~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Eh bien... Sans vouloir me venter je suis une petite star au lycée. C'est pas tous les jours qu'on a des vedettes du rock dans son école et même si à la base je suis un garçon plutôt timide et pas exubérant, j'ai dû d'abord m'adapter à ce que soudainement on se retourne sur mon chemin. J'avais beaucoup de mal à me faire aux chuchotements et aux doigts pointés et puis finalement j'ai trouvé un ou deux avantages; on vient m'interviewer pour le journal du lycée et je n'ai plus besoin de trouver le courage pour aborder les filles, elles viennent presque d'elle même. Non pas que j'en profite mais voilà, si une fille me plaît, j'ai moins de problèmes pour me la mettre dans la poche. J'aime mieux cette vie au lycée que celle que je menais avant quand j'avais un style de BCBG et qu'on me prenait pour le petit riche de la classe.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Je dirais que oui. En dehors du lycée, j'ai la chance de pouvoir pratiquer ma passion et en plus de devenir de plus en plus célèbre. Bien sur, j'aimerais mieux que mes parents s'entendent à merveille et qu'ils me soutiennent dans ce que je fais tous les jours avec mes deux meilleurs amis mais ce n'est qu'un détail. On va dire. Sinon, à dix huit ans, je n'ai pas besoin de tout ce dont les adultes rêvent d'avoir pour être heureux. Il me suffit d'avoir ma batterie, une fille à embrasser et mes meilleurs amis pour avoir la belle vie. Je n'ai pas à me tracasser avec la voiture à payer, le loyer à payer ou un job à trouver.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Mon objectif dans la vie est de vivre comme le groupe "The Fray". J'aimerais que dans dix ans, les nouvelles générations écoutent notre musique avec leurs parents et qu'on sillonne les routes du monde entier pour faire des concerts et la promo de notre sixième albums. Bien sur, en dix ans, il peut se passer un nombre incalculable de choses mais j'espère vraiment que c'est ce que l'avenir me réserve. Dans dix ans, j'approcherai la trentaine et j'espère que j'aurais une charmante épouse et que je pourrai la prendre avec moi en tournée et qu'on pense à fonder une famille. Et je veux qu'on soit toujours aussi proches avec Chuck et Puck.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Virginie. ÂGE: Bientôt vingt trois ans. Horreur. PAYS: CH. PRÉSENCE: Minimum une fois par semaine. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Sur Facebook.  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? Magnifique scénario. AUTRE CHOSE À AJOUTER?   

« Tu l’as vu ? C’est Stanley. Qu’est-ce qu’il a changé ! Il est sex comme ça ! » Je ne peux pas m’empêcher de retenir un petit sourire en coin en entendant la remarque d’une de ces filles. Je replace mon sac sur mon épaule et retire mes Rayban en entrant dans le lycée. Tout le monde se retourne sur moi et ça fait bizarre mais j’essaie de garder la tête haute. « Eh ben Stan. Tu te rebelles ? » Je passe devant Edward, un mec qui m’a toujours fait chier en primaire. Je me contente de lui adresser un regard qui en dit long sur ma pensée. Arrivé devant mon casier, je l’ouvre après avoir fait mon code et alors que je m’apprête à prendre un de mes livres, un sac de farine tombe du haut et s’éclate sur toutes mes affaires. Je reste sans voix pendant plusieurs secondes qui me paraissent une éternité. Tout le monde autour de moi est hilare. Je lâche mon sacs à dos et mes lunettes de soleil. Qu’est-ce que j’ai été con de croire que les gens allaient changer. J’ai abandonné mes chemises, mes nœuds papillons et mes lunettes d’intello pour un look plus rock. Cheveux en pétard, t-shirt de groupe déchiré sous les aisselles et bottes de motard. En arrivant au lycée, j’ai bien cru que ça allait marcher et qu’on allait arrêter de me traiter de fils à papa ou de petit garçon sage. Ca a duré exactement trois minutes ; le trajet qu’il faut faire depuis ma voiture et mon casier mais en fin de compte, peu importe les vêtements ou la coupe de cheveux que vous avez, vous resterez toujours un intello si c’est la réputation que vous supportez depuis plusieurs années…

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A la maison, on ne peut pas dire que ça va mieux. Mon père ne comprend pas pourquoi j’écoute de la musique rock, pourquoi mes notes ne sont plus aussi bonnes et surtout, pourquoi je m’habille comme un voyou. « Stanley, arrête tes bêtises et viens manger. Ta mère et moi t’attendons en bonne tenue. » En bonne tenue… Pf… Je retire mon t-shirt déchiré et le troque contre une chemise blanche. Je retrouve un de mes pantalons devenus trop courts à cause de ma soudaine poussée de croissance – qui n’a pas duré – et je me mouille un peu les cheveux pour les plaquer en arrière. Je suis affreux, mais dans cette famille, je n’ai pas le choix.

Mon père est un architecte. Le genre de personne qu’on rêverait d’avoir comme gendre. Ma maman n’a jamais travaillé de sa vie. Elle n’en a pas besoin grâce à l’argent de papa. Elle peut donc passer ses journées à jardiner et à bouquiner. C’est le genre de vie qui lui convient même si moi je ne le comprends pas du tout. Mon père a toujours tout payé ; nos trois voitures, la jeune femme qui s’occupe de faire le ménage et de nous faire à manger, mes études et le shopping de ma maman. On a toujours vécu comme ça et c’est pas prêt de changer. Enfin, c’est ce que je croyais…

« Tes moyennes sont catastrophiques en ce moment. Avec ta mère, on a décidé de calmer tes dépenses. Ta carte de crédit ne fonctionne qu’avec ma signature et il est hors de question que tu continues à aller voir tes amis là… » Il parle de Chuck et Puck mais bien sur, il ne retient pas leurs prénoms. Et d’ailleurs, je n’écoute plus ce qu’il continue de me dire parce que lorsque j’ai besoin de quelque chose, je n’ai qu’à me tourner vers ma maman qui est plus laxiste avec moi et qui comprend que je suis un peu dans une période où je n’ai plus envie de me balader en chemise boutonnée jusqu’en haut. J’ai dix huit ans, mes amis et moi on travaille à monter notre propre groupe et j’ai envie de fréquenter des filles. C’est normal. Du coup, quand mon père est au travail, on va répéter avec les copains dans le garage et si j’ai besoin d’argent, je demande discrètement à maman.

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« Alors Stan, tu veux faire de la pâtisserie avec toute cette farine ? » Je soupire et souffle dans mon casier pour essayer d’enlever la fine poudre blanche qui s’est rependue sur mes affaires de sport. Putain… Edward passe derrière moi et me secoue l’épaule. Je me retourne face à lui et le dévisage. Il semble surpris que je me rebelle tout d’un coup. « Eh Ed. Je ne pense pas que ta mère serait ravie de savoir que tout le lycée est au courant qu’elle couche avec le directeur. Je me trompe ? » Il est sans voix. Autour de moi, les gens sont estomaqués de ma révélation. Et surtout du fait que j’ose répondre à Edward. Je le défie du regard. Il sait que j’ai raison, il sait que je ne reculerai devant rien pour me venger de toutes ces années à me traiter comme un moins que rien. Sa mâchoire se cripse et je me passe la langue sur la lèvre, fier de moi. « Oh et au fait… C’est Buck désormais. » Il tourne les talons et s’enfui du couloir vert de rage. Et moi, tout le monde vient vers moi pour me donner une accolade, me féliciter et m’applaudir. Comme quoi, le petit Stanley BCBG fait enfin partie du passé.