Cela faisait déjà deux heures que j'étais venue à l'hôpital, et que Keallian m'avait rejoint aussi vite qu'il avait pu. Je lui avais donc expliqué la soudaine crise de mon père, tout en cachant mes sanglots, de crainte que quelqu'un que je connaisse arrive et me voit pleurer. Même si ça avait été dans les bras de mon meilleur ami, je ne me permettais que devant lui ce genre de sentiments s'extérioriser. La panique était légèrement retombé... Jusqu'à la seconde annonce du maire. L'électricité avait soudainement lâché, laissant les patients dans une nouvelle vague de panique pire que la précédente. Des vitres se brisaient, quelques bouts de verres volaient. N'ayant pas lâché la main de Keallian depuis le début, je la serrais plus fort, comme si il était mon seul point de repère parmi cette agitation et ces cris. Soudain, l'image de mon père, blessé par la tempête m'explosa dans le crâne, formant une boule dans mon ventre. « Papa ! » Pire que l'idée d'être blessée ou de voir Keallian blessé, je ne voulais pas voir mon père dans un état plus critique qu'il ne l'était déjà. « Il est toujours là ! Il est quelque part et... » Je ne finis pas ma phrase, en proie à la panique générale. Comment le retrouver parmi tout ce monde, toute cette folie ?

Keallian était arrivé aussi vite qu'il avait pu, même si ce n'était encore pas assez rapide pour lui. Il avait eu si peur qu'il lui soit arrivé quelque chose, il n'aurait jamais pu se le pardonner. Il continuait de lui serrer la main voyant bien qu'elle paniquait. Après la seconde annonce, tout l’hôpital était entré en ébullition, les gens courraient dans tous les sens, des choses se cassaient, d'autres tombaient, c'était chaotique. Mais parmi le bruit qui l'entourait il entendit Agnès prononcer "papa". Il comprenait maintenant pourquoi elle était là. Elle commença à réellement paniquer, à ménager les mots. Il lui prit la tête dans ses mains et la regarda droit dans les yeux. On va le retrouver, tu m'entends? On va le chercher ensemble et on va le trouver, je te le promet. Agnès lui fit un signe de tête puis ils se levèrent à la recherche de son père. Il ne la lâchait pas, la dernière chose qu'il voulait était de la perdre au milieu de cette cohue.

Je me retrouvais au millieu de toute cette cohue, cette folie qui montait petit à petit. Je n'arrivais plus à garder mon calme, et tout ce dont j'avais besoin, c'était de me rouler en boule, et d'attendre que tout ça passe comme c'était venu. Alors que je cherchais mécaniqueent du regard quelqu'un qui puisse m'indiquer où était mon père, Keallian attrapa ma tête dans ses mains pour que je ne regarde que lui. On va le retrouver, tu m'entends? On va le chercher ensemble et on va le trouver, je te le promet. J'hochai la tête, toujours avec cette inquiétude qui me rongeait. Alors que nous avancions dans le bâtiment,  je cherchais une infirmière, docteur, quelqu'un qui puisse me renseigner. « Excusez moi ! Est-ce que quelqu'un peut m'aider ici ? » Mais rien à faire, mes paroles étaient vaines face à ce fracas, ce vent et tout ce qui volait dans tout les sens. J'étais impuissante. Mes cheveux volaient dans tout les sens, et la seule chose à laquelle je pouvais me rattacher face à cette tempête, c'était la main de Keallian. Je lâchai, dans un murmure découragé. « s'il vous plaît... »