de même de s'en sortir. Ce n'est pas tellement facile à vrai dire, et il n'arrivait pas à résister de succomber à ses envies. Alors il savait bien qu'il ne pourrait pas non plus résister si Oscar se servait de ses vices pour l'embarquer dans ses magouilles. Et l'idée que son frère l'apprenne lui faisait froid dans le dos. Mais pour l'instant, il se concentra uniquement sur les faits et gestes de son interlocuteur. Il le regarda écraser violemment sa cigarette au sol, et Loup le prit exactement pour ce que c'était : une menace. « Tu es juste stupide de vouloir me berner, moi. Ne cherche pas plus loin. » Ce n'était pas le petit brun qui allait dire le contraire, car il se trouvait très stupide maintenant. Mais s'il y avait bien une personne qu'il cherchait à berner, c'était bien lui-même. Il avait trop honte pour dire la vérité de toute façon. Alors se faire surprendre comme ça par son pire ennemi était forcément encore plus honteux pour lui.

« Ma dope. Celle dont tu as terriblement besoin là, maintenant. » Voilà ce qui fit rougir davantage Loup, parce que oui, il en avait besoin de cette came. Mais il ne voulait pas le lui avouer. Il ne l'aimait pas, il n'avait aucune envie qu'il sache ce qu'il prenait. Et surtout, il n'avait aucune envie qu'il en parle autour de lui. Alors, une fois de plus, il démentit. Et la réponse d'Oscar ne se fit pas attendre. « C'est marqué sur ton front que tu mens. Et puis, on n'apprend pas au vieux singe à faire la grimace, mon grand. Tu oublies mon expérience un peu trop vite. » Il leva les yeux au ciel, il savait bien qu'il ne savait pas mentir, mais pour le moment, il allait juste s'obstiner à mentir. Peut-être qu'à force d'obstination, Oscar finira par le croire, bien qu'il sache déjà que c'était peine perdue. Oscar n'était pas con, il le savait bien. Soudain, il fixa le petit sachet contenant les cachets qu'Oscar n'attendit pas plus longtemps pour prendre d'un coup, et Loup déglutit avant de faire quelques pas en arrière. Et puis il se mit à débiter des conneries plus grosses les unes que les autres. Ce qui eut le don de faire rire Oscar, Loup voyait bien qu'il se retenait, et ses rougeurs restaient par conséquent sur ses joues sans vouloir en partir. Alors, il voulut partir. Mais avant, il demanda - supplia serait le mot qui conviendrait le mieux - à Oscar de ne rien dire à son frère. Et en voyant qu'il ne bougea pas d'un pouce, et qu'il ne répondit pas, Loup soupira une nouvelle fois avant de lui tourner le dos à nouveau.

Jusqu'à ce qu'il sente Oscar tout près de lui. Il fronça alors les sourcils tandis qu'il sentait ses joues rougir davantage. « Tu ne vas pas repartir les mains vides tout de même... Les autres fois non plus d'ailleurs. Ma langue risquerait de fourcher. J'ai des soucis à la garder dans ma poche quand on ne m'est pas fidèle. Tu verras, je vends la meilleure came de la ville. » Au fur et à mesure que les mots sortaient de la bouche d'Oscar, Loup devint blanc comme un linge. Il déglutit à ses paroles et posa son regard effarouché sur le visage du grand brun. Ce n'était plus la peine de mentir, son comportement en disait long sur lui. Et maintenant, il se retrouvait coincé dans les griffes d'Oscar. « Tu n'oserais pas faire ça à mon frère ... ?! » C'était ce qu'il pensait, au début, qu'il s'agissait de bluff. Mais en voyant son sourire hypocrite collé sur ses lèvres, Loup lui adressa un regard empli de haine et de colère, serra sa béquille dans sa main ainsi que ses dents. « Ok, c'est bon, t'as gagné, t'es content ? » Il soupira ensuite et détourna les yeux, se traitant de con d'avoir céder comme ça. Il reposa ensuite ses yeux sur lui et hocha la tête. « J'espère bien que c'est la meilleure. T'as quoi, là, sur toi ? »

« Tu n'oserais pas faire ça à mon frère ... ?! » Bien sûr qu'il oserait. Oscar ne comprenait pas en quoi Maël était concerné. Après tout, c'était Loup qui allait pâtir de la situation. Son jumeau allait enfin avoir la paix et ils pourraient faire la fête sans avoir de reproches le lendemain. Le plan était parfait. Le grand brun affichait son air blasé. Malgré le fait que la situation était délectable, il ne ressentait pas un plaisir particulier à être là, sous ce lampadaire, à regarder Loup se torturer l'esprit. Il connaissait déjà le fin mot de l'histoire, toutes ces jérémiades étaient inutiles. L'écrivain n'avait qu'à lui donner l'argent et il pourrait rentrer chez lui le coeur serein. Oscar était une pourriture sans nom. Quand il avait une idée en tête, il était difficile de la lui retirer. Il pensait déjà à tout ce qu'il pourrait s'acheter avec ses gains. Tout en secouant la tête de manière désabusée, il toisa Loup de haut en bas comme si ce dernier avait été la chose la plus repoussante qu'il avait vu jusqu'à ce jour. « Je ne vois pas en quoi ça le concerne, en réalité. Et puis, ça ne tient qu'à toi. Je saurai être discret si tu coopères. Je ne suis pas une mauvaise personne, voyons. Ça me fait de la peine que tu penses ça de moi. » Déclara-t-il accompagné d'une adorable moue boudeuse. Oscar ressemblait à un ange mais était Satan en personne. Il ne mettait jamais ses ressentis personnels en exergue, il ne faisait qu'avancer, sans se soucier du mal qu'il pourrait faire, ici et ailleurs. Le regard plein de haine que lui adressait Loup depuis le début de la conversation ne lui faisait absolument rien. Oscar agissait comme si il n'avait jamais eu de sentiments pour qui que ce soit. La situation ne faisait qu'agrandir le sourire scotché sur son visage. « Ok, c'est bon, t'as gagné, t'es content ? » Rétorqua Loup, toujours aussi haineux. Oscar haussa une épaule et soupira. Non, il n'était pas spécialement content. Il s'en fichait, comme de tout le reste. Faire les poches à un éclopé n'était pas la chose la plus glorieuse à son palmarès pour autant, il ne se sentait pas honteux de ses actes. Loup avait été si imbuvable avec lui qu'il s'agissait d'un simple retour de bâton à ses yeux. Peut-être aurait-il été plus clément si le plus jeune ne s'était pas comporté comme un con avec lui à maintes reprises. Oscar avait toujours été loyal avec son frère jumeau, peu importait leurs actes. Le fait que Loup s'en soit mêlé le mettait hors de lui. Il l'avait utilisé lamentablement pour obtenir des informations. C'était maintenant à son tour de profiter un peu. « Je m'en fous, en fait. Ça t'apprendra à traîner à des heures si tardives tout seul dehors. Tu devrais être couché à cette heure-ci. » Dit il en ricanant. Oscar fouilla dans sa veste et attrapa son paquet de cigarettes avant de s'en allumer une d'un geste machinal. Il regarda ailleurs un instant tout en soufflant sa première latte. Le plus vieux savait que la fumée incommodait Loup. Il lui avait fait la réflexion mainte et mainte fois. Mais ce dernier n'était pas en position de discuter. Oscar savait qu'à ce moment précis, il avait tous les pouvoirs. Il n'avait simplement plus qu'à jouer avec la nourriture. « J'espère bien que c'est la meilleure. T'as quoi, là, sur toi ? » Oscar eut un rictus. Le ton faussement assuré que prenait Loup était ridicule. Il secoua la tête en plantant ses yeux azurs dans celui de son vis-à-vis. Son regard en disait long sur ce qu'il pensait de l'autre. « De toute façon tu n'es pas en position de discuter, je crois. Que ça soit bon ou mauvais. J'ai de la codéine et de la morphine en anti-douleurs. Comme tu veux. Mais les niveaux sont bas, il ne me reste pas grand chose. Surtout que je pique dedans. » Dit il avec un air amusé. Oscar savait que faire référence à son geste passé allait sans doute agacer Loup. Il tira une bouffée sur sa cigarette et la recracha sans se soucier du visage du plus jeune qui se trouvait à une courte distance du sien.

La fausse moue boudeuse qu'Oscar avait affiché fit lever les yeux de Loup au ciel. Il savait bien que ce qu'il pouvait penser de lui ne lui faisait ni chaud ni froid, parce qu'ils se détestaient tous les deux. « C'est ça, fous toi de moi. Le jour où tu ressentiras de la peine pour quelqu'un, hésite pas à m'appeler, sait-on jamais, peut-être qu'un miracle n'arrivera pas tout seul. » Le regard toujours aussi haineux, le petit brun s'était enfin décidé à réagir face à ses dires. Il était conscient qu'il s'agissait de pure provocation, qu'il cherchait la petite bête, mais au point où il en était, il commençait réellement à s'en foutre, à vrai dire. Avoir Oscar pour dealer était la pire chose qui pouvait lui arriver, jamais il n'aurait souhaité ça. Quand bien même on a toujours le choix, il finit tout de même par capituler. Tout simplement pour ne pas que son frère l'apprenne. Il aurait bien pu lui dire qu'il s'en fichait, d'ailleurs il aurait même pu ne pas aborder le sujet de son frère, ou alors d'une autre manière. Mais c'est toujours ce qu'il se passe, les bonnes idées viennent toujours trop tard, après les effets des mauvaises.

« Je m'en fous, en fait. Ça t'apprendra à traîner à des heures si tardives tout seul dehors. Tu devrais être couché à cette heure-ci. » Loup l'observa quelques secondes avant de ricaner à son tour. La seule différence était que son ricanement était purement ironique. « T'as pas tort. Au lieu de ça je suis en compagnie d'un gros trou du cul manipulateur et fier de l'être. En effet, ça m'apprendra. » Sans aucun sourire sur le visage, il plissa les yeux, gardant son regard foudroyant pointé droit dans celui de son ennemi. Ennemi qui venait de devenir son dealer. Chose qui allait lui demander du temps avant d'être assimilée. Il allait avoir du mal à se faire à cette idée-là, il s'en voulait d'ailleurs déjà beaucoup d'avoir céder comme ça. Mais l'admettre ferait bien trop plaisir à Oscar, même si ce dernier devait s'en douter un peu. Alors, il garda simplement son regard froid en demandant ce qu'il avait. « De toute façon tu n'es pas en position de discuter, je crois. Que ça soit bon ou mauvais. J'ai de la codéine et de la morphine en anti-douleurs. Comme tu veux. Mais les niveaux sont bas, il ne me reste pas grand chose. Surtout que je pique dedans. »

Le petit brun fronça les sourcils et grimaça alors qu'il fit un nouveau pas en arrière pour échapper à la fumée de cigarette que lui envoyait Oscar sans ménagement. Loup avait beaucoup de mal à supporter la fumée, et Oscar le savait. Et il s'en amusait visiblement. « Ah ouais, si tu as piqué dedans, il doit pas en rester des masses. Mais ça ne m'étonne pas, c'est digne de toi. » Loup haussa les épaules en gardant son regard froid tandis qu'il lâcha une de ses béquilles pour fourrer sa main dans sa poche. « Je prends le tout. » Dit-il ensuite, assez impatient de pouvoir gober un de ces cachets pour faire partir la douleur qu'il ressentait.

« C'est ça, fous toi de moi. Le jour où tu ressentiras de la peine pour quelqu'un, hésite pas à m'appeler, sait-on jamais, peut-être qu'un miracle n'arrivera pas tout seul. » Le coeur d'Oscar se serra à la réplique de son ennemi. Il savait ce que c'était. Le vide émotionnel qu'il avait ressenti en permanence se retrouvait à présent comblé par la présence de Leo à ses côtés. Et de la peine, à son contact, il en avait ressenti. Malgré tous les efforts que le brun faisait pour obtenir un peu de tranquillité, l'autre s'amusait de ses réactions, sa manière d'agir. Oscar secoua doucement la tête, son sourire s'était effacé entre temps. « Ta gueule. Tu ne me connais pas. Et t'es la dernière personne que j'ai envie d'appeler, miracle ou pas. » grinça-t-il entre ses dents tout en se retenant de le frapper. Il savait qu'à la fin de la conversation, il aurait une petite somme d'argent. Le désagrément que représentait Loup valait bien cinquante dollars et un petit peu de patience. Mais sans s'en rendre compte, Oscar avait montré une faille, il s'était retrouvé déstabilisé malgré lui. Leo était sa seule faiblesse. Enfin, pour le moment, le jeune homme avait l'ascendant sur l'autre et ça lui allait très bien. Il ne comptait pas se laisser démonter par un garçon de la trempe de Loup.

« T'as pas tort. Au lieu de ça je suis en compagnie d'un gros trou du cul manipulateur et fier de l'être. En effet, ça m'apprendra. » Siffla Loup. Le plus vieux se mit à rire. L'écrivain pouvait s'estimer heureux qu'il ai décidé de s'en amuser car dans l'autre cas, il se sera retrouvé encore une fois par terre si Oscar en avait décidé ainsi. Mais il le trouvait tellement pathétique que ce fut sa seule réaction. Il se fichait bien de savoir ce que Loup pensait de lui. Après tout, il était déjà au courant, le plus jeune n'avait de cesse de le lui répéter à chaque fois qu'il se croisait. « Han ta vie est trop nulle. Pauvre chat. » Dit Oscar le regard plein de malices. Qu'on parle de lui en bien ou en mal, on parlait de lui. Alors, bien sûr qu'il était fier. En ce moment même, il était surtout heureux d'avoir rendu visite à ce client qui n'avait pas payé en temps et en heure. Si il avait cru croiser Loup ici, il serait venu bien plus tôt. Et puis, il ne pouvait pas s'empêcher de rire en voyant l'air méchant qu'essayait de se donner Loup. C'était tout bonnement ridicule.

Oscar tira une latte sur sa cigarette tout en fixant Loup avec un air de défi. Il n'avait pas besoin de forcer les traits, lui. C'était dans sa nature d'être une mauvaise personne. Toute son attitude, son aura, sa gestuelle montraient à quel point il était une personne peu fréquentable malgré ses habits de créateurs et ses cheveux bien coiffés. L'habit de ne faisait pas le moine et encore moins dans son cas. Le brun ne put retenir un petit rictus amusé en voyant la grimace de Loup qui se ramassait un peu de sa fumée dans la figure. Il lui faisait pitié. « Ah ouais, si tu as piqué dedans, il doit pas en rester des masses. Mais ça ne m'étonne pas, c'est digne de toi. » Rétorqua Loup en essayant de l'atteindre. Oscar eut comme seule réaction de hausser une épaule désinvolte et de reprendre une bouffée cancérigène qu'il recracha aussitôt inhalée. « Au moins, moi j'assume. On ne peut pas dire la même chose de tout le monde, n'est ce pas? » Son ton s'était fait calme et amusé. Oscar prenait tout à la légère, comme à son habitude quand ça ne le concernait pas, ou seulement de loin. Il pensait avoir tapé là où ça faisait mal et en ressentait une énorme satisfaction. Le plus vieux observa son ennemi se caler à l'aide de sa béquille et plonger la main dans sa poche. Oscar savait ce qu'il lui était arrivé, Maël lui en avait parlé. Mais il n'avait même pas ressenti une once d'empathie à son égard. Il s'était même pris à penser que le karma avait encore frappé et que lui ne devait pas être si mauvais puisqu'il ne lui arrivait jamais rien. Parfois, il lui arrivait de craindre que quelque chose de magistral lui tombe sur le coin de la figure au moment où il s'y attendrait le moins. Puis il réfléchissait une fraction de seconde, se disait que non, cela serait déjà arrivé et continuait d'agir comme un con avec la Terre entière. « Je prends le tout. » Finit par dire l'autre avec impatience. Oscar cala sa cigarette entre ses lèvres, retira son sac de son dos une seconde fois et fouilla à l'intérieur à la recherche des deux sachets tout en s'écartant de la lumière blanche du réverbère. Dealer sous un faisceaulumineux n'avait jamais été une bonne idée. Une fois les petits sacs trouvés, il les tendit en la direction de Loup. « Quatre-vingt-dix dollars. Cent parce que c'est toi. » Dit Oscar juste avant de se mordre la lèvre inférieure pour s'empêcher de rire face à la tête décomposée du plus jeune. Il avait joué, il avait perdu.

Le petit brun n'avait pas imaginé qu'Oscar réagirait à sa petite provocation. Pour lui ça n'avait été qu'une pique parmi tant d'autres, une pique qui n'atteindrait certainement pas le coeur du dealer. mais il en était tout autre, et aussi surpris fut il, Loup fut également envahi par un sentiment de satisfaction qu'il afficha en un rictus. S'il se montrait doux et tendre la plupart du temps, il était depuis quelque temps devenu une personne un peu trop détestable lorsqu'il faisait face à une personne qu'il n'aimait pas. Et Oscar lui sortait littéralement par les yeux, il faut dire qu'il n'avait pas été tendre avec lui la dernière fois, il lui avait collé son poing dans la figure et ça ne lui avait pas bien plu. Il l'avait certes cherché, mais cela n'avait fait qu'accentuer sa haine envers lui. Alors, il ne pouvait pas s'empêcher d'afficher ce sourire satisfait sur les lèvres. « Pauvre coeur brisé. » répondit-il simplement en haussant les épaules. S'il aimait le voir déstabiliser, il voulait davantage sortir de ce quartier et surtout s'échapper de la compagnie insupportable du dealer.

Pour autant, il n'aimait pas son rire. Son regard resta tout aussi haineux que les premières secondes et il leva les yeux au ciel, attendant simplement qu'il finisse par répliquer. Et puis, il fronça les sourcils en l'entendant se moquer. Il soupira longuement sans lâcher Oscar du regard une seule seconde et commençait réellement à s'impatienter. Il aurait bien aimé échapper à toutes ces piques, pas parce qu'elles lui faisaient mal parce qu'il s'en fichait réellement, mais surtout parce qu'il avait hâte de rejoindre son appartement. Cependant, il secoua doucement la tête en répliquant une nouvelle fois. « Il n'y a pas que la mienne, il y a aussi celle de tous ceux qui te connaissent. Et si elle ne l'est pas encore, elle le deviendra certainement grâce à toi, comme toujours. » Le petit brun haussa ensuite les épaules, comme si soudainement, il était fatigué de devoir lui renvoyer la pareille. Il détourna le regard quelques instants pour observer les alentours puis reposa son regard sur son nouveau dealer. Cette idée le fit frissonner, si Maël l'avait comme dealer, Loup ne voulait pas qu'il le soit. Il n'avait jamais voulu une chose pareille et se blâmait maintenant en se disant qu'il aurait pu faire un peu plus attention en venant. Ce qui était certain, c'est qu'il allait devoir s'entraîner pour devenir crédible et que ses mensonges ne soient pas aussi ridicules que ceux qu'il avait pu servir à Oscar quelques instants plus tôt.

« Au moins, moi j'assume. On ne peut pas dire la même chose de tout le monde, n'est ce pas? » Loup leva un sourcil en observant son ennemi. Non, lui n'assumait pas d'être tombé dans la drogue, surtout pas dans un contexte aussi ridicule que celui là. Il était devenu tout ce qu'il avait toujours détesté, et quelque part, il aurait bien aimé ne pas tomber là-dedans. Seulement, il ne peut plus rien changé, ce qui était fait était fait. « Et t'en es fier ? Tu riras moins quand tu seras derrière les barreaux ou coincé dans un trou six pieds sous terre. » Se droguer n'était pas quelque chose où l'on pouvait en tirer une certaine fierté pour Loup. En aucun cas. Pourtant, il devait reconnaître qu'Oscar se débrouillait plutôt bien pour extorquer du fric aux plus faibles. Il se faisait malin, c'était sûr. Mais Loup était convaincu qu'il n'avait toujours aucune raison d'être fier de son petit talent d'arnaqueur. Il fourra alors sa main dans sa poche et attendit qu'Oscar lui refourgue ce qu'il avait. « Quatre-vingt-dix dollars. Cent parce que c'est toi. » L'expression du visage de Loup se fit déconfite d'un seul coup. Il avait l'impression de se faire avoir, néanmoins ça n'était pas qu'un expression. Il le dévisagea pendant quelques secondes puis sortit une liasse de billets de sa poche en soupirant lourdement. Il compta alors quelques billets puis les tendit à Oscar avant d'attraper les sachets. « Tu devrais faire attention à tes arrières, qui sait ce qu'il pourrait arriver maintenant que tu es officiellement mon dealer ? » Le petit brun afficha un sourire faux sur les lèvres. S'il n'avait pas osé appeler les flics la dernière fois, il n'en était plus rien désormais.

« Pauvre coeur brisé. » Répondit Loup avec un profonds désintérêt. Le brun, lui, grinça des dents. Le fait que son pire ennemi lisait en lui comme un livre ouvert lui déplaisait fortement. Oscar ne voulait pas donner l’impression d’être faible et pourtant… Son regard s’était fait fuyant et gêné aux dires de l’autre. Il prit la décision de ne pas répondre, ça ne servait à rien. Il savait qu’il se serait fait violent. Tout en tirant une latte sur sa cigarette, il grimaça d’un air dédaigneux. Le seul moyen de le mettre au tapis était de lui toucher un mot sur d’éventuels sentiments qu’il pouvait ressentir. Il recracha la fumée tout en se passant une main dans les cheveux. « Il n'y a pas que la mienne, il y a aussi celle de tous ceux qui te connaissent. Et si elle ne l'est pas encore, elle le deviendra certainement grâce à toi, comme toujours. » Rétorqua le petit brun à sa remarque. Cette manière dont il avait de hausser les épaules rendait complètement dingue Oscar. Presque encore plus que les saletés qu’il osait lui balancer à la figure. Ça, il savait qu’il l'avait cherché en piquant Loup encore et encore. Il ne pouvait pas vraiment lui en tenir rigueur, même si ses attitudes de rat de bibliothèque lui tapait sur le système. « Demande à ton frère. Je le rends heureux, lui. Il ne semble pas beaucoup se plaindre quand on sort et que je le dépanne. » Déclara Oscar en un petit rictus provocateur. Il savait où appuyer pour que Loup ait mal. Son frère était la chose la plus importante à ses yeux et le dealer donnait seulement l’impression de l’abîmer sans cesse, jusqu’au jour où un grave accident se produirait. Oscar ne se rendait pas compte des dangers et des parcours qu’il faisait prendre aux peu de gens qu’il aimait sincèrement. Il n’avait presque jamais ressenti la peur, il était compliqué pour lui de comprendre que son mode de vie pouvait être dangereux. Il s’amusait et ne voyait pas le bout. Jamais. Sourire carnassier au coin des lèvres, il reprit une taffe cancérigène, fier de la manière dont il avait envoyé valser la patience et l’ego de Loup. « Je prend un malin plaisir à TE pourrir la vie. Ne met pas tout le monde dans le même sac. » Ajouta-t-il afin d’enfoncer le clou une dernière fois. S’en suivit sa réplique sur le fait qu’il assumait d’être tel qu’il était. Il était vrai de dire qu’Oscar n’avait aucun complexe quant à sa manière d’être. Il avait bien conscience de parfois se comporter comme un con, de prendre trop de drogue, de trop boire. Oscar était trop, de toute manière. « Et t'en es fier ? Tu riras moins quand tu seras derrière les barreaux ou coincé dans un trou six pieds sous terre. » Oscar se remit à rire. D’un doigt, il vint chercher une larme de joie inexistante sur le coin de son oeil. Ce genre de chose n’arrivait qu’aux autres. Lui n’avait jamais craint la prison ou l’overdose. Ca ne lui avait d’ailleurs jamais effleuré l’esprit. Le jeune homme avait l’intime conviction de se connaître si bien qu’il n’avait plus besoin de faire attention à quoi que ce soit; il s’écoutait et c’était bien tout. « Ça, ça n’arrive que dans tes doux rêves, chéri. » Oscar avait déblatéré sa phrase d’un ton monocorde, sans même jeter ne serait-ce qu’un simple regard à Loup. Il était bien trop occupé à donner une pichenette sur son mégot pour l’envoyer aussi loin que possible. Ce dernier tomba à ses pieds. Il prit une moue boudeuse déçue et reporta son attention sur Loup avant de lui annoncer le prix. L’expression que tira Loup arracha un frisson de plaisir à Oscar. La prochaine fois, il se tairait et peut-être qu’il lui ferait payer moins cher, si il était de bonne humeur. Mais entre nous, il y avait peu de chance que l’écrivain et son compte bancaire s’en sortent. D’une main assurée, le dealer attrapa les quelques billets que lui tendait son ennemi. Il s’empressa de les ranger à l’intérieur de sa veste, un air satisfait accroché au visage. « Tu devrais faire attention à tes arrières, qui sait ce qu'il pourrait arriver maintenant que tu es officiellement mon dealer ? » Le sourire faux qu’affichait Loup en fit s’étirer un sur les lèvres d’Oscar. Un sincère. Il secoua la tête en levant les yeux au ciel, affligé par les menaces que l’autre essayait de proférer à son encontre. Après un long soupir, il déclara « Si tu me dénonces, ton frère et toi coulez avec moi. J’ai mon carnet de comptes. Tout le monde tombe. Alors vas-y, on se tiendra chaud comme ça. » Oscar finit par un petit clin d’oeil malicieux et amusé. Loup n’avait aucune idée dans quoi il s’était engouffré.

« Demande à ton frère. Je le rends heureux, lui. Il ne semble pas beaucoup se plaindre quand on sort et que je le dépanne. » Il fallait avouer que cette remarque eut le don de frapper Loup en plein coeur. Lui qui avait tant de fois essayé de sortir son frère de là se retrouvait totalement con devant Oscar qui se foutait de sa gueule en lui balançant cette phrase comme une banalité. Loup avait souvent entendu de la bouche de son frère qu'il ne se détacherait jamais de l'emprise qu'avait la drogue sur lui tout simplement parce que ça le rendait heureux, mais Loup n'avait jamais voulu en croire un mot. Seulement, et bien qu'Oscar était son pire ennemi, cette idée devint si soudainement une réalité qu'elle le frappa de plein fouet alors qu'il tentait vainement de garder la face devant son nouveau dealer. Ce dernier avait l'air de ne pas avoir conscience du mal qu'il apportait tout autour de lui, et cela énervait au plus haut point le petit brun. « La ferme. Tu le connais même pas , et tu es à mille lieues de le rendre heureux. » répondit-il hargneusement entre ses dents. Il soupira alors pour tenter de se calmer, il savait qu'il n'avait seulement quelques minutes de plus à tenir avant de pouvoir quitter sa compagnie.

Loup ne répondit rien à la phrase qu'Oscar avait ajouté, il préféra ne pas s'emporter, de toute façon tout cela ne servait à rien. Il était clair que s'ils venaient à se battre, Oscar prendrait rapidement le dessus sur Loup. Il était beaucoup plus grand que lui, de plus, il savait au moins donner des coups et Loup en avait eu la preuve la dernière fois qu'il l'avait croisé. Alors, quand bien même son rire l'énerva davantage, il serra simplement les dents et soupira en attendant qu'il lui file la came. « Ça, ça n’arrive que dans tes doux rêves, chéri. » Loup l'observa faire avec son mégot, il regarda celui-ci tomber au sol juste devant les pieds d'Oscar puis releva le regard vers son ennemi en secouant doucement la tête d'un air désapprobateur. Puis vint l'annonce du prix que le petit brun allait devoir mettre pour avoir ses petites pilules. Ce prix n'était pas du tout à son goût, et ça se voyait clairement sur son visage à cet instant là. Il se doutait parfaitement qu'Oscar profitait pleinement de son emprise sur lui pour exagérer et s'enrichir comme il le voulait, de plus il savait parfaitement à quel point Loup avait les moyens. Alors finalement, ça n'était pas si étonnant que cela.

Alors qu'il le menaçait en tentant de lui faire peur, il remarqua rapidement au sourire d'Oscar que c'était à nouveau une tentative ratée. Mais le petit brun perdit rapidement son sourire lorsqu'il entendit les paroles du dealer. Hors de question pour lui de faire un arrêt à la case prison, car même s'il pouvait en sortir rapidement grâce à l'influence de ses parents, cela restait à vie et il n'avait aucunement envie d'entacher sa réputation, réputation qu'il avait bâti de ses propres mains sans l'aide de ses parents. Il plissa alors les yeux et une nouvelle fois, il secoua la tête, gardant son air désapprobateur. « Je préfèrerai plutôt crever de froid dans une avalanche. » souffla-t-il de manière imperceptible. Son regard noir resta quelques secondes vrillé sur Oscar puis il le baissa sur ses sachets. Il en ouvrit un et attrapa entre ses deux doigts un petit cachet qu'il avala rapidement avant de fourrer le tout dans sa poche, relevant son regard haineux dans celui d'Oscar. « Je ne te souhaite pas bonne soirée. » dit-il ensuite tandis qu'il attrapait ses béquilles pour pouvoir partir. Maintenant qu'il avait eu ce qu'il voulait, il ne désiriat plus qu'une seule chose : se tirer de cet endroit qu'il détestait si profondément.