~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
   Ma vie au lycée ? C'est pas bien compliqué, elle était inexistante puisque mon père à fait le choix de faire mon éducation à la maison, me laissant au bon soin de précepteurs. Du coup, niveau relation avec les autres élèves, je n'en avais pas. Les seuls enfants que je cotôyais étaient ceux des amis de mon paternel. Ma relation avec lui était loin d'être fusionnel et pourtant je l'ai pris en modèle. Je n'avais que lui, ma mère étant décédée quand j'étais tout petit.

      ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
   Je le devrais, je l'ai longtemps été, mais là tout de suite dans l'immédiat, je ne le suis plus. Je vis avec une femme que je n'aime pas, j'ai perdu mon fils qui a à peine eu le temps de voir le jour et j'ai quitté misérablement la seule personne que j'ai aimé dans ma vie. C'est vrai il reste mon métier, mais ca ne remplacera jamais le vide de ne plus avoir Joshua et Ikabot dans ma vie.

      ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
   Je ne sais pas trop. J'avoue ne plus vraiment arriver à me visualer dans le futur. Probablement toujours à jouer le même rôle dans cette même fichue série niaise. Je préfèrerais en train de jouer dans des film qui cartonnent au box office. Debout dans une immense salle, sur l'estrade face à des milliers de gens, tenant entre mes mains LA statuette que tout acteur rêve de recevoir un jour dans sa carrière. Et pourquoi pas avec Ikky dans mon entourage. Ce serait l'idéal, ce serait le pied total.

On a toujours le choix, seulement bien souvent, on a tendance à faire les mauvais. Et, il semblerait que moi, Andrea Eliassi, soit particulièrement doué pour cela. Vous voulez que je vous dise ? Le pire, c’est que quand je prends la décision d’opter pour telle ou telle option, je SAIS que je prends la mauvaise, seulement je pense faire au mieux, je pense agir dans l’intérêt du plus grand nombre, bon d’accord, surtout du mien. Je suis un égoïste, c’est comme ça, on ne me refera pas. Je prends les décisions qui me permettent de monter en grade, de gagner pouvoir et reconnaissance, ce que j’ai toujours voulu, toujours rechercher, ou du moins, ce que mon père m’a mis en tête que je voulais. Je commence à prendre conscience que ce que je suis, c’est ce que mon père à fait de moi. Je suis à son image, fier, arrogant, prétentieux, ambitieux en résumé, je suis bourré de... qualités. Mais laisser moi vous compter quelques anecdotes qui vous permettront de mieux cerner le type complexe que j'ai toujours été, et que je serais probablement toujours.

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Elle est jolie, même très jolie, je la regarde, je l’observe de loin, je lui souris. Il semblerait à ses regards se voulant discrets et ses sourires de petite fille qui minaude que je ne la laisse pas indifférente non plus. « J’ai comme l’impression que cette demoiselle te plaît bien Andrea. » Est-ce qu’elle me plait ? Oui c’est certain. Mais ce n’est que purement physique, faut l’avouer, elle est carrément canon, et ce qui m’intéresse moi, c’est la mettre dans mon lit, comme d’autres avant elle, et comme d’autre après elle. Je ne m’attache pas, je papillonne, profite des gens que je rencontre sur mon chemin, hommes, femmes, je ne fais pas de distinction, j’aime prendre mon pied avec les deux. On s’observe un petit moment, je joue, l’amenant doucement à ne faire plus attention qu’à moi. Franchement, cette soirée est d’un ennui mortel, autant j’aime être connu et reconnu, autant je déteste les mondanités où l’on ne trouve que des gens guindés, pour ne pas dire coincés. Emy est mal tombée avec moi, elle est à présent mon divertissement. Je regarde mon père de cet air de prédateur qui me caractérise. « Effectivement, je ne dirais pas le contraire. » Sourire en coin, me voilà déjà par la pensée dans les étages avec elle, imaginant ce que je pourrais bien lui faire. Mon paternel prend un air faussement offusqué, je sais que ça l’amuse au fond, il me connait bien, il sait exactement ce que je suis en train de penser. « S’il te plait fiston, elle est la fille d’un de mes proches amis et collaborateur alors attention. Qui plus est, j’ai cru comprendre que la petite est encore pure. SI tu vois ce que je veux dire. » Oh que oui que je comprends parfaitement ce qu’il veut me faire comprendre. Ce qui me donne encore plus envie de la prendre comme nouvelle proie... l’amener à me céder cette parcelle d’elle. Je suis allé la voir, j’ai entamé la discussion, et étant acteur, joué le jeu du jeune premier, charmé par une demoiselle dont il cherche à conquérir le cœur. Ce soir, je ne gagne qu’une étape dans ce jeu, et fais d’elle un prix à gagner.

Je la revois, plusieurs fois c’est vrai qu’elle est sympa, qu’elle en a un minimum dans la cervelle, mais je ne l’aime pas, je veux seulement atteindre le but que je me suis fixé : lui prendre sa virginité. Malheureusement, autour de nous, je commence à sentir de l’effervescence, et ça ne me plait guère. J’en viens à songer d’abandonner, je ne veux pas qu’on pense qu’il y est quoi que ce soit de... romantique entre nous. Bouahh rien que ce mot me donne la nausée. Je préfère continuer à m’amuser avec des coups d’un soir, même s’il arrive que certaines personnes rencontrent mon corps plus d’une seule fois. « Andrea, je dois te parler. » Aïe, je n’aime pas quand mon géniteur commence comme ça. Je m’arrête, me tourne vers lui, regard intrigué, inquiet. « Je t’écoute. » Je me tiens debout, les bras croisés, le fixe sans ciller. « Je ne sais pas ce que tu penses d’Émilie... » Je lève les yeux au ciel et soupire. « Mais pourquoi tu me parles d’elle, elle ne m’intéresse pas papa, je m’amuse, c’est tout. » Mon père prend un air sévère pour me faire taire. « Je sais fils, mais tu sais qui est son père, et te mettre avec elle, j’irais même jusqu’à dire l’épouser, te serait grandement profitable pour ta carrière. » Il scrute ma réaction, avant de poursuivre, pour ma part, je reste juste bouche bée devant ce qu’il me propose, incapable d’émettre le moindre son pour le moment. « Je sais bien que tu ne l’aimes pas, je sais que tu es comme moi tu n’aimes pas l’amour, tu n’es pas fait pour ça. » J’opine du chef énergiquement. « C’est clair ! » Il pose une main sur mon épaule, je me dégage de cette marque d’affection. « Je ne te dis pas quoi faire, mais songes-y fils. » J’avoue que sur le coup, je suis carrément contre. Mais ultérieurement, notre discussion, ses arguments on fait écho en moi et j'ai fait le choix d'aller dans ce sens. J'avais dix-huit ans quand on s'est rencontrés et je n'étais pas encore très connu. À vingt, je cédais à l'appel du pouvoir en l'épousant, et je dois admettre que mon père avait raison.

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Me perdre dans des bras inconnus dans des draps qui ne sont pas les miens est apparemment ce que je sais faire le mieux, en dehors de mon travail d’acteur bien entendu. Je fuis, devant ce qui m’effraie le plus, l’amour. Comme le dit un certain adage, on rencontre souvent son destin par des chemins que l’ont prend pour l’éviter, et c’est exactement ce qui s’est produit. À force de vouloir fuir l’amour, j’ai fini par me faire piéger. « Moi aussi je t’aime Ikky », Mais comment j’ai pu en arriver à dire cela ? Et le pire, c’est que sur le moment je le pensais sincèrement. Je l’ai rencontré il y a à peu près un an maintenant, et à priori, il n’aurait dû être qu’un énième amant de passage. À priori... Majoritairement, je ne revois que peu les personnes avec qui je partage mes nuits, mais il arrive que parfois, certaines de ces personnes aient l’honneur de partager plus qu’une nuit, et c’est le cas d’Ikabot Capulet. Sans que je m’en rende réellement compte, il est devenu un compagnon régulier, sans que je ne m’en rende compte, des sentiments ont commencé à s’installer en moi et prendre de plus en plus d’importance, et toujours sans que je ne m’en rende compte, il est devenu mon seul amant. Mis à part au tout début de notre relation, où j’étais toujours égal à moi-même, je n’ai eu que lui — et ma femme évidemment — pendant plusieurs mois. Je n’ai pris conscience de ce qui était en train d’arriver qu’après sept mois de relation, quand Émilie m’a annoncé être enceinte de notre premier enfant. « Je suis désolé, Ikabot, vraiment... Je.. Je ne suis pas comme toi je.. Je peux pas continuer. Elle est enceinte, tu comprends ? Je vais avoir un enfant avec elle et.. C’est le temps d’arrêter les conneries et d’être responsable. » Je viens de rompre assez brutalement avec lui. J’allais être père, je n’arrivais plus à gérer le stress de cette annonce ni ce que je ressentais pour Ikabot. Je n’ai pas appris à aimer, je n’ai pas été élevé dans ce but, pour moi cela est inconcevable, je ne peux pas, j’y ai mis fin. « Parce que tu me faisais pitié à.. A me dire que tu m’aimais aussi souvent. Laisse tomber Ika. Oui, j’ai couché avec toi. Mais c’est tout. Tourne la page, va. Vivre avec quelqu’un qui t’aimera vraiment. Moi. Moi je l’aime elle. Pas toi. Je ne t’ai jamais aimé. » J’ai été odieux avec lui, vraiment odieux, le pire des salops. Je me disais que comme ça il me détesterait suffisamment et que ce serait plus facile pour lui de tourner la page. J’en étais et suis encore persuadé d’avoir fait le choix qu’il fallait pour lui, pour nous.

Cinq mois que je ne l’ai pas revu. J’imagine qu’il va bien, enfin je l’espère. Eh oui, je pense encore à lui. « Tu pourrais au moins faire l’effort de la soutenir, c’est encore plus dur pour elle » je hausse les épaules, arque un sourcil et soupire face à mon père. « Je m’en fiche, moi aussi j’ai perdu mon fils, c’est moi qui a du faire le choix seul de débrancher Joshua. Moi aussi je le voulais ce bébé, alors laisse-moi gérer MON deuil à ma manière ! » Je ne l’aime pas, je ne l’aime plus, je ne l’ai jamais aimé que pour ce qu’elle pouvait m’apporter, excepté quand elle a été enceinte, je crois bien que seul pendant ces quelques mois j’ai éprouvé un semblant d’amour pour elle, elle allait être la mère de mon fils, c’était ce qu’elle pouvait m’apporter de plus beau. Mais elle l’a perdu, et avec lui, le peu d’intérêt que j’ai pu lui porter ce court laps de temps. Aujourd’hui, je redeviens moi, et je noie mon chagrin dans les bras d’hommes et de femmes de passage, des coups d’un soir, d’un seul et unique soir, je ne veux pas reproduire le schéma comme avec Ikky, je ne veux plus m’attacher à personne, ça fait mal. Ca fait d’autant plus mal que je n’arrive pas à me le sortir de la tête, et même si je ne veux pas me l’avouer, je tiens toujours autant à lui, seulement, il doit probablement plus que me haïr aujourd’hui, alors autant se rattraper dans les bras d’autres que je ne verrais jamais plus que l’espace d’une nuit. J’AI fait le choix de le quitter...

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Voilà, le reste de ma vie n’a aucune importance, il n’y a rien d’autre à savoir que je suis né comme on dit " avec une cuillère en argent dans la bouche " je n’ai jamais manqué de rien, excepté peut-être la présence de ma mère, morte quand j’étais très jeune, je n’ai aucun souvenir d’elle et mon père seul m’a élevé. Il m’a construit à son image. Ai-je seulement eu le choix de devenir celui que je voulais ? J’aime y croire, même si pour tous les autres autour de moi, il est évident que mon père à tiré les ficelles de ma vie depuis toujours. Peu importe, j’aime celui que je suis, j’aime ce que je fais, je crois en moi et c’est à priori, tout ce qui compte./div>