Dépêches-toi, tu pèses une tonne ! Hautes comme trois pommes et demies, Malika et Isis avaient élaboré un stratagème plus ou moins futé pour parvenir à leurs fins. Accroupie, Malika tentait de soulever son amie du moins qu'elle le pouvait à la maigre force de ses bras, tandis que cette dernière tendait la main le plus loin possible en direction du bocal à bonbons intentionnellement positionné en hauteur.
Deux secondes, j'y suis presque.. Il lui en fallut une dizaine pour parvenir à faire basculer leur saint Graal et à le faire retomber dans ses bras. Un sourire victorieux se dessina sur le doux visage des deux fillettes. Sourire victorieux et malicieux. Deux rires cristallins et loin d'être discret résonnèrent alors dans toute la maison. Tenant fermement leur trésor, les deux petites filles courraient direction de la chambre, hilares. Assises en tailleur dans ce qu'elles appelaient leur cabane secrète, Malika et Isis avaient déversé le contenu du bocal à leurs pieds et s’empiffraient des gourmandises qu'elles y avaient trouvé. A l'aide de draps et de couverture, elles s'étaient confectionné un abris qu'elles jugeaient top secret. Selon elles, une fois à l'intérieur elles se trouvaient à l'abris des autres, seules dans leur petit monde, leur cocon presque invisible - bien qu'il était évident que ça n'était pas le cas - La peau du ventre tendue, Malika se laissa tomber à terre, la tête contre l'oreiller.
Dis.. tu penses que quand on sera vieilles comme elles, on sera comme nos mamans ? qu'elle fini par lâché après avoir longuement regardé le pseudo plafond de leur cabane, soigneusement décoré d’autocollants lumineux.
Comment ça ? -
Bah tu sais, qu'on sera toujours supers copines et qu'on aura chacune une fille et toutes les deux elles seront copines aussi. Malika se redressa ensuite d'un bond pour regarder son amie dans les yeux. Isis semblait réfléchir, mais le sourire qu'elle arborait en disait long.
Bien sûr que oui, on est des amies pour la vie ! Un radieux sourire se dessina alors sur les petites lèvres de Malika, heureuse de l'entendre.
Amies pour la vie ! Comme une promesse d'enfants, elles se serrèrent le petit doigt avant de s'allonger et rire innocemment, de refaire le monde en mangeant leurs sucreries.
Greysom merde arrêtes tes conneries et rends le moi ! Effectuant un dérapage forcé à la sortie des escaliers, Malika sévertuait à garder le rythme de son frère qui lui riait aux éclats. Essoufflée, elle s'arrêta enfin une fois dans le salon, alors que son aîné se trouvait assis sur le canapé.
Je comprends pas pourquoi tu continues à demander à maman de t'acheter des.. soutifs, t'as pas encore de nichons ! Alors que Greysom venait de lui tirer la langue, Malika lui rendit sa grimace. Elle tenta de s'emparer de son soutient-gorge alors que celui-ci l'en empêchait d'un mouvement rapide du bras.
Sois pas jaloux, je suis certaine qu'il existe un modèle pour homme si tu veux. Ce dernier lui répondit par un simple
ahah ironique. Il était vrai que ce n'était pas juste de l'attaquer sur son poids, mais quand il touchait à son intimité, Malika ne pouvait s'empêcher de l'attaquer gentiment à son tour sur des points sensibles. En attendant, Greysom continuait à faire mumuse avec son nouveau jouet et, prenant le soutient gorge pour un arc, il fit mine de lui lancer des flèches.
C'est pas un jouet, arrêtes du va finir par le déformer ! -
En effet ça serait dommage qu'il devienne encore plus grand, tu devras mettre encore plus de coton pour le rembourrer, héhé. Les bras croisés contre sa poitrine, Malika fit la moue pendant quelques secondes avant de se jeter sur son frère à la quête de son bien. Une petite bagarre puérile débuta alors entre les deux adolescents jusqu'à ce que leur mère fit enfin iruption dans la pièce demandant des explications à tout ce remue-ménage. Malika et Greysom entrèrent alors dans un discours sans queue ni tête, parlant tous deux en même temps et rentant la situation encore plus complexe qu'elle ne l'était.
Et un à la fois ça donne quoi ? Les deux garnements se regardèrent quelques secondes, prêts à bondir pour parler le premier.
C'est elle qu'à commencé je te jure, elle m'a même traité de gros ! Malika soupire, levant les yeux au ciel elle émit un rire nerveux.
J'ai pas dit qu'il était gros, puis si t'avais pas commencé à jouer avec mon soutif j'aurais pas parlé de tes nichons pleins de graisse ! Désespérée et pourtant habituée, leur mère se mit à sourire doucement face à ses enfants qui continuaient à se battre comme deux gosses. Elle finit par quitter la pièce pendant quelques minutes puis retourner au salon un plateau à la main.
Et si on réglait ça autour d'un chocolat chaud ? Les yeux des deux adolescents s'illuminèrent et comme si la magie maternelle venait d'opérer, ils cessèrent leur dispute.
Greysom le soutient gorge à ta soeur et toi Malika, des excuses. Les deux jeunes obtempérèrent comme d'habitude avant de finir par rire ensemble autour de leur mug.
Une feuille et un stylo en main, Malika tentait de se concentrer sur sa tâche à accomplir. Mais c'était sans compter sur son ami Aaron qui était plus dans l'optique de passer sa soirée à dire des âneries et à la faire rire que de se mettre au boulot. Quelques jours plus tôt ils s'étaient mis en tête de préparer une sorte de soirée surprise pour l'anniversaire de Louys. S'ils n'étaient que tous les deux présents à cette pseudo réunion, c'était parce qu'Isis n'avait pas pu venir. Invitée à cette soirée avec son Kenaël, elle avait promis que ce ne serait que partie remise et qu'elle se rattraperait la prochaine fois en décuplant ses efforts. Le portable de Malika se mis à vibrer sous les couvertures. En voyant le nom de sa mère s'afficher elle préféra décliner son appel. Elle avait beau ne pas être en conflit avec ses parents comme la plupart des jeunes désormais, elle jugeait qu'il était inutile d'interrompre ce moment avec son plus vieil ami. Alors qu'ils riaient tous deux aux éclats, ayant laisser leur liste d'invités de côté et discutant des garçons du lycée, Malika s’aperçut que son téléphone n'avait cesser de sonner. Les cinq appels en absence de sa mère lui firent comprendre que quelque chose d'important se tramait.
Tu peux me dire à quoi te sers ton portable ? Ca fait une demie heure que j'essaye de te joindre ! -
Maman.. qu'est-ce qu'il se passe ? Un silence de quelques secondes se fit entendre de l'autre côté du fil, tandis que le battement cardiaque de Malika s'accéléra. A cet instant précis, elle s'attendait au pire, mais au fond d'elle elle espérait sincèrement qu'il ne s'agissait rien de trop important et qu'elle ne se faisait que des films.
Ma puce, je suis désolée.. il y a eut cet accident et .. c'est Isis, sa mère a appelé.. Le reste, Malika n'en perçut que quelques bribes. Manquant de laisser son portable retomber sur le lit, elle ne pu contenir ses larmes qui coulaient désormais du creux de ses paupières jusqu'à la commissure de ses lèvres. Lorsqu'elle raccrocha enfin, Aaron était déjà là pour essuyer ses larmes.
Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il inquiet tout en la prenant instinctivement dans ses bras. Prêt pour la consoler, il ne se doutait pas le moins du monde que dans quelques secondes lui aussi verrait son monde s'écrouler et qu'il se retrouverait dans un état similaire au sien. (...) Malika faisait les cents pas dans le couloir de l'hôpital depuis plusieurs minutes, si ce n'étaient heures, déjà. Plus inquiète que jamais, elle avait le teint pâle et les yeux cernés par la fatigue. Au dernières nouvelles, l'état d'Isis était stable, mais rien n'était dit qu'il s'empirerait par la suite. Deux bras vinrent finalement entourer ses épaules. Sans même vérifié l'identité de cette personne, elle vint déposer sa tête contre son épaule. Louys, qui était arrivé que très peu de temps après elle et Aaron, déposait un baiser sur son front.
Tout ira bien, t'en fais pas. En réalité il n'en savait rien, pourtant ils préféraient y croire puisque désormais ils ne leur restaient plus qu'à prier pour leur amie.
Bras dessus, bras dessous, Malika et Isis marchaient tranquillement en direction du cinéma où elles devaient rejoindre leurs deux autres accolytes soient Louys et Aaron. Malika était à l'origine de cette initiative. Depuis l'accident d'Isis, bien que le groupe soit plus soudé que jamais, leurs sorties se faisaient de plus en plus rares et elle n'aimait pas ça. Amenant encore et toujours ce petit brin de folie et de joie qui faisait son charme, elle avait fait en sorte de bouger tout le monde de leur trou. Une fois arrivées à destination, toutes deux prirent leurs amis dans les bras, le sourire aux lèvres.
Bon vous voulez voir quoi, du coup ? Il était peut-être un peu tard pour poser cette question, mais l'organisation n'avait jamais vraiment été son fort.
Je sais pas, mais pas votre film pour nunuches. Malika lui tira la langue alors que Louys continuait à se moquer gentiment d'elle. Au final, après vote, ils se retrouvaient à deux contre deux. Les filles désirant voir le dernier
step up, tandis que les garçons préféraient se rabattre sur ce maudit film d'horreur qui ne faisait certainement pas peur du tout.
On la joue à pierre feuille ciseaux ? une manche. Un regard compliqué fut lancé entre les deux meilleures amies tandis que les garçons hésitaient encore à laisser le choix du film dans les mains du hasard et de la chance.
Ca marche ! Merci le destin, ce soir les filles étaient à l'honneur et la chance se trouvait de leur côté. Une fois les popcorns achetés, tous les quatre pénétrèrent dans la salle où était diffusé le dernier sexy dance. Malika ne le remarqua que très peu, mais des regards et des sourires malicieux et compliqués allaient et venaient entre Isis et Aaron ce qui ne présageait rien de bon. Lorsqu'elle voulut s'asseoir au milieu à côté d'Isis, Aaron lui piqua sa place et avec son sourire satisfait, lui proposa une autre alternative.
Non, mets-toi là. Comme ça je suis entre mes choupettes. Déposant un baiser sur sa joue, chacun à leur tour, Isis et Aaron commençaient à rire doucement dans leur coin tandis que Malika s'installait à côté de Louys sans trop comprendre ce qu'il se passait dans leur tête. Le film n'avait pas encore commencé qu'elle avait déjà mangé une bonne partie de ses popcorns. Se voulant discrète, elle plongea sa main dans le pot de Louys qui lui tapa sur la main en la prenant sur les faits. Au bon du compte, il piqua à son tour dans son paquet et ce fut ça tout le long du film. Malika alla même jusqu'à lui piquer quelques fois la poignée qu'il avait dans la main pour la mettre dans sa propre bouche, fière de sa bêtise. A la fin de la séance, elle se retrouvait avec une tonne de miettes sur le jeans, des morceaux de popcorns dans les dents et plus assez de boisson pour se rincer la bouche. De sa place, Aaron n'avait cessé de leur jeter des coups d'oeils indiscrets et même si Malika l'avait envoyé bouler au milieu du film, il n'avait pas cessé de l'espionner.
Alors il était bieeeen hein ? déclara Isis tout en soulevant ses sourcils.
Arrêtes tes âneries. qu'elle répondit en rigolant. A vrai dire, ce n'était pas la première fois que ses amis leur faisaient le coup et elle commençait à comprendre ce qui se tramait. Ces derniers temps, Malika ne cessait de se retrouver - par hasard ? - constamment installée à côté de Louys, a devoir partager avec Louys, a devoir rentrer avec Louys. Tout le temps. Et même si ça ne la dérangeait pas plus que ça, elle sentait qu'Isis et Aaron se montaient le choux sur eux pour rien. Enfin... pas certain qu'ils se fassent réellement des films, si ?