J'ai grandi à Londres, dans une petite banlieue, je n'avais pas une grande maison, mais il y avait de la magie dans cette maison. J'ai une grande sœur, avec qui je suis très proche et on a parcouru des kilomètres dans cette maison à se courir après. Une famille simple, une vie simple, une mère infirmière et un père assistant dans une entreprise de finances. Avec Maxym, ma sœur, oui je sais drôle de prénom pour une fille, on se soutenait tous les deux, c'était un peu nous deux contre le reste du monde. On a treize mois de différence et c'est très dur de nous séparer. De la jalousie se crée quand un garçon l'approche de trop près et inversement. Je crois qu'on a toujours eu peur de s'éloigner à cause de quelqu'un d'autre. Ma mère était toujours là à nous couver, à avoir peur qu'on manque de quelque chose, je pense que c'est elle qui m'a donné sa gentillesse, de toujours s'inquiéter des autres plutôt que de soi. Mon père, lui, n'a jamais montré ses sentiments, il était fier de nous, mais il ne le témoignait pas trop. Il devait parfois s'absenter pour le travail, c'était du temps qu'on passait sans lui, mais lui disait que c'était pour la bonne cause, que c'était pour nous qu'il faisait ça.

Je viens de quitter mon pays adoré pour une ville que je ne connais même pas le nom. À mon âge ce n'est pas forcément très facile, j'avais plein d'amis en Angleterre et comme on dit souvent : on sait ce que l'on quitte, on ne sait pas ce que l'on prend. C'est avec une boule au ventre que je me rends au lycée, je n'aime pas le fait de ne connaître personne, d'être vu comme une personne étrangère. Ma mère m'a dit que tout allait bien se passer, que je n'avais qu'à m'inscrire à une activité extra-scolaire, cela me permettrait de me faire des amis. C'est d'ailleurs l'une des premières choses que j'ai faite, j'aimais beaucoup le sport et plus particulièrement le basket, alors je me suis inscrit dans l'équipe du lycée. Les premiers jours furent les plus durs, je ne trouvais pas trop ma place, je faisais le strict nécessaire, j'allais en cours et je rentrais chez moi. « Salut, moi c'est Aaron ». J'étais concentré quand j'ai entendu la voix de ce jeune homme, c'était l'une des premières personnes à m'adresser la parole. « Moi c'est Louys ». Je ne saurais pas vous expliquez pourquoi, mais ce gars a changé ma vie ici, il m'a pris sous son aile et m'a guidé dans cette école. C'est tout simplement devenu mon meilleur ami, je savais que je pouvais compter sur lui.

« Tu es prêt ? » je reconnais la voix de Maxym, je me retourne vers elle et lui réponds assez sèchement « comment veux-tu que je sois prêt, on va enterrer papa ». Le fait que je n'allais plus le revoir ne passait pas encore, ça me restait en travers de la gorge. Cela faisait six mois qu'il se battait contre sa maladie et nous, ses enfants, on a été mis au courant il y a seulement deux semaines. « Je n'ai pas vu tes amis, tu sais à quelle heure ils vont arriver ? » Un silence se crée, je finis de mettre mon costume sans vraiment porter attention à sa dernière phrase. « Je t'ai posé une question, ils viennent quand ? » « Ils ne viendront pas, ils ne sont pas au courant ». Elle est plutôt étonnée de ma réponse, il y a de quoi, je ne faisais plus rien sans eux, alors le fait de ne pas leur dire que mon père était décédé paraissait un peu fou. « Laisse-moi digérer cela et on verra par la suite ce que je vais leur dire ».

Isis, Aaron, Charlie et moi, on est une très bonne bande de potes. Je suis le dernier à avoir intégré le groupe, mais j'ai facilement été "adopté". J'ai des relations différentes avec chacun d'entre eux. Il y a tout d'abord, Aaron, mon meilleur ami, c'est le premier que j'ai rencontré. Je ne vais pas vous expliquer notre relation plus en détails, c'est quelque chose de normal, hormis le fait qu'il soit homosexuel, mais ça je n'y vois aucun problème. Après il y a Charlie, la belle Charlie plutôt. On se connait depuis longtemps maintenant, mais depuis quelques mois c'est plus étrange, j'ai envie de passer plus de temps avec elle, de la prendre dans mes bras, parfois j'oublie qu'on est tous les quatre, j'ai l'impression de n'être qu'avec elle. Et enfin il y a Isis, d'après moi c'est un peu le noyau du groupe et lors de son accident se fut dur pour tout le monde de sourire. J'ai beaucoup de respect pour elle, pour ce qu'elle a surmonté. Je sens quelque chose de bizarre entre nous depuis que je me suis rapproché de Charlie, comme si elle n'avait pas confiance en moi, pourtant elle peut et je fais tout pour la convaincre.