ma vie s’éteint, la vue se brouille, il ne reste plus que le souvenir.

Errant dans les rues, Astrid cherchait une échappatoire. Sa journée avait été plutôt intense, elle avait passé des heures à supporter des enfants qui n'arrêtaient pas de la faire tourner en bourrique. Malgré tout, elle adorait les enfants, ils la rendaient vivante et elle ne les remercierait jamais assez pour ça. Elle était rapidement rentrée chez elle pour prendre une douche afin de se détendre, mais les mêmes discours se répétait dans sa tête. Comment pouvait-elle faire face aux mots du médecin ? Elle aurait préféré être en plein rêve, mais ce n'était pas le cas, elle allait devoir affronter la réalité si elle voulait avancer. Bref, elle n'avait pas perdu de temps pour quitter son appartement, histoire d'aller marcher un peu. Astrid avait besoin de se changer les idées, mais en ce moment, elle avait beaucoup de difficultés à se confier aux autres. Elle avait peur d'être vu différemment, d'être la "malade" et ça non, elle n'allait pas pouvoir le supporter. Les mains dans les poches, la blondinette s'aventurait dans les ruelles sombres, sous la pluie. Elle se contrefichait de son apparence, après tout, elle était comme elle était. L'institutrice s'installait sur un banc, le regard vide, sans aucun espoir. Ces derniers jours, elle gardait tout pour elle, elle évitait Elza et tous les gens qui tenaient à elle, ne se rendant même pas compte que son absence faisait souffrir les autres. Soupirant, elle marchait jusqu'à chez Keallian. Peut-être qu'il allait pouvoir l'aider, car là tout de suite, elle n'avait aucune envie de rentrer chez elle.

Une fois devant son immeuble, la jeune blonde restait figée quelques minutes avant de finalement pénétrer dans le bâtiment. Un soupir s'échappait d'entre ses lèvres alors qu'elle se plantait devant sa porte, cherchant le courage de frapper chez lui, à une heure aussi tardive. Toquant à la porte, elle mordillait nerveusement sa lèvre avant qu'il ne lui ouvre. Le jeune homme fut plutôt surpris de la trouver ici. Elle entrait, ôtant sa capuche de ses cheveux humides. « Je suis désolée de venir aussi tard, je n'avais pas envie de rentrer chez moi et j'me suis dis que... » Astrid baissait légèrement la tête suite à ce flot de paroles. « C'est stupide. » Elle lâchait un rire nerveux avant d'enchainer. « Excuse-moi de t'avoir importuné. » Rapidement, elle faisait demi-tour, prête à quitter les lieux.

La nuit était tombée depuis plusieurs heures maintenant et plutôt que de rester chez elle, au chaud, elle marchait dans la nuit noire. Perdue, la jeune femme décidait de se rendre chez Keallian, elle n'avait aucune envie de retourner chez elle, là où elle avait passés ses dernières soirées. Elle frappait donc chez le jeune homme, tremblante de peur, elle ne savait ni quoi faire, ni comment agir face à lui, elle était mal. Lâchant un flot de paroles, sans même reprendre sa respiration, elle se trouvait tellement stupide qu'elle s'apprêtait aussitôt a fuir. Son regard était rempli de tristesse et de désespoir. En quelques jours, elle avait complètement perdue le contrôle de sa vie, elle avait l'impression d'être tombé si bas. Cela se guérit lui avait affirmé le médecin, tentant quelque peu de la rassurer. Cependant, au moment même où il avait diagnostiqué son cancer du poumon, elle avait vu sa vie filer à toute allure. Elle qui n'avait jamais fumé, qui ne buvait que raisonnablement sentait le sort s'acharner sur elle. Il saisissait donc la blondinette par le bras, ce qui lui procurait quelques frissons. Elle plongeait donc son regard dans le sien avant qu'il ne la fasse entrer pour qu'elle s'installe sur le canapé. Astrid ôtait donc son sweet à capuche, une fois qu'il lui amenait une serviette. Elle se retrouvait donc avec son débardeur blanc, sobre. « Je... j'arrive pas, c'est... » Balbutiait-elle, alors que ses paroles s'entrecoupaient, incapable de dire la moindre chose. Elle passait ses mains sur ses bras, tremblotant de froid. Rien ne voulait sortir, tout simplement parce qu'elle était totalement incapable d'avouer ce qui la tourmentait. Elle ne voulait pas que son regard change, elle voulait simplement se changer les idées, elle en avait besoin.