(#) Sujet: Run away, far away from me. Lun 27 Jan - 23:25
Nolan & Miya -
Souplesse de mes mains. Chemins inclassables dans mes doux cheveux flottants. Lisses comme un courant d’onde pure sur mes épaules blafarde. Coulée blonde, remontée négligemment sur ma nuque. Gauche. Droite. Balade interminable au rythme de mes pas. Encore et encore. Inlassables balanciers, quand la porte s’ouvre.
L’univers de la transpiration. L’odeur acide monte à la tête, brûle mes yeux. Une mèche de cheveux m’échappe, glisse sur ma joue. Voile léger sur mes yeux, vite éradiqué par mes doigts vifs. Bref. Je tourne. Détourne les poids, passe sur ma hanche un courant de liberté. Pas aujourd’hui. Courir sur place, voilà un beau programme. Lentement, en douceur, mes doigts effleurent les rênes de ma monture. Ecran frigide. Carré gelé, compteur de calories. Je le chevauche, l’empoigne, et démarre en douceur ma course dans le vide. Course fixe. Inlassable. Course interminable. Comme quoi.
Tu cours, à côté de moi. Tu te donnes. Ton corps s’agite, sursaute sous tes pas nerveux. Les muscles de ton dos se dessinent sur le gris du tissu. Tes cheveux se collent à ta nuque. Aucun doute, tu es là depuis longtemps. Tu sues, tu vides ton corps de son eau précieuse. Sans bouger. Là, à ta place, tu forces ton corps en vain. De quoi on a l’air ? Je détourne mon regard, fais traîner les pieds sur le tapis. Lourde, et pourtant si légère. Mes bras se plient, accompagnent le mouvement de mes hanches. Gauche. Droite. Eternelle rengaine, finalement. Rien ne change. Jamais. Toujours la même chose. Et le rythme a beau être différent, on ne fait qu’aller à gauche et à droite.
Mes cheveux fouettent ma joue, mes lèvres entrouvertes et sèches. Pause. Eau. Tout est froid dans ma gorge, gel agréable. Je me sens fraîchir. Je me sens frissonner. Approche maladroite, ta main sur le cadran. Mon cœur bat trop vite, pas pour toi. Pour l’effort. Pourquoi j’étais là ? Pour suer avec les autres. A quoi bon ? Du bout de mes doigts moites, je passe une mèche de mes cheveux derrière mon lobe. Tu me regardes, sourire tendre. Qu’est-ce que tu veux ? Je cours, tu ne vois pas ? Je reste sur place, sans le moindre espoir de changement. Ce tapis, c’est ma vie. Une belle allégorie. Je baisse mes yeux, fixe mon vernis écaillé. Pas un mot. Pas un sourire. Qu’est-ce que ça nous apporterait ? Si tu as besoin de moi, fais le premier pas. Après, nous retournerons courir sans but, chacun de notre côté.
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(#) Sujet: Re: Run away, far away from me. Mar 28 Jan - 21:32
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(#) Sujet: Re: Run away, far away from me. Mar 28 Jan - 23:30
Nolan & Miya -
Nouvelle. Nouvel espoir quand mon regard se détourne. Je m'imagine que si je t'ignore, tu te vexeras. Tu partiras. Lèvres pincées. D'un geste de tête vif, je dégage mon visage de mes cheveux envahissants. Humides. Collés à ma peau, ébats brûlants. Souffle épuisé. Longue inspiration. Gauche. Droite.²
« Bonjour. »
Politesse intransigeante. Regard fuyant. Tu me le vole, une fois. Rien qu'un instant. Ton air suffisant m'agace. Pincement au cœur. Souffle douloureux. Gauche. Droite. Rythme dansant de mes poings serrés. Pourquoi tu restes là ? Ta main sur le compteur m'empêche de voir ce que je perds. Je perds ce qui me constitue. Cellule aqueuse qui perle sur mon front. D'un revers maîtrisé, glisse sur mon front le dos de ma main. Tu restes là, intransigeant. Perdre mon poumon. Perdre mon souffle. Perdre ma vie. Tu me dis des choses horribles. Comme si courir sur ce tapis allait me faire mourir. Comme si ça m'inquiétait de mourir ici. Et puis, nouvelle, nouvelle. Agacement. Tic, tac. Nouvelle, tu n'as aucune idée de qui je suis. Tic. Mes yeux se posent sur ta main, posée là. Tac. Tu es irritant. Sourcils froncés, je ralentis. Tic tac. Tes ongles sur le tableau digital me rendent folle. Tic, tac, claquent tes ongles. Ils attirent mon attention, me déconcentrent. Tu le fais exprès, c'est évident. Pourquoi ? Ma foi. J'ai pas peur de toi. Stop. On arrête le temps. Cette fois, c'est moi qui prend le dessus.
« Je cours depuis longtemps. Merci de t'en inquiéter. »
Sourire. Sourire tendu. Sourire faux. Je grimace, plisse mes yeux, et baisse mon regard. Terminé. Je retournais courir. Du bout de mes doigts, j'ai poussé ta main du tableau. Chiffres digitaux, évolution perturbée. Je veux pas porter de poids, je veux rester là. Laisse moi. Va-t-en.
Idiote. Je ne suis qu'une pauvre idiote. Accrochée à mon tapis sans but. Course folle, interminable. Ridicule. Ca n'a aucun sens de courir sur place. Ca n'a aucun sens de refaire ma vie dans une salle de sport. Je descends du tapis, reprends ma bouteille d'eau. Dernier sourire. Serviette éponge sur les épaules. Détour derrière toi. J'attrape mon sac. Dernière gorgée humide au fond de ma gorge. Finalement, j'allais porter des poids. Avec mes jambes. Me faire les cuisses.
« Bonne fin de journée. Bon courage. »
Derniers mots. Et je te tourne le dos.
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(#) Sujet: Re: Run away, far away from me. Mer 29 Jan - 15:49
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(#) Sujet: Re: Run away, far away from me. Jeu 30 Jan - 13:59
Nolan & Miya -
Tic. Sa remarque misogyne me fais hausser les épaules. Robotique entêtée. Pas un mot de plus quand il laisse couler son regard mielleux sur mes courbes. Ah, tu m’attends. Tu attends une réaction. Quelque chose qui me fera sortir de mes gonds. Dommage. Tu t’es jetée sur la mauvaise proie. Je ne suis pas la tendre gazelle juteuse. Plutôt le crocodile au cuir épais. Un pas en avant, deux pas en arrière. Je fuis, attrape un nouvel outil. Tu es acharné, tu me suis, poursuis ton dîner toutes dents dehors. Si tu savais. Si tu savais à quel point tu allais te casser les dents. Je souris, amusée, alors que tu t’assois face à moi. Tu sais, c’est moi qui mène la danse. Tu t’en doutes pas un instant. Pourtant, je tiens les rênes de notre rencontre. Si tu es un lion, moi, je suis la lionne.
« Tu t’adresses toujours aux gens de façon si agressive, à des moments aussi inopportuns ? »
Ma réponse se ponctue d’un sourire. Les yeux plissée, les commissures des lèvres relevées, je pose enfin mon regard sur le tien. J’allais pas te laisser croire que j’avais peur de toi. J’avais beau ne pas aimer les gens, ça m’empêchait pas de pas vouloir me laisser faire. Mais déjà tu te présentes. Lonal. Nolan. J’arriverai jamais à prononcer ton prénom. Tu deviens donc « le chiant », pour moi-même. J’abandonne mon idée d’exercice, me redresse. Penchée vers toi. Tu ne sauras jamais qui je suis. Moi-même je ne le sais pas.
« Miya. »
Fin de la partie. Enfin. Pour ma part. Je sais que tu vas me pousser hors de mes tranchées. Que tu chercheras des petits détails qui me vexent. Tu sais, je n’ai jamais réagi à quoi que ce soit. Ce n’est pas toi qui vas me faire changer d’attitude.
« Qu’est-ce que tu me veux ? »
Claquée comme ma main sur ta joue. Mon sourire disparaît, s’éteint. Terminé la lumière et la politesse. Tu ne m’atteindras pas. Parce que m’atteindre signifie être malheureux. Tu as l’air bien dans ta peau, inutile de venir de frotter au chardon de ma vie. Alors fuis, fuis très loin de moi tant qu’il en est encore temps. Ne cherche rien en moi. Je suis vide. Va-t-en.
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(#) Sujet: Re: Run away, far away from me. Jeu 30 Jan - 14:40
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(#) Sujet: Re: Run away, far away from me. Dim 9 Fév - 0:25
Les plus belles rencontes. Je lève les yeux aux ciels. Comme si on se rencontrait à ce moment précis. Rencontre. Contre. Nous sommes contre, des aimants qui se repoussent. Des énergies opposées, simplement parce que moi, je n’ai pas d’énergie. Ancolie pâle fanée au cœur de mon visage, mon regard se perd, t’oublie, s’éloigne et disparaît. Si seulement j’étais née princesse. Quelque chose de beau, de précieux. Je suis fragile, mais pas précieuse. Alors quel intérêt ? Je passe une mèche de mes cheveux derrière la courbe de mon oreille. Tu déblatères, pose ta main sur mon bras.
Pardon ? Je frissonne, fronce mes sourcils. Agressée. Envahie dans mon espace personnel. Mes poings se serrent, mes lèvres aussi. Pas un mot ne m’échappe quand tu t’enfuis. Va-t’en je t’ai dit. Je ne veux pas de toi, et très vite, tu ne voudras plus de moi. Très vite tu me perdras dans des méandres nébuleux. Et tu en seras soulagé. Tu sais, je sais comment fonctionnent les Autres. Ceux qui ne sont pas comme moi. Tu te permets une boutade. Je hausse les épaules. Debout sur mes jambes droites je secoue la tête.
« Je vais me muscler toute seule. »
Pourtant je bouge pas. Enracinée face à ton corps imposant. C’est absurde. On n’est même pas des connaissances. On n’est rien. Ni toi, ni moi, séparément, on veut rien dire. C’est dérangeant, d’être là, en face d’un être dont l’existence n’a pas plus d’importance que la mienne. Plus dérangeant que d’être face à quelqu’un qui vaut plus que nous, ou moins que nous. Être face à toi me rappelle douloureusement que je ne suis pas unique. Oh, je le savais déjà, j’ai admis l’idée longtemps avant de te rencontrer. Mais je la garde dans un coin de ma tête. Je n’aime pas trop m’en rappeler. Eh bien. Je reste là, face à notre médiocrité déconcertante. Je sais pas ce que j’attends. Pas toi, évidemment. Alors quoi ? Ma tête hurle, et crache une douleur lancinante qui fait pleurer mes yeux. C’est absurde. Pars, maintenant. On n’a rien à se dire.
« Excuse-moi, je suis pas en forme. Je vais… Me contenter de trottiner. »
Fuite vaine. Je peux pas mentir. J’apprécie que tu t’adresses à moi. Que tu sois là. Que tu me regardes te tourner le dos. Regarde mes cheveux se balancer au rythme de mes pas. Gauche, droite, comme les valves de mon cœur qui s’ouvrent et se ferment. Je suis idiote. Je n’attends rien de toi, tu n’auras rien de moi. Parce que j’ai rien à t’offrir. C’est vraiment idiot.
« Tu ne coures plus ? Tu es fatigué, peut-être. »
Fuit avec moi, sur ce tapis mouvant, qui te laisse, statique, rêver de lendemains qui changent.
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(#) Sujet: Re: Run away, far away from me. Sam 15 Fév - 19:02