silke ∞ jake

« Bordel de merde… putain ! » Jake savait très bien qu’il n’aurait pas dû faire ça. Il savait que d’entrer dans la chambre de sa petite sœur c’était un peu comme violer son intimité et d’ailleurs il se l’était toujours interdit. Mais le doute, la suspicion, l’avaient poussé à enfreindre cette limite pour aller fouiller dans l’antre de la blonde. Autant dire qu’il n’avait pas été déçu... ou plutôt, si. Il l’avait atrocement été. D’accord, Jake savait pertinemment qu’arrêter la drogue du jour au lendemain n’était pas une chose simple et il pouvait éventuellement comprendre qu’elle gardait quelques jolies pilules au cas où le gouffre serait proche. Ce qu’il n’acceptait cependant pas, c’était qu’elle ne lui ait rien dit. Elle avait promis de lui parler d’éventuelles rechutes et pourtant la blonde n’avait rien dit. Pas un mot. Elle n’avait pas mentionné ses difficultés – même s’il les devinait souvent – et avait préféré contester son autorité. Jake serra le poing, se retint bien difficilement de tout envoyer balader. Silke n’était pas encore rentrée mais c’était certain qu’elle entendrait vite parler de lui ! Il fit alors l’inspection de toute la chambre et prit tout ce qui était susceptible de la mettre dans des états seconds. Il ne jeta pas sa trouvaille, non – on ne savait jamais – mais se contenta simplement de tout mettre dans sa chambre. Jake aurait pu être fier d’être le plus fort des deux… s’il n’y avait pas eu cette inquiétude permanente. La voir dans un lit d’hôpital ? Plus jamais de la vie. Sauf que ça elle ne le comprenait pas. Oh, il aurait aimé que les rôles soient inversés bien sûr. Être à sa place pour avoir moins peur. Mais ça n’était pas le cas.

Jake prit l’initiative de lui envoyer un sms, l’air tout à fait innocent. Il se contenta d’un : Yo, tu rentres à quelle heure ? et attendit sagement sa réponse. A priori, pas avant deux heures que lui avait dit Silke ce qui lui laisserait l’occasion de réfléchir à son sermon. Ca lui faisait bizarre de jouer au frère strict comme ça mais c’était pour leur bien à tous les deux, ni plus ni moins.
Les deux heures passèrent plutôt lentement. Jake stressait, pas au point d’angoisser non plus. Il savait très bien ce qu’il avait à faire et n’irait pas par quatre chemins de toute façon, peu importe la réaction de sa jeune sœur. Quand elle franchit enfin la porte, il se releva avec un sachet de pilules en mains. Sans un bonjour, sans aucune politesse il se posta devant elle pour le lui mettre devant les yeux. « J’attends une explication. » Le tatoueur fronça un instant les sourcils en voyant que Silke n’était de toute évidence pas dans son état normal. Il soupira. « Ok, dis rien, j’vais parler. » Il se recula un peu, commença à faire les cents pas dans le salon. « Tu trouves ça normal, franchement ? Moi j’me casse le cul pour toi, pour nous, et t’en as absolument rien à foutre. T’as dix-huit ans Silke, tu es censée devenir responsable ! Mais tu te rends pas compte bordel… tu te rends pas compte de ce que tu risques ! Ca t’a pas suffi l’autre fois ? oh, bien sûr que non ! T’en as jamais assez. » Bon… il ne fallait pas oublier qu’au départ, c’était de la faute à Jake, tout ça. C’était lui qui l’avait entraînée dans cet enfer et c’était sans doute pour ça qu’il prenait la chose tant à cœur.

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Ce qu’il redoutait arriva ; Silke rejeta toute la faute sur lui. Elle avait raison en réalité et il en était parfaitement conscient, aussi, quand il l’entendit, le tatoueur ne put que se sentir mal. Il s’arrêta un moment de marcher, serra davantage le poing autant que son cœur l’avait fait dans sa poitrine. C’était douloureux. Elle ne comprenait pas tout ce qu’il faisait pour elle, la lutte qu’il subissait au quotidien… Une force surhumaine lui permit de garder son calme tout en la regardant. Il ne devait de toute façon pas craquer devant Silke, c’était hors de question. « J’suis au courant de tout ça, merci. Tout le monde fait des erreurs et moi le premier. J’aurais jamais dû faire ça, je sais. Mais tu crois que c’est une raison ?! Tu trouves ça drôle de jouer encore et toujours avec ta vie ? Bordel, pas moi ! » C’était difficile de ne pas s’énerver… mais il était mort d’inquiétude. Jake soupira et se posa sur le canapé, non loin d’elle. Il préféra changer de ton, chercha à être plus doux. « Silke… je dis pas tout ça juste pour être chiant. Je… je m’inquiète pour toi. J’ai merdé une fois, je peux pas me le permettre une seconde fois. » Il savait bien que Silke serait plus heureuse sans lui, mais elle n’avait pas tellement le choix. Il soupira, posa le sachet sur la table basse et croisa les bras. « Je veux être là pour toi… »

Jake se sentait pathétique. Il n’était pas du genre à faire dans les sentiments – quoique depuis sa nuit avec Orchid il avait l’impression de devenir fleur bleue – et se sentait peu à l’aise. Bien sûr que tout arrêter était difficile. Alors peut-être en demandait-il trop d’un coup pour la belle blonde mais qu’elle n’avait pas su lui faire comprendre autrement. Il inspira un bon coup. « Peut-être que je suis trop sévère. Peut-être que… que t’as besoin de paliers, que tu peux pas arrêter comme ça, comme moi. Je veux bien m’engager à faire des efforts si tu en fais aussi. » Il la regarda du coin de l’œil pour être sûre qu’elle allait bien, étant certain que de toute façon Silke n’était actuellement pas clean. « Cela dit… quand j’vois des pilules comme ça, moi aussi j’ai envie de craquer. Et ça me fait chier, tu vois ? Parce que j’ai pas envie de foutre ma bonne volonté en l’air. » Même si techniquement, avec le foutu joint d’Orchid, il l’avait déjà fait. Jake chercha à la regarder dans les yeux pour conclure ce léger sermon, finalement moins violent que ce qu’il n’aurait cru. « Tu vas me donner tout ce que t’as. On va pas le jeter. Quand… quand t’en auras besoin, et si tu juges que tu peux vraiment pas faire autrement, je t’en donnerais. Mais pas beaucoup. » Même si ça allait lui coûter énormément de lui en donner lui-même, c’était la seule façon de réguler à peu près ses prises. Encore fallait-il qu’elle accepte…

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« Mes affaires ? Mes affaires, c’est toi Silke ! Ton bien-être passe largement avant le mien… » Il était vrai, Jake avait tendance à s’oublier tant il se préoccupait de la jolie blonde. Mais elle ne voyais rien… elle ne voyait pas à quel point il pouvait l’aimer, à quel point il pouvait s’inquiéter pour elle et tout ça le peinait énormément. En fait, qu’il soit là ou non c’était la même chose pour Silke. Il n’avait pas la sensation d’être important et ça c’était peut-être le pire. Mais pour elle, pour eux, il ne devait pas faiblir maintenant. Jake s’apprêta à répliquer lorsqu’elle lui annonça que non, elle ne pouvait pas vivre sans drogue. Il savait qu’elle n’avait pas la même volonté que lui mais de là à apprendre qu’elle n’en avait absolument aucune… Le pire sans doute, c’était que Silke ne soit pas du tout consciente des risques qu’elle prenait, comme si une première chute ne lui avait pas suffi. Il vit rouge lorsqu’elle attrapa les pilules et sentit tout bonté quitter son corps à la seconde. Jake se releva et prit sa petite sœur par les poignets pour l’empêcher d’aller ailleurs avec une brutalité qu’il ne se serait jamais permis autrement. « Hors de question que je te laisse te foutre en l’air, Silke ! Tu n’as pas bien compris le deal que j’te propose. La vérité c’est que t’as pas le choix, ok ? Tu comprends ça ? Je pourrais très bien t’envoyer en centre de desintox, ce serait mieux pour TOUT LE MONDE. Mais je le fais pas. Pourquoi ? Parce que c’est bien trop violent, d’un coup ! » Il serra un peu plus son poignet, lui déroba le sachet de pilules qu’il se serait bien envoyé là tout de suite pour se calmer. « Tu comprends rien. T’es qu’une gamine capricieuse MAIS qui a toutes les chances de s’en sortir. Tu trouves que c’est cool, la drogue ? Ah bah oui, pourquoi pas. Tu vas mourir, t’auras pas vingt ans, mais c’est la mode non ? » Oh, il était bien conscient d’en demander beaucoup et d’aller peut-être un peu loin. Mais sa sœur… c’était toute sa vie. Il ne voulait pas la perdre. « Je te jure que la prochaine fois que je te chope avec ça… ou dans cet état-là… tu vas prendre cher. J’vais finir par t’enfermer dans ta chambre, si ça continue. » Il la relâcha, le sachet en main. Cris dans 3,2,1...

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Silke n’avait rien demandé, qu’elle lui dit. Oh ça c’était certain qu’elle n’avait jamais rien voulu et qu’il avait pris seul la décision de tout arrêter ! Cette décision avait franchement été compliquée à assumer et l’était encore aujourd’hui. Non, il ne lui avait pas laissé le choix car lui laisser le choix aurait signifié pour lui la laisser choisir entre une vie longue ou une mort imminente. Ce n’était pas dans son rôle de grand frère que de lui proposer la deuxième solution et Jake avait tout naturellement cru bien faire. Il déchantait, pourtant. « Et comment t’aurais pu me demander quoique ce soit ?! T’étais dans les vapes Silke ! » Garder son calme était chose extrêmement ardue car Silke savait comment le foutre en rogne et s’y employait encore une fois avec perfection. Il l’aimait tant… mais ne pouvait pas lui dire directement. Jake avait choisi de reprendre le sachet à sa sœur quitte à la mettre davantage en colère. De toute façon… foutu pour foutu ! Et ça eut exactement l’effet escompté… en plus fort. Les mots que lui jeta Silke en pleine face le touchèrent en plein cœur. Il desserra presque immédiatement son emprise sur ses poignets, juste une demi-seconde, avant de se reprendre. Elle ne pouvait pas dire ça, non. Son but n’était pas de se débarrasser d’elle, au contraire ! Il voulait la garder en vie le plus longtemps possible… « Tu… tu n’y es pas du tout. » souffla-t-il, ayant beaucoup de mal à se contenir. Alors, c’était réellement ce que la blonde pensait de lui ? Qu’il voulait simplement avoir la paix ? Si tel avait été le cas, il l’aurait laissée dans la merde. C’était trop tard, Jake était en train de défaillir et allait être obligé de se montrer plus sentimental que prévu pour gérer la situation. Il attrapa Silke par les épaules, la regarda fixement dans les yeux. « Hey… tu peux pas dire des trucs comme ça. Si ça ne tenait qu’à ma raison, ouais tu serais dans un centre. Mais j’peux pas me résoudre à te laisser partir. Je ne veux pas avoir à me séparer de toi de quelque façon que ce soit. Je t’en supplie Silke… vraiment. Je ne veux pas avoir la mauvaise surprise de te trouver morte un jour où tu auras fait un petit excès. Je veux pas ça. » Il se mettait à trembler, se haïssait d’être si faible. « Je… j’tiens à toi putain ! » Il lâche ses épaules pour l’attirer contre lui et la serrer dans ses bras.

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« T’as raison. J’ai jamais été très responsable. Mais j’fais des efforts. J’essaie de l’être… je veux pas que tu crèves à dix-huit ans bordel ! Tu te rends compte ? Dix-huit ans… » Dix-neuf en réalité mais il refuserait d’admettre qu’elle grandissait chaque jour un peu plus. Sa sœur, presque une adulte ? C’était sans doute le cas, mais il la voyait encore comme une petite chose fragile… une rose et ses épines qu’il ne voulait jamais voir faner. « Je suis pas trop bon dans c’rôle. Peut-être pas très pédagogue non plus. Mais c’est la première fois que j’ai envie d’aider vraiment quelqu’un. Tu sais pas comment c’est compliqué d’avoir l’impression que j’ai ta vie entre les mains ! Que c’est rien qu’un fil… qu’il pourrait être coupé à tout moment. » Il s’arrêta de parler, ce n’était vraiment pas une bonne idée s’il tenait à rester fort devant elle. Bon dieu que c’était compliqué, ça aussi !
Jake se sentit franchement con quand il remarqua les quelques larmes de sa sœur. Il ne l’avait que rarement vue comme ça, pour ne pas dire jamais. Il se mordit la lèvre avec violence avant de resserrer un peu plus l’étreinte. En se rendant compte qu’il y allait cependant un peu fort, il la relâcha juste un peu et caressa sa joue de ses doigts pour y essuyer les quelques larmes. Leur relation n’avait jamais été si critique… ça lui brisait littéralement le cœur. « Dis pas ça, mon cœur. » Là… c’était totalement étonnant de la part du grand frère. Il n’aimait pas trop étaler ses sentiments, n’y arrivait jamais. Mais pour elle… pour qu’au moins elle comprenne l’importance qu’elle avait dans son cœur, il fallait bien quelques concessions. « Tu es une femme forte. Tu peux y arriver. C’est dur… je sais que c’est dur. Même pour moi. » Surtout avec un meilleur ami comme Orchid qui vous mettait toujours des joints sous le nez. « On s’y est pas pris de la bonne façon, Silke. On aurait dû se soutenir. Arrêter tous les deux et pas chacun de son côté. Mieux : il aurait fallu que tu veuilles vraiment le faire. Que tu comprennes les enjeux… » Il soupira. « Tu me trouves vraiment ignoble de faire ça ? Tu peux l’dire… je sais que je suis pas le meilleur des grands frères. » Et il ne le serait probablement jamais !

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« Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ? » Sa question le laissa muette quelques longues minutes. Il ne savait pas quoi faire ni même comment faire. Il ne savait plus comment s’y prendre, tout simplement. Elle s’était reculée, avait remis un peu de distance entre eux ce qui eut le don de l’énerver. Pourtant Jake ne dit rien, la laissa faire. C’était bête mais il avait l’impression de la laisser s’échapper alors qu’elle quittait son étreinte. Enfin… de toute façon, il ne pouvait pas la forcer à être tactile, lui-même ne l’était pas tellement en temps normal. « Je sais pas ce qu’on fait. Là tout de suite j’ai envie d’un putain de joint. » Il suffisait d’appeler Orchid pour ça ! Il en avait toujours un caché quelque part… mais craquer maintenant ? Ca n’était pas permis. S’il replongeait, jamais Jake ne serait capable de s’occuper de sa petite sœur correctement, déjà qu’il faisait tout de travers ! Il se posa sur le canapé, prit un instant sa tête entre ses mains. « Moi aussi j’ai envie de craquer. J’ai envie de tout arrêter, là, et de me droguer jusqu’à ne plus jamais m’réveiller. C’est vrai quoi, le monde réel est tellement naze. Lui il voudra jamais d’moi, toi tu peux t’barrer à tout moment. » Il en oubliait presque qu’il n’était pas seul… qu’elle l’écoutait. Finalement, le garçon leva les yeux vers sa sœur. « Ecoute. Fais c’que tu veux de ta vie. Débrouille-toi. De toute façon, tu le feras que je te dise oui ou non. Parce que t’es une Radulovich et que t’as un caractère de merde, comme moi. J’finirais seul et toi tu finiras dans les squattes. Si c’est la vie que tu veux… » Il haussa les épaules et s’allongea sur le canapé. Là… le tatoueur avait clairement besoin de dormir, il était clairement crevé de tout ça.

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La vie semblait s’acharner contre eux. Pourraient-ils un jour être heureux ensemble ? Ou ne pouvaient-ils l’être que séparément ? Jake préférait ne pas y penser. Il ne voulait pas croire que tout était terminé, que leur vie ne s’améliorerait jamais et pourtant aujourd’hui il semblait baisser un peu les bras. Il se redressa cependant en l’entendant. Le tatoué s’était attendu à ce qu’elle en aille et pourtant la jeune femme restait vers lui. « Qu’est-ce que tu racontes ? T’es folle ou quoi ? » Elle le peinait. Atrocement. Silke n’avait pas vraiment d’estime pour elle-même, ou c’était en tout cas ce qu’avait compris le tatoueur. Il se redressa complètement jusqu’à s’asseoir en tailleur sur le canapé, soupira doucement. « Tu mérites le meilleur. Tout ce que j’pourrais jamais t’offrir, quoi. J’voudrais te faire plein de cadeaux. J’voudrais que tu sois heureuse. Sauf que tu l’es pas. Je suis pas plus doué que papa. » A croire que c’était de famille. « Ecoute. J’te propose qu’on reparle de tout ça plus tard… je commence à avoir mal au crâne. » Et à avoir vraiment envie d’un joint aussi, il se sentait presque craquer, se voyait déjà appeler Orchid pour lui supplier de lui en donner un. « En attendant… fais ce que tu veux. Mais j’t’en prie, ne va pas trop loin. Pas trop de bêtises. Fais attention aux mauvais gars dans mon genre et prends garde à l’hosto. » Il ne savait pas si elle l’écouterait mais elle apprécierait sûrement mieux ça plutôt que de tout interdire. Il se leva d’un bon et déposa un bref baiser sur sa joue. « J’tiens à toi, que tu le veuilles ou non. On peut y arriver… » Ou peut-être pas ? Il sourit tristement et fila dans sa chambre pour se mettre à l’écart. Là, il attrapa son bloc-notes et griffonna quelques idées pour d’éventuels tatouages. Il en avait déjà beaucoup, mais il aimait beaucoup proposer ses propres modèles à ses clients.