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| + you're probably an angel (sydney) | |
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| (#) Sujet: + you're probably an angel (sydney) Lun 23 Déc - 6:50 | |
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Un fouille merde, voilà ce que je suis mais c’est plus fort que moi pour le coup. J’ai toujours été quelqu’un de très curieux. J’ai le malheur d’être sourd et lorsqu’on ne peut pas écouter de la musique et que les programmes télé retransmis en langage des signes sont ennuyants à mourir, on comble son ennui d’une autre manière et moi ça a toujours été en m’intéressant aux choses qu’il y a autour de moi. Je sais que pour cette fois, je ne devrais pas faire ça, mais d’un autre côté, elle a été tellement gentille avec moi et j’ai tellement eu l’impression de pouvoir l’apaiser malgré son malheur que j’ai envie de la revoir. Mais à part un prénom, je ne connais rien d’elle. C’est pour ça que des fois il faut être plus malin que les autres. Je connais mon médecin traitant depuis mon enfance maintenant, d’ailleurs je suis toujours étonné qu’il ne soit toujours pas arrivé à l’âge de la retraite mais enfin bref. Aujourd’hui j’avais rendez-vous avec lui pour un examen de routine, des examens comme j’en passe tous les mois depuis maintenant vingt et un ans. Mais à la fin de la séance, au lieu de prendre la porte, je lui ai gentiment demandé dans la langue des signes s’il pouvait me renseigner à propos d’une certaine Sydney qui travaillerait à l’hôpital. Après tout, il n’y a qu’un centre hospitalier dans cette ville et comme toute personne normalement constituée, elle a sûrement déjà été malade et avec un peu de chance, son médecin se trouve à mn étage. Mais mon propre docteur refuse de me divulguer des informations. Secret professionnel apparemment. Mais c’est en toute discrétion qu’il me glisse un petit papier dans le creux de ma paume lorsque nous nous serrons la main. Une fois dans le couloir, j’ai déplié le papier pour voir un nom de médecin inscrit dessus. Je fais chaque porte de chaque cabinet jusqu’à ce que je tombe sur le fameux médecin. Sous son nom prône le mot « psychiatre ». Tiens… Etrange… Par politesse, je toque à la porte et j’attends. Je retoque au bout de plusieurs minutes et finalement c’est un homme grand à lunettes qui m’ouvre. Je le vois m’engueuler pour le déranger en plein travail alors je tapote mon oreille pour lui faire comprendre mon handicape. Un geste qui m’est très habituel. Il me fait signe de m’asseoir sur le siège en face de sa porte puis retourne dans son cabinet. Je me sens comme un enfant qu’on aurait puni pour être trop curieux. C’est sûrement le cas d’ailleurs. Au bout de vingt longues minutes d’attente, la porte s’ouvre à nouveau et une patiente sort, suivit par le psychiatre. Contrairement à ses compères, il ne porte pas de blouse blanche, son nœud papillon bien serré sur sa gorge me donne presque une crise d’angoisse. Il me fait entrer et c’est là que j’essaie de lui faire comprendre que j’aimerais en savoir plus que sa patiente. Je ne demande pas des détails gênants tels que la raison de sa présence ici mais juste où elle habite et tout simplement où je peux la trouver. Il fouille dans un dossier et m’écrit une adresse sur un petit morceau de papier. Je peux très distinctement lire les mots « secret professionnel » sur ses lèvres mais vu le regard malicieux qu’il a, je comprends qu’il me fait une faveur pour cette fois. Yes ! Direction…
… la salle de danse ? Lorsque j’arrive devant le bâtiment qui porte le numéro douze de la rue, je me retrouve un peu confus. Pourquoi habiterait-elle dans une salle de danse ? Peut-être qu’elle travaille juste ici. Bref, de toute manière pour le savoir il faudra bien que je rentre dans le bâtiment. Le couloir est désert, je ne distingue aucune ombre, aucune vibration sous mes pieds. En même temps, il est près de dix neuf heures et je me doute qu’à cette heure-ci, plus personne ne travaille. Mais il y a cette salle qui a l’air allumée au fond du couloir. Je glisse une tête dans l’entrebâillement de la porte et devine une silhouette fine et gracieuse qui a l’air de s’entrainer. Je ne sais pas, car je n’entends pas la musique. J’ouvre assez la porte pour pouvoir me glisser dans la salle et vais m’asseoir sur un banc, dans le dos de Sydney. Je la trouve vraiment magnifique. Ses cheveux sont serrés dans un chignon et ses vêtements lui collent au corps. Un corps fin et élancé, un corps de danseuse. Je me retrouve à sourire niaisement devant la beauté de ses gestes et leurs coordinations. Je me doute qu’avec la musique ça doit être encore plus beau…
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Dim 29 Déc - 3:25 | |
| La porte se referma dans un bruit de métal un peu assourdissant et je grimace tout en regardant autour de moi, m’excusant platement en adressant quelques sourires gênés aux personnes m’entourant. Je reste plantée un moment devant mon casier en métal, attendant que le silence et la solitude envahissent de nouveau la pièce avant de soupirer doucement. Je m’assois sur un banc en bois et ferme les yeux, inspirant et expirant doucement. Mes heures d’intérêts généraux sont finies pour aujourd’hui. Je sors mon portable de la poche de la veste que j’ai posé sur le banc et regarde l’heure : il allait bientôt être dix-huit heures. Est-ce que j’ai le temps d’aller à la salle de danse pour m’entraîner un peu ? J’ai tellement lâché les entraînements depuis un certain temps … enfin je n’ai plus du tout eu le temps d’y aller à cause de ces heures de d’intérêts généraux à l’hôpital. Le plus souvent, je reviens fatiguée et je n’ai qu’une envie : m’allonger sur mon lit ou m’empiffrer devant un épisode d’une série ou un bon film. Un nouveau soupir franchit mes lèvres, mais je me décide. J’ai envie de danser. J’ai besoin de danser. La danse m’a toujours détendue, apaisée, je ne vois pas pourquoi cela ne serait pas le cas aujourd’hui. J’avais besoin d’évacuer un peu tout ce qui se passe depuis ces dernières semaines.
Sortant de l’hôpital, j’ai une pensée pour le jeune homme, Milan, que j’ai croisé il y a un bout de temps et que je n’ai pas revu depuis. Mais la danse reprend sa place dans mon esprit et je ne pense plus qu’aux pas, qu’aux enchaînements. Je n’ai pas besoin de retourner à la maison, enfin à l’une des deux, vu que j’ai encore mon casier avec des affaires de danse à la salle. Mes pieds connaissent le chemin pour s’y rendre par cœur, je n’y pense même pas. Combien de fois ais-je fais ce trajet ? Me voilà enfin devant le bâtiment qui me manque tant et que je connais très bien. J’y rentre, croisant quelques personnes qui vont dans le sens inverse, certains me regardent, mais je les ignore. J’essaye de ne plus faire attention aux regards des autres depuis que j’ai été arrêté. Poussant les portes battantes des vestiaires, je me dirige vers mon casier et alors que je me change, je pense à demain soir quand je serais obligée de faire ma valise pour me rendre chez mon père. Comme à son habitude, ma mère ne sera pas avare de critiques à son égard peu avant mon départ. Si avant, mon père ne se gênait pas pour venir me chercher jusqu’au palier de la maison qui avait été autrefois familiale, depuis mon arrestation, il préfère m’attendre dans la voiture. Peut-être qu’il est le premier à se rendre compte que leur séparation m’a complètement fait perdre pied ? C’est bien, il serait temps.
Enfin prête, je vais dans la salle de danse. Je me sens déjà mieux habillée comme ça, je me suis toujours sentie rassurée quand je suis revêtue de mes habits de danseuse. Je pose mon sac près du banc et je m’installe près des barres en bois accolées au mur et m’échauffe, étirant mes muscles un peu endoloris. Cela fait un moment que je ne suis pas venue, mais mes heures à l’hôpital me font courir un peu partout. Je n’ai pas vraiment le temps de m’ennuyer. Veillant à bien échauffer tous mes muscles pour éviter un claquage, je m’arrête, étirant ma nuque pour finir. Je m’approche ensuite du lecteur et des enceintes et lance une mélodie modérée sans être trop douce. Je lève les yeux et regarde pendant un instant mon reflet dans les grands miroirs de la salle avant de m’élancer. J’enchaîne quelques pas simples pour commencer. Il faut que mon corps reprenne l’habitude, bien que ma pause ne fût pas longue, j’avais l’habitude d’y aller tous les jours il y a plusieurs semaines. Ce fut assez brusque comme changement. Mes pas se font plus rythmés, je suis totalement concentrée sur mon enchaînement. Bien que mes muscles tiraillent un peu sous l’effort, je sens que l’apaisement commence à s’installer, un vague sourire trône sur mes lèvres. Je me sens enfin moi-même depuis longtemps. Tout ça me fait repenser au Docteur Green, le psychiatre que je suis allée voir il y a peu de temps et qui m’a assuré que je pouvais revenir le voir autant de fois que je le voulais. J’hésite encore un peu, mais plus j’y pense et plus je me dis qu’il faudra bien un jour où je parlerais à quelqu’un.
Mes pensées divaguent et je ne suis plus concentrée à 100%. Mon pied glisse un peu plus loin qu’il ne l’aurait dû et je m’arrête automatiquement. Une mauvaise chute est si vite arrivée. En relevant la tête, je crois bien que j’ai la peur de ma vie quand j’aperçois une personne grâce au miroir. Je sursaute et me retourne, reculant d’un pas. « Qu’est-ce que …. » Mais je m’arrête, reconnaissant le jeune homme assis sur le banc et m’étonne. Milan ? Je m’avance lentement, attrapant ma bouteille d’eau au passage près du banc et m’assoit, le regardant. Je m’assure qu’il puisse bien voir mes lèvres avant de commencer à parler. Au moins une chose que j’ai retenue, en plus de sa gentillesse apparente. « Milan ? Qu’est-ce que tu fais là ? Enfin … » Je secoue la tête, choisissant un peu mieux mes mots. « Comment tu as su que j’étais là ? » Je lui offre un sourire sincère avant de lui partager mes pensées. « Je suis heureuse de te revoir. » J’ai bien veillé à articuler, j’espère que je n’ai pas parlé trop vite. Je bois une gorgée d’eau, soulageant ma gorge sèche et repose les yeux sur lui. Je n’ose pas lui proposer mon bloc note et mon stylo, après tout il m’a bien parlé l’autre jour ? Je m’étonne un peu de ma facilité à engager la conversation, mais la dernière fois, il s’est passé exactement la même chose. Peut-être qu’il a un don pour ça ?
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Mar 31 Déc - 7:03 | |
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J’ai un peu dû faire un parcours du combattant pour finalement me retrouver dans cette salle de sport, dans le dos de Sydney. Soutirer des informations à des médecins qui sont sous secret professionnel n’est pas évident. Bien sur, j’aurais pu user de ma technique favorite ; la manipulation. Mais après avoir longuement – et très difficilement – expliqué au médecin de la jeune femme, que je n’étais pas ici pour connaître la raison de ses séances de thérapie mais juste pour savoir où je peux la trouver, il a cédé. Et je suis plutôt fier de moi.
De nature plutôt timide et renfermé, je suis moi même étonné de voir à quel point je suis à l’aise dans cette salle, assis en tailleur sur le banc. Sydney est une des premières filles à ne pas me tourner le dos en comprenant mon handicap et le courant à vraiment bien passé l’autre jour lorsque nous étions dans la salle d’attente. Je l’observe évoluer sur le parquet de la salle de danse avec une telle grâce et une telle légèreté. J’en oublie presque que je n’entends pas la musique et surtout qu’elle ne se doute pas de ma présence. Je sursaute presque autant qu’elle lorsqu’elle se retourne, une main sur le cœur en découvrant ma présence. Je lui offre un petit sourire car je n’ai pas eu le temps de lire sur ses lèvres. Mais vu son langage corporel, elle est vraiment surprise de me voir ici. Elle prend une bouteille d’eau et vient s’asseoir à côté de moi. Je déplie mes jambes et frotte les paumes de mes mains moites sur mes genoux. Mon Dieu qu’elle est belle. Elle a cette facilité à me mettre à l’aise même si je me doute bien qu’il va falloir maintenant que je lui donne des explications sur ma présence. Je baisse les yeux sur ses lèvres et sourit encore un peu plus en la voyant dire qu’elle est heureuse de me revoir, bien qu’elle se pose des questions. Je détourne le regard deux secondes afin de chercher un moyen facile et rapide de lui répondre. L’autre jour, je lui ai plus ou moins parler mais je ne suis vraiment pas à l’aise. J’ai même honte de ma voix et de mon béguément. Parler lorsqu’on est sourd est épuisant et c’est pas facile. Je ne sais absolument pas ce que je dis… Mon regard se pose sur un grand tableau blanc sur roulettes. Je me lève et vais le chercher à côté du lecteur CD et trouve un stylo rouge. J’efface du revers de la manche les consignes de danse qu’il y avait écrit dessus et fait rouler le tableau jusqu’au banc, devant la jeune femme. J’écris simplement « j’avais envie de te revoir. » Pas besoin qu’elle sache comment j’ai fais ni pourquoi. J’avais juste besoin de la revoir. Elle a été tellement gentille avec moi l’autre jour et j’aimerais vraiment pouvoir l’aider.
Je lui souris et efface à nouveau les mots sur le tableau avant d’écrire à nouveau. « Tu danses très bien, tu me montres ? » Je ne peux malheureusement pas avoir une vraie conversation avec elle et j’ai toujours été plus à l’aise avec les gestes qu’avec les mots. Comme pour appuyer ma question, je pose le stylo et m’approche d’elle pour lui prendre la main et la faire se lever du banc. Je lui lance un regard encourageant. « Je… Suis mauvais… » essayais-je de l’avertir. Mais j’ai vraiment envie de partager quelque chose avec elle. Je baisse machinalement les yeux sur ses lèvres. Magnifiques lèvres d’ailleurs.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Mer 15 Jan - 0:10 | |
| S’il y a bien un moment où je me sens moi-même, c’est bien lorsque mes chaussons sont attachés à mes pieds et que je cale mes pas au rythme d’une musique. La danse est un merveilleux moyen d’évasion pour moi. Combien de fois m’y suis-je réfugiée lorsque mes parents ont entamé les procédures de divorce ? J’en avais plus qu’assez de leurs disputes, de les voir se déchirer de cette façon alors qu’ils me prenaient tous les deux à témoin. Mais témoin de quoi ? De leur attitude des plus décevantes ? De leurs comportements puérils et méchants l’un envers l’autre ? Oh oui, ça je l’avais bien vu, aucune inquiétude là-dessus. Que croient-ils ? Que cela va m’aider à choisir avec qui je veux vivre ? Mais je n’ai qu’une envie, les quitter tous les deux et m’installer toute seule. Loin de leurs remarques perfides sur l’autre devant moi ou devant leurs chamailleries incessantes.
Je crois bien que je n’ai même pas prévenu ma mère pour lui dire que je me rendais à la salle de danse et non à la maison comme d’habitude. Je n’ai pas envie de m’arrêter. J’ai beau aimer mes parents, je leur en veux. Un soupir s’échappe de mes lèvres et déconcentrée, j’exécute un faux mouvement qui me stoppe dans mon enchaînement. C’est en relevant la tête que je le vois. Lui, ici ? Surprise, je me demande comment il a su où me trouver, non pas que je ne désirais pas le revoir. Milan est une personne que j’avais envie de recroiser et que je n’avais pas oublié malgré le court moment passé ensemble à l’hôpital. Non pas à cause de sa surdité que je n’avais pas remarqué au départ, mais grâce à sa gentillesse. Juste sa présence avait été rassurante à mes yeux et je ne m’étais jamais autant sentie aussi calme qu’à ses côtés. C’est pour ça que je n’hésite pas pour le rejoindre, attrapant ma bouteille d’eau au passage. Je lui souris sans me forcer, et veille à ce qu’il puisse voir mes lèvres avant de parler. Je ne peux pas m’empêcher de dire ce que je pense réellement avec lui, je n’ai pas besoin de cacher ce que je ressens, je me demande si toutes les personnes qui le rencontrent ressentent la même chose. En tout cas, je suis vraiment heureuse de le revoir, le sourire sur mes lèvres suffit à le faire comprendre. Je bois quelques gorgées d’eau en attendant qu’il me réponde, me demandant comment il va faire. Parler ou écrire ? Il a l’air de choisir la deuxième solution vu que je le regarde se lever pour aller chercher le grand tableau blanc, celui qui sert à mes professeurs de danse à décrire des consignes ou des mouvements. Je l’observe silencieuse, toujours un léger sourire aux lèvres, dire qu’il en faut des efforts à mes parents pour que mes lèvres s’étirent vers le haut en leurs présences. Je crois même que cela n’est plus arrivé depuis le divorce, ou du moins, sans que je n’ai besoin de me forcer. Je vais bien ne t’en fais. Mes sourires veulent surtout dire ça. Mais pas avec Milan. Dire que je ne le connais pas réellement, juste son prénom.
Ce qu’il écrit me faire sourire encore plus largement et je le fixe, contente que cela soit aussi le cas pour lui. Je repose ma bouteille et je joins mes mains machinalement tout en lisant la suite. Je suis touchée par son compliment et baisse légèrement la tête avant de la relever qu’il puisse voir mes lèvres. « Merci beaucoup. » Alors qu’il s’avance vers moi pour me prendre la main, je le laisse faire et me relève, le suivant. L’entendre me parler de nouveau me fait plaisir car il n’a pas l’air de trop utiliser sa voix pour se faire comprendre, pourtant il m’a déjà parlé deux fois. Je lui souris et hoche positivement la tête. « Il n’y a pas de mauvais danseurs, seulement de mauvais professeurs. J’espère que je saurais à la hauteur. » Un léger rire s’échappe de mes lèvres alors que j’ai trouvé une danse qui n’est pas trop compliqué pour débuter. « On va essayer la valse si tu veux ? C’est plutôt simple. » Je garde sa main dans la mienne, la tournant légèrement, les joignant. Je lui prends l’autre main et la passe dans mon dos. « Tu garde ta main au niveau du haut du dos, près de l’omoplate. » Je pose la mienne sur son épaule, me rapprochant de lui et lui sourit timidement. Depuis combien de temps n’avais-je pas été aussi proche, du moins physiquement d’un garçon ? Je ne compte même plus. N’y pense pas, n’y pense pas, sinon … ça ne loupe pas, cette pensée fait légèrement rosir mes joues, mais je me reprends, lui expliquant le début. « On va commencer simplement. Tes pieds doivent tracer un carré, un pas en avant, un pas à droite, un pas en arrière, un pas à gauche. Ensuite on verra si on rajoute les pivots, ce n’est pas si compliqué, mais il faut déjà bien maîtriser cette technique du carré. » Je lui souris, espérant ne pas l’avoir embrouillé. Je repense à quelque chose et les mots sortent trop rapidement avant que je ne pense réellement à ce que je viens de dire. « Tu veux que je mette la musique pour … Oh non, c’est vrai. Pardon. Je vais juste dire les temps d’accord ? Regarde bien mes lèvres. » J’espère ne pas avoir gaffé, quelle idiote. Je lui souris timidement avant de lancer le rythme comme on nous l’enseigne. Le fameux « et 1, 2, 3 et 4 ». Si familier.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Mer 15 Jan - 6:37 | |
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Syndey est une rencontre comme une autre, comme on en fait dans le bus ou dans l’ascenseur de l’immeuble. Notre échange n’a duré que quelques secondes mais je peux déjà affirmer que cette fille ne me laisse pas indifférent. Sinon, je n’aurais pas fait des mains et des pieds pour la retrouver. Je n’ai pas oublié son sourire gêné en comprenant que j’étais sourds et surtout cette douce mélancolie dans ses yeux en me parlant de ses problèmes. Tout ça n’a duré que sept minutes, à tout casser, pourtant son regard accapare déjà toutes mes pensées. J’ai un peu souci de lui faire peur. Peut-être qu’elle se sent espionnée, épiée et suivie par moi mais vu le sourire qu’elle me rend en voyant mes mots grossièrement écrits sur le tableau blanc, elle semble au contraire plutôt ravie de me revoir. Ce qui fait presque chavirer mon cœur. Je suis un grand sensible, que voulez vous.
Je la vois rougir en baissant la tête après avoir lu mon compliment. Je me mords la lèvre inférieure, craquant complètement devant cette vision. Pour effacer ce moment de gêne, je m’approche de la jeune femme et lui prends la main. Pour moi, les contacts physiques c’est quelque chose de normal, j’en ai besoin. Je ne peux pas me faire comprendre autrement.
Je suis à l’aise avec ça mais je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde, alors je suis quand même rassuré qu’elle accepte ma main et qu’elle se lève pour me mener au centre du parquet de danse. Je regarde autour de moi comme un lapereau perdu. Mon Dieu, j’ai été con de lui demander ça franchement… Je vais me couvrir de ridicule moi qui possède deux pieds gauches. A l’école, j’étais incapable de courir sans me casser la figure. Je n’entendais pas la musique et alors que tout le monde s’arrêtait de courir suite aux indications du professeur, moi je continuais. Je crois que la plus humiliante des blagues qu’on a pu me faire c’était de me laisser courir dix minutes supplémentaires sans me dire que je pouvais en réalité cesser… Enfin bref. Syndey est bien plus douce et jolie que mon vieux professeur de sport, donc j’ai espoir qu’elle m’aide et qu’elle ne me laisse pas me couvrir de ridicule. Au pire des cas, nous sommes que les deux dans cette salle. Et l’autodérision et un bon moyen de briser la glace. J’use souvent de ça pour détendre les gens quand ils se retrouvent gênés en ma présence parce qu’ils ne savent pas quoi me dire.
Les lèvres de Sydney se mettent à bouger, je baisse donc automatiquement mon regard et souris à sa remarque. Elle rigole. Qu’est-ce que j’aimerais entendre son rire. Je me demande comment il est… Je suis sûr qu’elle a un de ces rires cristallins, pas un rire de cochon comme certains. Un rire à la hauteur de sa beauté. Revenons sur terre Rivers. Apparemment, la danseuse veut me faire faire quelques pas de valse. Je ravale difficilement ma salive en repensant aux bals que mes parents me faisaient regarder tous les premiers de l’an. C’était ennuyant à mourir. Mais après tout, ce ne sont que des clichés. Je hoche la tête pour montrer à la jeune femme que j’ai compris et la laisse placer mes mains correctement sur son corps. Je regarde nos doigts se lier puis tourne le regard sur mon autre main qui est à présent dans son dos. Je la vois rougir après s’être rapprochée de moi, ce qui m’arrache un petit sourire malicieux. Apparemment, je ne suis pas le seul à avoir les papillons dans le ventre. Aucune fille ne s’est volontairement rapproché comme ça de moi. Enfin si, il y en a eu une, qui a finit par me jeter comme une grosse merde parce qu’elle en avait marre d’aller voir des films sous titrés à cause de moi… Ne pensons pas à ça…
Je comprends rapidement l’histoire du carré avec les pas. Mais la pratique, c’est toujours très différent de la théorie. Je hoche la tête. Je frotte gentiment son dos en la voyant mal à l’aise à cause de son lapsus. Afin de la rassurer, je lui offre un sourire rassurant. Ca arrive souvent qu’on me fasse des blagues comme ça. Souvent, ce n’est pas fait exprès, je n’y prête plus vraiment attention. Au début, je m’énervais mais petit à petit, j’ai réussi à tourner ça avec humour.
Sydney lance le rythme et je me trompe déjà. Merde un carré mais depuis le pied gauche ou le pied droit ? Heureusement, la jeune femme ne m’en veux pas. On reprend et je fixe ses lèvres pour suivre le rythme. Le problème, c’est que je n’arrive pas à regarder ses lèvres tout en m’assurant que je n’écrase pas ses orteils… Je m’arrête et la regarde dans les yeux. Je commence a taper mon indexe sur sa peau, dans le rythme qu’elle venait de faire. Un… Deux… Trois… Quatre… Un… Deux… Trois… Quatre… Je crois que je commence à l’avoir. Je la lâche d’une main pour poser mes doigts sur les siens. Je lui fais comprendre par les gestes de taper le rythme avec son doigt sur mon épaule pour que j’arrive à garder le rythme. Je lui souris et nous recommençons. Grâce aux tapotements sur mon épaule, j’arrive mieux à suivre tout en regardant de temps en temps mes pieds pour m’assurer que ce que je fais est juste. Au début, je n’ai pas l’impression que ça ressemble à un carré mais petit à petit, il me semble que c’est mieux. Qu’est-ce que j’aimerais pouvoir écouter la musique qui va avec. Nos pas sont certainement plus harmonieux avec une mélodie en fond… Je baisse tristement les yeux, me rendant compte que je loupe certainement quelque chose. Je sais que la valse se danse sur une musique classique. D’après mes parents, c’est une musique lente, douce… Ma maman a essayé de m’expliquer tous les styles de musiques en commençant par la country. Apparemment, il y a beaucoup d’instruments à cordes pour ce style de musique et d’après elle, ça donne envie de danser. Apparemment, le style hip hop c’est surtout pour les jeunes qui s’habillent en pantalon large et casquette vissée sur la tête. Bien sur, je ne peux que me fier à ce qu’on m’a appris.
Pour écourter le moment de gêne, je m’écarte de la jeune femme et la fait tourner avant de me pencher en avant dans une révérence très, très mais alors très exagérée. Je rigole légèrement. « M… Merci. » Je reprends sa main et l’attire contre moi pour lui offrir un câlin de remerciement. Elle sent divinement bon. Je finis par me retourner vers le tableau blanc et attrape le stylo pour y écrire… « Depuis combien de temps danses-tu ? »
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Dim 19 Jan - 4:13 | |
| Si on m’avait dit que je rencontrerais une personne comme Milan lors de mes heures d’intérêts généraux, je m’y serais rendue avec un peu plus d’entrain chaque jour. D’ailleurs depuis notre rencontre dans la salle d’attente, j’espérais vraiment le revoir, mais je n’en ai pas eu l’occasion et me suis même dit que je n’avais pas du le marquer comme lui m’a marqué. Et pourtant c’est lui qui est venu à moi, dans cette salle de danse alors qu’il ne connait rien de moi. Hormis les quelques problèmes que je lui ai confié pour résumer ma vie catastrophique de ces derniers mois. D’ailleurs je ne sais toujours pas comment il a su où me trouver. Mais je laisse cette question de côté, heureuse de savoir qu’il est autant ravi que moi d’être ici. Le voir m’écrire, plutôt que de l’entendre me surprend un peu vu les quelques mots qu’il m’avait adressé à l’hôpital, mais je peux comprendre qu’il n’aime pas parler, après tout un malentendant n’entend pas sa propre voix, cela doit être assez perturbant. Et ne pas aider quand au volume sonore à employer ou juste aux sons à prononcer. Mais qu’importe, tant qu’il s’adresse à moi de n’importe quelle manière, je suis contente. Je ne sais pas vraiment pourquoi il me fait cet effet-là alors que je le connais à peine, mais je préfère vivre l’instant présent plutôt que de me poser trop de questions.
Son compliment me fait plaisir, malgré que je l’aie entendu déjà plusieurs fois, mais de sa part, cela me touche encore plus. Je regarde sa main tendue à mon égard et la prend sans trop hésiter, me redressant alors qu’il m’emmène au milieu de la salle. Lui montrer ? La valse est assez facile pour un débutant, j’imagine que sans entendre la musique il est déjà beaucoup plus dur de se caler à un rythme, il n’a pas du danser très souvent. Mais pourtant je suis sûre qu’il pourrait, il suffit simplement d’expliquer de façon à ce que ce soit le plus compréhensible possible et surtout de donner le rythme. Je lui fais placer ses mains sur mon corps et place les miennes sur le sien, un peu troublée par ce rapprochement physique, mais j’arrive à me reprendre. J’espère qu’il n’a rien remarqué. Je commence à lui expliquer concrètement à quoi ressemblent les pas et lui sourit, espérant être assez claire. Je réussi néanmoins à gaffer à propos de sa surdité et m’excuse rapidement. Je relève la tête alors qu’il semble vouloir me rassurer, je lui adresse un petit sourire, un peu déstabilisé par sa main contre son dos, je n’ai vraiment plus l’habitude, mais le fait que ce soit lui me perturbe encore un peu plus. J’inspire doucement avant de lui donner le rythme et de commencer les pas. J’évite son pieds qui part du mauvais côté et lui sourit, le rassurant. Ne surtout pas se laisser abattre par des erreurs, on en fait tous. On fait quelques pas quand il s’arrête soudainement, me fixant. J’allais lui demander ce qui se passait quand il commence à taper un rythme de son index contre ma peau. Un frisson me parcourt l’échine, mais je me concentre sur le rythme qu’il entreprend avant de le laisser prendre ma main pour la poser contre son épaule. Je comprends qu’il veut que je fasse la même chose afin qu’il puisse garder le rythme tout en regardant ses pieds pour être sûr de ne pas écraser les miens. Je hoche la tête, contente de l’avoir compris sans qu’il ait eu besoin de me dire un mot et de me l’écrire, avant de taper doucement le rythme contre son épaule tout en reprenant les pas avec lui.
Nous évoluons un moment, il commence à maîtriser parfaitement les pas. Relevant un peu la tête, je capte un sentiment de tristesse sur son visage, je n’ose pas lui demander ce qui ne vas pas et continue à danser avec lui. Finalement il esquisse un mouvement totalement indépendant et me fait tourner au bout de son bras. Je souris en le regardant s’incliner et m’incline aussi, comme le faisait les danseurs il y a très longtemps. Entendre de nouveau sa voix me rend heureuse, mais je me fais peut-être des idées. Peut-être qu’il parle aussi avec des autres personnes, pas seulement avec moi. Après tout, et même en comptant ce moment, on n’est resté même pas une heure ensemble. Je le laisse m’attirer contre lui, un peu stupéfaite. Je n’avais jamais eu autant de contact physique avec une personne en si peu de temps. Mais je suppose que ce n’est que grâce à cela qu’il peut se faire comprendre. Je passe mes bras autour de sa taille et lui rend son étreinte, souriante. Je me redresse et le regarde, mettant mes lèvres à portée de vue. « De rien, tu es un très bon élève. On recommence quand tu veux. » Je le regarde retourner vers le tableau blanc, lisant rapidement ce qu’il y écrit. Je réfléchis un moment, prenant le temps de compter. « Depuis mes six ans, ça fait donc … quatorze ans. » Je n’avais jamais pris le temps de réfléchir à ça, c’est vrai que c’était ma toute première passion dans la vie : la danse, le ballet plus précisément. Mon regard se fait un peu plus vague alors que je regarde la salle dans laquelle nous sommes. « Quand je danse, je me sens vraiment libre. J’oublie tous mes problèmes, le monde extérieur, c’est comme si plus rien ne pouvait m’atteindre. Ça m’aide beaucoup en ce moment … mais je n’ai plus vraiment le temps d’y aller avec … l’hôpital. » Maintenant que j’y pense, il ne sait pas que j’y suis pour des heures d’intérêts généraux. Je ne sais même pas si j’arriverais à le regarder en face si jamais il me demande pourquoi je suis là bas. Ce n’est pas forcément bien vu. Surtout si je me mets à évoquer les raisons. Ah quelle idiote j’ai été. Quoi que, une part de moi songe au fait qu’il ne me jugerait pas. Mais pourtant j’ai quand même peur de sa réaction. Enfin je me fais sans doute trop de films, on ne se connait pas réellement. Du moins on commence tout juste. « J’imagine que la danse ne sera sans doute jamais ta passion, mais tu as quelque chose comme ça toi aussi ? Une activité qui te permet de te sentir mieux ? » Je repense de nouveau aux séances que m’a proposé le docteur Green. Peut-être devrais-je réellement y réfléchir.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Mar 28 Jan - 19:04 | |
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Dès que cette histoire de temps à compter à commencé, j’ai regretté de lui avoir demandé de m’apprendre quelques pas de danse. Fixer ses lèvres pour réussir à suivre le rythme tout en faisant attention à ce que je fais avec mes pieds n’est vraiment pas facile pour moi. J’ai failli me laisser envahir par la panique en comprenant que mon handicap allait une fois de plus me jouer des tours… Pourtant, j’ai gardé mon calme et j’ai trouvé une autre manière de m’en sortir. C’est incroyable à quel point Syndey est patiente et compréhensive. Je ne connais pas beaucoup de filles qui ont réussi à passer plus de cinq minutes avec moi. Pour les autres, je suis vite ennuyant. Je ne peux pas avoir de grandes conversations et on ne peut pas partager des impressions sur un nouvel album de musique ou un dernier film sorti au cinéma. En venant ici, j’avais un peu peur de foncer dans le mur mais finalement, Sydney est bien plus consciliente que ça et on se retrouve à passer un bon moment à danser tout les deux. Enfin, c’est surtout elle qui danse, moi je me contente de reproduire les pas de manière assez robotique, peu naturelle. Si ma maman me voyait, elle serait sûrement morte de rire.
Après une révérence exagérée et une étreinte échangée, je me retourne vers le tableau blanc. J’ai l’impression que cet objet va être mon nouveau meilleur ami, ce qui m’attriste dans le fond. C’est dans ces moments là que ma surdité me pèse. Sydney me plaît de plus en plus mais je me doute déjà de ce qu’il va se passer dans le futur. Quand elle en aura marre de pas pouvoir regarder un film sans les sous titre, qu’on ne pourra pas aller à un concert de rock ou qu’on se sera tout dit, elle partira avec le premier venu qui aura une ouïe parfaite. Avec moi, le tour est malheureusement très vite fait.
Elle m’explique brièvement sa passion pour la danse et même si je fixe ses lèvres pour être sûr de ne pas louper un mot, je ne peux pas m’empêcher de la regarder avec admiration. Nous avons tout les deux une passion que nous aimons depuis notre plus jeune âge. Nous nous trouvons de plus en plus de point commun et ça rempli mon cœur de joie malgré tout. Lorsqu’elle me parle de l’hopital, j’aimerais lui demander ce qu’elle y fait à part voir un psychiatre car lorsque je l’ai vue pour la première fois, elle portait une blouse blanche et elle tenait un balais entre ses mains. Mais je n’ai pas envie de la mettre mal à l’aise ou de prendre le risque de la braquer alors je garde mes questions pour moi même. Elle enchainte en me retournant la question en quelque sorte. Je tourne le regard vers le tableau blanc avant de finalement aller vers l’entrée de la salle de danse pour prendre mon sac à dos laissé au sol. Je fouille brièvement dedans avant d’en sortir mon porte documents contenant les bandes dessinées que j’ai à rendre cette semaine. A petits pas, je retourne vers Sydney et lui tend les feuilles. « Le… Le dessin. Pour m... m’exprimer. » C’est un peu ironique pour moi d’utiliser le terme « exprimer » étant donné que c’est pas un domaine dans lequel j’excèle mais le dessin a toujours été une manière pour moi de parler, de faire partager mon imagination. Je travaille pour plusieurs journeaux de la ville, leur rendant chaque semaine une planche chacun et le libraire m’a déjà proposé d’en vendre également. Je ne peux pas avoir un job comme tout le monde alors je fais ce que je peux avec ce que j’ai.
J’ai les mains qui tremblent légèrement en donnant les feuilles à Sydney. On a beau me dire que je suis doué dans ce domaine, j’ai toujours peur que les gens me disent que c’est joli et que ça leur parle alors que pas du tout. Je me sens souvent comme un enfant qui donnerait un dessin à ses parents et ceux ci feraient semblant de dire que c’est joli alors que c’est sans intérêt. Même si moi mes bandes dessinées racontent une histoire.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Dim 2 Fév - 17:49 | |
| Je suis plutôt impressionnée par la concentration dont fait preuve Milan, alors qu’il doit suivre le rythme de la danse. J’imagine que pour lui, cela doit être dur, même en lui donnant le rythme, de ne pas se mélanger les pinceaux pour danser. Je n’arrive pas à imaginer ma vie si jamais je n’avais pas l’audition. J’aurais sans doute choisi un autre parcours que la danse. Moi qui adore danser depuis toute petite, sans musique, cela doit être bien fade, sans doute triste. Je ne peux imaginer me séparer de ma passion, celle qui me fait avancer depuis toute petite, celle qui me permet de m’évader, d’oublier des morceaux de ma vie non glorieux ou qui me blessent. Pour en revenir à la valse, j’ai eu l’impression que Milan était un peu stressé au début, mais je trouve qu’il ne s’en sort pas si mal que ça. Sa démarche est peut-être moins fluide que la mienne, mais je ne peux pas lui en vouloir. Je trouve même qu’il se débrouille pour quelqu’un qui ne doit pas danser très souvent. Finalement, la leçon de valse se termine et un sourire franc étire mes lèvres en le voyant s’incliner, comme à l’ancienne presque, je fais de même. Je dois avouer que je suis un peu surprise lorsqu’il m’enlace, n’ayant plus trop l’habitude des contacts physiques, surtout avec un garçon, mais je me détend instantanément. Je retourne m’asseoir et boit quelques gorgées d’eau avant de lui parler de ma passion un peu plus en détail. Je pourrais en parler pendant des heures, vantant tout le bien que cela m’a apporté, mais j’aurais peur de l’ennuyer. J’en viens à lui demander, si lui aussi, il a une passion qui lui permet de s’exprimer, de souffler un peu.
Je m’attends à ce qu’il écrive de nouveau sur le tableau et d’ailleurs il hésite lui aussi, mais finalement je le suis du regard alors qu’il retourne dans l’entrée pour fouiller rapidement dans son sac. En le voyant sortir un porte-documents, mes pensées se tournent vers le dessin. C’est vrai qu’il y a six mois de cela, j’étais encore étudiante en arts et ça me plaisait beaucoup, aller en cours était presque libérateur à un moment, mais je me suis vite laissée influencer par d’autres personnes et je n’ai pas profité comme je l’aurais voulu. L’université commence à me manquer un peu. Je le vois hésiter, un peu nerveux, lorsqu’il me tend les feuilles, mais je lui souris pour le rassurer. Que pense-t-il ? Que je vais me moquer de ce qu’il fait ? C’est bien quelque chose que je n’oserais pas faire, surtout qu’il est comme moi. Il a besoin de quelque chose pour s’exprimer. Lui le dessin, moi la danse. Je prends les feuilles et fut légèrement surprise de voir qu’il dessine des bandes dessinées. Je suis un peu émerveillée, depuis toute petite, c’était toujours ma page préférée quand mon père lisait son journal, j’attendais impatiemment qu’il me le donne quand il finissait de le lire. Je parcours longuement les planches de dessins, assez fascinée et appréciant beaucoup son style de dessin. Je relève les yeux vers lui en souriant. « J’aime beaucoup, ton coup de crayon, ton style, les couleurs utilisées, l’histoire, c’est superbe. C’est un travail très impressionnant » Je reste un moment dans ma contemplation avant de rajouter, sans oublier de lever la tête pour qu’il voit mes lèvres. « J’étudiais les arts avant, je devais analyser n’importe quelle œuvre artistique, qu’importe sa nature. Tu es vraiment doué tu sais ? » Je les regarde encore pendant un moment avant de les lui rendre. « Tu dessine depuis combien de temps ? Tu as appris tout seul ou tu es allé dans une école ? » Moi qui étudie les arts, je ne serais sans doute pas capable de reproduire ce qu’il fait, je suis plus dans la théorie.
Reprenant une gorgée d’eau, mes pensées vaguent du côté de mes souvenirs de fac, de mes cours. Je ne sais même pas si après la fin de mes travaux d’intérêts généraux, je serais capable d’y remettre les pieds. On m’a expliqué que je pouvais retourner en cours pendant la durée de ces heures, mais je n’ose vraiment pas. Je n’ai pas envie de revoir les personnes à cause de qui je fais ces heures désormais. Il faudrait que je recommence tout à zéro. Je soupire intérieurement avant de regarder Milan. « Tu fais publier tes bandes dessinées ? Je ne les avais jamais vu je crois, enfin je ne lis plus les journaux depuis un moment. » Il m’arrive de feuilleter les vieux magasines en salle d’attente, pendant mes pauses, mais ils datent presque tous d’il y a dix ans. Il y a une question que je tiens à lui poser, mais j’ai peur de le brusquer ou de le vexer. Pourtant elle me brûle les lèvres. Je lève le regard vers lui, un peu anxieuse de sa réaction. « Dis-moi … est-ce tu t’exprime souvent en parlant ? Ou c’est rare ? » Qu’est-ce que la réponse pourrait bien m’apporter ? Je n’en sais trop rien, peut-être que cela me donnerait l’impression qu’il agit spécialement avec moi. Je reprends immédiatement. « Tu n’es pas obligé de me donner une réponse, si cela te gêne hein. » Je lui souris timidement. J’imagine qu’échanger avec d’autres personnes, surtout des personnes qui ont l’audition ne doit pas être simple. Personnellement, je pense qu’un échange n’est pas seulement dans les mots, mais aussi dans les gestes, les regards, les attentions. Les mots sont assez souvent superficiels dans certaines situations.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Jeu 6 Fév - 7:20 | |
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Je suis un peu nerveux de montrer à Sydney ce que je fais pour gagner ma vie. On m’a souvent traité de « geek » ou « d’éternel gosse » parce que ma passion se résume aux bandes dessinées. C’est vrai que ça peut paraître un peu enfantin quand on connaît mon âge mais d’un côté, je n’ai connu que ça toute ma vie. J’ai commencé à dessiner très tôt pour m’occuper ne pouvant pas écouter de la musique ou avoir des conversations normales avec des personnes de mon âge. Sans parler que j’ai arrêté d’aller à l’école à cause des moqueries des autres. Pour moi, c’était donc clair et net que j’allais dessiner pour le restant de mes jours. On me complimente souvent par rapport à mon art alors pourquoi m’arrêterais-je ? Et même si ça ne me permets pas de gagner beaucoup d’argent, j’arrive quand même à payer mon studio et de quoi me nourrir.
Le sourire que Sydney me fait lorsque je lui tends le porte documents me rassure légèrement, même si j’ai peur qu’elle me trouve trop « geek » et trop « gamin » en voyant mes supers héros. Je fixe ses lèvres, accroché à sa réaction. Finalement, elle me dit qu’elle aime bien ce que je fais, ce qui me fait sourire. Me voilà rassuré. Je m’asseye à ses côtés sur le banc, un peu penché en avant pour être sûr de ne pas louper un mot de ce qu’elle pourrait me dire. Elle m’explique rapidement qu’elle étudiait l’art à l’université. Une part de moi l’envie d’avoir pu suivre des cours normalement. J’aurais vraiment aimé connaître cette chance. Tout le monde doit vivre ses années d’écoles et moi je les ai passées à la maison avec un professeur pouvant parler le langage des signes. Syndey me rend mon dossier et me demande depuis combien de temps je dessine. J’indique avec mes doigts que cela fait depuis sept ans que je dessine mais je n’ai pas le courage de lui parler, de lui dire que j’ai appris tout seul et le tableau blanc est trop loin. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas de ne pas répondre à sa deuxième question.
Sydney devint pensive tout d’un coup. Je baissais les yeux sur ses mains, me sentant de nouveau abattu. Je commence à me demander si c’était une bonne idée de venir ici. Certes, la jeune femme pourrait très bien rester une bonne amie mais je reste persuadé qu’elle en aurait marre de moi et de ma surdité au bout d’un moment. Et le problème c’est que je suis vraiment en train de m’attacher à elle.
Me sortant de mes pensées, je vois les lèvres de Syndey bouger à nouveau. J’essaie de lire ce qu’elle me dit mais j’ai du mal tant je suis un peu perdu d’un coup. Je me contente d’hocher positivement la tête. La jeune femme semble hésiter à nouveau avant de finalement me demander si je m’exprime souvent avec la parole. Je baisse quelque peu les yeux, un peu gêné avant de finalement prendre une inspiration. « E…Essaie de… parler… avec… de la… musique très… fort… dans tes… oreilles… » C’est un peu près ce que je ressens lorsque je parle. Je ne m’entends pas. C’est très dur de savoir si j’emploie les bons mots, si je parle fort ou pas. Je n’aime vraiment pas parler. Syndey est la première personne à qui je parle autant. Mais c’est surtout parce qu’elle ne pratique pas le langage des signes. J’ai la chance d’avoir une famille qui a appris cette langue juste pour me faciliter la tâche. Le reste du temps j’essaie de me faire comprendre avec mes mains ou j’écris sur mon portable, dans un petit carnet. Tous les moyens sont bons.
Je finis par me lever, épuisé par les quelques paroles que je viens de dire, pour me diriger vers le panneau. Je dessine rapidement une tasse de café fumante avec un point d’interrogation à côté. Ca aurait été plus simple d’écrire mais maintenant que Syndey connaît ma passion, c’est plus rigolo de dessiner.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Sam 15 Fév - 22:59 | |
| En le voyant un peu plus nerveux alors qu’il me tend ses feuilles de dessins, je me demande ce qui peut bien l’angoisser autant. D’habitude, on est plutôt heureux de partager ce qu’on sait faire le mieux avec les autres, même un peu fier, mais là, c’est comme s’il s’attendait à ce que je critique obligatoirement ce qu’il fait, comme un sentiment d’appréhension quant à mon avis. Critiquer ce qui lui permet de s’exprimer ne me viendrait même pas à l’esprit. Chacun ses rêves, ses passions, personne n’a le droit de juger ce que l’on aime. C’est ce qui nous comble et ce qui rend notre vie un peu plus meilleure. Sans la danse, j’aurais peut-être décrochée encore plus vite et les heures d’intérêts généraux n’auraient pas été suffisantes pour payer ma peine.
En tout cas, me voilà avec des planches de bande dessinées entre les mains et je ne peux m’empêcher de toutes bien les regarder, impressionnée par son style et sa technique. Tout en feuilletant les planches, je lui explique que je suivais auparavant des cours en art à l’université. Cela me manque un peu, peut-être aurais-je le courage d’y retourner un jour. Lui rendant ses feuilles, je tourne mon visage vers lui et, curieuse, je lui demande depuis combien de temps il dessine et s’il a appris tout seul. Me montrant avec ses mains que cela fait sept ans, j’hoche la tête et ne me formalise pas de ne pas avoir de réponse pour le reste de mes questions. Il m’arrive d’être trop curieuse parfois et puis, si on peut se revoir, nous aurons encore le loisir de faire un peu plus connaissance. C’est vrai que j’aimerais énormément le revoir un peu plus souvent. L’hôpital n’est pas vraiment un endroit où je pense et j’aime rencontrer du monde, il ne me fait penser qu’aux fautes que j’ai commise et à ce que je dois faire pour me racheter. Et sans doute que ma curiosité me jouera un mauvais tour, mais je ne peux m’empêcher de lui demander s’il lui arrive de parler souvent, de s’exprimer à haute voix. Néanmoins je reste hésitante dans ma façon de lui demander, après tout, peut-être que c’est une question sensible et que je mets les pieds dans le plat. Directe après notre deuxième rencontre, génial quoi. Il a l’air un peu gêné et je m’apprêtais à lui redire qu’il n’avait pas besoin de me répondre, mais il le fait quand même. Et par la parole. D’ailleurs sa réponse me fait réfléchir, me laissant pensive et silencieuse un moment. En effet, c’est bien quelque chose que je n’ai jamais essayé, mais je peux quand même me rappeler de la sensation étrange de ne pas entendre sa voix lorsqu’on essaye de parler à ses amis en plein milieu d’une boite de nuit avec la musique à fond. On est bien content quand on sort enfin de l’endroit pour pouvoir parler de nouveau. Lui c’est en continu.
Je réponds assez brièvement. « J’imagine que ça me perturbera un peu, au niveau de la tonalité surtout, savoir si on parle assez fort ou pas, si on prononce correctement. » Je le suis du regard alors qu’il s’était relevé pour retourner près du tableau blanc. Souriant à son dessin qui était en fait une proposition pour aller boire un café, j’hoche la tête positivement. C’était original comme façon de demander et ça me plait. Je me redresse et lui adresse quelques mots en indiquant avec mes doigts de m’attendre pendant 5 minutes. « Je me change et j’arrive dans cinq minutes. » Je lui souris et récupère mon sac avant de me diriger vers les vestiaires. Je troque ma tenue de danse contre mes vêtements habituels et m’étire un peu avant de passer de l’eau sur mon visage et de détacher mes cheveux. Récupérant mon sac, je retourne le chercher dans la salle et lui fait signe que je suis prête.
Nous sortons de la salle et ensuite de l’école et commençons à marcher le long d’une rue à la recherche d’un café. Je tourne mon visage vers lui, enthousiaste. « Dis moi, tu pourrais m’apprendre quelques mots en langage des signes ? Par exemple … » Je réfléchis quelques secondes avant de reprendre. « … comment est-ce qu’on dit bonjour ? Ou je m’appelle … ? » Je lui souris avant de rajouter. « Enfin je ne veux pas t’embêter, c’est juste que … vu que parler semble épuisant pour toi, je pourrais apprendre un peu pour que ça soit plus facile de communiquer… bien que j’adore tes dessins. C’est la première fois que l’on me propose un café de cette façon. » Je ris légèrement avant de reprendre, un peu plus timidement. « Enfin … comme j’espérais qu’on puisse se revoir plus souvent, ça pourrait être utile ? » Je lui souris gentiment.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Dim 23 Fév - 9:06 | |
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Je me sens un peu mal de zaper les questions de Sydney mais c’est juste que c’est compliqué pour moi de lui répondre… J’aimerais que ça soit plus simple, qu’elle puisse avoir une réponse à toutes ses questions mais on perdrait un temps fou devant ce tableau blanc et c’est assez rabaissant pour moi de devoir me servir de ce truc pour pouvoir m’exprimer. C’est plus simple avec mes parents et mon frère car ils ont appris le langage des signes. Peut-être pourrais-je apprendre deux ou trois trucs à Sydney histoire que nos dialogues soient plus simples ?
Pour cacher ma gêne, je me relève vers le tableau pour dessiner une tasse de café fumante. Ca la fait sourire, ce qui étire mes propres lèvres vers mes oreilles. Cette fille est tout simplement magnifique. Je hoche la tête lorsqu’elle m’indique qu’elle va aller se changer et moi je retourne vers mon sac à dos où je range un peu mes affaires. La prochaine fois, je penserais à prendre le livre que ma famille utilise pour me parler avec les signes. Ca pourrait être intéressant et on arriverait mieux à communiquer.
Il me faudra plusieurs secondes pour voir que Syndey est de retour dans la salle. Elle marche tellement doucement que je n’ai pas senti les vibrations de ses pas sur le parquet et je n’ai pas pensé à relever tout de suite le nez vers la porte. Elle a troqué sa tenue de danseuse pour des vêtements simples mais qui lui vont tout aussi bien. Mais ce que je remarque tout de suite c’est à quel point les cheveux détachés lui vont bien. La première fois que nous nous sommes vus, elle portait une blouse de nettoyage et ses cheveux étaient aussi attachés. Je suis vraiment bluffé par la beauté et la simplicité qu’elle dégage. Elle ne porte pas de maquillage, ou très peu et ses vêtements sont loin d’être extravagants. Pourtant, elle est magnifique. Oups, je crois que je bave. Je secoue un peu ma tête et passe ma main dans mes cheveux bouclés pour les remettre en arrière avant de la rejoindre en mettant mon sac à dos sur mon épaule.
Lorsque nous marchons dans la ruelle, j’essaie de ne pas trop lui jeter des regards, je n’ai pas envie qu’elle se sente observée mais j’ai tellement peur qu’elle se mette à parler et que je manque ses lèvres que je préfère la regarder du coin de l’œil. Au bout de quelques minutes, elle se retourne vers moi et me confie l’envie d’apprendre quelques signes. Je souris largement avant de la voir s’emballer. J’ai du mal à la suivre tant elle parle vite en étant entousiaste, ce qui me fait légèrement rire. Je crois que j’ai dû louper la moitié de son discours. Je tourne la tête pour trouver un Starbucks. Cet endroit est souvent bondé mais c’est pas grave, j’ai pas envie qu’on marche pendant trois heures alors je l’invite à me suivre à l’intérieur du café.
Une fois que nous avons pris commande – ce qui relève de l’exploit pour moi – et qu’on nous a donné notre boisson, on s’installe à la seule table de libre. Il doit y avoir un brouahaha monstre autour de nous à cause de tous ces étudiants et ces hommes de bureaux mais moi je ne l’entends pas. Je pose ma main sur celle de Sydney pour attirer son regard. « B… Bonjour… » Je lève ma main droite devant moi, à plat puis la remonte pour lui montrer le signe qui correspond au mot. Jusque là, ce n’est pas compliqué. Je l’encourage à m’imiter, souriant de toutes mes dents. Je trouve ça vraiment adorable qu’elle fasse l’effort, qu’elle veuille apprendre quelques mots pour me décharger. Ca me fait vraiment plaisir. Je me remets à fouiller dans mon sac à dos et sort ma tablette tactile. Toujours très utile pour moi. Surtout beaucoup plus utile qu’un téléphone portable, ça ne servirait à rien de me téléphoner. Enfin bref. Je vais dans les notes de la tablette et y tape : « Je t’apporterai un livre sur le langage des signes. Si ça t’intéresse vraiment de l’apprendre. Parce que je compte bien te revoir. » Je fais glisser la tablette sous ses yeux puis m’assure qu’elle l’ait lu avant de reprendre la tablette vers moi et d’y écrire : « Tu as pris quoi comme boisson au fait ? » C’est une conversation digne de deux enfants mais malheureusement, il nous serait compliqué de parler politique et cinéma. J’espère bien en apprendre un peu plus quand même. J’allais glisser la tablette lorsqu’une main se pose sur mon épaule. Je tourne le regard vers un des meilleurs amis de mon frère jumeau. Je manque de m’étrangler. Je n’ose même plus regarder Syndey. Le jeune homme commence à se moquer de moi, du fait que je suis en présence d’une fille alors que je n’ai pas la parole. Ca a toujours été comme ça…
J’ai une relation très compliquée avec mon frère. Nous sommes nés le même jour et nous sommes physiquement pareils, mais lui n’est pas sourd et il m’en a toujours voulu parce que forcément, j’ai eu un peu plus d’attention de mes parents et lui en a souffert. Du coup, nos rapports ont toujours été un peu tendus. Ses potes n’hésitent pas à se moquer de moi et c’est en grande partie pour ça que je préfère rester seul chez moi à dessiner plutôt que de sortir dans les rues de la ville et prendre le risque de tomber sur l’un d’entre eux et m’en prendre plein la figure.
Je ne veux pas que Sydney voit ça et encore moins qu’elle prenne ma défense alors je pousse la main du garçon et l’ignore. Mais il reste à notre table. Je ne le regarde pas, donc je ne sais pas ce qu’il raconte sur moi mais je me doute bien qu’il doit être en train de dire à mon invitée à quel point elle perd son temps avec un sourd. Mes doigts se crispent autour de ma tasse, je la fixe sans rien dire. Je n’ai jamais pu me défendre et j’avoue que je laisse un peu trop couler suivant quoi. Je veux juste qu’il se barre.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Dim 9 Mar - 19:58 | |
| Certains auraient pu commencer à fatiguer d’une discussion comme celle que nous avons avec Milan, c’est vrai que communiquer semble ressembler à un parcours du combattant, mais malgré la difficulté pour échanger, je ne laisserais pas tomber. Milan, du peu que je le connaisse encore, est un garçon adorable, souriant et je n’ai qu’une envie : en savoir plus sur lui. Et apprendre le langage des signes commence à devenir une évidence pour moi, mais je le ferais avec plaisir. Surtout si ça peut le décharger un peu et puis il y aura bien dès fois où il ne pourra utiliser aucun support pour communiquer avec moi et lire sur les lèvres doit le fatiguer à force.
Je file me changer après qu’il m’ait proposé d’aller boire un café, non sans l’avoir prévenu avant et range mes affaires de danse dans mon vestiaire. J’espère ne pas l’ouvrir d’ici deux mois, il faut que j’y retourne plus souvent, que je prenne le temps d’y retourner. Ces travaux d’intérêts généraux n’ont pas à piétiner ma vie et ma passion, je dois juste les intégrer à mes habitudes désormais, en priant pour que cela se finisse vite. Reprenant mon sac, je détache mes cheveux tout en marchant pour le retrouver à la salle de danse. Il lui faut quelques secondes pour me voir et je lui adresse un sourire franc quand il relève la tête vers moi. Quelques minutes après, nous voilà dehors, déambulant, à la recherche d’un endroit pour se poser tous les deux. Ayant intégré l’idée que je dois parler un peu plus doucement et surtout qu’il puisse voir mes lèvres, je me tourne vers lui avant de commencer à lui confier mon envie d’apprendre quelques signes. Mon enthousiasme non-caché semble l’amuser et j’espère qu’il sera contagieux car j’ai vraiment envie de pouvoir communiquer au mieux avec Milan.
Finalement nous rentrons dans un Starbucks, bondé comme toujours et bruyant. Mon regard se pose sur le jeune homme, je m’imagine qu’il n’endure sans doute jamais cette petite agression sonore quotidienne dès que l’on rentre dans un magasin ou un service de restauration. Après avoir récupéré nos boissons commandées, je le suis à la seule table libre restante et m’assoit en face de lui, posant ma boisson sur la table et veillant à ne pas en renverser. Mon regard divague sur les autres clients du café, un groupe d’étudiants semble travailler dans un coin de la salle, je me demande bien comment ils font. Je tourne doucement mon visage lorsque je sens que l’on pose une main sur la mienne. Je relève la tête pour regarder Milan qui semble vouloir me dire quelque chose. Je me concentre sur lui et fais obstruction du bruit nous entourant. Il semblerait qu’il commence à m’enseigner quelques signes. Enthousiaste et avide d’apprendre, je regarde attentivement le geste qu’il fait pour dire bonjour et tente de le reproduire sous son regard attentif et encourageant. Je m’y reprends à plusieurs reprises pour bien l’assimiler avant de lui sourire. « Je ne me débrouille pas trop mal ? » J’ai hâte d’en apprendre encore plus.
Je porte ma boisson à mes lèvres, soufflant légèrement dessus alors qu’il sort de son sac une tablette tactile. Encore plus pratique que le tableau blanc. Je bois quelques gorgées alors qu’il écrit quelques mots avant de reposer ma tasse quand il pousse la tablette vers moi. Je lis rapidement et attentivement avant de sourire spontanément, sans même y réfléchir. C’est fou à quel point sourire devient naturel avec lui, moi qui suis obligée de me forcer dès qu’il s’agit de mes parents. Avec lui, je n’y pense même pas. J’hoche doucement la tête positivement avant de relever mon visage. « Oh oui, ça serait super ! Il faudrait que je m’en achète un pour réviser un peu quand je serais chez moi. La prochaine fois qu’on se verra, tu pourras constater mes progrès. » dis-je en souriant. Je le laisse écrire, reprenant ma boisson entre mes mains pour me réchauffer un peu, mais avant qu’il ne puisse me montrer la tablette, un jeune homme nous interrompt, posant la main sur l’épaule de Milan.
Je l’observe, ils semblent se connaître, mais Milan n’a pas l’air enchanté de le voir. Et je comprends assez vite pourquoi quand je l’entends se moquer de lui, plus particulièrement de sa surdité et de ma présence avec lui. J’ai beau être assez ouverte d’esprit, je ne comprends pas sa logique. En quoi le fait qu’il soit sourd devrait l’empêcher de parler, du moins communiquer, avec une fille ? Milan ne semble pas vouloir réagir, mais je ne supporte pas vraiment ce genre de comportements. Néanmoins je ne sais pas s’il voudrait que je prenne sa défense. Malgré qu’il ait pu voir que sa présence n’était pas vraiment désirée, le jeune homme reste à notre table et commence à me parler. Perdre mon temps avec lui, des discussions inintéressantes et j’en passe, le jeune homme ne semble pas lésiner sur ses arguments pour que je laisse Milan en plan pour aller avec lui. Je le fixe, sans vraiment l’écouter avant de lever ma main vers lui, pour le stopper. « S’il te plait, je ne veux pas être méchante, mais si c’est pour dire des choses pareilles, je préfère que tu te taises. Merci pour la proposition, mais comme tu peux le voir, je suis en pleine discussion avec Milan. Ravie de t’avoir rencontrée. » Mon ton était sec et sans appel. Je détourne la tête avant de reprendre quelques gorgées de ma boisson, ignorant totalement le jeune homme à côté de nous.
Je ne sais pas lequel est le plus surpris entre lui ou moi, mais cela fait bien longtemps que je n’avais pas répondu comme ça à quelqu’un, j’ai pris l’habitude de m’écraser. Mais je n’accepte vraiment pas qu’on s’en prenne à des personnes comme ça, surtout que Milan est adorable et il n’a rien demandé. Le jeune homme, un peu vexé semble-t-il, quitte notre table et je fais glisser doucement la tablette vers moi pour lire ce qu’il y avait d’écrit. Je lève mon visage vers Milan et lui sourit. « J’ai pris un chocolat viennois signature, tu veux goûter ? » Je lui tends ma boisson avant de reprendre. « Et toi ? » demandais-je en jetant un coup d’œil à sa boisson. Curieuse, je ne peux néanmoins pas m’empêcher de lui demander. « Dis … tu le connaissais d’où ? Il semblait te connaitre assez bien … si on oublie toutes les bêtises qu’il peut sortir. » J’espère qu’au moins il ne s’est pas trop senti blessé parce qu’il avait dit, des abrutis pareils, il faut les ignorer plutôt que les écouter.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Jeu 20 Mar - 7:16 | |
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Quand j’ai été en âge d’apprendre le langage des signes, toute ma famille a dû en faire de même pour pouvoir communiquer avec moi sans problème. J’étais petit et je ne comprenais pas trop qu’il fallait aussi lire sur les lèvres. Comme toute personne malentendante, j’ai pris des cours pour apprendre à parler avec mes mains et surtout à comprendre ce que la personne en face de moi voulait. Je me rappelle que pour mes parents, ce n’était pas évident mais qu’ils s’y mettaient avec tout leur cœur pour pas que je me sente exclu. C’était très important pour eux que ma famille puisse parler de la même manière que moi. Mais mon frère ne pensait pas vraiment pareil. Dans le fond, je ne peux pas lui en vouloir mais c’est vrai qu’il a mis plus de temps pour s’y mettre. Au jour d’aujourd’hui, il le parle seulement s’il en est obligé, sinon c’est à moi de lire sur ses lèvres. Pour le peu qu’on parle bien sur…
C’est pour ça que ça me fait franchement plaisir de voir que Sydney semble enthousiaste à l’idée d’apprendre quelques mots. Je commence par les bases bien sur, car après ça devient tout de suite plus compliqué. Mais elle s’en sort bien et vu le sourire qu’elle m’offre, on dirait qu’elle y prend même du plaisir à le faire. Je lève mon pouce pour répondre à sa question et lui faire comprendre qu’effectivement, elle s’en sort très bien.
Je me sers de la tablette tactile pour lui parler. Je crois que c’est le meilleur cadeau que mes parents m’aient fait lorsque j’ai quitté la maison. Ca me permet de faire tellement de choses dont je ne serais pas capable. Vive la technologie. Et je dois dire que pour le coup, je suis content de l’avoir avec moi car ici, dans ce Starbucks, il n’y a pas de tableau blanc. Sydney me fait savoir qu’elle aura fait des progrès jusqu’à la prochaine fois qu’on se voit. Donc on va se revoir ? Elle en a envie ? Mon côté adolescente essaie tant bien que mal de se pointer mais je retiens mes petits pas de danse de joie pour simplement lui offrir un grand sourire. Je crois que mes zygomatiques n’ont jamais autant travaillé qu’en sa présence.
Sauf que malheureusement, mon sourire disparaît rapidement en sentant une main se poser sur mon épaule. Lorsque je relève les yeux, je vois un ami de mon frère. Je sais qu’il me parle mais je ne regarde pas ses lèvres, exprès. Je veux juste qu’il s’en aille. Alors j’opte pour l’ignorance, comme à chaque fois qu’ils s’en prennent à moi. Je prie intérieurement pour que Sydney ne dise rien. Je n’ai pas envie qu’elle prenne ma défense. J’ai un minimum d’égo, surtout devant une fille qui me plaît. Sauf que le meilleur ami de mon jumeau se tourne vers elle pour lui parler. Je soupire et me passe une main dans les cheveux, me retenant de lui en coller une. Forcément, il a un avantage, parler avec Sydney rend les choses plus faciles. Je suis sur le point de me lever pour partir quand je fixe les lèvres de Sydney qui remballe le jeune homme. Il semble marmonner quelque chose à ses potes à propos du fait que je me fais défendre par une fille puis ils partent.
La danseuse reprend notre conversation comme si de rien était et me donne même sa boisson pour que je puisse la goutter. Je la prends entre mes doigts mais la pose sur la table. Je n’ai plus vraiment l’âme de parler café à vrai dire. Je me sens humilié. Pas vraiment par ce qu’il a dit mais plutôt par le fait que Sydney ait pris ma défense comme si j’étais un petit agneau. C’est gentil, je sais que ça part d’une bonne intention mais j’ai toujours eu pour habitude de me débrouiller seul avec eux. A tous les coups, la prochaine fois que je vais voir mon frère, il va me faire des remarques et ça me gonfle déjà que je ne puisse pas avoir une conversation normale avec Demyan.
Toujours aussi douce, Syndey me questionne à propos du meilleur ami de mon frère et je détourne le regard pour regarder la foule quelques secondes avant de soupirer et de reprendre ma tablette tactile. « C’est le groupe d’amis de mon frère jumeau. » Je lui pousse ma tablette et lui redonne sa boisson avant de me cacher derrière ma tasse de thé indien. « Il a… Raison. » C’est tout ce que j’arrive à dire pour le moment. J’ai pas envie qu’elle ait pitié de moi, qu’elle essaie de me rassurer. Ca a toujours été comme ça et ça ne changera pas de si tôt. « Peut-être… Je devrais… Aller… » C’est pas mon genre de me laisser abattre mais là pour le coup, j’en ai marre. Syndey est la première fille qui m’accorde un peu d’attention et il faut toujours que quelque chose gâche tout.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) Mar 1 Avr - 0:05 | |
| Je pense bien qu'apprendre le langage des signes va être un chemin plutôt long et compliqué, mais l'envie d'apprendre est belle et bien présente. Le voilà qui commence déjà à m'enseigner mon premier mot et je fais tout pour m'appliquer, et mes efforts ont l'air de porter leurs fruits car il semble satisfait de mes gestes. La discussion continue grâce à sa tablette tactile qui est décidément bien pratique, ça lui évite d'écrire et surtout de devoir parler, j'ai pu vite comprendre que ce n'était pas quelque chose qu'il aimait faire. Malgré la bonne ambiance régnante entre nous deux, celle-ci se tend immédiatement à l'arrivée d'un garçon à notre table qui semble connaître Milan. Je suis assez surprise des propos qu'il tient et surtout de la non-réaction du jeune homme qui se contente simplement de l'ignorer. J'ai longtemps réagi de la même façon, très récemment je commence peu à peu à reprendre confiance en moi et à répondre à ceux qui me regardent de travers ou qui me balancent en pleine figure mes anciennes activités dont je ne suis pas fière. On se ressemble un peu sur ce point, sauf que dans son cas, j’appellerais plus ça de la méchanceté gratuite.
Je lève les yeux vers l'autre garçon qui commence à s'adresser à moi, continuant de rabaisser Milan par sa particularité physique. Il ne pensait quand même pas s'attirer les faveurs des filles, et surtout les miennes, en rabaissant une personne vraiment incroyable, bien que je ne le connaisse depuis peu, sous mon nez ? Je le fais rapidement taire, agacée et espère qu'il va comprendre le message et s'éloigner de notre table. Et bien heureusement c'est ce qu'il fait, non sans ajouter un commentaire sur le fait que se faire défendre par une fille, pour un mec c'est pas très glorieux. Je lève les yeux au ciel, l'ignorant et j'espère vraiment que c'est ce que Milan a fait. L'ambiance s'est quelque peu refroidi, même après le départ de l'autre garçon. J'essaye de lui faire retrouver un semblant de sourire, continuant la discussion que nous avions au départ, lui proposant de goûter ma boisson, mais il ne semble plus très disposé à communiquer. Est-ce que j'ai fais ou dit quelque chose de mal ?
Ça m'angoisse un peu, décidément je ne serais donc pas très douée pour les relations avec d'autres personnes ? Je tente néanmoins de le faire réagir, lui parlant du garçon, ils avaient l'air de se connaître, je me demande bien d'où. Finalement il tape rapidement quelques mots sur sa tablette qu'il me montre. Des amis de son frère jumeau. Un frère jumeau ? Je suis surprise et cela doit se voir sur mon visage. Je n'ajoute rien à ce sujet, s'il ne m'en avait pas parlé avant c'est qu'il y a bien une raison et vu sa bande d'amis et ce qu'ils disent sur Milan, la relation entre les deux ne doit pas être au beau fixe. Je récupère ma boisson et le fixe, déconcertée par ce qu'il vient de dire. J'ouvre finalement la bouche pour protester, mais il reprend la parole. Voulant capter son attention pour qu'il regarde mes lèvres, je pose une de mes mains sur la sienne.
« Hé … Je … Je ne sais pas si j'ai fais ou dit quelque chose de mal, mais … je suis désolée. »
Je suis un peu surprise de la tournure de notre conversation qui avait si bien débuté. Milan semble s'être renfermé sur lui-même, je me reconnaîtrais presque dans son attitude. J'allais continuer, mais mon portable m'annonce l'arrivée d'un message. Je le lis rapidement. Ma mère qui veut savoir où je suis et qui voudrait que je rentre expressément. Je lève les yeux vers lui, un peu triste que notre discussion se termine ainsi.
« Je vais y aller aussi, ma mère veut que je rentre ... »
Dans d'autres circonstances, je l'aurais ignoré, mais j'ai bien l'impression que Milan veut couper court à notre discussion, du moins c'est l'impression que j'ai. Je baisse la tête avant de récupérer un stylo dans mon sac et une feuille de papier. Je griffonne quelques chiffres avant de le faire glisser devant lui.
« Si jamais tu veux m'envoyer un sms … Je te répondrais. Je … Encore désolée si j'ai fais quelque chose de mal, ce n'était pas intentionnelle. »
J'hésite un peu, attrapant mon sac, passant la sangle sur mon épaule avant de le regarder, croisant son regard. Finalement je rajoute.
« N'écoute pas ceux qui ne te voient pas à ta juste valeur. N'écoute que ceux qui te veulent du bien, ce sont eux qui détiennent la vérité à ton sujet et pas des abrutis comme eux. »
Je lui sourit avant de presser ma main contre la sienne et de me lever. Je suis un peu déprimée de voir comment notre rencontre finie, j'espère qu'on ne s'arrêtera pas à ça. Vraiment. Car de ce que j'ai pu apprendre sur lui en quelques heures, j'aime beaucoup Milan. Je lui fais un dernier signe de la main avant de quitter le café, reprenant le chemin de la maison. Je jette un coup d’œil à mon portable et je prierais presque pour recevoir un message de lui dans les jours qui viennent. Faite qu'il ne m'oublie pas.
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| (#) Sujet: Re: + you're probably an angel (sydney) | |
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