Une longue journée de travaille s'achevait enfin. J'avais eu droit à trois shootings dont deux cette après-midi et j'étais épuisé. Je n'avais pas vraiment l'habitude de bosser à fond dans un domaine, je me laissais vivre, en glandant la plupart du temps. Mais ce temps-là était révolu, j'avais décidé de changer de vie, pour le meilleur et pour le pire. Il n'empêche que mon corps avait plus l'habitude d'ingérer des chips sauce barbecue devant mon ordi que faire du sport H24. Mais c'était certainement mieux ainsi. Les gens commençaient à me respecter au moins. Et puis Aurel. Si je revoyais ce connard un de ces jours, il comprendrait sa douleur, le changement étant radical. Non, j'étais assez fier de moi pour le moment, ne m'accordant que très peu de répit. Mais justement, ce soir étant la fin de semaine, j'allais pouvoir sortir ! Direction, la boîte de nuit ! Et le meilleur dans tout ça ? C'est que j'y allais avec Cesare.

Arrivé chez moi, la première chose que je fis fut de jeter mes affaires sur mon lit, de me diriger vers la cuisine me prendre un verre d'eau (et oui restrictions obligent) avant de m'étaler telle une larve sur mon canapé, saisissant à la volée la télécommande histoire de m'abrutir un peu l'esprit dix minutes. Après avoir bien décompressé de la journée, je suis allé me préparer. Je voulais être vraiment classe pour ce soir. Heureusement mon boulot de mannequin m'a apprit bien des choses questions mode et j'avais quitté mes vieux survêtements pour des chemises élégantes qui m'allaient plutôt bien, il fallait l'avouer. Je soignais mon apparence aussi, et je n'avais plus rien du garçon niais et boutonneux que j'étais jusqu'alors. Pour ce soir, c'était tank top blanc avec des petits motifs bleus et short bleu marine moulant, et tennis, bien sûr. Un coup de peigne, du parfum Acqua Di Gio et j'étais parti pour la soirée. Je m'observais une dernière fois dans le miroir histoire de m'assurer que tout était parfait, et je me dirigeais vers le garage récupérer ma voiture. Et oui, un autre avantage de mon nouveau boulot. Une Chevrolet noire, si si.

Sur le trajet, je mis le son de la radio à fond, je voulais me mettre dans l''ambiance. Et surtout, je voulais me changer les idées, histoire de ne pas trop penser au fait que j'allais retrouver Cesare là-bas. Chez, c'était mon meilleur ami depuis quelques années. On s'entendait à merveille tous les deux. Pourtant, depuis quelques temps... non, depuis toujours en fait, notre relation me semblait ambiguë. Du moins de mon côté. Parce que je savais que je n'éprouvais pas que de l'amitié à son égard. Il était trop beau, trop parfait. Et je supportait pas de le voir draguer d'autres mecs, coucher avec cet enfoiré de Tiago et pire encore, baver devant Jarvis, le mec le plus useless de cette planète. Un enfoiré de la trentaine, marié qui plus est, qui laissait Chez rêver dans son coin, alors que leur relation est tout bonnement IMPOSSIBLE. Ou alors cette idée me répugnait tellement, et me faisait trop de mal pour que j'avoue qu'un amour partagé était possible entre eux. Mais même en toute objectivité, je ne le pensais pas vraiment. Voilà. Ouh et rien que d'y penser ça m'énervait. Qu'est-ce que t'as connard tu vois pas que le feu est rouge pour toi ? Vazy la politesse j'vous jure. Moi tendu ? Jamais. Mais faut dire que toute ces histoire avec Battista me rendaient dingue. J'étais tellement dingue de lui... La vie était vraiment injuste parfois.

J'arrivai aux abords de la boîte, The Aurora qu'elle s'appelle. J'aimais bien y aller parce qu'elle était plutôt classe et que la musique y était bonne. Un minimum d'embrouilles pour un maximum de fun. Je garais ma bagnole et la verrouillais. Il ne me rester plus qu'à trouver mon meilleur pote et à me torturer à faire semblant de lui être indifférent, qu'il n'était qu'un pote et que non, le voir pécho ne me fait rien. Mais quel comédien je fais. D'ailleurs, quand on parle du loup, le voilà. Adossé nonchalamment à un un des murs de la boîte, il ne semblait pas m'avoir remarqué. L'air pensif, le regard dans le vague, son visage n'exprimait aucune expression. Mais dieu qu'il était beau ! Non, il fallait que je me ressaisisse. Inspire, expire. Let's go. Hey Chez ! Prêt à passer la soirée de ta vie ? Autour de nous, les lampadaires éclairaient faiblement le parking, tandis que la nuit était déjà tombée. J'avais hâte de passer cette soirée avec lui, et en même temps j'en avait peur : je voulais pas le voir me lâcher pour draguer quelqu'un d'autre, sinon je risquais de (très) mal le prendre. Pour une fois qu'il était à moi, rien qu'à moi, il avait pas intérêt de filer. T'as passé une bonne journée sinon ? Ouais ouais, sujet de conversation à chier mais faut bien commencer par quelque chose non ? Et une fois les banalités passées, on pourrait attaquer sérieusement la soirée ? Non et puis j'avoue, je voulais voir s'il avait revu cette tapette de Jarvis.