Je n'étais pas certain de mon avenir, mais une chose était sûre, je voulais faire mon métier correctement. Me levant relativement tôt, je file sous la douche avant d'enfiler une paire de jeans ainsi qu'une simple chemise noire. Rapidement, j'arrive à côté de la machine à café afin d'appuyer sur son bouton on/off. Depuis que je ne vis plus dans la maison que Seven et moi avions acheté il y a de nombreuses années maintenant, j'ai l'impression d'avoir tout à portée de main et de moins perdre mon temps à marcher dans les couloirs. Chose que je fais assez quand je suis à l'hôpital et que je dois rejoindre un service ou l'autre. Ma tasse de café matinale avalée, je file une dernière fois à la salle de bains avant d'attraper toutes mes affaires et de partir travailler. Pour certains, l'hôpital n'est pas loin de chez moi, mais je préfère tout de même m'y rendre en voiture. La matinée se passe tranquillement et je soupçonne la rentrée des classes d'il y a quelques semaines d'y être pour quelques choses. Seulement des consultations basiques, un rhume pour les plus chanceux que ne passera qu'avec de la patience et un bon paquet de mouchoir. Officiellement médecin depuis deux années maintenant, je connais l'hôpital comme ma poche et emprunte un couloir afin de me rendre dans les chambres de mes patients afin de vérifier que tout va pour le mieux pour eux -dans la mesure du possible évidemment-.  Ma montre toujours accrochée à mon poignet gauche me permet de surveiller l'heure et de ne pas tâter la venue de ma petite amie. La cafétéria d'ici n'était peut-être pas le meilleur restaurant de la ville, mais je ne pouvais pas me permettre de sortir du bâtiment. Mon bipeur au fond de la poche, toujours prêt à sonner, à me déranger parfois même, m'accompagnait dans tous mes déplacements. Pour une fois, ce n'est pas le bipeur qui m'appelle, mais bien la voix d'une infirmière criant qu'un code bleu avait lieu dans la chambre 404. Quelques minutes plus tard, après avoir évité l'arrêt cardiaque du patient, l'homme est finalement sain et sauf et je consulte sa feuille de soin afin de connaître les raisons de cet arrêt. Admis à l'hôpital grâce aux services des pompiers de la ville, l'homme venait d'avoir un accident de la route. Donnant quelques consignes à l'interne m'accompagnant, je lui demande de venir me trouver dès qu'il aura accès aux résultats du scanner. Après ça, la matinée passe rapidement et en consultant les aiguilles de ma montre, je me rends compte que je suis légèrement en retard pour rejoindre Gill'. Mon portable en poche, je l'entends sonner et constate que Seven souhaite me joindre. Drôlement étonnant de sa part étant donné que je me bas avec elle depuis un an pour qu'elle signe ces fichus papiers. D'ailleurs, hier encore une dispute à éclater suite à un énième refus de sa part. J'ignore son appel et rejoins ma belle, installée à une table de la cafétéria. Posant une main sur son épaule pour annoncer ma présence, je dépose un baiser sur sa rampe avant de m'installer sur la chaise à côté d'elle. "Tu vas bien ma belle ?" Mon téléphone sonne une nouvelle fois et il s'agit de Seven. J'ignore et mets en silencieux le cellulaire. "Je vois que tu as trouvé de quoi t'occuper, désolé pour mon retard." dis-je en posant ma main sur sa cuisse. Content de la retrouver, j'ai une pensée rapide pour Seven et le divorce. Tout serait tellement plus simple si je n'avais pas à mentir à Gillian à propos de mon passé, mais je n'ai encore pas réussi à lui apprendre la nouvelle. Bailey m'avait prévenu, d'ailleurs, il m'en avait encore parlé ce matin quand je lui avais raconté ma rencontre de la veille avec Seven.

Je n'avais pas envie de mentir à Gillian, mais je ne savais pas non plus si elle accepterait ma situation facilement. Techniquement, j'étais encore marié, toujours lié à Seven alors que dans mon esprit, il était bien clair qu'il n'y avait plus rien entre nous. Contrairement à ce qu'elle a fait avec son collègue, je n'avais pas la moindre impression de la tromper puisque tout était brisé entre nous depuis que je l'avais retrouvé dans notre lit conjugal avec un autre. Mon téléphone sonne tandis que je me dirige d'un pas décider vers la cafétéria et vers Gillian afin de ne pas la faire attendre plus longtemps. N'ayant aucune envie de m'énerver avant de retrouver ma petite-amie, je décline son coup de fil en m'approchant de la belle. Pendant que Gillian range rapidement ses affaires, Seven cherche une nouvelle fois à me contacter, mais j'ignore, encore, son appel. Mon portable finalement mit sur vibreur se retrouve dans la poche de ma blouse blanche, ma main se pose doucement sur sa cuisse pendant que je m'excuse de mon retard. "ça a été, y'a pas eu de grandes bousculades, mais on reste occupé. Et la tienne ?" dis-je pour répondre à sa question. Il fallait croire que Seven cherchait réellement à me parler, puisque dans la poche, je senti mon téléphone vibrer de nouveau. J'aurais pu l'ignorer, une nouvelle fois, mais apparemment, je n'étais pas le seul à mettre aperçu du coup de fil. Je baisse la tête, un sourire désolé sur les lèvres et enfonce ma main libre dans ma poche afin d'attraper la bête. Seven, toujours le même prénom affiché sur l'écran. "Je vais répondre, peut-être qu'on sera plus tranquille après... Je reviens." dis-je, sans savoir vraiment si mon ex-femme -ou presque- allait arrêter de me téléphoner. "Qu'est-ce que tu veux ?" dis-je après avoir porté le cellulaire à mon oreille et m'être levé pour m'éloigner un peu de la cafétéria. Je n'étais pas d'une nature très violente, ni agressive, mais Seven avait le don pour me faire sortir de mes gonds. Je n'avais aucune idée de ce qu'elle voulait, mais le simple fait de l'entendre me rappeler que j'étais toujours marié et qu'elle n'était pas prête à avancer. "Je me fiche de tes histoires. Ne m'appelles pas Seven, sauf quand tu te seras décidé à signer ces papiers. Je te l'ai dit hier, ça n'a pas changé aujourd'hui." répondis-je, en colère, avant de raccrocher et de rejoindre de nouveau Gillian. "Désolé, encore. Tu veux quoi pour midi ? Je vais aller nous le chercher" demandais-je en essayant de ne rien laisser paraître de ma conversation.

Je souris en l'entendant me répondre, espérant sincèrement que le gamin qu'elle avait dû renvoyer chez lui le matin même n'était pas victime d'une quelconque maladie contagieuse. Mon téléphone sonna de nouveau et je suis contraint d'y répondre, Gillian me faisant réaliser qu'il serait peut-être plus intelligent de décrocher plutôt que d'être embêter par le son de ce dernier. Au bout du fil, Seven, qui ne semblait pas décider à me laisser tranquille, ni aujourd'hui en arrêtant de me téléphoner, ni pour toujours en signant les papiers du divorce. Je pensais avoir le droit de la blâmer pour tout ce qu'il m'arrivait et même pour le fait que je sois obligé de mentir à Gillian. Au fond de moi, je savais bien que personne, pas même elle, ne m'empêchait de dire la vérité. Et pourtant. En me retournant tandis que je venais de raccrocher et de fourrer avec force mon cellulaire dans la poche de ma blouse, j'observe discrètement Gillian en revenant vers elle. Je lui fais un sourire, que je veux le plus rassurant possible et qui ne me trahira pas dans les cinq secondes à venir puis lui demande ce qu'elle souhaite manger. Peut-être pourrais-je gagner un peu de temps, histoire de réfléchir à la situation dans laquelle je n'allais plus pouvoir sortir si je ne lui racontais pas tout de suite la vérité. "Je me dépêche" dis-je en m'éloignant et en composant rapidement le numéro de Bailey, lui saura me donner quelques conseils. Les deux assiettes commandées et posées sur un plateau, attendant patiemment de payer l'addition, Bailey m'incite à tout avouer. Il a peut-être raison... "Et voilà, deux assiettes du chef" dis-je en déposant le plateau sur la table et en m'installant au côté de ma petite-amie. Plantant ma fourchette dans les légumes, je lève les yeux sur la belle rousse et soupire avant de finalement lâcher ma fourchette sur le plateau. "Gill' faudrait que je te parle de quelque chose, c'est.. enfin, je sais pas si c'est le bon moment ou quoi mais, il faudrait vraiment que je t'avoue un truc." commençais-je par dire avant de rajouter quelques mots. "tu sais que je t'aime hein ?"