~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
j'étais un jeune banal, ordinaire au lycée. mais néanmoins pas dans l'ombre. j'me faisais pas spécialement remarquer, pas perturbateur, pas populaire. mais connu un peu. j'avais ma bande de potes (et quelle bande, j'vous dis pas le bordel qu'on faisait à quinze) avec qui je traînais constamment, avec qui je faisais les quatre cent coups. j'ai beaucoup aimé les années lycée. ma première copine. ma première cuite. mes premières déceptions. mes premières prises de stupéfiants. ma première nuit au poste. c'était cool, quand même. on s'est bien éclatés toutes ces années. les meilleures années de ma vie, c'est sûr et certain.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
bien sûr, que je suis heureux. moi, j'suis le type qui est constamment heureux. même quand il est triste, de toute façon. la vie est trop courte pour perdre son temps à être triste, faut rester heureux, juste profiter de ce que la vie nous offre, et puis c'est tout. j'suis heureux dans mon appartement avec jonis. j'suis heureux en tant que pompiste. j'suis heureux quand je vais voir mes parents et mes sœurs. j'suis heureux quand on se refait une soirée avec la bande du lycée. j'suis heureux quand je vais rendre visite à la famille à hawaï. constamment heureux.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
j'me vois faire le tour du monde avec mes platines et mon casque. j'me vois connu et aimé pour ce que je fais. j'me vois habiter quand même à white oak station, ou à kauai peut-être. j'me vois heureux. j'me vois continuer de profiter de l'instant présent. j'me vois casé, peut-être même marié, j'en sais rien. peut-être des enfants, pourquoi pas ? j'adore les enfants. on verra bien d'ici là. l'imprévu, c'est bien aussi.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: freaky girl., amélie ÂGE: majeure PAYS: france PRÉSENCE: trop régulière pour une étudiante surchargée   COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? fanny chérie, comme d'hab    PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? inventé AUTRE CHOSE À AJOUTER? je n'ai encore aucune idée de mon personnage, alors j'vous le dis tout de suite, ça risque d'être folclos

« kah ee, kah ee ! lima, lima » j’attrape la benjamine que je cale dans mes bras comme elle me le demande. une fratrie de sept enfants, j’en suis le seul garçon. malu a quatre ans, et elle adore me parler en hawaïen. plus qu’en anglais. allez savoir pourquoi. je salue tout le monde. arf. tout le monde est présent.. quand je disais à mes parents que j’avais quelque chose à leur annoncer, je n’pensais pas qu’il prendrait ça sérieusement au point de ramener tout le monde. en général, à la maison, il n’y a qu’eux, malu, eden et june, puisqu’elles y vivent encore. mais là, non. là, j’ai le droit à la réunion en grandes pompes et festin. ouch, je risque de gâcher le repas moi, avec ma nouvelle, hm. « kai, tu t’es encore fait un tatouage ? » c’est bien hanalei que je reconnais là, toujours à contredire mes décisions. « un tatouage ? où ça ? montre, montre ! ah non mais je l’ai déjà vu, lui.. » « comment ça se fait que tu l’aies déjà vu toi, et pas moi ? kaaaaai tu vois keiki et moi je pue, c’est ça ? » j’ai pas le temps d’en placer une qu’elles se disputent entre elles, et malu qui tire sur mes joues pour s’amuser. mine de rien, c’est pas de tout repos d’avoir six petites sœurs. il n’y a qu’eden et luna de sages aujourd’hui, alors qu’elles sont, d’habitude, les plus survoltées. le monde à l’envers ici, j’ai arrêté d’essayer de comprendre. « kai, mon chéri, tu vas bien ? alors, dis-moi, c’est quoi cette chose que tu dois nous annoncer ? tu m’as fait peur au téléphone tu sais, j’aime pas qu’on me fasse patienter en plus, j’suis d’une curiosité tellement grande.. » je ris. « je sais maman, on en parle après manger ? » tout le long du repas, je passe plus de temps à faire manger malu et empêcher june, hanalei et keiki de se crêper les chignons, en même temps que je réponds à l’interrogatoire de ma mère qui veut absolument savoir : 1. quelle est cette chose que j’ai à leur annoncer, ce qui intrigue alors au passage mes sœurs, et, 2. pourquoi je n’ai toujours pas de copine à leur présenter, que de manger moi-même. je leur explique comment, au juste, à sept femmes, sans passer pour un gros con, que je préfère m’amuser et avoir des coups d’un soir pour le moment ? c’est délicat, ouais. j’esquive la question, je me concentre sur la purée de malu. le repas fini, les filles partent chacune de leur côté, sauf la petite princesse qui refuse de quitter mes bras, et, évidemment, je me fais de nouveau assaillir par les questions de mes parents. c’est une certitude, je ne peux vraiment plus me défiler, maintenant. « alors, ce que j’ai à vous dire, c’est que.. vous énervez pas, hein.. j’ai arrêté la fac » j’ai lâché comme une bombe entre nous, et ma mère s’est mise à crier, alors que mon père me faisait ce regard déçu qui signifie qu’il s’attendait à mieux de ma part. ou comment se mettre ses parents à dos en une phrase. « je peux savoir pourquoi ? » j’hausse les épaules. « j’en avais marre. l’économie, le commerce, c’est pas mon truc, ça m’intéresse pas, j’veux pas faire ça dans la vie, c’est chiant »

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« alors comme ça, t’as arrêté les cours ? » keiki débarque de nulle part, une cigarette à la bouche. j’ai beau ne pas supporter de la voir fumer, j’ai arrêté de l’engueuler. ça n’sert à rien. j’me contente de la lui prendre pour la coller entre mes lèvres. « ouais, j’en avais marre » j’tape dans un caillou en face de moi. ça m’contrarie la réaction de mes parents, ils comprennent pas, à croire. « hm. j’ai entendu maman gueuler. tu comptes faire quoi ? » « j’sais pas, j’vais trouver un boulot quelque part, j’pense » quelque part ailleurs. loin de calgary, sans doute. « tu vas continuer à mixer ? » « dans ma chambre, comme d’hab » « cool, j’pourrais continuer de t’écouter en VIP » j’rigole. un peu jaune. « sauf si je reste pas.. » « tu pars ? j’viens avec toi ! j’en ai marre de moisir ici, moi, emmène-moi ! » « c’est moooort, tu continues ta vie ici, on s’verra quand même keiki, t’en fais pas » « ah, et j’peux savoir pourquoi tu veux pas de moi ? » elle commence à s’énerver, faut que je calme le jeu. « tu m’expliques comment je fais pour devenir célèbre et brancher plein de filles avec ma petite sœur à mes basques ? » elle rigole. « on n’a que dix mois de différence, j’te ferais remarquer » ça fait quand même d’elle ma petite sœur, mais je n’en dis rien, je la prends juste dans mes bras. « en tout cas, t'auras intérêt à m'faire rentrer gratuitement au tomorrowland quand t'y mixeras, hein »