~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
C'est clair, celui qui a un jour eu l'idée d'écrire 'Hunger Game' se souvenait très bien de ses années aux lycées. Après tout, ça fonctionne un peu de la même façon. Il règne au sein même des couloirs cette espèce de hiérarchie silencieuse que chacun se doit de respecter. Vous êtes jugés dès votre premier jour sur des aspects aussi superficiels que votre tenue vestimentaires, vos notes de cours ou encore votre chanteur préféré. Votre avenir au sein d'une école peut être magnifié par des personnes qui seront vos amis le temps de quelques années avant de vous planter un couteau dans le dos au moindre faux pas. Des requins dans un aquarium, voilà à quoi s'en tenir concernant le lycée. Et cela peut vous étonner, mais je m'y sentais comme chez moi. Depuis longtemps, j'avais réussi à trouver un juste milieu, et à jongler avec les codes sociaux propres à chacun ; je n'étais ni une reine du bal, ni une rejetée du fond de la cafétéria. J'étais cette fille qui participait assidument aux classes, qui rendait ses devoirs à temps, qui pratiquait de l'athlétisme pendant son temps libre et qui se faisait quand même de temps en temps inviter aux fêtes et aux anniversaires. Dans tout ce tourbillon de paraître et d'hypocrisie, j'arrivais à garder prise, à ne pas sombrer comme tout ces gens. Peut-être était-ce parce que j'avais déjà décidé de ce que je voulais être et de ce que j'allais faire de ma vie. Je n'avais pas besoin de m'embarrasser avec le code social. Lorsque j'ai entamé ma dernière année de lycée, j'ai pourtant céder à la tentation, au fruit défendu que je tenais alors loin de mes mains. La place de rédacteur en chef du journal du lycée était vacante, et cela faisait des années que je la convoitais. Ca me fait un peu mal à coeur de l'admettre maintenant, mais c'est à cet instant là que j'ai sentit mon ambition se réveiller dans le fin fond de mes entrailles. J'étais une machine, prête à faire tout les sacrifices pour avoir ce qu'elle désirait plus que tout au monde ; j'ai commencé par soigner mon apparence à un point exagéré, j'allais gratter un peu de temps auprès de ces gens populaires que je ne fréquentais que trop peu. J'organisais des fêtes pour le paraître, pas pour l'amusement. J'aimais me plaire à voir que tout le monde m'aimait. Enfin, je croyais. J'étais persuadée dans mon fort intérieur que tout ces gens m'aimaient sincèrement pour ce que j'étais. Un gars de l'équipe de cross que j'avais pris l'habitude de fréquenter pour ma campagne d'élection m'avait promis que toute l'équipe voterait pour moi, mais à une seule condition. Oh, j'étais tellement naïve. Bien sûr, il a fait ce à quoi vous pensez tous. Ca l'a fait bien rire, ce n'était pas la première fois pour lui. Pour moi oui. Et comme si cela ne suffisait pas, la rumeur s'est répandue comme une traînée de poudre. J'étais celle qui couchait pour réussir. J'étais seule. Retour à la case départ.

Et Sky' n'était même pas là pour le voir. Je refusais d'ailleurs de lui en parler. Parce que dans mon petit monde, il était le seul qui n'était pas encore atteint par le poison, par la gangrène de ma nouvelle apparence. Il avait encore cette image de moi, jeune fille lambda qui aimait rire, s'amuser, mais pas de cette façon. J'ai pleuré, une fois. Dans les vestiaires du club d'athlétisme. Je pouvais choisir de laisser tomber ou bien de continuer à avancer. Je ne voulais pas renoncer. Je ne pouvais pas renoncer. La semaine d'après, j'ai été élue rédactrice-en-chef du journal du lycée. Le goût de ma victoire était fade dans ma bouche. Il m'en avait tellement coûté. Mais ça, personne n'en avait conscience, n'est-ce pas ?

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Après une longue nuit de sommeil, j'étire d'abord mon dos, je frotte mes yeux, et je bascule sur le côté avant d'ouvrir mes yeux. Posé sur un coin de ma table de nuit, une assiette trône, deux petits toast grillé avec une confiture faite maison par dessus. Un verre de jus d'orange fraichement pressé vient sublimer le tableau. Il suffit que je tende l'oreille pour me rappeler que mon bonheur du moment, il est là. Probablement en train de se doucher ou de partir en douce pour ne pas me réveiller. Sa cuisine lui ressemble ; c'est doux, généreux, coloré, savoureux,... Parfois je me dis que trop de bonheur cache quelque chose. Je me dis que ça ne me ressemble pas, que je devrais déjà en train de courir de nouvelles conquêtes au lieu de passer mon temps ici. Mais je m'interroge un instant ; est-ce que courir des conquêtes a toujours été ce que j'ai voulu ? Et à ce moment-là, c'est le gros blocage. C'est l'étiquette qu'on m'a toujours donné, mais est-ce seulement celle que j'ai voulu un jour. J'ai peur de la réponse, parce que je sais que si j'arrive un jour à la trouver, je pourrais perdre Sky'. J'ai l'impression de l'avoir déjà perdu ; c'était un ami tellement proche, maintenant qu'il est devenu plus que ça, le moindre faux pas peu me précipiter de tellement haut jusqu'au plus bas. J'ai peur de l'aimer, d'en être tellement amoureuse que je ne pourrais plus me détacher de lui. Mais c'est bête, il me suffit de le voir couvert de farine un dimanche matin, en train de se battre avec de la pâte à choux ou bien de caresser ses cheveux parfumés aux épices pour me dire que je ne dois pas me poser des questions. Mon bonheur, il tient à présent dans le creux de mes bras. J'ai peur d'être heureuse, mais j'ai envie d'y arriver. J'ai envie de croire que c'est encore possible, même si je sais que je ne le mérite pas, que je ne mérite pas cette vie qui est en train de s'offrir à moi. Chaque bouchée est à la fois douleur et plénitude. Il m'arrive parfois de pleurer, quand je suis sous la douche, comme ça il ne peut ni me voir ni m'entendre. Je ne sais même pas pourquoi je pleure ; je suis heureuse. Peut-être parce que quelqu'un ne me voit pas comme une croqueuse d'homme. Ca fait longtemps que ce n'est plus arrivé. Alors je devrais en profiter plutôt que d'imaginer dans ma tête le jour fatidique ou Sky' me balancera au visage qu'il s'est bien amusé mais qu'il aimerait bien passer à autre chose. J'ai jamais pleuré devant un homme, mais je peux bien avouer que si cela doit un jour se passer comme ça, Sky' verra couler dans son salon les larmes de plusieurs années à faire n'importe quoi avec les hommes. A vendre son âme et ses nuits pour au final n'en être que plus malheureuse. Mon bonheur, il réside là. Dans ces matins volés, dans ses manies de cuisine, dans ma fâcheuse habitude de finir de rédiger mes articles tard, dans nos dimanche passés à faire du vélo ou de la natation,... Mon bonheur est là.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Professionnellement, j'aimerais avoir enfin ce que je mérite. Ca peut sonner très prétentieux de dire ça de cette façon, mais je n'arrive pas à me le représenter d'une autre façon. J'ai travaillé tellement dans ma vie que j'aimerais beaucoup voir les choses avancer et bouger. Vous allez me dire que rédactrice en chef d'un petit journal, ce n'est pas tellement une carrière des plus impressionnantes. Mais moi je m'en fiche. Ca me convient, parce que c'est ce que j'ai toujours voulu avoir. Je sais me contenter de ça, ça fera très certainement mon bonheur. J'aimerais aussi voyager, voir un peu le monde, rencontrer certaines personnalités importantes, pourquoi pas devenir reporter à l'étranger. Mais cette décision en impliquera d'autres, surtout au niveau de ma vie privée et sentimentale. Je ne sais pas encore de quoi l'avenir sera fait ; je ne suis pas ce genre de fille à se projeter dans le futur alors qu'elle ne sont en couple que depuis très peu de temps. Je sais que ces choses-là on besoin de temps. Même si on pourrait pense le contraire, je ne renonce pas à voir peut-être un jour quelqu'un poser le genoux de façon complètement ridicule devant moi pour me demander de passer le reste de ses jours avec lui. Je répondrais avec un 'oui' étranglé, façon Julia Robert dans Pretty Woman avant de filer vers ce que je croirais être un amour parfait. Peut-être vais-je connaître des divorces et des déceptions amoureuses. Peut-être que je n'aurais jamais d'enfants. Et d'un autre côté, peut-être que Sky' va rester avec moi, jusqu'au bout. Hypothèse nébuleuse. Nous ne parlons pas beaucoup du futur. Je crois qu'on préfère se laisse porter. Se laisser vivre. On verra jusqu'où cela pourra nous porter. Je n'aime pas croire au destin, au hasard et à toutes ces bêtises. Je préfère croire dans mon fort intérieur que mon avenir sera heureux, parce que j'aurais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour y contribuer. Serais-je encore ici, dans cette petite ville ? Je ne le sais même pas. Je sais que les ambitions de Sky' le pousseront peut-être un jour à tout quitter, à quitter cette ville ou nous avons grandit tout les deux, mais je ne sais pas si je serais capable de le suivre. Je n'aime pas me poser la question, c'est encore un choix à faire et je ne suis jamais très forte pour les faire. Je pends systématiquement la mauvaise décision. Dans dix ans, je fais le voeux de rester moi. Je fais le voeux qu'il reste lui. Je fais le voeux de nous voir heureux tout les deux, épanouis dans ce que nous faisons. Peut-être serons-nous ensemble, ou peut-être aurons-nous pris des routes différentes. Je me refuse à y penser. C'est con. Mais j'aime pas savoir que je peux être loin de toi, qu'il s'agisse d'un futur proche ou pas. D'une semaine, d'un mois, d'un an ou même de dix.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: maestrom. ÂGE: 19 serpillères. PAYS: sur l'île aux enfants, c'est tout les jours le printemps  . PRÉSENCE: aussi souvent que possible (a) on va dire un bon 6/7 COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? top-siiiites.  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? scénario de fou malade de skyler   AUTRE CHOSE À AJOUTER? TAGADATSOINTSOIN  

« Poor little Jamie... » La phrase claque dans son dos. Non. Elle s'était jurée qu'elle ne se rabaisserait pas à ce genre de comportement. Elle n'allait pas se retourner sur cette fille de dernière année qui était en train de la fixer du haut de ses talons, très probablement pour lui faire comme à chaque fois le pire des affronts. Elle continuerait de marcher la tête haute, sans même daigner la regarder. Parce qu'elle savait que l'ignorance était la pire des insultes. Elle pouvait toujours casser tout le sucre du monde sur son dos, ça n'allait rien faire à la jeune femme. Du moins en apparence. Maintenant, son histoire d'un soir avec ce gars de l'équipe de cross n'était plus un secret pour personne, et elle avait même entendu que le club de théâtre comptait en faire son sujet principal pour la pièce de fin d'année. Elle se mordit la lèvre, songeant à sa situation quelques semaines plus tôt. Elle était cette fille ordinaire, que personne ne détestait, que personne ne connaissait, et maintenant, elle se retrouvait sous les projecteurs. Mais pour une mauvaise raison. Parce que son excès d'ambition l'avait poussé à faire des choses qu'elle ne pourrait très certainement jamais se pardonner. Maintenant, elle s'efforce de marcher dans le chemin qu'elle s'est elle-même tracer, sans pour autant faire faux-bond à celle qu'elle est réellement. Cette jeune fille douce, pétillante et pleine d'énergie n'est pas morte, au contraire, si la jeune femme arrive à tenir le coup aujourd'hui, c'est bien parce qu'elle se souvient qu'un jour elle a été quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui n'avait pas besoin de battre des cils ou de mettre des petites jupes pour avoir ce qu'elle veut des autres. Elle tire un peu sur la jupe qu'elle porte aujourd'hui. C'est trop court, elle le sait, mais elle est maintenant coincée dans son rôle de parfaite petite briseuse de coeur. Elle n'aurait jamais du accepter ce deal ; certes, elle était maintenant à la tête du journal du lycée, mais elle ne s'était jamais sentie aussi malheureuse. Aussi trahie par elle-même. Elle n'avait personne à qui s'adresser, pas même Sky' qui était maintenant sorti du lycée et de toutes ces histoires de gamines. Elle enviait sa vie, avec parfois l'envie de se pointer devant chez lui. Mais elle savait qu'elle n'allait pas pouvoir rester stoïque bien longtemps face à son ami, si pas son meilleur ami. Elle allait déverser un flot de larmes intarissable, et bien entendu, il allait voir quelque chose n'allait pas. Il allait aussi s'interroger si la jeune femme changeait d'école. Non. Elle allait faire sa dernière année en marchant droite, la tête haute.  « It must be so hard for you, little whore, to run something serious like the  school newspaper. I still don't understand why people voted for you. » Non. C'était trop maintenant. Elle traversa le couloir jusqu'à la salle de presse, avant de prendre ses affaires. Elle continuerait la rédaction de cet article chez elle, bien au calme. Et dire que toutes ces personnes qui murmuraient sur son passage étaient autrefois ses amis. Maintenant, c'est à peine si elles osaient lui adresser un regard. Une parole. Un mot gentil. Elle jeta ses affaires dans sa voiture, les mains tremblante. Nous n'étions qu'à quelques mois de la fin des cours. « Shit...» murmura-elle en sentant les larmes monter dans ses yeux. Non, elle s'était promis qu'elle ne ferait rien de ça.

Elle balance ses affaires dans un coin du salon avant de monter s'enfermer dans sa chambre. Bien sûr, sa mère l'a entendu rentrer. Bien sûr qu'elle s'est rendue compte que l'école n'était pas encore finie. Et ce n'est pas la première fois que Jamie-Rose agit de la sorte, elle s'en est rendue compte au cours de l'année. Elle monte les escaliers, inquiète, avant de frapper à la porte de la demoiselle. Elle n'entends rien de l'autre côté, juste un son, très léger, mais suffisant pour lui faire comprendre ce que sa fille est en train de faire. « Sweetheart...» Elle ne sait pas trop comment gérer cette situation. Elle n'a découvert que seulement quelques semaines auparavant le petit manège de sa fille, et aujourd'hui, il est trop tard. Elle ne sait plus comment s'occuper de cette situation qui la dépasse. Elle a beau recommander à la jeune femme d'aller voir la psychologue de l'école, ça n'y fait rien. Elle reste résolument enfermé dans sa bulle. Elle maîtrise tout, au point de ne laisser personne entrer, même quand tout est en train de partir en vrille. L'oreille posée contre la porte, elle écoute, le coeur battant. Jamie n'est pas bête, elle sait que sa mère l'écoute, mais elle n'en a que faire. Elle se sent laide, elle se sent trahie. Elle se sent abandonnée par ceux qu'elle a toujours aimé. Et pire que tout, elle se déteste. Elle déteste celle qu'elle est devenue. Elle n'est qu'une pâle contrefaçon de la Jamie qu'elle voudrait être. « Don't do this to yourself, you're better then that.» , continua doucement sa mère. Elle avait presque envie d'appeler le père de la demoiselle, pour qu'il soit enfin mis au courant de cette situation. Pour qu'il puisse enfin se rendre compte que tout n'était pas rose dans la vie de sa petite fille chérie. La porte était fermée. La discussion aussi. « I don't care.»  se contenta-elle de répondre avant de sentir la première larme rouler sur sa joue. Elle voulait enfoncer ses doigts profondément dans sa gorge, pour laisser enfin sortir toute sa tristesse et sa désillusion. Mais ce soir, elle n'y arrivait pas. Elle n'y arrivait plus. « They don't give a shit about me, so why should i care about myself. » C'est ce qu'elle pensait, profondément et sincèrement. Même si quelques minutes plus tard, elle sortirait de sa chambre, la tête haute, avec un sourire sur les lèvres, elle savait qu'elle ne pouvait pas combattre tout ces vautours qui allaient lui forger une réputation à leurs guises. Ils pouvaient faire d'elle tout ce qu'ils voulaient. C'était ça, le piège. Et la demoiselle était tombée dedans, la tête la première. Dommage pour elle, n'est-ce pas ? Elle enfonça une dernière fois ses doigts dans sa gorge, sentant remonter de son estomac tout ce qu'elle avait pu manger aujourd'hui.

Mauvais rêve. Elle se réveille, le dos couvert de perle de sueur. Cette nuit, elle a encore rêvé de son enfance, et de ces quelques fois ou c'était trop pour elle, au point qu'elle se fasse vomir dans le petit lavabo de sa chambre. Elle cligna doucement des yeux devant la clarté. Elle reconnaissait l'environnement, les formes, les couleurs, l'odeur. Elle reconnaissait même cette main qui vint entourer doucement sa taille. Cette voix qui lui caressa doucement la nuque. « Are you okay ? » Bien sûr, il l'avait entendu bouger dans son sommeil. Heureusement pour elle, elle ne parlait pas et ne criait pas, sinon elle était bonne pour passer devant l'inquisition. Elle se retourna, basculant de l'autre côté du lit pour se trouver face à son visage. Un peu de bonheur dès le matin étalé sur le plus beau des minois de cette petite bourgade. Dès le matin il était beau et rayonnant. Peut-être qu'à l'époque, si elle avait contacté le jeune homme, il aurait pu l'aider. Il n'en savait rien et n'en saurait jamais rien. Le simple fait qu'il la considère comme sa petite amie malgré sa réputation sulfureuse était quelque part un miracle. Elle n'allait pas tout jeter par terre.  « Bad dreams.» se contenta-elle de répondre en lovant sa tête contre son cou. Juste pour se souvenir que ce n'était pas encore un rêve. Elle jeta un coup d'oeil furtif à son réveil, avant de pousser un gémissement. L'heure était bien avancée, et si elle ne passait pas la troisième, elle allait probablement encore être en retard au travail.  « Hurry up, you're gonna be ...» « Late.»,  répondit-elle en se levant d'un bon et en se précipitant vers la pile de vêtement qui traînait au pieds de son lit sous le regard amusé de son petit ami. Chaque matin, c'était la même chanson. Il avait pourtant essayer de lui dire qu'en faisant sonner son réveil plus tôt, elle n'aurait pas à faire un tel carnaval chaque matin, mais la demoiselle ne l'écoutait pas. « Breakfast's on the table.»  Ce garçon était définitivement une bénédiction. Elle le gratifia de son plus beau sourire. D'un regard doux comme du coton. Son meilleur ami... C'était une situation assez étrange, puisqu'elle le connaissait depuis toujours, qu'il l'avait vu sortir avec des garçons et vice versa. Maintenant, ils se retrouvaient dans le même ménage, pour le meilleur et très certainement pour le pire, au vue de leurs deux caractères complètement opposé. La concernée poussa un soupir en mordant dans un croissant encore bien chaud. Il avait de l'or dans les mains, et tout ce qu'il touchait se transformait indéniablement en festin de roi. Elle l'encourageait sur une voie qui lui était destinée, sans aucun doute. Pour l'instant, elle devait se contenter de le suivre, de loin. Il n'était pas encore dans ses rêves et elle n'était pas encore dans les siens. Ils se contentaient de vivre au fil des jours. Au fil des évènements. Elle vint déposer un baiser furtif sur ses lèvres, une miette encore accrochée au coin des lèvres. Il sourit. Et encore une fois, elle se sentit fondre. « Bye, sunshine. » « Bye.» Et comme chaque matin, elle partait. Le coeur léger. Son quotidien se résumait en ces quelques mots ; bonheur, légèreté, tranquillité. Elle était bien avec lui, aussi bien que pouvaient laisser penser les petites taches roses se dessinant sur ses joues. Attends, t'es quand même pas en train de tomber amoureuse là ?

On récolte ce qu'on sème, tu devrais pourtant le savoir ? Tu as choisi d'avoir cette vie sulfureuse, de dire oui au garçons avant de les envoyer promener d'un simple battement de cils. Personne t'a poussé à le faire, ma grande. Personne t'as obligée à te pointer à ce dîner, à passer la soirée avec lui et plus encore. T'étais persuadée dans ton fort intérieur qu'il voulait autre chose. Qu'il voulait comme tout les autres, rêver le temps d'une nuit pour se barrer ensuite. Les connards, c'est ton lot quotidien, à un tel point que t'oublier que tu peux être aimée, admirée et respectée. Il lui amenait son petit déjeuner au lit, connaissait ses expressions presque par coeur, au point que la jeune femme se sentait maintenant habitée d'un grand vide ; parce que ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait. Tant de gentillesse et de diligence envers elle. Ce n'était pas ce qu'elle avait prévu dans ses plans, elle qui prenait un malin plaisir à tout contrôler pour tout le monde. Voilà que quelqu'un fout le boson dans tes plans, princesse. Il s'appelle Skyler. Tu le connais, hein ? Tu sais qu'il ne peut pas te faire de mal, que c'est un enfant de coeur, peut-être l'être le plus gentil qu'il te sera donné de rencontrer. Tremble. Elle ne contrôle plus rien dans cette histoire. Dans le fond, elle le sait. Elle a peur. Pas de lui, non, que du contraire. Elle a peur d'être heureuse avec lui, de développer cette addiction qui fera d'elle une fille amoureuse, une fille dépendante, une fille naïve et facile à avoir. Facile à piéger et à discréditer. Elle resserre ses bras autours d'elle. Voilà ce qui aurait du l'interpeller. Elle avait laissé son manteau traîner quelque part dans l'appartement du jeune homme ; avec le désordre permanent qui y régnait, elle était curieuse de voir combien d'affaire à elle étaient en ce moment porté disparu dans le fourbi de Sky'. Elle se mordit la lèvre ; elle passerait le reprendre après le travail. Une nouvelle soirée chez lui. Une nouvelle soirée à se demander si ce qu'elle fait est bien ou pas, si elle en à le droit ou si au contraire elle doit s'arrêter tout de suite. Ce sentiment dure, s'amplifie, gronde dans sa poitrine avant d'éclater à l'instant même ou la porte s'ouvre pour dévoiler son visage. Putain. Elle le hait d'avoir ce pouvoir sur elle. De pouvoir la faire renoncer à tout, à ses manies de manipulatrices, à tout ce qui fait d'elle la jeune femme qu'elle est aujourd'hui. Elle lui a un jour dit distraitement que lorsqu'il ferait son restaurant, elle serait la première à écrire dessus, et qu'il avait intérêt à ce que ça cartonne, parce qu'elle avait envie d'en faire l'éloge et non de le démonter. Il avait ri ; voilà, c'était aussi simple que ça. Il ne la trouvait jamais bizarre ou décalée avec ses idées non pour le moins étrange. Il se contentait de réagir de la façon la plus spontanée qui soit. Avec un rire, un sourire.

Elle en vient même à certains moment à oublier qu'il n'a plus ses parents, contrairement à la demoiselle. Elle s'en souvient vaguement ; une cérémonie assez simple et sobre, des copains de lycée tassé sur un banc, une rose blanche dans les mains. Une accolade brièvement échangée devant cette famille qui venait de se briser d'un seul coup. La vie lui avait donné toutes les raisons du monde d'abandonner, et pourtant, il continuait d'y croire. Elle devrait en faire de même. Aujourd'hui, lorsqu'elle se poserait derrière son bureau, elle ferait aussi preuve d'un peu de courage et de cran. Elle sortirait ces papiers, ces articles qu'elle rédige depuis maintenant des semaines pour aller les taper sur le bureau de son rédac' chef. Elle le sait, ses idées ne sont pas stupide. C'est l'occasion de le prouver.

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