Appuyée sur le bar, Cassie était déjà épuisée par sa journée, alors que cela faisait moins d'une heure qu'elle avait commencée. Comme d'habitude, elle était du soir et aujourd'hui, elle avait été prise d'une flemme extrême pour aller bosser. C'était une journée on ne peut plus banales, toujours les mêmes têtes, les mêmes réflexions puériles de la part des clients, bref une journée comme les autres, hormis le fait qu'elle n'était pas du tout motivée. Pourtant, elle s'exécutait, elle servait des verres aux clients, plus sereine que jamais, même si elle se sentait complètement déconnectée du monde. Un soupir s'échappait d'entre ses lèvres alors que le haut parleur annonçait une tempête de niveau quatre. Il y avait toujours un crétin pour inquiéter les gens le jour d'Halloween, comme si cela pouvait être possible après tout. Certes, le temps était plutôt maussade pour un trente et un octobre, mais après tout c'était l'automne, il ne fallait pas non plus s'attendre à avoir un grand soleil. Une sourire se dessinait alors sur ses lèvres alors qu'elle ignorait complètement cette annonce absurde. Toutefois, elle n'était pas la seule à avoir entendu cette alerte, puisque certains clients commençaient à s'alarmer, prenant cette annonce au sérieux. Quelle stupidité quand on y pense, c'est Halloween et il fallait bien une farce pour faire peur aux autres. Plusieurs clients venaient donc à elle pour lui en faire part, mais elle préférait leur rire au nez, n'y croyant pas une seconde. « C'est une blague, inutile de vous faire du soucis. » Lâchait-elle, d'un ton plutôt moqueur. Les gens étaient si naïfs que ça lui donnait presque la nausée. Si on leur annonçait qu'une bombe allait explosé la planète d'ici ce soir, ils seraient parfaitement capables d'y croire. Cassie décidait de prendre sa pause pour s'éloigner un peu des lourds clients qui s'accaparaient d'elle pour avoir des renseignements. Cependant, en arrivant dehors, elle observait instinctivement le ciel. Et si cela était vrai ?

Je ne savais pas trop où j’allais ni ce que je devais faire de ma pauvre vie. C’était les vacances et les cours n’occupaient plus la plus grande partie de mes journées. Je me trouvais seule et désemparée dans un pays que je ne connais pas. Mon impulsivité me jouait parfois de drôles de tours et, aujourd’hui, j’en payais les lourdes conséquences. J’avais l’impression que mon existence se résumait à un puzzle. Chercher le bon morceau de carton pour l’assembler à l’autre. Y arriver parfois mais recommencer souvent … Un long soupir s’échappa de ma bouche et se transforma en vapeur indistincte dans la nuit tombante. Les mains dans les poches, je rentrais la tête dans les épaules pour éviter de frissonner à chaque passage d’un vent glacial. L’automne arrive et ses mauvais temps aussi. J’étais partie sans rien à part cette vieille veste en cuir appartenant à Alekseï que j’avais piqué une nuit pendant qu’il était avec sa vermine de fiancée. Un peu trop grande pour moi mais c’était vraiment tout ce qu’il me restait de l’homme que j’aimais et, bizarrement, cela me réconfortait de la savoir avec moi. Même si je voulais tourner la page, j’aimais me surprendre à rêver qu’il s’inquiétait pour sa sœur adoptive. Qui sait ? « Mesdames et Messieurs, chers habitants de White Oak Station. Nous vous informons … » Je m’arrêtai et écoutai alors le message qui sortait des hauts parleurs. Une tempête, ici ? Je n’en avais jamais vécu dans ma Capitale Française et je ne savais pas reconnaître les signes avant coureurs d’une caprice de Dame Nature. Mais ça ne m’empêchera pas de vivre, bien au contraire. Le néon d’un bar attira alors mon regard. Peut-être que je réussirai à nouer des contacts là-dedans ? Advienne que pourra quoi qu’il en soit. La tête dans les nuages, je ne remarquai pas la fille qui sortait au même moment que mon pas décidé me dirigeait vers l’entrée. Le choc fut alors inévitable et, rougissante, je m’empressai de m’écarter. « Pardon, je suis désolée, j’avais la tête ailleurs. » Je la détaillai légèrement avant de me mordre la lèvre inférieure. « Je ne vous ai pas fait mal ? »  Côté rentre-dedans, je devais être une reine !

HS : du coup j'ai remplacé comme je t'ai dis "la jeune femme" par Victor qui est du coup moins efféminé , si ça t'embête ou quoi que ce soit, dis le moi

Le sale temps de l'automne, ce n'était pas une nouveauté pour le comté d'Alberta, les jours d'octobre se raccourcissant de plus en plus, une vraie catastrophe. Victor avait arrêté son travail dans la forêt un peu plus tôt que prévu aujourd'hui, le temps tournait à l'orage, et lui en tant que bûcheron sentait lorsqu'une belle averse allait s'abattre.
Remettant sa veste en cuir sur les épaules, il traversait la ville d'un pas décidé, les nuages se massaient de plus en plus, mais la ville était agitée, les enfants en costume commençaient déjà à se balader. Victor, comme à son habitude commença à râler, il détestait cette foutue fête, d'une part plus commerciale qu'autre chose, et d'autre part qu'elle idée de pousser tout une bande de gamin déjà hyperactifs à manger des tonnes de sucreries, outre le fait de les rendre encore plus agaçants ?
Le Garde-forestier traversait le quartier bas de la ville, lorsque d'un coup, après quelques grésillements une annonce se fit entendre. Une tempête. Quelle blague, même l'administration de la ville prenait au sérieux ses prévisions ?   « juste une bonne vieille pluie d'automne » marmonna-t-il dans sa barbe. Il aperçu au loin quelques personnes paniquées, désabusé, il tourna à l'angle de la première rue. Changement de plans, il avait besoin d'un verre. Victor poussa alors la porte du bar, et s'apprêtait à rentrer lorsqu'il se prit de plein fouet une jeune femme.  « PUTAIN.. bordel faites attention » s'exclama-t-il, toujours aussi poli et courtois comme à l'accoutumé. Il ne mit que quelques secondes à reprendre ses esprits, la jeune femme paraissait tellement mal à l'aise, et désolé, et rapidement il s'empressa d'ajouter :  « désolé, c'est pas contre vous, y a aucun soucis... ». Il s'était emporté, vraiment emporter, et sa grosse voix avait même fait retourner quelques têtes dans le bar. Victor commença à reculer pour s'éloigner, et partir, avant de reprendre quelques peu ses manières et de demander à la jeune femme avec un sourire : « un verre ? «euh, ça vous direz pas un verre, pour m'excuser, j'me suis un peu emportée, entre Halloween, et cette stupide annonce! »[/b]. Victor n'était pas mauvais, juste un peu bourru, voir beaucoup, même. Il se retournait déjà pour héler la serveuse pour qu'elle les rejoigne.