it hits you right between the eyes (tobias/aubree)
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(#) Sujet: it hits you right between the eyes (tobias/aubree) Jeu 22 Aoû - 22:24
what made you think you'd have it your way ?
Un coup de pied violent et surtout bruyant selon les passants. Une fille frappe sur la porte de sa voiture rouge – qui d’ailleurs aurait bien besoin d’un lavage – avec son pied pour la refermer. On pourrait croire qu’elle est juste furieuse, qu’elle veut attirer l’attention. Elle a surtout un bandage blanc sur la main gauche, un bandage qui commence à tirer sur rouge, un peu sur le bourgogne même. Des mères couvrent les yeux de leurs enfants, des gens chuchotent des choses, mais cette fille, elle en a bien rien à foutre de ce que les gens peuvent dire. Cette fille, elle a un caractère de chien, et se retrouver devant un hôpital, c’est déjà trop pour elle. En fait, cette fille, c’est moi. Et je suis pas du tout heureuse en ce moment. La douleur peut-être? Non. La douleur, c’est rien du tout, c’est pour les mauviettes. En temps normal je ne serais même pas allée à l’hôpital. Aujourd’hui par contre, pas le choix, sinon j’aurai pas de preuve que je ne peux pas travailler ce soir. La jambe je dis pas, mais la main, c’est un peu plus chiant pour servir des clients. D’ailleurs, lorsque j’ai appelé ma collègue, elle a paniqué comme une folle, a pensé que j’allais mourir. Je lui ai simplement dit que je m’étais coupé et que l’entaille était profonde. Elle n’est pas vraiment brillante, alors elle y a cru, mais pour elle, on dirait que c’était la fin du monde. Je suppose qu’elle doit avoir transmis la nouvelle au journal local et à la télévision, aussi. Un frisson me parcourt lorsque je franchis la porte parce que je serre le poing par réflexe. Tout est blanc avec un peu de bleu ciel. J’en ai presque mal aux yeux. Des regards se rivent sur moi. Pourtant il y a des cas pas mal pire, je vois pas pourquoi c’est moi qu’on regarde. Un homme qui tient son bras en entier et qui attend pour passer, une femme avec son fils qui a un drôle de teint verdâtre. Des tas de gens qui ont bien plus besoin de soins que moi avec ma foutue de blessure par balle. J’aurais tellement pu l’éviter, en plus. Ça m’apprendra à tenter d’être gentille. Il se fera tirer dessus, la prochaine fois, le petit con. Au moins je sais que la salope qui a tiré ne vivra pas longtemps. Un sourire mince se dessine sur mon visage alors qu’une vieille femme me crie presque dessus pour que je passe au triage et que je m’installe dans la salle d’attente avec les autres. En regardant mon numéro je me dis que je vais attendre là longtemps, mais apparemment je me trompe, puisque l’homme qui traine son bras a disparu depuis mon arrivée, ainsi que des patients qui semblaient plutôt amochés. Au moins j’ai une petite lueur d’espoir. Je regarde ma main avec frustration. Ce n’est pas la première fois qu’on me tire dessus. Je m’arrange seule, généralement. Comme avec la balle dans le mollet. J’aurais pu être chirurgienne, je crois, mais il faut dire que la balle n’était pas très profonde. Celle-ci m’a seulement frôlée. Et pourtant je saigne, c’est incroyable. Je suis tellement concentrée sur ma main que je n’entends pas lorsqu’on m’appelle, la première fois. C’est le deuxième appel qui me fait sortir de mes pensées, et je bondis comme un ressors, me jetant presque sur le médecin. Pas besoin de dire un mot, je crois qu’il a compris seulement à l’expression sur mon visage : je veux juste sortir d’ici rapidement, je me fous du reste. Il m'emmène dans son bureau, me fait asseoir sur le lit d'hôpital. Je crois qu'il va d'abord m'examiner alors je tends la main, mais non, il me demande comment je me suis blessée. J'ai pas pensé à inventer une connerie avant de venir, alors je le regarde, un peu prise au dépourvu. Je prétends avoir un chat, et qu'il est agressif, mais apparemment ce n'est pas très crédible, puisqu'il me regarde de travers. Heureusement, il ne me pose plus de questions, et se concentre sur ma main. Fort heureusement, parce que je n’aurais pas trop su quoi lui dire, sinon. Il me dit que j’aurais besoin de points de rapprochements, les nouveaux points de suture à la mode, les trucs qui collent et qui ne laissent presque pas de cicatrices. Je soupire, pourquoi pas. Après tout c’est pas comme si j’avais le choix. J’acquiesce, et il retire mon bandage avant d’en poser un autre. Il dit qu’il va aller chercher une infirmière pour l’aider. Je pense plutôt qu’il va chercher un café, parce que je crois pas qu’il ait besoin d’une assistante pour faire des points de rapprochements sur une main.
Je me cale contre le mur et je ferme les yeux. La situation est vraiment pourrie, dans tous les cas. Je vais avoir l’air non-seulement ridicule auprès de Sawatzky, mais je vais en plus devoir me démerder à l’Old Pub. Peut-être qu’avec un peu de chance je vais pouvoir travailler. Ça ne me dérange pas vraiment, c’est pas comme si ça me faisait mal, après tout. J’entends des gens rigoler dans le couloir, des pas rapides, des bruits de roulettes. Probablement des gens transférés dans des chambres. J’aime pas les hôpitaux. Pas que ça me fasse peur, c’est seulement que ça m’énerve d’avoir besoin de quelqu’un. J’ai besoin de personne, d’habitude. Je reçois la claque et je me remets. Comme un chat, je retombe sur mes pattes, et c’est comme si rien ne s’était passé. Aujourd’hui, c’est bien une exception. La porte grince et je me dis qu’il était à peu près temps qu’il revienne avec son infirmière. Je tourne la tête et mon cœur bondit dans ma poitrine. C’est bien loin d’être un médecin. « La salope, elle t’a prévenu c’est ça? » Je souffle mes mots et regarde ma main amochée, puis celui qui se trouve devant moi. N’importe où, mais pas ici. Il aurait pu au moins m’attendre à l’extérieur de l’hôpital, lâcher un coup de fil…Non, c’est vrai, je ne réponds pas à ses coups de fil. « Dégage. T’as pas le droit d’être ici. » Mon visage est sérieux, mon corps est raide, et j’espère qu’il va m’écouter et partir. J’ai déjà ma main qui me cause des problèmes, j’ai pas besoin qu’il soit là lui aussi. Je comprends pas qu’il ait eu le culot de se présenter, tout simplement. Après la dernière fois… Il n’en a pas fait assez, peut-être? Je grince des dents à ce souvenir encore frais dans ma mémoire. Souvenir qui date déjà de quoi, une semaine? Je ne sais pas, j’ai pas osé compter, j’ai préféré faire une croix sur cette soirée, tout oublier. Puis il est là. Il revient m’emmerder, encore et encore.
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(#) Sujet: Re: it hits you right between the eyes (tobias/aubree) Lun 26 Aoû - 20:53
En poussant la porte, tu sais un peu à quoi t'attendre. Pas de grand sourire, et encore moins la moindre accolade. Tu t'y es préparé, mais quand même, ça te blesse un peu plus, et tu te ratatines davantage. Les derniers événements t'ont profondément marqué, et même si tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, tu as sérieusement changé physiquement. De loin, t'es toujours le même. Grand, beau, svelte, une petite barbe de trois jours qui fait son charme, une tenue décontractée, les mains dans les poches. Mais quand on s'approche – et personne n'a osé le faire ces dernières semaines – on peut remarquer tes yeux cernés de noir et ton regard terne, absent, dénué de toute motivation. De temps à autre, tes yeux brillent et tu te dis que c'est la fatigue, qu'ils sont trop déshydratés. Mais bizarrement, ta gorge se serre toujours à ce moment-là. Aller lui faire avouer qu'en vrai, il a juste envie de chialer comme une gonzesse. Parce que ne te leurres pas, Tobias. Si les larmes te montent aux yeux, ce ne sont ni les allergies, ni la fatigue. C'est juste la tristesse, mon gars. Un sentiment que tu n'avais pas expérimenté depuis des années. Depuis plus de dix ans. Ça faisait tout ce temps que t'avais filé un parfait coton, il était tant que ça change. Que la fatalité de la vie te rattrapes. Que tu te rattrapes toi-même, en fin de compte. Tu te demandes, parfois, si tu n'aurais pas plutôt préféré l'inverse ; toi qui avoue tes sentiments, Aubree qui te repousse. Tu aurais souffert, mais différemment. La culpabilité ne t'aurais pas rongé. Pas autant.
Ce matin, tu étais arrivé au boulot en catastrophe. Pour une fois que tu étais arrivé à t'endormir, le réveil n'était pas enclenché. Lorsque tu avais fini par émerger, il était quinze heures, et tu étais sacrément en retard. Pile poil le jour où tu étais du midi. Tu ne préférais pas imaginer la réaction de Robert, le patron, quand il apprendrait que tu avais été en retard de plus de deux heures. Avec un peu de chance, il ne te virerait pas. Il ne pouvait pas, ça faisait trop longtemps que tu travaillais à l'Old Pub. Mais, sait-on jamais. Tu ne t'étais pas posé de questions, n'avais appelé personne, et avais enfilé un pantalon en quatrième vitesse, boutonné une chemise qui traînait et récupéré ta vieille paire de baskets à la volée. Tu l'avais chaussé dans l'ascenseur, qui, dieu soit loué, était stationné à ton étage. Tu allais d'ordinaire au travail à pied, mais là c'était inenvisageable ; quoique, après trois heures et demi de retard, on n'était plus à vingt minutes près. Tu avais cependant déboulé dans le bar huit minutes après avoir mis le contact de ta bagnole, tombant nez à nez avec une collègue totalement déboussolée. Je, oh, t'es là Tobias ! Mon dieu, j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose, tu sais... Aubree, elle, enfin, j'ai cru que tu étais avec elle, enfin, ou que ça allait pas bien, et roh la la, tu n'as pas choisi le bon jour. Tu la fixais, mi-amusé mi-intrigué. Pénélope semblait systématiquement dans un autre monde, où il se passait des choses bien plus palpitantes, bien plus conséquentes, bien plus intrigantes que dans le notre. Elle s'inquiétait pour rien, voyait des drames là où il n'y en avait pas, parlait à cent à l'heure, se mélangeant les pinceaux, la langue, les mots. Et puis, elle avait prononcé Son prénom. Ton cœur en avait reçu un coup. Sans même savoir pourquoi elle l'avait mentionné, pourquoi la brune électrique pensait que tu étais avec Aubree, tu t'étais mis à trembler étrangement. Le ton affolé de Pénélope, même s'il était sûrement exagéré, associé au prénom de la blonde, avait suffit à te faire paniquer. Qu'est-ce qu'il y a ?! Tu n'avais pas pris la peine d'expliquer ton retard, ni même de l'excuser. L'urgence était ailleurs. C'est, c'est, Aubree elle est aux urgences mais, je crois, enfin je sais pas si c'est grave, je crois, elle m'a dit que c'était rien, une coupure profonde, mais tu sais je sais pas et puis est-ce que vous êtes en froid ou quoi ? Ou pas enfin, comme je vous vois plus ensemble, enfin vous avez pas les mêmes horaires aussi mais – À l'hôpital général ? Coupée, qu'elle avait été, conne, qu'elle était restée. Pénélope s'était alors contenté de murmurer un faible oui, avant de retourner à sa vaisselle, vexée.
On ne m'a pas refusé à l'entrée, alors je me donne le droit d'être là. Ta voix se fait froide. Comme elle ne l'a jamais été. Même en colère, il y avait toujours quelque chose de chaleureux qui se dégageait de toi. Mais pas aujourd'hui. On m'a même indiqué le numéro de ta chambre, en me précisant que je pouvais te parler tant que je voulais, parce que le médecin et sa pétasse d'infirmière sont pas près de revenir. À c'qu'il paraît ils sont partis copuler en salle de pause. Tu ne te demandes même pas pourquoi tu lui répètes tout ça, alors que la secrétaire te l'a dis en rigolant, dans un clin d’œil, parce qu'elle te trouvait mignon. Mais ça, tu n'y as pas fait attention. Est-ce que ça va ? Tu t'approches du lit, sérieusement inquiet. Tu baisses les yeux sur sa main, sur la tâche rouge de sang sur le drap, en dessous, et tu as un haut le cœur, non pas parce que ça te dégoûtes – bien que tu n'as jamais bien supporté les grosses blessures – mais parce qu'elle doit avoir atrocement mal, et que tu ne veux pas la voir souffrir une nouvelle fois. Au moins, cette fois-ci, ce n'est pas de ta faute. Tu effaces rapidement cette pensée de ton esprit, cela ne sert à rien de te chercher des excuses. Comme si tu étais chez toi, ou que tu venais visiter n'importe qui d'autre que celle que tu avais vulgairement repoussé quinze jours plus tôt, tu attrapes une chaise qui se trouve à côté du lit et la tires vers toi. Tu plonges ton regard dans le sien, et tu t'y perds l'espace d'un instant. Tu avais oublié combien elle était belle. Depuis deux semaines que cette fameuse nuit était passée, vous aviez tout fait pour vous éviter. Elle, de colère. Toi, de honte. Vous aviez fait modifier tous vos emplois du temps, de sorte que vous ne travailliez jamais ensemble. Ça embêtait tout le monde, mais c'était nécessaire, en attendant de trouver une solution durable. C'était triste de s'apercevoir qu'il avait fallu qu'Aubree atterrisse aux urgences pour que tu te décides à l'affronter. Mais jusqu'à présent, et pendant longtemps encore s'il ne lui était rien arrivé, tu n'en avais pas eu la force. Tu savais qu'elle te rejetterais, encore et toujours, et tu n'aurais pas pu supporter un autre claquement de porte. Le premier qu'elle t'avait rageusement offert serait le dernier.
C'était néanmoins un peu lâche de ta part de rappliquer maintenant, alors qu'elle ne pouvait pleinement se défendre. Si tu avais accouru, c'était avant tout parce que tu étais angoissé à l'idée qu'il puisse être arrivé quelque chose de grave à Aubree. Mais sur le chemin, tu t'étais surpris à penser que de la sorte, si elle s'était véritablement entaillé la main, comme l'avais assuré Pénélope, elle ne serait pas en capacité de claquer une quelconque porte. Il lui restait l'autre, cependant. Ça, tu n'y avais pas pensé. Écoute, tu as commencé soudainement, avant qu'elle ne décide d'appuyer sur la sonnette d'urgence. Je ne vais pas te sortir des excuses, je ne vais pas te dire que je suis désolé et que je ne pensais pas ce que j'ai dis, parce que ça ne changerais rien. Ta voix s'est subrepticement adoucie, mais tu essaies de ne pas faire de pause dans tes paroles, de peur qu'Aubree crie à l'aide ou que le médecin et son assistante reviennent. En fait, j'ai aucune idée de ce que je pourrais bien te dire, là, qui puisse arranger les choses... Tu portes ta main refermée en poing à la bouche, et tu te mords la première phalange, comme si ça allait te donner de l'inspiration. Tu n'as préparé aucun discours ; pendant tous ces jours où tu as ruminé tes erreurs, ton erreur, tu ass imaginé tout un tas d'entrée en matière mais, de façon assez cliché, tu ne t'en rappelles d'aucune, alors que tu as Aubree à côté de toi. Prenant ton courage à deux mains, tu te lances en pleine improvisation. Sincère improvisation. Je... j'ai loupé le boulot, ce matin. Je me suis réveillée à trois heures de l'aprem, et autant dire que j'étais sacrément en retard. Tu cherches momentanément de l'aide dans les carreaux blancs du plafond aseptisé, avant de te replonger tes yeux dans ceux, perçants, de ta collègue. L'autre débile était toute affolée, et ouais elle a craché le morceau. J'ai juste compris que t'étais à l'hôpital et que ça allait pas trop bien. Tu te tords les doigts dans tous les sens. Ça commence à te faire mal mais tu t'en fous ; ça te permet de décompresser, de trouver un brin de force. Une inspiration, longue, avant de continuer, d'une traite, sans bafouiller, sans détourner le regard. Et je me suis inquiété. J'ai eu peur pour toi, Aubree.
Dernière édition par Tobias Morgenroth le Sam 25 Jan - 11:48, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: it hits you right between the eyes (tobias/aubree) Lun 26 Aoû - 22:55
i don't wanna know
Son ton est froid lorsqu’il me dit que personne ne lui a refusé l’entrée. Ça m’insurge. Non seulement il fait comme s’il n’avait rien à se reprocher, parce que oui, son ton froid me fait sentir comme s’il tente de me faire passer pour la méchante. Aussi, je suis choquée qu’ils l’aient laissé entrer. Ils laissent vraiment entrer n’importe qui, alors. Et puis, j’avais bel et bien raison à propos de ce putain de docteur. Je ferme les yeux un instant. Pourquoi est-ce qu’il veut rendre les choses plus difficiles qu’elles ne le sont déjà? On ne pourrait pas simplement oublier et faire comme s’il ne s’était jamais rien passé? Évidemment, c’est trop dur pour lui. Il a besoin de plus, de tourner le fer dans la plaie. Il se rapproche de moi, avec sa chaise, et oh, soudainement sa mine change. Monsieur est inquiet, monsieur se préoccupe de mon état. Il me demande si ça va. Je lui lance un regard noir. « Ça allait mieux quand tu étais pas là. » Et c’est vrai. Ma main ne me fait pas mal, du moins pas vraiment. J’ai connu bien pire, ça ne m’impressionne plus. Je regarde la porte, j’espère encore l’arrivée d’un médecin, d’un préposé, même un concierge ferait l’affaire. Peu importe, je ne veux plus être seule. Bien sûr, je ne suis pas seule, physiquement parlant, mais Tobias ne compte pas. Il ne compte plus. J’ai laissé tomber, il le mérite bien. Il ne mérite pas que je l’écoute, que je lui donne un peu de mon temps. Il a eu sa chance, maintenant il peut bien aller se faire foutre avec ses excuses. Il ne m’a pas encore demandé pardon, mais je sais qu’il est là pour ça, pour me donner des explications bidons qui vont simplement me mettre un peu plus en colère.
Il me demande de l’écouter. L’écouter dire quoi, au juste? Il n’arrivera pas à se faire entendre, quoi qu’il me dise. Est-ce qu’il le sait, ça? Évidemment que non. Je le garde pour moi ça aussi. Je garde tout pour moi, j’ai bien trop peur qu’on me pose des questions, qu’on me demande de raconter ma vie et si je vais mieux. Je tente de fermer ma main en un poing, grimace légèrement. Encore trop sensible malheureusement pour moi. Puis là, il commence son discours. Il prétend qu’il ne va pas s’excuser, que ça servirait à rien. Ça commence à m’intéresser, peut-être qu’il est pas aussi con que je le crois. Il réalise peut-être enfin que ce qu’il a fait, c’est impardonnable, qu’il peut ne rien réparer tout ça, même s’il essaie de toutes ses forces. Il était déjà trop tard lorsque j’ai claqué la porte. Mais le hic dans le discours de Tobias, c’est qu’il y a pas de discours. Il ne sait pas quoi me dire. Il invente au fur et à mesure, et ça ne donne pas grand-chose. Il veut tout arranger, du moins essayer de recoller les morceaux, si je comprends. C’est dommage, il a aucune chance. Tobias se mord les doigts en portant son poing à sa bouche. Il continue et me raconte son histoire, qu’il s’est réveillé en retard, que l’autre idiote lui a dit que j’étais ici, et puis là, finale dramatique, il prend une grande respiration, me regarde dans les yeux et m’annonce qu’il s’est inquiété et a eu peur pour moi. Je crois qu’il a vu trop de films à l’eau de rose, parce que je trouve que sa finale est plutôt ratée, et que s’il comptait m’impressionner avec ça, il s’est planté. J’ai envie de lui rire au visage, mais je m’abstiens, parce que je tente de rester gentille malgré la situation. Je me contente de regarder ma main ensanglantée et de rester neutre et d’avoir l’air pensive. Je ne me suis pas inquiété moi. J’ai été fâchée seulement, parce que moi je connais la situation, je sais ce qui est vraiment arrivé. Je ne lui dirai pas, bien entendu, parce que ça ne le regarde pas. Aussi, je ne veux pas que ça s’ébruite, c’est mauvais pour le business. Mon regard croise à nouveau celui de Tobias, et je me rappelle qu’il faudrait peut-être que je réponde quelque chose.
Ma main encore propre passe dans mes cheveux dont les pointes sont imbibées de sang séché, et les repousse vers l’arrière, par réflexe. « Le problème, Tobias, c’est que même si tu t’inquiètes pour moi, je m’en fous. » Je croise les jambes avant de continuer. « J’ai pas besoin de toi, je suis capable de me débrouiller toute seule. Et même si j’avais besoin d’aide, j’appellerais n’importe qui sauf toi. » Mon ton de voix est amer, tout comme moi d’ailleurs. Je ne me fâche pas, après tout je ne suis pas dans une position pour tout casser, et la facture serait probablement énorme, en plus. Je me contente donc de parler, lui dire ce que je pense et lui montrer que je ne suis pas complètement détruite et que je vais survivre. Ma vie ne dépend pas de lui, après tout, merde. J’étais capable de vivre sans lui avant de l’avoir rencontré, alors je ne vois pas pourquoi les choses changeraient maintenant que je le connais. Et puis, on ne peut pas dire que l’on a vécu quelque chose de sérieux, on n’a même pas couché ensemble, il s’est sauvé en courant avant ça. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est là. « Pour ne pas s’excuser. » Ouais, c’est ça. Alors t’aurais pu t’éviter le détour et retourner travailler, imbécile. Je soupire. « Et viens pas me dire que tu veux arranger les choses, s’il te plaît. T’arranges rien du tout en venant ici, crois-moi. » Sa venue est douloureuse, en fait. Et une perte de temps. J’ai mieux à faire que de parler de tout ça et de l’écouter m’expliquer ce qui s’est passé. J’ai pas envie que l’on parle de nos sentiments et tout ça, parce que la seule façon qu’il pourrait arranger les choses, c’est en disparaissant. Et on peut pas demander à quelqu’un de disparaître comme ça, comme dans un tour de magie. Je regarde le mur blanc à la recherche de quelque chose à dire, mais rien ne me vient en tête. Probablement parce qu’il n’y a en fait rien du tout à dire. Silence plat, il était temps. Je brise le silence. « Et de toute façon, je vois pas l’intérêt que t’as à vouloir arranger les choses. T’es pas heureux avec tes filles différentes tous les soirs? » Mon regard est noir et ma voix rageuse. Je parais jalouse, mais en fait, c’est surtout que son attitude me repousse. Bien sûr, il n’est pas le seul à agir comme ça, mais savoir qu’il m’a jetée comme ça et qu’il couche probablement avec des filles dont il ne se rappelle plus du prénom une fois sorti du lit, ça me blesse. Parce que je ne vaux même pas une fille facile. Je ne vois pas ce qu’il fout ici, avec ses belles paroles et sa pseudo-inquiétude. Qu’il retourne donc travailler et baiser avec tout ce qui bouge, tiens.
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(#) Sujet: Re: it hits you right between the eyes (tobias/aubree) Sam 30 Nov - 20:59
Et paf, une deuxième gifle. Comme si la première ne suffisait pas. Tu savais très bien que tu n’allais pas être accueilli avec joie, mais quand même, elle n’avait pas besoin d’être si désagréable. Tu t’es inquiété pour elle, tu as eu le courage de lui dire, ça mériterait peut-être autre chose qu’un « je m’en fous », non ? Certes, tu n’es pas un saint, tu l’as blessée, tu as dit des trucs que tu n’aurais pas dû, c’est bon, t’as compris. Mais si tu avais été à sa place, que c’est Aubree qui t’avais vulgairement jeté, que tu étais là dans un lit d’hôpital la main en sang, et qu’elle te disait avec toute la sincérité du monde qu’elle s’était inquiété pour toi, tu aurais trouvé une réponse un peu plus polie. Merci aurait convenu. Juste ça. Merci, maintenant tu peux te barrer, à la rigueur, tu aurais pas trop mal accepté. Mais passons. Tu n’es pas là pour t’embrouiller avec elle, pour lui dire qu’elle ne réagit pas comme il faudrait, pas comme tu aurais envie, en fait, tu n’es pas là pour ça, tu ne sais même pas pourquoi tu es là. Ah ouais, et t’appellerais qui ? La personne qui t’as accompagné à l’hôpital peut-être ? C’est sorti tout seul, parce que t’as la rage, parce que t’es vexé. Tu n’aurais pas dû dire ça, tu fais la morale comme quoi Aubree n’est pas polie, mais toi tu n’es pas mieux. Tu ne cherches même pas à t’excuser de ce que tu viens de dire, la file d’attente des choses pour lesquelles tu es désolé est trop longue, et cette question mal placée arrive en toute dernière position. Au fond t’en sais rien, peut-être qu’elle pourrait vraiment appeler quelqu'un d’autre que toi en cas de problème ; mais en attendant, y a personne qui est venue la rejoindre, ou ne serait-ce que l’emmener ici. Tu aimerais bien voir comment elle a conduit sa voiture avec la main trouée.
Tu te laisses tomber contre le dossier de la chaise, sans cesser de regarder Aubree. Elle affiche un air à la fois décontracté et neutre, du genre qui n’est absolument pas atteinte ou émue par ce que tu peux dire. Ce n’est qu’une façade, ou ce qu’elle montre représente vraiment ses sentiments ? T’aimerais bien savoir. Si c’est la première option, elle est vraiment douée. Tu n’es pas sûr de pouvoir être aussi désintéressé quand il s'agit d'Aubree. Et si elle n’en a vraiment rien à faire, tu ferais mieux de partir pour de bon. Peut-être même de changer de boulot, après tout c’est à cause de toi si vous êtes dans cette galère par rapport aux horaires qui doivent absolument être différents. Quand la blonde te dit que tu n’arranges rien en venant à l’hôpital, tu n’es même pas blessé, parce que tu le sais. Tu hausses les épaules, machinalement. Tu mets ta main droite dans la poche, nerveusement, avant de la ressortir, parce que ça non plus n’est pas poli. Tu regardes le bout de tes baskets, tu aperçois une tâche de terre, et tu relèves le regard vers Aubree. Je suis pas venu pour arranger quoi que ce soit, ni pour empirer quoi que ce soit. Ça te fais vraiment rien que je sois venu ici, hein ? Tu veux juste l’entendre répondre. Que ce soit « non », que ce soit « si », tu veux l’entendre. Pour que tu sois véritablement fixé. Tu n’es pas venu dans le but de remuer ses sentiments, mais maintenant que tu es là et qu’elle est mauvaise et qu’elle n’est pas décidée à montrer le moindre intérêt positif pour ta personne, t’aimerais l’entendre dit qu’elle n’en a sincèrement rien à faire de toi. Ou le contraire, ça serait mieux, en fait.
Aubree te lance une bombe, t’as à la fois envie de rire, de crier, de pleurer. Et puis t’entends des pas dans le couloir, y en a depuis le début mais ceux-là t’as l’impression qu’ils sont plus forts, plus proches, et puis ça loupe pas, quelqu’un entrouvre la porte, merde. Voilà, le médecin et sa pute vont se ramener, ils vont juste les couper là, t’auras pas le temps de répondre à l’idiotie grosse comme une maison qu’Aubree a osé proférer, et elle va rester avec cette dernière impression, en pensant vraiment que tu te tapes une meuf différente tous les soirs. Non mais, sérieux ? Elle t’a regardé un peu, au moins ? Ça se voit pas que tu ne dors pas ? Et tu restes pas éveillé parce que t’es en train de baiser, si seulement. Non, tes insomnies sont d’un autre ordre, et si tu avais le goût de coucher, peut-être que tu l’aurais fait. Mais il s’avère que tu ne l’as pas, le goût, et pourquoi, et ben qu’elle se le demande pourquoi, Aubree. La voix derrière fait « Oh désolée », et puis elle referme la porte, enfin il, c’est sûrement le fameux docteur, il vous laisse tranquille, enfin il te laisse tranquille parce que la blonde aurait certainement préféré qu’il reste et que tu partes. Mais le petit coquin, ça doit bien l’arranger que tu sois là, parce que comme ça il peut retourner peloter sa copine en attendant, sans qu’on lui dise quoique ce soit parce qu’après tout il s’occupe d’une patiente, c’est juste que la patiente n’est pas disponible. Mais ça, personne n’est obligé de le savoir.
Tu te redresses sur ta chaise et tu approches ton visage d’Aubree, tu laisses échapper un rire ironique. T’es sérieuse quand tu dis ça ? Franchement, t’as osé me lâcher ça à la gueule ? T’es au courant un peu, juste, de ce que je fais le soir ? Ah bah non, parce que tu ne me l’as pas demandé. Pourquoi tu l’aurais fait, aussi. En attendant, avant de balancer un truc de merde comme ça qui n’est absolument pas vérifié, et pas vrai, bah réfléchis Aubree. T’es un peu dur, peut-être trop, mais après tout comme tu lui as dit en arrivant, tu n’es pas là pour t’excuser, tu n’es pas là pour être gentil, t’es juste là parce que tu étais inquiet, elle a l’air d’aller bien, c’est bon c’est cool, maintenant tu tiens juste à mettre les choses au clair, et puis après tu partiras, puisque c’est ce qu’elle désire. Pour l’instant, t’as pas fini de parler, t’es pas d’accord, tu ne veux pas t’en aller avant de t’être défendu, parce que ça va bien de te prendre pour un connard qui saute sur tout ce qui bouge, mais faut pas pousser le bouchon trop loin non plus. J’vais me barrer, y a aucun souci, mais juste avant, une dernière chose, tu réfléchiras à ça et tu m’en diras des nouvelles. Des filles différentes tous les soirs, ça m’est arrivé, ouais, c’est bon, je suis comme je suis, j’en ai conscience, je n’ai ni à être fier, ou à être honteux, c’est comme ça. Mais ce que tu n’as peut-être pas trop enregistré Aubree, là tu te recules, et tu te lèves, tu ne la quittes pas du regard parce que tu veux qu’elle enregistre bien tout ce que tu dis, c’est que ça fait bien longtemps que je n’ai pas passé la soirée avec une autre fille que toi. Maintenant je te dis au revoir, je suis content de voir que tu n’es pas aussi mal en point que ce que laissait présager la panique de Pénélope. Bon rétablissement. Et tu te retournes, et tu t’en vas. En ouvrant la porte, tu vois le médecin, à côté de l’infirmière. Il est moche, et elle aussi. Elle est à vous, tu lances en passant.
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