they say bad things happen for a reason

Courir, ne plus penser à rien, traverser la rue, dire bonjour à la vieille dame et son chien, installé sur le banc près du commissariat, aider la fleuriste à mettre les fleurs sur le trottoir, prendre le deuxième rond-point après la boulangerie, arriver au parc, prendre un bon bol d'air, courir, courir et s'évader. Emrys avait pris l'habitude de faire la même tous les matins depuis quelque temps. Un besoin qu'il avait ressenti depuis quelque temps, il devait évacuer une colère, une blessure qu'il avait depuis déjà un an et le seul moyen était le sport.  À l'heure où il faisait son jogging, il n'était pas dérangé par le bruit des voitures, les klaxons des gens nerveux, les enfants capricieux hurlant après leurs parents, non, là, il était seul avec pour son seul compagnon, sa playlist venant de son groupe préféré, The Script. C'était un moment où il pouvait se poser et penser aux choses qui le préoccupaient. Sa soeur qui lui manquait, sa cousine qui avait des doutes sur lui et encore plein d'autre choses. Travailler avec des enfants en difficultés permettait à Emrys de penser à aux choses, d'aider d'autres personnes. Il était loin d'être en dépression, Emrys aimait la vie et profitait de chaque jours, mais sa dernière rencontre avec sa cousine l'avait quelques peu blessé et il avait besoin d'évacuer tout ça. Ce matin, il n'y avait pas plus de monde qu'habituellement. Il se trouvait derrière une jeune femme, la vingtaine - lui semblait-il -, non pas qu'il s'agit d'un élément important, mais Emrys aimait toujours observer les gens et en déduire certaines choses sur eux. C'est lorsque la jeune femme laissa tomber quelque chose de sa poche qu'il trottina vers elle. " Excusez-moi ! " lâcha t-il, espérant ne pas avoir parler dans le vide. Il ramassa l'objet de la jeune femme et lui tendit lorsqu'elle se retourna. Il aurait préféré se taire ou qu'elle n'entende pas. Livy. Belle et bien en face de lui. " tu devrais faire gaffe, tu es déjà limité en ce qui concerne ce qui t'appartiens. " ajouta t-il, froid et peu chaleureux. Livy était bien la dernière personne qu'il voulait voir ces derniers temps. Surtout elle. Un mélange de rancune, de haine, de blessures se voyait sur le visage d'Emrys. Il ne cachait rarement ce qu'il pensait et Livy pouvait le voir actuellement.

Il n’est rien de plus douloureux que les blessures du passé. Elles s’amènent par vagues et ne cessent de marquer leur territoire. Il faut dire aussi que l’Humain ne réfléchit pas, qu’il ne calcule pas les risques qu’il prend à aller dans certains endroits. Il laisse la porte grande ouverte aux cauchemars nocturnes pour les téléporter directement à la pleine lumière du jour. Petit Luciole, pourquoi ? Pourquoi t’es-tu aventurée dans ce parc ? Tant d’enfants, tant de rires et de sourires sur le visage des parents que tu ne connaîtras pas. Des réveils en pleine nuit, la première poussée des dents ou même la délicieuse sensation d’être, pendant quelques années, la seule chose importante dans la vie de ce trésor. Assise sur un banc, les mains posées sur le ventre, ton regard bleuté laisse apparaître sa douce mélancolie. Tu as mal. Physiquement et moralement. Donner la vie pour qu’elle vous soit arrachée. Jamie. Créer pour tuer ensuite. Celui de Zadig. N’as-tu jamais vécu ? N’as-tu jamais été heureuse ? Si, tu as connu ce sentiment pendant deux ans. Du bonheur brut, éclatant qui te torture l’esprit mais apaise ton cœur. De l’amour irrationnel, inconditionnel que tu croirais n’avoir vécu qu’en rêve. Et pourtant, il était là le bel Apollon. Celui que tu as laissé partir, celui qui, contrairement à ton copain actuel, ne t’as pas marqué au corps mais à l’âme. Celui qui s’est immiscé dans tes veines et a empoisonné tes sens. Celui qui n’a jamais quitté ton esprit …

« Aller Dastan, au pied ! » Un ton sec, sans aucune émotion. Poupée de cire, ton visage se fendille. Le jeune Berger Suisse se porta à tes pieds et tu te baissas rapidement pour le prendre dans tes bras. La circulation reprendrait bientôt ses droits et tu n’avais pas très envie qu’il finisse sous les roues d’une voiture. « Excusez-moi ! » Tu te retournas bien vite, l’échine glacée. Cette voix, tu la reconnaitrai entre mille autres. Regard vide, tu saisis le portefeuille qu’Emrys venait de ramasser. Tu déglutis assez difficilement mais coûte que coûte, tu essayas de garder ton calme. L’expression de son visage et ses mots plus que véridiques t’atteignirent en plein cœur. Une flèche. Une blessure de plus. « Emrys, je … » Mais que dire ? Je suis désolée ? Il n’en avait rien à faire. J’attendais un enfant de toi ? C’est trop tard. Gênée, tu tirais sur les manches de ton sweat, cachant du même coup quelques bleus disséminés çà et là. « Merci. Pour le portefeuille. » A quoi bon répondre à ses pics si ce n’est d’envenimer les choses ? Dastan en profita pour sauter autour des jambes de l’inconnu. Tu n’avais plus la force de bouger, de l’interdire de faire ça. Ton regard aigue-marine se trouvait rivé au visage de ton ex. « Je pensais que tu serais parti après … » Vague geste de la main. « Après tout ça. »

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Son histoire avec Livy était la plus belle chose qui lui soit arrivée mais aussi la pire. La revoir ici était presque irréelle. Emrys avait décidé de tirer un trait sur tout ce qui se rapportait à Livy. Et même s'il ne pouvait nier le fait qu'aujourd'hui encore il était encore blessé par son histoire avec la belle blonde, il était loin d'être en colère, il avait passé ce stade. Il restait impassible face à son ex petite amie. La revoir ici faisait naître un flot de souvenirs chez le jeune éducateur, qu'il aurait préféré oublier d'ailleurs. Des bons comme des mauvais souvenirs, passant de leurs débuts de couple heureux à une multitude de mensonges qu'Emrys était loin d'imaginer. Emrys s'agenouilla, caressant la tête du chien qui venait de lui sauter dessus. C'était un prétexte pour ne pas regarder son ex en face. Elle l'avait blessé, détruit petit à petit et par-dessus tout, elle lui avait pris la seule personne qui comptait à ses yeux, Sacha. Il était incapable de la regarder sans se rappeler que malgré tout l'amour qui lui portait, les sentiments qu'il a pu avoir pour elle, il la détestait aujourd'hui « Je pensais que tu serais parti après … » Partir et tout laisser derrière lui ? Lui n'en était pas capable contrairement à elle qui n'avait aucune attache. « Après tout ça. » Emrys se redressa finalement, grimaçant face au dernier mot de la jeune femme. " tu veux dire après la mort de ma soeur ? " demanda-t-il sans montrer la moindre émotion. " Il fallait bien que je répare ce que t'avais fais. "  Il n'avait jamais reparlé à Livy depuis la disparition de Sacha, il ignorait si elle était toujours dans la drogue, si elle s'en était sorti et peu importe, ce n'était plus son problème désormais. Il l'avait aidé malgré lui et gardé pour lui, ce qu'il savait du soir du décès de Sacha. Au fond, il ne savait pas tout, il était loin de la vérité. S'il savait qu'en fait, sa soeur jumelle, la prunelle de ses yeux, lui avait menti durant tout ce temps et consommer de la drogue depuis déjà pas mal de temps, causant sa propre mort quelques temps après, Emrys serait plus détruit que jamais. " Qu'est ce que tu fais là Livy ? "  Il état un brin curieux de savoir ce qu'elle faisait une nouvelle fois en ville, bien qu'il n'était pas sûr de vouloir savoir, après tout, il s'agissait surement d'une de ses nouvelles lubies.

Affronter Emrys était la pire chose qui soit. Chose que tu ne voulais pas voir arriver aussi rapidement. Étrangement, t’osais espérer qu’il soit parti ailleurs, loin de tout ça comme tu avais pu le dire. Son regard – le même que Sacha – te renvoyait des mois en arrière où elle avait alors succombé dans tes bras. Comment cette petite fille si innocente avait-elle pu devenir un monstre comme toi ? Car oui, il ne faut pas se leurrer, tu es et restera un monstre. Tu as tué – inconsciemment – mais tu l’as fait. Tu as tout abandonné derrière toi, baissant les bras beaucoup trop tôt. Emrys avait besoin de toi et tu lui as tourné le dos. Lâche. Ingrate. Destructrice. « Je n’ai pas tué Sacha, Emrys. » Sa phrase t’avait fait tressaillir et, quelques instants, tes yeux laissèrent apercevoir la douleur. Les souvenirs toujours plus présents. Un passé qui revient sans cesse défiler dans tes sombres nuits. « Je lui avais interdit de prendre cette drogue. » Tu ne lui en dis pas plus. Tu ne révèles pas le cruel deal que tu as passé avec Zadig. Ton corps pour sa vie. Ta dernière liberté contre la sienne. Mais pour quoi finalement ? Un soupire t’échappe et tu t’agenouille à ton tour. Tu fuis. Encore. Ta main se perd dans les poils du petit chiot que tu sers contre toi. Il est ton rempart face à tout ce qu’il se passe. « Qu'est-ce que tu fais là Livy » Tu inspires. Tu expires mais tu ne réponds pas. Une larme coule sur ta joue que tu essuies bien vite. « J’ai … Suivi mon copain. » Tu te relèves et hausses les épaules. Tu détailles chaque rainure courant sur le tronc d’un arbre voisin. D’ici quelques minutes, tu pourrais même les dessiner de mémoire. Tu te concentres pour ne pas t’écrouler. C’est facile de relever la tête face à des inconnus mais face à lui ? Impossible. « Excusez-moi Madame, j’peux avoir mon ballon ? » Un petit blondinet t’interpelle. Il a sept ans environ, l’âge qu’aurait eu ton premier enfant. Tu ramasses donc le jouet et le lui tends. « Fais attention à toi. » De la douceur mélangée à de la tristesse. Tes lèvres s’étirent en un pâle sourire. « Si nous avions eu un enfant, il ressemblerait sûrement à celui-là. » Laisses-tu échapper alors que le garçon repart en courant vers ses amis. Tu sais que ce ne sont pas les mots à dire pour une rencontre, les choses qui braquent instantanément. Cependant, tu n’as jamais fait attention à tes paroles, laissant toujours l’impulsivité l’emporter. Ce n’est pas aujourd’hui ni plus tard que tu changeras ce trait de caractère.

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Pourquoi n'avait-elle pas tout simplement disparu de la circulation et fait sa vie comme elle l'entendait au lieu de revenir ici ? Qu'attendait-elle dans une ville qu'elle ne connaissait même plus. Emrys pensait être devenue fort après toutes les épreuves qu'il avait dû affronter. Son ex, le décès de sa sœur, les accusations qui pesaient sur lui, il n'en était sorti que plus fort. Jusqu'à aujourd'hui. Il ne pouvait nier le fait que le retour de son ex le déstabilisait un tant soit peu. Ce n'est pas de la revoir qui était déstabilisant, c'était repenser à Sacha, comme d'habitude. Il ne parlait que très peu d'elle habituellement. « Je lui avais interdit de prendre cette drogue. » Il lâcha un petit rire nerveux suivi d'un geste qu'il fait habituellement lorsqu'il était un tantinet fébrile. Il restait néanmoins calme. " Cette même drogue que tu avais apportée, sans quoi, Sacha serait encore là. " Emrys était le garçon nerveux et impulsif, pourtant, avec le temps, il avait réussi à devenir calme et posé et pourtant, il n'était pas aidé par son entourage. Allie et Esteban, ses meilleurs amis étaient loin d'être calmes et posés pourtant. Il manqua de s’étouffer lorsqu'elle annonça la raison de son retour en ville. Son copain. Encore un qu'elle avait réussi à embobiner, elle était doué il faut dire. " Tu vas lui voler quoi à celui-là ? " Il ne quittait pas des yeux celle qu'il aimait auparavant. C'était dur de la revoir au jour d'aujourd'hui, il ne pensait pas devoir faire face à elle à nouveau, il pensait qu'elle était parti pour de bons et qu'il pouvait oublier son histoire avec elle. Un petit garçon d'à peu près six-sept  - selon Emrys - interrompit la conversation des deux jeunes, demandant à Livy son ballon. Emrys esquissa un sourire, le petit garçon lui rappelait un enfant de son centre à deux ans près. « Si nous avions eu un enfant, il ressemblerait sûrement à celui-là. » Emrys resta silencieux, regardant le petit s'éloigner et resta pensif quant à la remarque de Livy. Soit, elle avait pensée tout haut, soit, c'était une blague digne d'elle. Heureusement qu'au milieu de cette histoire d'amour mélangé à la haine, il n'y avait pas eu d'enfant. Non pas qu'Emrys n'en voulait pas, au contraire, mais il ne voulait pas d'une vie rempli de mensonge, comme il avait si bien connus étant jeune avec sa mère. Cette même mère qui jouait un double jeu et qui ne faisait que mentir. Mais Emrys savait qu'un jour, il sera un père formidable, comme il l'est pour ces enfants en difficulté qu'il aidaient. " hm, si tu le dis. Mais heureusement qu'il y en a pas eu. " cette remarque pouvait paraître méchante et égoïste, mais Emrys pensait à l'éventuelle enfant et savait qu'au fond, ça n'aurait pas été une vie pour lui.

Tout lui hurler à la figure. Lui reprocher son calme apparent alors que c’est la tempête qui tourbillonne en toi. Lui cracher au visage tout ce que tu as vécu durant ces six dernières années. Lui dire combien tu l’aime et combien du le déteste. Lui montrer la grosse balafre qui orne désormais ton cœur meurtri, transformé en cendres depuis la fin de votre histoire. Une citation d’une de tes auteures préférées te revient en mémoire. Laisse moi t'aimer mais ne m'aime pas en retour. Aime-moi et laisse-moi te haïr quelquefois. Laisse-moi l'illusion de contrôler les choses, parce que je sais bien que tout m'échappe. Oui, tout te files entre les doigts. L’amour, la vie, la passion, l’espoir … C’est comme le temps. Il s’égrène dans l’air ambiant et s’évapore avant qu’on ait eu le loisir de l’apercevoir. Il ne laisse pas le temps aux personnes de se rendre compte du mal qu’ils ont fait. Les grains de sable défilent et en profitent pour s’immiscer dans votre vie. Il vous vole tout et ne vous redonne rien. Tu serres les dents. Tes poings se serrent et Dastan recule, sentant la colère qui s’échappe des pores de ta peau. « Je me suis vendue au dealer pour la sauver ! » Tu cries et des larmes souillent ton visage. Tu en as marre d’être prise pour une moins que rien. Tu soulèves la manche de ton sweat pour laisser entrevoir une longue balafre rouge qui trône encore sur ton avant-bras. « Mais ton avis est déjà fait, tu as toujours été borné. » Tu trembles et laisses les centimètres s’étirer entre vous au fur et à mesure que tu prends tes distances. « Tu vas lui voler quoi à celui-là ? » Tu te retiens pour ne pas exploser, pour ne pas le gifler, pour ne pas lui cracher je ne sais quelles insanités au visage. Heureusement, le gamin te détourne bien vite de votre conversation et un goût amer s’installe dans ta bouche. Jamie, ton petit Prince. Celui que tu as porté pendant neuf mois, celui qui te réveillait la nuit avec ses coups. Où est-il à présent ? La dernière remarque de ton ex t’arrache de tes morbides pensées et là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ta main vint percuter sa joue. Ton cerveau a commandé, ton corps a obéit. Mais ton âme ne le voulait pas, et pourtant … Un rictus de douleur tord tes traits pourtant si jolis. Ta paume est ouverte devant tes yeux et tu restes interdite devant ton geste. « Oh Mon … Je … Emrys … » Mais tu n’arrives pas à  mettre de mots sur ton acte. Alors tu plonges ton regard dans le sien. Tu ne sais plus quoi faire. C’est un au revoir muet que tu transmets par tes yeux. La fenêtre de l’âme. Peut-il comprendre ? Tu remets la laisse au collier du jeune berger et tourne le dos au passé. Tes cheveux volent derrière toi telle une danse macabre alors que tes larmes caressent tes lèvres d’un baiser salé.

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Autrefois, Emrys était beaucoup plus sûre de lui et arriver toujours à contrôler la situation. C'était notamment grâce à sa sœur, il cherchait toujours à la protéger et pour ça, il lui fallait être quelqu'un de fort. Aujourd'hui, elle n'était plus là et il avait l'impression qu'il ne contrôlait plus rien, tout ce qui lui arrivait lui échappait totalement. Il essayait néanmoins de vivre sa petite vie de son côté, laissant de côté les rumeurs, les problèmes qui s'abattait sur lui quoi qu'il fasse. Avec le retour de Livy, ça changeait ses plans. Comment pouvait-il se concentrer sur ce nouveau départ alors que son ex faisait son grand retour, qui plus est, avec son nouveau copain. Le ton avait changé entre les deux jeunes, Emrys essayait de garder son calme, contrairement à son ex copine qui craqua, lui criant dessus des choses insensées, selon lui. " Mais qu'est ce que tu me.. " il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que son ex petite amie lui montrait les blessures sur son bras. Horrifié et pourtant, impassible, il tentait de comprendre et de remettre en ordre ses idées. Livy avait beau avoir mentit durant des années, cette fois, elle ne mentait pas. Il avait réussi à cerner le vrai du faux avec le temps. Et cette fois, elle ne mentait pas. "  Qui t'a fait ça ? " Il se rapprochait d'elle chaque fois qu'elle faisait un peu en arrière. " je l'aurai su si elle avait eu besoin d'être sauver de quoi que ce soit. " ajouta t-il, décontenancé par la situation.  Emrys pouvait paraître froid et odieux avec Livy, mais il n'en demeure pas moins qu'il a aimé Livy, peut-être même encore au jour d'aujourd'hui, mais le fait est, qu'il ne la laisserai pas s'il savait qu'on lui voulait du mal. Lorsqu'il s'agissait des gens qu'il aimait, Emrys ferait n'importe quoi, quelque en soit le prix. La remarque d'Emrys à propos de l'enfant fit démarrer Livy au quart de tours, qui répondit d'une gifle apparemment mérité. " Mais t'es dingue ou quoi ! " Décidément, il n'y comprenait rien. Elle le laissa sur ce dernier geste et s'éloigna. S'il avait bien compris quelque chose chez Livy durant les années passés ensemble, c'est qu'elle ne faisait jamais rien sans bonne raison. Ce n'était pas une simple remarque qui avait énervé Livy, à moins que cette remarque signifiait quelque chose pour elle. Et ça, Emrys avait le droit de savoir. Il la rattrapa, évitant soigneusement de lui attraper le bras remplis de balafres. " Qu'est-ce que tu ne me dis pas Livy ? Je te connais assez pour savoir que tu ne fais rien sans raison. Cette gifle, il y avait une raison. Il cherchait dans son regard une réponse qui pourrait l'aider à comprendre son ex, mais rien, elle l'avait le regard perdu.

T’éloigner de lui était la meilleure solution. A quoi ça servirait de déterrer les fantômes du passé, de tout lui expliquer ? Tu ne voulais pas revoir ces images derrière tes paupières, tu ne voulais pas revivre ressentir toutes ces émotions. Tu as été faible. Le fait de le croiser t’a ramenée au sol alors que tu avais enfin réussi à t’élever un minimum sur l’échelle de la renaissance. Lui tourner le dos, brûler l’écriture de tes actions pour graver une nouvelle page de tes actes futurs. Tes yeux te brûlent, ta vision se brouille et tu retiens difficilement tes sanglots qui secouent ton corps. Dastan, d’habitude si fou, reste tranquillement à tes côtés. Les animaux ont toujours eu un sixième sens. Il est sûrement le compagnon qui te sera le plus fidèle. Tu l’as acheté il y a peu pour te soulager des douleurs que te provoquaient Zadig. Et là, il t’emmenait loin de ton malheur, loin de son corps que tu continues de désirer, loin de cette âme que tu continues à aimer. Il te guiderait dans la ville, le guide de ta tourmente. Des passants te dévisageraient sûrement. Tu leur ferais peur. Qui ose encore montrer sa tristesse en pleine foule ? Pas une personne saine d’esprit en tout cas. « Plus vite Dastan. » Ta voix n’est qu’un murmure mais le petit chiot dresse ses oreilles dans ta direction. Tu agrandis tes enjambées pour fuir. Encore. Toujours. Puis une main. La sienne. Tu la regardes et te retourne. Vos regards s’accrochent. Ta lèvre tremble. Tu es petite face à sa grandeur. Toi qui avait chaud, tu te retrouves maintenant glacée jusqu’aux os. « Qu'est-ce que tu ne me dis pas Livy ? Je te connais assez pour savoir que tu ne fais rien sans raison. Cette gifle, il y avait une raison. » C’est terminé. Il va falloir avouer. Mais quoi ? Zadig ? Sacha ? Jamie ? Il va falloir choisir. Trop d’informations d’un coup seraient beaucoup trop dures à digérer. Tu tournes ton visage vers le sol. Tu tentes de prendre la parole plusieurs fois mais aucun son ne sort de ta bouche. Tu bégayes puis tu te reprends pendant quelques minutes. Tu affrontes une nouvelle fois cette homme, tentant de retrouver le peu de dignité qu’il te reste. « Jamie. Il aurait du s’appeler ainsi. » Tu inspires à grand coup et dégage doucement ton bras. Il va te détester, c’est certain. « Ton fils … » Tes dents viennent caresser la tendre chair de tes lèvres et tes mains se croisent et se décroisent dan un ballet incertain. « J’aurais combattu pour te garder Emrys. » Tes yeux brillent d’humidité. « J’aurais tout fait pour que tu me pardonnes. Cet argent … J’avais l’impression que tu achetais mon départ. » Tu ne peux plus te taire. Tu as trop souffert de t’être emprisonnée dans le silence. « J’aurais donné mon âme au Diable pour que tu me reprennes mais, ce bébé … J’ai eu peur de te le dire. Que tu crois que je mentais. Que je jouais avec toi. » Le chagrin obstrue ta gorge et tu ne peux plus parler. A nouveau. Tu te caches le visage dans tes mains et tes épaules se secouent au rythme de la triste musique de tes pleurs.

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Emrys était de plus en plus perdu, quelque chose lui échappait mais il ne savait pas quoi. Cela faisait un an qu'il avait perdu le contrôle de tout ce qu'il y avait autour de lui. Le travail était la seule chose qui lui accordait un nouveau départ. Tout fonctionnait bien jusqu'à aujourd'hui. Il venait de se prendre une grosse claque. La claque de sa vie. Il était loin de s'imaginer quelque chose d'aussi gros que ça. Livy lui devait des explications quant à son énervement, Emrys sentait qu'elle lui cachait quelque chose. Peut-être aurait-il dû tracer sa route, laisser tomber. La laisser revenir dans cette ville sans explication, la revoir tous les jours sans comprendre quoi que ce soit, il aurait dû, ça aurait été moins douloureux. « Jamie. Il aurait du s’appeler ainsi. » Il fronça des sourcils essayant de savoir où Livy voulait en venir. De qui parlait-elle ? Il l'interrogea du regard et la seule réponse qui vint, celle qui redoutait tant, celle qu'il avait fini par comprendre lorsqu'elle l'avait giflé. « Ton fils … » Une grosse claque. Il n'avait désormais plus le contrôle. Au contraire. Il se recula presque brusquement, laissant percevoir de la colère dans ses yeux. De la colère et de l'incompréhension. Emrys laissa parler Livy sans vraiment y prêter attention, encore sous le choc de la nouvelle. Il fut toutefois interpellé par une remarque de la part de son ex copine. " J'achetais ton départ ? Livy, cet argent était uniquement pour t'aider. Je ne t'ai jamais dit de quitter la ville, je... je ne t'aurai jamais laissé partir, tu as pris la décision de quitter la ville " Emrys était parfois irresponsable, mais il n'aurait jamais laissé Livy seule et enceinte. " ça ne te donnait pas le droit de me le cacher. " Évidemment qu'il aurait douté d'elle, elle ne faisait que de lui mentir depuis le début mais au-delà des mensonges, Emrys était amoureux d'elle, il l'aimait et l'a encore aimé après son départ. S'il avait su pour le bébé, il aurait tout fait pour faire marcher son couple. " Tu n'aurai jamais dû revenir. " finit-il par lâcher.

Tu voyais tous les sentiments passer sur son si joli visage. L’incompréhension, la colère, le doute … Et toi, comme une boniche, tu te trouvais là, les mains ballantes, noyée dans tes ténèbres, ensevelie sous tes pêchés. Tu avais l’impression que plus rien n’avait d’emprise sur toi. Que le temps s’était suspendu, que les personnes autour de vous s’étaient estompées avec lui. Tu accusais ses paroles, tentais de rester de marbre devant ses critiques, impassible devant ce futur que tu aurais pu avoir. Tu avais tout compris de travers. Tu t’étais enfuie alors qu’il lui suffisait de tendre les mains pour qu’il te relève. La vérité s’incrustait au fur et à mesure dans ton esprit embrouillé, semant la zizanie et le chaos. Une bombe venait d’éclater dans les méandres de ton cerveau, anéantissant tout raisonnement possible. « Tu … Tu m’aurais aidée ? » Tu essayais de remettre en place les pièces du puzzle. Le fait qu’il serait resté à tes côtés alors que tu l’avais déjà trainé plus bas que terre te paraissait inconcevable, irréaliste. Et pourtant … « Je suis désolée Emrys. Je croyais que tu ne voulais plus de moi. » Les quelques larmes qui s’étaient taries reprennent alors leur course sur ta peau légèrement hâlée par le Soleil. Si tu avais parlé, si tu avais su dire les choses, tu n’aurais pas cette vie misérable à l’heure qu’il est. D’un geste léger, tu tentes de contenir le flot d’eau avec tes doigts mais certaines gouttes t’échappent encore. Comme ton existence. « Tu te serais vu élever un enfant avec toutes les discordes qui flottaient entre nous ? » Immédiatement, tu entoures ton torse de tes bras comme pour te protéger. Tu as toujours aussi froid, ton cœur est glacé de l’intérieur. Un petit ricochet dessus et il se brise. Puis ton regard se fige, la tempête fait rage dans tes prunelles. « Je n’ai pas eu le choix. » Dis-tu alors, la mâchoire serrée. « Je n’ai plus aucune emprise sur ma vie. Je n’ai plus rien. Je suis morte avec elle … Pour elle. » C’est énigmatique mais tout lui révéler, encore une fois, serait fatidique.

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Emrys était loin de s'imaginer que Livy était capable de lui cacher une telle chose. Livy était doué dans le mensonge, mais là, c'était beaucoup plus que ça, ça concernait autant Livy qu'Emrys. En colère, déceptions, incompréhension pouvait se lire sur son visage. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle lui avait caché une si grosse nouvelle, d'autant plus qu'elle avait l'air de dire que même en lui disant, Emrys les auraient laissé tous les deux. « Je suis désolée Emrys. Je croyais que tu ne voulais plus de moi. » Évidemment, Livy lui avait menti et jouer avec ses sentiments, il ne voulait plus entendre parler d'elle, mais Emrys était loin d'être ce connard qui laissait son ex copine livré à elle-même en pleine grossesse. " Comment tu as pu penser que je t'aurai laissé en sachant que tu étais enceinte? " Il soupira et jeta un coup d’œil à l'horizon. Paysage qu'il avait tant observé autrefois et pour la première fois depuis un an, il avait cette envie de quitter cette ville et de partir loin. Tout partait en vrille dans sa vie et pour quelqu'un qui s'efforçait de vouloir avancer, tout autour de lui l'en empêchait. « Tu te serais vu élever un enfant avec toutes les discordes qui flottaient entre nous ? » Comme chaque fois qu'il était dépassé par la situation,  il se passa une main sur le visage, essayant de se remettre de la nouvelle. " De tout ce que t'a pu me faire, je crois bien que ça, c'est le pire. J'te détestais Livy. Je n'ai plus jamais posé les yeux sur une seule fille parce qu'à chaque fois, c'était toi que je voyais à travers elle. Mais jamais je t'aurai laissé seule, s'il y avait une chance infime avec ce bébé, j'aurai tout pardonné. " Emrys était sincère. Il l'avait toujours été à vrai dire. Il n'a jamais été le connard arrogant avec les filles qu'il fréquentait. Il avait certes, des moments où la colère prenait souvent le dessus, mais le mensonge était quelque chose qu'il refusait. « Je n’ai plus aucune emprise sur ma vie. Je n’ai plus rien. Je suis morte avec elle … Pour elle. » Il l'écoutait attentivement, cherchant à tout remettre en ordre. Sacha. Comme souvent lorsqu'il pensait à sa soeur jumelle, il jetait un coup d'oeil vers le ciel, se demandant si elle veillait sur lui comme lui veillait sur elle auparavant. Il était déçu de Livy pour certaines raisons, mais une chose est sûre, elle ne mentait pas en ce qui concernait Sacha. Emrys allait dire quelque chose mais se ravisa finalement. Il ne comprenait pas exactement ce que Livy voulait dire. " Livy, juste, aide moi à comprendre. " Il la supplia du regard et ne lâcherai pas tant qu'il ne saura pas toute l'histoire. Elle lui devait bien ça.

Vous savez ce que ça fait lorsque l’on se déconnecte de la réalité ? Lorsque vous avez juste l’impression de sortir de votre corps et d’observer la scène de loin ? C’est bien ainsi que tu te trouvais libellule. Tu assistais à un spectacle où une actrice et un acteur se donnaient en spectacle dans un par cet, étrangement, ils ressemblaient énormément à Emrys et toi. C’est donc ainsi que devait se passer vos retrouvailles ? A coup de couteaux aiguisés et de mots bien sentis ? Sûrement. Même Dastan, pourtant si foufou d’habitude, s’était allongé, les oreilles tombantes. Il savait très bien que ce qu’il se passait-là ne le concernait pas. Et toi, nerveusement, tu jouais avec sa laisse, ne sachant que faire de tes mains. Tu te sentais bien gauche face à l’assurance que dégageait ton ex. Tu écoutais, tu analysais et tu capitulais face à ton idiotie passée. Des larmes roulèrent à nouveau sur tes joues, tentant d’amener avec elles le dégoût que tu as pour toi. Alors Jamie aurait pu grandir à tes côtés, ton petit garçon aurait pu courir avec les autres aujourd’hui. « Mais qu’est-ce que j’ai fait ? » Une simple question qui ne demande, cependant, aucune réponse. Ton menton tremble et là, c’en est trop pour toi. Tu t’asseyes sur le banc à côté et croise tes mains au-dessus de tes genoux, le regard rivé sur les cailloux qui se baladent dans le chemin du parc. « Livy, juste, aide moi à comprendre. » Ses yeux étaient emplis de questions lorsque tu relevas la tête pour le regarder. Il était peut-être temps de tout lui raconter. Tu fermas les yeux pour ne plus le voir, revoyant encore très nettement ce qu’il s’était passé un an auparavant. « Sacha … » Ta voix tremble à l’évocation de son prénom mais après un raclement de gorge et une grande inspiration, tu reprends néanmoins. « … Sacha voulait que je vienne à sa fête car je lui manquais – et c’était réciproque – mais dès que je l’ai vu la veille, j’ai su qu’elle se droguait. Ça se reconnaît vite. Je ne voulais pas qu’elle détruise sa vie comme moi je l’avais fait. J’ai été voir Zadig, le dealer de la ville pour ne pas qu’il lui revende de la drogue. Mais il y avait un marché. C’était sa vie contre la mienne. Je sortais avec lui et il ne ferait rien. » Tu rouvres des yeux emplis d’humidité. Tu renifles plusieurs fois et t’enfouis le visage dans les mains, revivant à présent chaque souvenir comme si tu y étais. « Alors j’ai accepté pour la protéger mais ça n’a servi à rien. Le soir de la fête, elle s’en était procurée. Nous nous sommes même disputées lorsque je la lui ait pris des mains pour la garder sur moi. Celle que tu avais trouvé. Mais Emrys, elle est morte dans mes bras et je n’ai rien pu faire. Elle … » Tu ne peux plus continuer. Les sanglots obstruent ta gorge et ce n’est qu’un vague gargouillis qui se répand dans l’air. « Elle était si frêle, si petite. J’ai rien pu faire ! » Tu cries presque tandis que tu remontes tes jambes contre ta poitrine, appuyant ton front sur tes genoux. ²« Je suis tellement désolée. » Ton petit chiot vient se coller à toi en couinant légèrement. Tu trembles et n’oses même plus lever le visage vers lui. Celui que tu aimes toujours.

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Tant de choses se bousculaient dans la tête du jeune éducateur, tant de choses qu'il aurait pu éviter. Le départ de Livy, avec par conséquent, son enfant, le décès de Sacha, il aurait pu l'empêcher de faire une fête mais, n'étant pas au courant des projets de sa soeur, il n'avait rien pu faire. Mais le pire restait encore à venir pour le jeune Cavanaugh, il était loin de s'imaginer que sa parfaite soeur jumelle était loin de l'être et cachait très bien son jeu. Il avait tellement de choses en tête qu'il ne pensa pas à demander à son ex petite amie ce qu'elle avait décidé de faire à propos de sa grossesse. Au fond, aussi égoïste soit-il, il espérait qu'elle ait avorté. Horrible et odieux, mais il aurait du mal à supporter que Livy ait fait adopter l'enfant, il aurait eu son mot à dire après tout. Parce que ce dont il était certain au jour d'aujourd'hui, c'est qu'elle ne l'avait pas gardé. Il chassa ses idées de sa tête et ne quitta pas des yeux Livy, qui s'installa sur un banc. Emrys était quelque peu mal de la voir dans cet état, il l'avait déjà vue dans cet état auparavant et évidemment, il n'aimait pas ça, mais aujourd'hui, c'était différent, il n'aimait pas la voir comme ça mais n'allait rien faire pour autant. Il n'était pas là pour la rassurer ou encore la prendre dans ses bras, il avait besoin de réponses. Il écoutait sans sourciller, oreilles attentives ce que Livy s'apprêtait à lui dire. Emrys refusait de croire tout ce que Livy lui disait, malheureusement, elle disait vrai. Il était le mieux placé pour savoir quand Livy mentait ou pas et là, il s'agissait pas de mensonges. Sacha.. Il se mit à déglutir, essayant de se rappeler où il avait foiré sa relation avec sa propre soeur jumelle. Il se rendait compte qu'il ne la connaissait plus, peut-être même qu'il ne l'avait jamais bien connu. Non, il refusait de penser ça, c'était sa moitié. Il l'avait entraîner dans tellement de conneries qu'il ne se rendait pas compte d'où ça allait la mener. Il ne pouvait nier le fait que c'était très dur d'entendre ce que Livy avait à dire, mais il l'avait voulu et elle lui devait bien ça. Se passant une main sur le visage, il vînt finalement s'installer sur le banc, plus silencieux que jamais. Il ne regardait plus que devant lui, perdu, blessé et en colère. « Elle était si frêle, si petite. J’ai rien pu faire ! » Emrys ne put s'empêcher de repenser à sa soeur, inconsciente sur le lit. " Arrête, ne dit plus rien Livy ! " lâcha-t-il sur un ton qui ne se voulait pas agressif ou presque. " Qu'est ce que t'a foutu Sacha.. " Il tourna la tête en direction de Livy, recroquevillé et silencieuse. " Pourquoi tu ne me l'as jamais dit pour ce dealer ? Il s'agissait de la vie de ma sœur Livy, putain livy, ma soeur ! ça t'a pas suffit de me mentir une fois, non il a fallu que tu me caches encore ça ! Il avait couvert Livy, pensant qu'elle était responsable, il aurait tout fait pour la garder loin des problèmes qu'elle aurait pu avoir, il aurait fait n'importe quoi. Mais là, tout était différent, il ne savait même plus qui il devait blâmer pour tout ça, lui, Sacha elle-même, Livy..  " Ne me dit pas que c'est avec lui que tu es encore maintenant ? " lâcha t-il en se levant brusquement repensait au fait qu'elle était venu en ville avec son copain.

Une vie peut basculer à chaque instant et marquer à jamais les personnes qui suivaient sa voie. Il semblerait que la drogue se suive de génération en génération, qu’elle coule dans les veines comme un syndrome héréditaire. Elle s’aventure dans l’organisme sans laisser aucune chance à celui qui la possède. Parfois, l’éducation permet d’éviter les dérives de sa haine mais si le géniteur connait cette addiction alors qu’adviendrait-il de la volonté de l’enfant ? Petite, ta mère te demandait du ʽ sucre ʼ dans l’étagère et toi, docilement, tu y allais même s’il était deux heures du matin et que ce n’était pas un moment où tu devais être debout. Un jour, lors de tes sept ans, tu avais voulu y goûter toi aussi. Il suffisait juste de frotter ses gencives avec. Tu l’avais vue faire après tout. Tu n’y a plus jamais retouché car tu n’avais pas aimé te sentir voler. Mais à quinze ans, c’était la meilleure chose qui soit pour oublier ton passé …
Le fait qu’Emrys vienne s’asseoir à tes côtés te fit sursauter et, immédiatement, tu te décalas pour laisser un espace entre vous. Tu ne voulais pas le toucher, tu ne voulais plus rien de lui. Un amour trop fort conduit souvent à la haine. Et, à présent, tu ne savais de quel côté ton cœur s’était mis à pencher. Une vieille chanson Française te revient en tête. Je te haime malgré moi, malgré des hauts et des bas. Oui, c’est sûrement ainsi que l’on pouvait définir votre relation. Et ses mots continuèrent de te heurter. Des morceaux de glace qui venaient se briser sur ta peau et fondre dans ton corps, le rendant aussi froid qu’eux. Tes larmes s’arrêtèrent d’elles-mêmes. Parce que tu n’en pouvais plus des reproches. Parce que tu te blasphémais assez sur tout cela sans qu’on t’en rajoute une couche. Tu es déjà si près de la rupture d’avec le monde réel alors pourquoi t’enfoncer d‘avantage ? Ce serait tellement simple de pointer le canon d’un revolver sur ta tempe … « Arrête de me rejeter la faute Emrys. Je n’étais pas la seule dans cette histoire. Où étais-tu pendant ces cinq années pour elle ? » Renchérir, lui dire toutes ces accusations. Car oui, tu étais proche d’elle mais cette dernière a toujours compris tes motivations, sachant ce qu’un dealer pouvait faire pour récupérer son fric. Mais lui, le frère de sang, est resté aveugle face au mauvais tournant que prenait Sacha. Tes yeux aigue-marine scrutèrent le jeune homme qui s’était relevé. Tu répondis à sa question par un sourire en coin empreint d’une grande détresse. « Pourquoi te répondre ? Tu as toujours été doué pour deviner les choses … » Tu te relèves, titubant sur tes jambes, affaiblie par les quelques insomnies que tu passes sans dormir, ayant peur que Zadig ne porte une nouvelle fois la main sur toi. « On y va Dastan. » Le chien se remet sur ses pattes et tu te tournes vers la sortie du parc. Tout a été dit et rester face à ton ex n’est qu’une douleur sans fin. « Un jour tu comprendras tout ce que j’ai fait pour elle et quelle loyauté nous tenait liée l’une à l’autre. Elle connaissait le milieu de la drogue et ses dangers. Elle avait compris dès les premiers mois ce que j’endurais. Mais toi, Emrys, tu préférais te détruire. Nous détruire. Tu t’es peut-être un minimum relevé. D’ailleurs, j’ai entendu des choses avec Allison. Depuis le temps, elle doit être contente non ? » Tu passes une main dans tes cheveux et regarde au loin la vie qui continue son cours. « Alors que je n’attends que le moment opportun pour quitter … Tout ça. » Confesses-tu en englobant les environs d’un vaste geste du bras. Tu viens, pour la première fois, de formuler tes intentions futures. « Prends soin de toi. » Ton regard se trouble à nouveau mais tu arrives à contenir tes larmes. Pour la seconde fois, tu lui retournes le dos. Une manière de lui dire que tu avances. Malgré tout.

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On pouvait lui reprocher beaucoup de choses, il n'a pas toujours été très attentif aux attentes de ses proches, pas toujours très doué en ce qui concerne l'affection, il a d'ailleurs une drôle de façon de se montrer affectif par moments, mais on ne pouvait pas lui reprocher le fait qu'il ne s'occupait pas de Sacha. Il a toujours été là pour sa soeur et quand bien même ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde sur certaines choses, ils n'en restaient pas moins aussi soudés. Emrys laissa tomber son calme, sentant la colère monter lorsqu'elle lui reprocha son absence de frère. Une mauvaise plaisanterie de sa part ? Non, elle était sérieuse. Si Livy avait été un homme, il y a bien longtemps qu'Emrys lui serait rentré dedans. Mais il s'agissait de Livy, Livy ou une autre, jamais il ne frappera les femmes Ö ça, jamais. " Je t'interdis de dire ça Livy ! Tu n'étais pas là, tu ne sais rien de nos vies, de ce qu'il s'est passé durant ces cinq dernières années. Mais parlons-en. Tu savais dans quelle merde elle s'était foutu avec ton dealer et tu ne m'as rien dit ! J'ai peut-être rien remarqué sur ma soeur, peut-être que j'étais trop con de penser que Sacha partageait tout avec moi, mais je t'interdis d'insinuer que j'ai été absent pour elle. " Au fond, il s'en voulait, si vraiment sa soeur était dans la drogue, il aurait dû le voir, après tout, il était entouré de drogués, lui en premier, bien que ça n'ait jamais été son grand délire. Alors Livy était avec lui... comment pouvait-elle. Il était dégoûté, énervé et triste à la fois de savoir ça. C'était la vie de Livy à présent, il n'avait rien à dire. « Un jour tu comprendras tout ce que j’ai fait pour elle et quelle loyauté nous tenait liée l’une à l’autre. Elle connaissait le milieu de la drogue et ses dangers. Elle avait compris dès les premiers mois ce que j’endurais. Mais toi, Emrys, tu préférais te détruire. Nous détruire. Tu t’es peut-être un minimum relevé. D’ailleurs, j’ai entendu des choses avec Allison. Depuis le temps, elle doit être contente non ? » oui, un jour, il comprendrait. Mais là, il était trop borné, trop aveuglé par ce dont il était persuadé il y a un an. Il refusait de voir la vérité en face, il n'était pas prêt, pas après tout ce qu'il venait d'apprendre un si peu de temps. Il ne releva rien sur ses insinuations sur Allison. Elle était loin d'être le sujet de conversation principal. Il n'avait plus la force de répliquer quoi que ce soit, se remémorant les moindres détails de la conversation. Il regarda juste Livy s'éloigner avant de finalement hausser la voix pour qu'elle entende bien. " quitter tout ça ? t'a raison. Fuir, c'est tout ce que tu sais faire Livy. " Il s'en voulait dès l'instant d'avoir prononcé ces mots, mais il les pensés malgré tout. Elle partait encore une fois, le laissant, une nouvelle fois, comme à son habitude.

Tout était froid. Dans ta tête, la neige avait remplacé la douce brise qui flottait là. Tu ne voyais que du blanc à l’horizon, de la clarté à perte de vue. Tu as entendu ses reproches. Certes, tu y as été un peu fort mais quand même. Quelqu’un qui se rogue, ça se voit. Les yeux rouges, quelques hallucinations et surtout, la dépendance. Il fallait toujours trouver une excuse pour aller se planter une aiguille ans le bras. Ou tout autre chose mais d’ailleurs, les marques devaient être présentes non ? Et puis l’on ne fait pas de prises de sang tous les jours. Tu fronçais les sourcils mais tu te tais à présent. Tu prends la fuite, oui, comme toujours. Plus rien n’a e sens. La tête te tourne. Tu n’étais pas préparée à des retrouvailles, c’est beaucoup trop tôt. Tu portes une main à la base de ton cou et te frottes la peau, signe de grande nervosité. Une légère marque rouge s’y imprime mais il ne peut pas la voir. Pourtant, ce geste, il la souvent connu. Tu le faisais tout le temps à chaque fois que tu volais quelque chose. Signe que tu n’étais pas tranquille. « Nous ne parlons pas de la même fuite Emrys. » Tu te retournes de profil, les cheveux cachant ton visage. « L'acheminement vers la mort est une fuite inconsciente pour échapper à la douleur et à la pénurie. C’est d’Herbert Marcuse. Réfléchis à ça. » Un léger sourire teinte tes lèvres avant que tu ne te remettes en route. Tes pas s’accélèrent et tu te mets soudainement à courir. Oui, fuir est ce que tu sais faire de mieux.