Six mois, six mois de douleur, de culpabilité, d'absence, de manque, ça faisait six mois que je ressentais tout ça en moi. Ces six mois correspondait à la mort de Charlie. Je ne pouvais pas m'en remettre en voyant souvent Benjamin, même sans le voir je ne pourrais jamais m'en remettre. Ont ne se remet jamais de la mort d'un proche malgré tout le soutien et l'amour de nos proches vivants. Ils peuvent faire le maximum mais il ne te feront jamais oublier la douleur et le manque, on enfuit ces deux sentiments mais ils restent en nous à jamais. J'avais quitté la fac sur un coup de tête pour tout le monde sauf pour moi, c'était un choix réfléchi, j'avais réfléchi peu de temps mais à une vitesse hallucinante. J'aurais flingué mes études et voir Benjamin en permanence aurait été trop dur pour moi, je lui avais enlevé son petit-frère. Comment pourrait-il me pardonner ça ? Il ne pouvait pas malgré l'amour qu'il avait pû me porter, il ne pouvait pas me pardonner, tout était de ma faute et j'avais pas d'autres choix que faire avec. De toute façon, à quoi bon faire des études si mon truc, c'est de faire la cuisine ? D'ailleurs je pouvais remercier de tout coeur Skyler. Il était mon sauveur au niveau professionnel et son soutien avait était essentiel pour ne pas que je sombre. D'ailleurs j'étais véritablement heureuse quand je cuisinais, la cuisine était l'endroit où je me sentais le mieux. Les gens détestent toujours le lundi car le lundi tu reprends les cours ou le boulot, peu de personne aime l'école ou le boulot mais moi j'adore le lundi mais le mardi, je déteste ce jour, tout simplement parce que Charlie est mort un mardi. Il faudrait que je me décide à aller au cimetière même si ça doit me tuer intérieurement, c'était déjà presque le cas mais je le devais à Charlie. J'avais acheter des lys blancs, d'après la fleuriste c'était les fleurs à acheter pour se recueillir sur une tombe donc bon, ont va dire que je lui avais fais confiance. Je détestais les cimetières mais bon, c'était la journée donc c'était moins sinistre que le soir mais bon. Je cherchais son nom à travers les allées. Une personne était là et plus je m'approchais d'elle et plus je me rendais compte que c'était Benjamin qui se recueillait sur la tombe de son frère. Que faire ? Je suis là et si il est là aussi c'est que ça devait se passer comme ça alors je ne vais pas faire marche arrière et affronter tout ce que Benjamin va sans doute me reprocher. Je m'avançais vers la tombe et posais les fleurs sur le dessus de la tombe avant de me reculer pour être à côté de Benjamin :

- Bonjour Benjamin.

Que dire d'autre ? "Je suis désolée", "Comment ça va ?", il faut être sérieux dire ça ne servira à rien et ne fera qu'accentuer la colère que Benjamin a pour moi. Je baissais la tête et fermais les yeux, attendant que Benjamin lâche toute sa colère sur moi.

C'est vrai que j'avais pas fait beaucoup d'effort pour signaler ma présence, pas une seule branche n'avait craqué sous mon pied et pas une seule pierre n'avait roulé à cause de mes pas. Je n'étais pas une ombre mais j'aurais pû être une ombre que j'aurais pas été plus silencieuse. En même temps dans un cimetière tu as pas idée de faire du bruit, avec les églises, c'est un des endroits où le silence est tel que tu n'as pas envie de le briser pour quelques raisons que ce soit. Enfin bref, là n'est pas la question. Ca faisait six mois que je n'avais pas croisé Benjamin et pourtant, en le revoyant, tout me poussait à croire que la dernière fois que je l'avais vu datait d'hier, ce qui n'est pas le cas. Je revoyais ce qui m'avais fais craquer chez lui, ce qui m'avait pousser à ne pas repousser son premier baiser et ce qui m'avait poussé à continuer cette relation qui a mené Charlie là où il est actuellement. Je n'avais rien oublié de Ben malgré les six mois loin de lui. Il me manquait, horriblement, tout me manquait, ses baisers, son corps, ses lèvres, ses caresses, ses mains sur mon corps, me réveiller près de lui, voir son sourire sur son visage et enfin le bonheur que je vivais avec lui à ce moment. Le simple mot de Benjamin me rappela à quel point j'adorais écouter sa voix pendant les cours, cours que j'avais quitté à cause de la douleur. Du temps était passé et peut-être suffisamment pour le voir sans avoir envie de m'enfuir et de fondre en larmes, rongée par la culpabilité et la tristesse. Je souris et ris en l'entendant mais c'était nerveux. Pensait-il vraiment que j'allais si bien que ça ? :

- Oh, je vais aussi bien qu'une fille qui a perdu une personne à qui elle tenait beaucoup, d'une fille qui a arrêté de voir celui qu'elle aimait car elle savait qu'il lui en voudrait et d'une fille totalement paumée mais sinon, je suis en pleine forme.

Ironie quand tu nous tiens. Je pris mon courage à deux mains et osais enfin le regarder. Mais vraiment, pas les yeux baissés ou de travers, vraiment, presque en le fixant :

- Et toi ? La forme ?

Oui, je voulais savoir comment il allait. Autant en savoir le plus possible avant qu'il me hurle qu'il ne voulait pas jamais me voir de toute sa vie et qu'il m'en voudrait à jamais. Et puis, je crois bien qu'au fond je l'aimais toujours autant qu'avant.

Benjamin devait être aussi paumé que moi pour me dire que j'avais l'air en forme. De l'extérieur, oui, j'étais la même, j'étais toujours la blondinette qu'il avait connu, je n'avais pas décidé de changer de couleur de cheveux ni même de me teindre en rouge en signe de mal-être, je n'aurais pas le courage de sortir si j'avais les cheveux rouges de toute façon. Pour le physique rien n'avait changé mais à l'intérieur de moi, rien ne serait plus comme avant, plus jamais. Mon coeur était brisé en mille morceaux, partagé entre peine, culpabilité et envie de me punir. Méritais-je vraiment d'être encore en vie ? Sans doute sinon la vie m'aurais déjà tué depuis six mois. Je n'arrivais plus à sourire ou alors très difficilement même pour essayer de faire bonne figure j'y arrivais pas. J'entendis Benjamin déglutir avec difficulté, ma réponse avait dû le vexer ou lui faire comprendre que j'allais pas aussi bien que ce que mon état pouvait laisser penser. J'avais oublier à quel point son regard pouvait me faire chavirer mais je ne devais pas céder. A quoi bon céder ? En plus nous étions dans un cimetière et devant la tombe de Charlie ce n'était vraiment pas le bon endroit pour céder à mon envie. Malgré sa réponse, je sentis sa voix trembler, il me mentait enfin je crois ou il voulait tenter de me rassurer pour ne pas que je m'inquiète pour lui, je soupirais :

- Je vois.

Il baissa les yeux, je fis de même, il les relèveraient pas vers moi, pas de sitôt tout de moins. Je l'écoutais parler sans le couper avant de parler que je sentis qu'il avait finit, je regardais la tombe :

- Il me manque aussi. Je m'attends toujours à entendre sa voix mais ce n'est jamais la sienne que j'ai quand je réponds à mon téléphone ou quand on me parle. J'y arrive pas non plus, chaque jour je me dis que je vais me réveiller et réaliser que ce n'était qu'un cauchemar mais chaque jour c'est la même chose, depuis 6 mois, c'est la même chose. Chaque jour est une souffrance perpétuelle.

Je le regardais, il avait les yeux fermés. Qu'est-ce que je pouvais faire pour tenter de nous remonter le moral à lui comme à moi ? Le prendre dans mes bras ? Non. Je regardais sa main et la prise doucement non sans hésitation, je baissais la tête et fermais les yeux, la serrant doucement, j'allais bien voir sa réaction. J'espérais qu'elle serait positive quand même. Ce geste voulait simplement dire que je le soutenais dans sa peine comme je la ressentais aussi, à la différence que c'était son frère et qu'il était mon meilleur ami.

Benjamin devait penser que je lui en voulais, que j'avais espéré ne plus jamais le voir de toute ma vie. Après tout, je ne pouvais pas lui en vouloir, mon attitude laissait penser ça. Je devais sembler froide, distante, insensible, sans sentiments autre que l'indifférence et en plus j'avais fuis la fac, je l'avais fuis lui, j'avais fuis Benjamin, j'avais fuis l'homme que j'aimais pour ne plus souffrir et au final, je souffrais encore plus mais revenir à la fac était exclu, j'avais un boulot que j'aimais, un patron sympa et je ne voulais pas faire autre chose que la cuisine. Néanmoins, revoir Benjamin me faisait du bien, son visage, son odeur et sa présence m'avait manqué. Enfin du bien ... ça me faisait souffrir aussi, je l'aimais toujours enfin je crois et ne pas pouvoir l'embrasser me faisait un mal de chien, je l'avais tellement fait que je ressentais un véritable manque, ses lèvres me manquaient et j'ai bien peur de ne plus jamais pouvoir les goûter. En fait, je crois que la façon dont je me comportais était ma façon d'extérioriser ma douleur, lui faire comprendre que j'étais pas bien même si il le savait, ça se voyait, c'était pas compliqué à voir. J'ignorais ce que ça faisait de perdre un frère ou une soeur et je le saurais jamais, j'étais fille unique mais Charlie était mon meilleur ami, presque un frère alors Ben et moi devions ressentir à peu près la même douleur, la même peine suite à sa mort. J'en venais même à me demander pourquoi je vivais. Je crois que seul l'espoir me permettait de pas me tirer une balle dans la tête enfin d'avaler un flacon entier de médicaments avec une bouteille entière de whisky. J'aurais jamais le courage enfin la lâcheté de me tirer une balle dans la tête. L'espoir de pouvoir faire un jour le deuil de Charlie, je pensais que m'éloigner de la personne qui l'aimait le plus en plus de moi, faciliterait le travail du deuil mais ça ne fait que le rendre plus difficile et douloureux.

Je dois dire qu'en sentant sa main rester dans la mienne sans un seul signe qui pourrait dire qu'il voulait échapper à mon emprise me rassurait grandement. Ce contact peau à peau m'avait manquait, je devais le reconnaitre. Mais ce qui m'étonna le plus, c'est pas qu'il laissa sa main dans la mienne, c'est qu'il m'attira contre lui, doucement et pour moi, c'était un geste plein de douceur. Il me murmura qu'il était désolé. Désolé de quoi ? C'est pas lui qui avait tué Charlie. C'est notre relation, notre idylle entre Benjamin et moi qui l'avait tué. Du coup, je ne pouvais pas dire autre chose que ces trois mots :

- Je suis désolée.

C'était de notre faute et dire qu'ont étaient désolés nous permettaient sans doute de déculpabiliser. Enfin moi, c'est ce que je ressentais, je pouvais enfin lui dire que j'étais désolée de l'avoir privé à jamais de son petite frère, je n'avais jamais voulu ça en entamant une romance avec Benjamin t lui non plus sans doute. Je ne pû retenir des sanglots et des larmes, contre se torse que j'avais si souvent embrassé et dans ses bras qui m'avait si souvent serré. J'avais besoin de pleuré contre lui et c'est ce que je fis, sans pouvoir m'arrêter, mon visage contre lui respirant son odeur. J'ignore combien de temps cette étreinte durera mais j'espère le plus longtemps possible.