Entre Rachel et les cours de fitness de son travail, Elza n'avait plus une minute à elle en ce moment. Trouver une baby sitter n'était pas si facile et elle devait faire face à énormément de refus, donc il fallait qu'elle prenne une décision, rapidement si possible. En ce mercredi, elle appela toutes les agences possibles mais aucune réponse positive ne lui revint alors elle soupira longuement et s'installa sur le canapé avec Rachel, lui mettant son dessin animé préféré, puis rêvassant en attendant. Fort heureusement, son patron avait été assez sympa, il lui laissait tous les mercredis pour qu'elle puisse s'occuper de sa fille, un vrai soulagement pour Elza qui n'arrivait pas à s'en sortir ces temps-ci. Entre les factures et le loyer, elle se doutait bien qu'il fallait qu'elle bosse pour pouvoir subvenir aux besoins de Rachel, mais ça s'avérait assez compliqué. Elle regarda l'heure une fois, puis deux fois, et soudainement elle se rendit compte qu'il y avait un problème : Lucas. Il devait venir déjeuner ce midi, et comme une abrutie, elle avait complètement oublié ce rendez-vous alors que c'était elle qui l'avait invité. Elle se leva précipitamment du canapé et ouvrit son frigo pour voir ce qu'ils pourraient bien manger ce midi. Pas grand chose, m'enfin bon, elle était assez futée et elle trouva rapidement que faire avec ce qui lui restait. Quelle imbécile de n'avoir rien prévu. Elle se mit à cuisiner, la casserole sur le feu, Rachel l'appela à travers la pièce. "Maman, maman, j'ai envie de faire pipi." Elza jeta un œil à la cuisson puis laissa le feu allumer pour aller accompagner sa fille aux toilettes. Bien évidemment, ce n'était pas la petite commission et c'est lorsqu'elle sentit l'odeur de brûlé qu'elle réalisa que son repas serait foutu. Au même moment, quelqu'un frappa à la porte. Elle rhabilla rapidement Rachel, se rendit dans la cuisine pour arrêter le feu puis alla ouvrir la porte, son tablier encore sur elle, les cheveux attachés en vrac : elle était semblable à une tarée. "Lucas." Dit-elle. "Huum... Entre, je t'en prie." Elle s'écarta de la porte pour le laisser entrer, puis elle referma aussitôt, l'air dépité. "Désolé pour l'odeur, tu me connais, je fais trop de choses à la fois et... Je foire complètement." Dit-elle en haussant les épaules, un peu déçu.

On ne pouvait pas dire que Elza était malheureuse, parce qu'elle avait quand même sa fille à ses côtés, un travail qu'elle adorait particulièrement, des amis sur qui compter... Il ne lui manquait qu'une seule chose : James. Son défunt mari, mort sur le front il y a trois ans. James ne pourrait jamais voir sa fille grandir, et Dieu sait qu'elle avait grandi en trois ans, elle était devenue plus belle que jamais et Elza en était fière, fière d'avoir une enfant aussi gentille, sage, et qui écoutait bien sa maman. Rachel n'était pas turbulente et Elza avait de la chance de l'avoir. Depuis la mort de James, elle était son pilier, elle savait qu'elle pouvait être heureuse avec elle et c'était tout ce qui importait. Elle l'aimait plus que tout au monde, et elle n'imaginait pas sa vie sans elle, elle était son enfant et sa plus grande fierté. Mais tout devenait bizarre en ce moment, elle n'arrivait plus à suivre le rythme, elle avait l'impression d'être seule au monde, seule face à toutes ces choses aussi futiles soient-elles.

Alors, lorsqu'elle remarqua qu'elle avait oublié l'invitation faites à Lucas quelques jours plus tôt, elle se sentit un peu idiote, car ce n'était pas son genre. Elle savait qu'elle aurait du mettre une note sur le frigo, dans son portable parce qu'en ce moment, elle oubliait des tas de choses, elle était fatiguée, fatiguée d'être une mère célibataire, fatiguée de se battre pour gagner sa vie. Et c'est ainsi qu'elle fit brûler le déjeuner qu'elle préparait, en faisant des tas de choses en même temps. Alors lorsqu'elle vit Lucas devant elle, ce fût un grand soulagement pour elle, elle se sentait rassurée, car il l'aidait à faire face à toutes les difficultés qu'elle pouvait avoir, et lui était plein d'énergie, de bonne humeur qui allait sûrement la remettre sur pieds. Elza passa sa main dans ses cheveux, embarrassé qu'il la voit ainsi, puis elle fit un sourire lorsqu'il posa un baiser sur sa joue. "Fatiguée moi ? Tu rigoles, je suis exténuée..." Dit-elle en soupirant, enlevant son tablier pour le poser sur une chaise de la cuisine. "Je m'en sors assez bien, du moins je crois, même si ça n'en a pas l'air, je fais ce que je peux pour y parvenir !" Ajouta-t-elle, allant chercher Rachel pour qu'elle dise bonjour à son tonton. La petite s'avança et couru vers Lucas pour lui faire un câlin digne de ce nom. "Tonton Lucas !!!" Cria Rachel, serrant fort dans ses bras son tonton. Elza fit un sourire en voyant sa fille si heureuse, puis elle s'imagina un instant ce qu'aurait été ce repas s'il y avait eu James à leurs côtés. "Et toi, tu as l'air d'être en pleine forme ! J'imagine que tu profites bien de ta vie de jeune pour sortir, t'amuser comme un fou ?" Demanda-t-elle, s'asseyant sur le canapé, soupirant longuement. "Je suis heureuse de te voir en tout cas, Lucas." Ajouta-t-elle, un petit sourire sur ses lèvres, qui en disait long sur son état.

Elza était à bout, vraiment et voir Lucas lui promettait une super journée. Et elle en avait besoin, véritablement, au moins elle se sentait rassurée quand elle n'était pas toute seule. Car Rachel jouait souvent dans sa chambre, et vu la petite fille calme qu'elle était, Elza la voyait rarement, ou du moins assez pour considérer qu'elle était bien sa fille. Rachel n'avait jamais posé de problèmes à Elza, pas encore, enfin elle avait juste posé des questions sur son père -ce qui était totalement légitime- mais rien de blessant, rien de très gênant pour Elza. Cette idée lui revenait sans cesse en tête, Rachel n'aurait pas de modèle masculin permanent pour avancer dans la vie et la brunette savait très bien qu'un jour, il y aurait certainement des petites filles mal élevées qui lui feraient remarqué. Mais qu'importe, les autres pouvaient bien avoir un père, Rachel avait Lucas, et Elza était certaine qu'il l'aiderait en toutes circonstances. Il traitait bien la petite et ça rassurait Elza de ne pas se savoir seule au monde.

Lucas arriva donc chez les deux demoiselles, et comme à son habitude il apporta un cadeau. Elza n'était même plus étonnée désormais, elle connaissait Lucas, il était comme son frère alors elle savait qu'il lui remontait le moral à chaque fois. Et sa phrase lui fit un effet bénéfique, il était tellement gentil. "C'est très gentil de dire ça !" Dit-elle en souriant, appelant Rachel pour qu'elle vienne dire bonjour à son tonton. Elle lui fit un câlin et une fois le cadeau en main, sa question fût un échec puisque la petite repartit presque immédiatement dans sa chambre, prenant soin de faire un bisou à Lucas pour le remercier. Elle était bien élevée et dire merci était l'une des premières choses qu'Elza avait appris à Rachel, comme dire bonjour ou au revoir. Elza fit un sourire et vint s'assoir sur son canapé, invitant Lucas à faire de même. "Tu dois faire la fête ! Profiter de ta petite amie..." Elle marqua une courte pause. "Comment va-t-elle au fait ? Ça se passe bien entre vous ?" Le bonheur de Lucas lui importait vraiment, elle voulait absolument le voir heureux, il le méritait vu l'homme qu'il était devenu. Car Elza l'avait connu assez tôt, vers ses vingt ans peut être, même ses dix huit ans et elle l'avait vu grandir, mûrir, et il était devenu un homme bien, n'importe quelle fille aurait voulu l'avoir comme petit copain. "Ça sera avec plaisir ! J'y songerais, si ça ne te dérange pas comme tu dis..." C'est sur que ça la soulagerait un peu d'un poids et elle pourrait prendre du temps pour elle, aller faire les magasins, se détendre comme elle pouvait. "Disons que ça va, j'essaie de gérer du mieux que je peux mais ce n'est pas si simple. Élever une enfant au quotidien, c'est du boulot, mais bon, entre Dora et les Disney, c'est vrai que je n'ai pas trop le temps de faire autre chose. Heureusement, elle va à la maternelle, ça me laisse le temps de faire du rangement, du ménage, puis le travail aussi tu sais..." Dit-elle en faisant une petite moue, regardant autour d'elle pour voir s'il y avait Rachel dans le coin.

Elza ne se plaignait jamais, ou presque jamais. En fait, sa vie n'était pas catastrophique, elle avait Rachel, sa fille merveilleusement belle et gentille puis un travail qui lui plaisait réellement. Aussi, sa famille -à savoir Lucas- et ses amis faisaient vraiment tout pour la soutenir lorsqu'elle avait un coup de blues. Ça arrivait plus fréquemment en ce moment puisqu'elle venait de 'fêter' les trois ans de la mort de son mari. Et elle avait ressenti ce besoin insupportable d'être avec quelqu'un, seulement Rachel ne lui suffisait pas... En fait, elle avait besoin d'une personne qui puisse vraiment la rassurer, une personne sur qui elle pouvait vraiment compter. Et Lucas était cette personne, elle le considérait comme son frère et même s'il n'était que le cousin de son défunt mari, il était une personne de sa famille à part entière. Mais Elza n'était pas idiote, et même si elle voyait sa vie comme pire que celle de Lucas, elle savait qu'il n'était pas aussi honnête qu'il le prétendait avec elle. Dans ses paroles, elle voyait bien qu'il y avait un problème, peut être était-ce Azel, Elza n'en savait rien mais en tant que mère, elle arrivait à savoir quand quelque chose n'allait pas chez quelqu'un. "Lucas, qu'est ce qu'il se passe ?" Demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Azel avait l'air de le rendre heureux mais Elza sentait qu'il se passait quelque chose, comme s'il pensait à une autre personne, et même s'il tentait tant bien que mal de le cacher, Elza arrivait à le sentir.

Lucas voulait que Rachel vienne de temps en temps à l'appartement, pour faire de l'animation différente de celles qu'il vivait chaque jour. Vrai que la colocation n'était pas toujours facile et même si Elza n'avait pas de colocataires, elle pouvait comprendre. En effet, ses deux voisins, Cassie et Louis, lui menaient la vie dure. Ils ne supportaient pas tous deux la présence de Rachel et bien évidemment, ils se lâchaient pour lui faire la misère quand ils en avaient l'occasion. Ils n'avaient pas le même mode de vie et même si Elza était ouverte aux autres, elles n'arrivaient pas à les respecter. "Ça doit pas être facile tous les jours !" Répondit-elle en riant doucement. Lucas prenait les choses avec humour et ça faisait rire Elza, elle ne se privait pas de se lâcher pour une fois. "Oooh oui, ça serait bien de prendre l'air, je n'en ai pas l'occasion tous les jours ! Puis t'as raison, c'est pas digne d'une maman modèle d'être dans un état pareil !" Elle continua de rire, Lucas parvenait toujours à lui rendre la vie plus facile et à ce moment précis, il la rendait heureuse.

Elza n'avait pas le don de voyance, mais bizarrement, elle sentait toujours quand quelque chose n'allait pas. En fait, elle s'évertuait à vouloir aider les gens pour qu'ils agissent mieux. Elle se ressassait toujours son passé, son manque cruel de voir son mari, c'était terriblement difficile pour elle de voir les gens souffrir. Et même si Lucas n'avait pas particulièrement l'air de souffrir, elle sentait bien que quelque chose n'allait pas, qu'il bloquait face à un truc, et ça l'embêtait. Elza n'était pas vraiment de nature curieuse, elle n'aimait pas se mêler de la vie des gens mais lorsqu'il s'agissait de son cousin, elle avait toujours cet air inquiet qu'elle prenait avec Rachel en général. Et lorsqu'il prononça le prénom de Mila, elle comprit immédiatement le problème. Elle ne connaissait pas Mila en fait, mais elle en avait suffisamment entendu parler pour savoir qui elle était. C'était une fille bien gentille, surtout la meilleure amie de Lucas, et le connaissant, elle savait que ce n'était pas par hasard. Il lui expliqua donc la situation, son embarras et vint à parler d'un truc qu'Elza connaissait très bien, mais bien sur, il devait avoir trop de fierté ou trop de honte pour prononcer le mot en question. "Il s'est passé quelque chose entre vous ?" Mais quelle question ! Bien sur qu'il avait du se passer quelque chose, sinon il ne serait pas dans cet état là. "Lucas écoute, l'amour c'est difficile mais il faut que tu sois honnête avec toi même pour commencer..." Dit-elle en faisant un petite moue. S'il n'arrivait pas à s'avouer ce qu'il ressentait pour Mila, alors il n'avancerait pas. "Est-ce que tu aimes Azel ?" Ajouta-t-elle, mais sans grande conviction. Bien sur, il devait aimer Azel mais pas d'un amour aussi sincère que pour Mila, ça devait être tout confus dans sa tête. "Le mieux, ça serait de discuter avec Mila de vos sentiments, voir s'ils sont réciproques ou non. Et par pitié, il faut que tu parles à Azel, l'amour c'est difficile et tu n'as certainement pas envie qu'elle souffre, même si elle souffrira d'une manière ou d'une autre. Il faut que tu sois honnête et que tu lui dises la vérité, sinon elle ne comprendra jamais." Lucas devait être différent avec Azel, il devait avoir du mal à gérer le tout, et il fallait qu'il lui en parle, la pauvre fille serait peut être compréhensive après tout.
Lucas était drôle, charmant et surtout, il était d'un soutien indéniable pour Elza. Elle ne se sentait pas en sécurité, pas protéger, mais elle avait l'impression de s'en sortir peu à peu, parce son cousin faisait tout pour lui donner le sourire. "La femme fatale ? J'croyais qu'elle était morte !" Plaisanta-t-elle, puis elle reprit : "Je pense que tu as raison, il faut que je prenne soin de moi, que je sorte, que je m'amuse ! Et si tu veux m'aider, ça sera encore mieux..." Elle lui fit un sourire, ce que c'était bon de discuter de façon sincère avec quelqu'un qu'on aime. A sa question, elle fit mine de réfléchir. "Disons vendredi ! Ou samedi ! Je pense que je pourrais me libérer pour toi... Si tu es libre, bien entendu !" Dit-elle, un sourire malicieux sur les lèvres.

Lucas était embarrassé, gêné peut être, et Elza l'avait très bien compris. En même temps, sa situation était assez compliquée, il était entre deux femmes mais il n'avait pas énormément de solutions à son problème à part l'honnêteté mais est ce que cela suffirait ? Elza n'en était pas sure, elle n'avait jamais eu ce genre de problèmes puisqu'elle n'avait aimé que deux hommes dans sa vie, ou un et demi puisque son 'premier amour' ne comptait pas vraiment, elle n'avait jamais envisagé d'avenir avec lui. "Mais quelle est la raison pour laquelle tu t'es mis en couple avec Azel ? Et puis, on n'oublie pas une personne en se mettant avec une autre, c'est stupide." Elle marqua une pause, grimaça puis reprit : "Enfin, ce n'est pas ce que je veux dire... Ce que je veux dire c'est que tu aurais peut être du réfléchir à tout cela, en parler avec Mila avant de faire quoi que ce soit, car si Mila ressent la même chose pour toi, elle a du se sentir mal, penser tout le contraire de ce que tu ressens réellement..." Mila n'avait certainement pas du comprendre le pourquoi du comment, s'ils s'étaient embrassés, ce n'était pas par hasard, et Elza savait très bien que Lucas avait peur de ses sentiments, elle en était presque certaine même s'il ne le disait pas ouvertement. Et peut être aurait-elle ressenti la même chose à sa place ? Qui sait ? Elza remerciait le ciel ne n'avoir jamais à gérer ce genre de relations. "Si elle est avec toi, c'est parce qu'elle t'aime réellement Lucas, ce n'est pas par hasard, alors il faudrait envisager de discuter rapidement avant que tu ne puisses plus rien faire..." Ajouta-t-elle en haussant les épaules. Mais qui était-elle pour donner des conseils ? Elle n'avait pas d'expériences dans le domaine, mais peut être que ses attitudes assez réfléchies lui permettaient de tout faire pour aider son cousin. "Huum... Le mieux serait de parler à Azel en premier, de lui dire que tu ne veux pas lui faire du mal, que tu l'aimes mais certainement pas de la même façon qu'elle, de mettre les choses aux claires." Elle fit une petite moue, réfléchissant à ce qu'il pourrait dire à Mila. "Et pour Mila, demande lui ce qu'elle ressent pour toi, honnêtement, dis lui que tu l'aimes, que tu n'arrives pas à oublier ce baiser." Elza hocha la tête positivement en essayant de sourire, mais vu la tête de Lucas, elle n'arrivait pas vraiment à se concentrer, elle n'arrivait pas à lui offrir un vrai sourire parce qu'elle s'inquiétait pour lui, pour son avenir amoureux. Heureusement pour lui, le sujet se porte sur les sorties d'Elza et la phrase de Lucas la fit rire. "T'es jaloux de ça." Elle descendit ses mains du haut de sa poitrine jusqu'à ses cuisses en faisant un mouvement sexy, histoire de rigoler avec lui. Elle aimait son corps et elle avait de quoi, alors pourquoi ne pas le montrer. "J'ai peur d'un coup !" Dit-elle en éclatant de rire. Elle ne savait vraiment pas à quoi s'attendre avec lui.