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| We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN | |
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| (#) Sujet: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Mer 7 Aoû - 21:32 | |
| C’était sous un tonnerre d’applaudissements que j’avais fait mon entrée en scène. Cette simple ovation avait suffi à me mettre du baume au cœur. Je me sentais comme un dieu accueilli par ses fidèles. C’était tellement jouissif que j’en aurais eu une érection de joie si j’avais pu. Le problème, c’était que mon accoutrement ne me le permettait pas vraiment. Ce pantalon en cuir ignifugé était un vrai corset pour couilles. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais débarqué en haillons. Ma performance n’aurait pas été diminuée pour la cause. Mais bon, mon employeur était plutôt à cheval sur les consignes de sécurité. Soit je faisais avec, soit je passais ma soirée dans les gradins, tel monsieur tout le monde. Ca me plaisait pas. J’avais pas besoin de ça. Je maitrisais suffisamment mon art pour en être dispensé. Mais apparemment, mon avis n’était pas unanime. J’avais appris à mes dépens qu’on obtenait pas toujours gain de cause dans le domaine du showbiz. Je faillis avaler mon kerdane de travers lorsque j’aperçus Julian dans le public. Aucune loi n’interdisait l’entrée du cirque aux bourgeois, certes, mais il n’avait pas vraiment la gueule à trainer dans ce genre endroit. De plus, si mes souvenirs étaient intacts, il avait beaucoup mieux à faire un vendredi en fin de soirée. Tentant désespérément de fermer les yeux sur sa présence, je brandis mes torches devant moi et crachai le contenu de ma bouche en direction des flammes. Je faisais tout mon possible pour me concentrer sur ma prestation, mais mon regard semblait magnétiquement attiré par l’avocat, si bien que sans même m’en rendre compte j’avais manqué de défigurer le premier rang à vie. Pour ne pas laisser croire aux spectateurs que j’avais perdu le contrôle de la situation, j’embrayais élégamment sur un numéro de jonglage. Ce dernier toucha rapidement. Comme si mes doigts avaient été enduits d’huile, la torche m’avait échappé des mains, terminant sa course à mes pieds. Ca ne m’était jamais arrivé par le passé. Au lieu de continuer le représentation, je m’étais contenté de regarder la flamme faiblir avant de s’éteindre, sauvagement étouffée par le sable de la piste. Courroucé, je fis signe à l’ingénieur du son d’envoyer la musique qui marquerait la fin de mon exhibition. J’en avais assez fait pour aujourd’hui.
« Qu’est-ce qui t’as pris, putain, Lupka ? Aurais-tu perdu la tête ? » Je mourrais d’envie de lui répondre que les tonneaux d’alcool que j’avais ingurgité quelques heures plus tôt pour noyer mes démons qui étaient revenus me hanter étaient les uniques responsables de mon état. Seulement, il s’était avéré que ces connards étaient bons nageurs. Ouais, parce que je m’étais persuadé que c’était les spiritueux qui me faisait halluciner. Julian n’était pas là. C’était qu’une putain de projection de mon esprit. Je souhaitais tellement le revoir que son image avait pris forme devant moi, plus vraie que nature. Seulement, voilà, je jugeai qu’exposer ces justifications à mon employeur était une plutôt mauvaise idée. Ca ne servirait à rien, à part me ramener en arrière. Retour à la case asile. « Longue histoire, pas assez de temps. Maintenant tu m’excuseras, je vais m’en griller une. » L’insolence était devenue ma meilleure amie, depuis que j’avais été embauché. Je savais que je pouvais me permettre d’être hautain, tout simplement parce que j’étais à l’origine de la plus grande partie de leur rentrée d’argent. Les gens voulaient des sensations fortes, et moi, je leur offrais sur un plateau d’argent. C’était pas leur vieux tigre uniquement bon à servir de carpette au pied d’un lit qui allait les attirer, c’était évident. Histoire d’éviter de me choper un coup de froid qui m’empêcherait de passer mes partiels, j’enfilais mon peignoir de satin. Parce que oui, on se faisait du soucis pour la sûreté de mon bas ventre, mais pourtant, j’avais le droit d’exercer torse nu. Cherchez pas la logique, y en a pas. Clope au bec, je laissais mon corps s’échouer sur une botte de paille destinée à nourrir les bestiaux. La cigarette m’aidait à ne pas craquer quand mes nerfs s’entrechoquaient comme deux morceaux de silex. Elle me maintenait en vie, et paradoxalement, elle était un clou en plus qui venait s’ajouter à mon cercueil. Des bruits de pas ne tardèrent pas à me sortir de ma torpeur. J’avais une haleine de barbecue, je m’étais couvert de ridicule et pourtant, il me restait encore des fans ? Je devais vraiment être doué. « J’avais pas prévu de séance dédicace aujourd’hui, mais j’imagine que je peux faire une exception. » A ces mots, j’arrachai un poster me mettant à l’affiche du mur contre lequel j’étais adossé et m’assis en tailleur. J’esquissai une grimace de dégoût lorsque mon regard croisa ma face. J’avais pas l’air d’avoir envie d’être là. Je pendais une gueule jusque par terre. J’avais probablement essayé d’adopter l’attitude beau mec mystérieux, sauf que je n’avais définitivement pas obtenu le résultat recherché. « Cette photo est absolument dégueulasse, vous trouvez pas ? J’comprends même pas pourquoi les gens continuent à venir. Ca me dépasse. » Je redressai ensuite la tête, histoire de voir à quoi ressemblait mon interlocuteur. Autant j’étais en train de taper la discussion à un psychopathe venu pour me lyncher et je le savais même pas. Mon cœur vint cogner à ma cage thoracique quand mon regard croisa celui de ce que je pensais être un admirateur. Julian. Alors comme ça, j’avais pas rêvé. « Ca sera à quel nom ? » Sourire malicieux. Je me laissai glisser à bas de mon perchoir et me plantai devant lui. J’avais presque envie d’emprunter les échasses de mes collègues tellement je me sentais ridiculement petit à côté de lui. Mes doigts se perdirent dans la poche de mon peignoir et en sortirent un briquet. Gadget devenu absolument indispensable à ma vie. Je me fis une joie de brûler l’affiche que je m’apprêtais à lui dédicacer, juste par plaisir. Il n’y avait aucun sous-entendu caché dans cet acte de barbarie. Je savais pas vraiment comment me comporter vis-à-vis de lui. Les liens qui nous réunissaient avaient eu tout le temps de s’effilocher durant ces deux dernières années. Autant il était juste là pour me demander de quitter la ville. Je lui adressai un faible sourire avant de finalement me lancer. « Content de vous revoir, Mr. Novotny. »
Dernière édition par Lupka J. Taylor le Lun 12 Aoû - 4:45, édité 4 fois |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Mer 7 Aoû - 21:47 | |
| Encore transpirant et essoufflé, l'odeur des animaux parvient à faire naître un goût amer dans ma bouche. Les excréments des lamas mélangés à l'odeur du foin ont le don de me dégoûter au plus haut point. Même petit, j'étais pas le genre de gamin à m'extasier devant les grandes cages des cirques. Le justicier au grand cœur que j'étais trouvait dégueulasse de voir toutes ces bêtes en cage et ne voulait pas dépenser son argent de poche pour applaudir des numéros aussi ridicules les uns que les autres. Fin, c'était surtout le bourrage de crâne de mes vieux qui en était à l'origine, mais on s'en fout. Alors, pourquoi je me retrouve ici, aujourd'hui ? C'est presque risible de voir le grand Novotny les pieds dans le purin à regarder les numéros défiler. Durant la moitié du spectacle, je suis resté impassible, entouré par des gosses aux yeux pétillants et des mères éblouies. A plusieurs reprises, j'ai eu envie de leur gueuler dessus pour leur dire combien elles peuvent être ridicules d'apprécier de telles conneries mais je me suis rappelé le but premier de ma venue ici. Ce n'est certainement pas pour montrer de ma puissance. Encore moins pour finir avec un groupe de gitans à dos. Non, si je suis ici, ce n'est que pour vérifier l'une des rumeurs les plus croustillantes. Dire qu'il était venu à mes oreilles que le cracheur de feu est sexy à mourir. Mais surtout, jeune. Quand on vous le dit une fois, vous n'y croyez pas. Une seconde fois, vous commencez à douter. La troisième fois ne fait que confirmer les deux autres. Alors oui, j'ai claqué du fric dans une place de cirque uniquement pour me rincer l’œil et tenter une approche. Parce qu'à Seattle, les trous de qualité se font de plus en plus rares. Non pas qu'il n'y en a pas, mais on en fait vite le tour. J'ai jamais vraiment été du genre à profiter de quoi que soit. Je consomme, à la vitesse de l'éclair. Un peu comme un gamin pourrit gâté, il ouvre ses cadeaux de noël, s'en sert un jour et les casse. Ils finissent ensuite à la poubelle. Et ce putain de gosse qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez en redemande de nouveaux. Cercle vicieux dont on ne peut se défaire. Allez Julian, ouvre grand les yeux, ton nouveau jouet est sur le point d'entrer sur scène. Des applaudissements l'encouragent, caressent son égo. Mais j'trouve rien de mieux que de rester les bras croisés sur mon siège.
Et il arrive, finalement, ses torches à la main. Un petit blondinet aussi épais qu'une allumette prend place au milieu de la piste. Étrangement, sa carrure, aussi rachitique soit-elle parvient à s'imposer sur le public. Ma respiration se coupe à la vue de ce visage. Je fronce légèrement les sourcils pour me concentrer sur chaque trait de sa figure illuminé par les flammes s'échappant de sa bouche. Merde. Sur le coup, je trouve rien de mieux que me dire que c'est une réplique presque parfaite de Lupka. Puis nos yeux se croisent et la fausse note accompagne ce foutu regard échangé. Mon cœur rate un battement, partagé entre l'angoisse et la joie, je baisse les yeux et fixe mes pieds pour tenter de remettre mes idées en place. Mais elles se mélangent, inlassablement. Je me revois lui tenir la main alors qu'il est assit en face de moi, nerveux, me suppliant de l'aider. Le pire dans tout ça n'est pas d'avoir perdu une grande partie de mon fric, non, c'est celui de l'avoir laissé aux mains de ces infirmiers. Sans un mot, sans rien, j'avais du fuir et ne surtout ne pas lui rendre visite au risque de me retrouver en taule. Vous vous imaginez un peu ? Un avocat retrouvé en prison pour détournement de mineur. Les médias n'auraient fait qu'une bouchée de moi. J'étais plus jeune et incapable de me faire à cette idée. Je venais à peine de quitter les bas fonds de ma connerie, il était hors de question de tout recommencer. J'suis peut-être fort mais j'ai pas la force des prisonniers. La mienne est mentale, cynique, grinçante, détestable. Pas brute. On m'aurait retrouvé la gueule éclatée dans ma cellule ou bien tué dans les douches à l'aide d'une lame si usée qu'elle m'aurait refilé le tétanos. C'est ainsi que j'avais préféré sauver ma vie à celle de Lupka. Parce qu'il avait une chance de s'en sortir sans moi, pas le contraire. En quittant Pittsburgh j'étais même persuadé de ne jamais le revoir. Et pourtant, le destin, ironique et joueur venait de me le ramener soudainement sous les yeux. Comme pour me faire culpabiliser de mes actes. Me rappeler combien je peux être pathétique et inconscient. Baiser un gamin de quinze ans, putain, il m'est passé quoi par la tête ? Ma gorge se noue alors que les applaudissements brisent le silence et me ramènent sur terre. Dans un mouvement de foule mal assuré, je me relève et me mêle d'un pas lent dans la vague de personnes se dirigeant vers la sortie. Sans réfléchir une seule seconde à mes envies, je me dirige vers l'arrière du chapiteau et inspire une longue bouffée d'air frais pour me donner du courage. Allez. C'est pas le moment de se dégonfler. Encore moins celui de fuir, une nouvelle fois. Je vais le voir pour prendre des nouvelles, juste ça. Je lui dois bien ça non ? C'est même pas de la charité mais un désir. Pour une fois, je n'ai jamais voulu ce qu'il nous est arrivé, jamais. Les bruits de mes pas trahissent ma présence et font craquer sous leur semelle les brindilles de paille. Surpris, mon corps se soulèvement lorsque la voix de Lupka résonne dans l'air. Je ne prends même pas la peine de répondre à ses questions et me contente de fixer chacun de ses gestes. Redécouvrir les formes de son corps. Mes yeux finissent par se perdre dans ses cheveux blonds. Et je reste là, figé, les mains dans les poches, privé de toutes paroles.
« Ca sera à quel nom ? » mes lèvres s'étirent pour accompagner son sourire. La flamme brûlant l'affiche semble représenter ce que notre aventure a subit. Un putain d'incendie pour ne finir que de pauvres cendres perdues sur le sol de cette asile. Envolés, éparpillés, nos moments passés ensemble, aussi éphémères furent-ils. Toujours silencieux, j'attends qu'il lance la première phrase. Qu'il mette une note sur notre entrevue. Je veux le voir tirer la première balle. Ce sera ensuite à moi de l'esquiver ou bien me la recevoir en plein crâne. « Content de vous revoir, Mr. Novotny. » C'est d'un geste simple du visage que je lui accorde un sourire avant de me rapprocher d'un pas pour ne pas avoir à parler trop fort. Je laisse tout de même entre nous une certaine distance fin qu'il sente l'odeur nauséabonde de transpiration que je porte. J'ai pas vraiment eu le temps de me changer avant de venir le voir. Les restes de musculation me collent encore à la peau. « Dis donc, c'est que t'es devenu un homme depuis la dernière fois. T'avais une voix de fillette et tu jouais aux barbies. Comme quoi, le destin aime se foutre de notre gueule. » Un rire mi-moqueur, mi-nerveux traverse la barrière de mes lèvres alors que je m'avance à nouveau d'un pas, oubliant cette foutue distance de sécurité. C'est Lupka, merde. Une vague brûlante traverse mes organes et me ramènent à nos souvenirs communs. D'un geste de la main que je passe sur mon visage, je tente de les faire disparaître et me concentre sur l'instant présent. J'ai tellement de choses à lui dire, là, tout de suite. Et pourtant, rien ne veut sortir, la fierté l'emporte. Je la combats encore un peu. Défonce mes démons et plonge enfin mon regard dans le sien. « ça a l'air d'aller pour toi. » J'évite de rajouter autre chose mais oui, ça me rassure de le voir comme ça. L'amertume présente dans ma voix n'est plus masquée par mon humour mal assuré. Perdu dans le passé, je me remémore ma défaite une nouvelle fois. J'ai tellement été con. « Tu veux bien m'offrir de ta célébrité le temps d'une clope ou ton emploi du temps est trop chargé ? » A ces mots, j'attrape dans ma poche une cigarette et la cale entre mes lèvres. « Tu me l'allumes ? » La clope, hein. |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Ven 9 Aoû - 1:26 | |
| « Dis donc, c'est que t'es devenu un homme depuis la dernière fois. T'avais une voix de fillette et tu jouais aux barbies. Comme quoi, le destin aime se foutre de notre gueule. » Ses paroles me transportèrent quelques années en arrière. J’avais pas encore mué, et même la voix de castrat de Farinelli était plus virile que la mienne à cette époque. C’était à se demander comment j’avais fait pour faire partie de son tableau de chasse. J’étais pas vraiment le genre de gibier qu’il avait l’habitude de traquer, je crois. J’étais rien d’autre qu’un jeune bambi en perdition. Autant dire qu’il n’y avait absolument rien à se mettre sous la dent. « L’asile n’y est pas pour rien. J’ai eu plus de temps qu’il n’en faut pour mûrir. Regardez le vieux fruit pourri que je suis devenu. » Au moins aussi pourri que mon humour. S’il y avait bien quelque chose que mon séjour à l’hôpital psychiatrique avait laissé intact, c’était ma connerie. Même si j’étais loin de prendre ce sujet à la rigolade, il n’y avait pas d’animosité dans ma voix. Rien n’était arrivé par sa faute. Il était aussi innocent que moi dans cette histoire. Et même si c’était lui qui m’avait jeté dans la fosse aux lions, il n’avait fait que répondre aux ordres qu’il avait reçu. Son simple statut de stagiaire ne lui avait pas permis d’ouvrir sa gueule. Je me plaisais à croire que s’il avait eu son mot à dire, les choses se seraient passées autrement. Malheureusement – ou heureusement, tout dépend de la tournure qu’auraient pris les événements –, c’est un mystère qui restera à jamais irrésolu. Tout ça pour dire que je ne lui en voulais pas d’avoir embrassé la lâcheté. Son avenir en dépendait. Le simple fait de tremper le biscuit dans la mauvaise tasse avait failli porter préjudice à sa carrière. Et à choisir, je suis sûr que Julian aurait préféré le suicide plutôt que se retrouver au chômage ou caissier dans un supermarché craignos. Moi ? A part quelques années de ma vie et ma santé mentale, j’avais rien eu à y perdre. Même si j’avais connu mieux comme logement, au moins à l’asile, j’étais protégé du jugement des gens. Julian n’aurait eu d’autres choix que celui de vivre en sentant leurs regards lourds de reproches dans son dos à chaque fois qu’il marchait dans la rue.
« Ca a l'air d'aller pour toi. » Ouais, de ce côté-là, je devais dire que je m’en sortais plutôt bien. Mieux que certaines personnes au passé moins lourd que le mien, même. J’étais au-dessus de la crise, comme j’étais au-dessus du reste. Ouais, je traversais une crise de grosse tête aigue, si bien que j’arrivais à peine à la tenir droite. C’était pas ma faute si je gérais mal le succès. « J’ai un job, j’ai un toit et j’ai repris les études. J’ai pas vraiment matière à me plaindre. » Pendant un court instant, j’ai eu l’espoir que ma vie l’intéresse un tant soit peu. Puis je me suis rappelé qu’il s’agissait de Julian,et que c’était probablement rien d’autre qu’une remarque de routine lâchée au détour de la conversation. Décidé à ne pas laisser un blanc s’installer, je jugeai que le moment était bien choisi pour lui déballer ce que j’avais sur le cœur. « Je suis désolé pour tout le trouble que ça vous a causé. Je sais pas comment ils ont su, mais j’vous jure que j’ai rien dit. » Je comprenais même pas que cela ait pu faire autant de vagues. C’est vrai, c’était pas comme s’il m’avait violé. Ou alors, c’était moi qui étais très mauvais dans le rôle de victime. « Tu veux bien m'offrir de ta célébrité le temps d'une clope ou ton emploi du temps est trop chargé ? » Comme si j’allais refuser. Comme si. Je m’en voulais presque d’être aussi faible. « Oh, je peux vous offrir bien plus que ça. Vous avez payé votre billet, après tout. » Sachant que j’étais le roi des propos tendancieux, cette réplique avait tout d’une invitation malsaine. Pour semer la confusion dans son esprit, je lui offris un sourire plus qu’innocent. « Tu me l'allumes ? » J’arquai un sourcil, prêt à le déshabiller devant tout le monde avant de réaliser qu’il parlait de la cigarette qu’il avait au bec. Déception. Mon visage se rapprocha lentement du sien et tandis que je dévorais ses lèvres du regard, ma main sortit un briquet de ma poche. Mon pouce fit rouler la molette. C’est alors qu’un jet d’eau sauvage aspergea la face de Julian. C’est qu’à force de trainer avec des clowns, j’en devenais presque comique. Ma bonté naturelle refaisant surface comme un cadavre de noyé, je retirai mon peignoir afin de lui essuyer le visage. Bien évidemment, mes gestes étaient calculés d’avance. J’avais une faveur à lui demander. A lui imposer, plutôt. Heureusement que je savais comment m’y prendre. « Aussi célèbre sois-je, j’ai pas encore droit à mon chauffeur personnel. On va faire un tour ? Je vais finir par me faire la part du clown si je bouge pas.» Juste au cas où j’aurais été trop subtile pour son cerveau – c’est que les mecs sexys étaient pas réputés pour être des lumières –, je l’attrapai par la main et l’entrainai en direction du parking. « C’est pour ça que vous allez m'emmener. J’accompagnai ma requête d’un large sourire. Le refus ne faisait pas partie des options que je lui laissai. « Merci. » Je n’eus aucun mal à retrouver son véhicule pour la simple et bonne raison qu’il dépassait largement les voitures garées à côté en hauteur. Julian avait toujours aimé ce qui était tape à l’œil, c’était pas nouveau. « Allez, ouvrez-la, que j’allume votre cigare. » Parfois, je me dis que je ferais mieux de me terrer dans mon silence et de ne jamais en sortir. Je me frappai ensuite le front de la paume de la main. Julian allait probablement gueuler que j’avais ramené tout le sable de la piste dans sa bagnole et me la faire nettoyer à la brosse à dents. Avant qu’il n’ait à le faire, je me déchaussai et déclarai d’une voix sarcastique. « J’ai les pieds propres. Promis. »
Dernière édition par Lupka J. Taylor le Sam 10 Aoû - 21:05, édité 1 fois |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Ven 9 Aoû - 1:50 | |
| Encore légèrement sonné de le voir devant moi, je reste planté devant lui, clope au bec. C'est fou comme le monde peut parfois être petit. Après trois ans de silence total, nous nous retrouvons à Seattle, derrière cette tente grand format. Au milieu de l'odeur des bestiaux entassés. Des clowns malheureux et des dresseurs de tigres. Tout à toujours été comme ça avec Lupka de toute façon. Notre rencontre s'est faite dans un commissariat. Notre première fois, juste avant le procès. Et nos quelques visites dans un asile miteux du coin où il lui arrivait de se coller contre moi pendant que la misère vivait autour de nous. J'crois que si j'avais été à sa place, je serais très certainement tombé fou. Incapable de vivre en communauté, la folie des gens auraient eu raison de moi. La jeunesse du blond avait peut-être été une force. C'est vrai, quand on est gamin, rien ne nous atteint. Vous savez, on est invincible, et c'est tout. Des supers héros ratés. « Je suis désolé pour tout le trouble que ça vous a causé. Je sais pas comment ils ont su, mais j’vous jure que j’ai rien dit. » Involontaire, ses paroles suffisent à faire naître entre lui et moi une barrière. Celle du passé, douloureux. J'étais à deux doigts de me retrouver en taule et complètement ruiné. Ma tête en affiche des journaux. J'ai frôlé le pire mais je m'en suis remis, comme toujours. Alors, sur le coup, il est inutile de remettre sur le tapis cette foutue histoire. Elle est loin derrière nous. Un faux pas qui m'a coûté quelques plumes, je l'avoue. Mais je vole toujours, c'est l'essentiel. Mes yeux restent figés sur ses mains s'approchant de mon visage. Un sourire se dessine sur mon visage à l'écoute de ses sous entendus douteux. Concentré sur mon envie de clope, je ne prends pas la peine d'y répondre. Non pas que Lupka soit repoussant, loin de là. Je pense juste avoir eu ma dose avec lui. C'était un bon coup, j'y suis même retourné à plusieurs reprises mais le temps s'est écroulé. Emportant avec lui une partie de mon intérêt sexuel et de mes sentiments. Parce que oui, je pense que … non. Impossible. Je ne pouvais pas tomber sous le charme d'un gamin de quinze ans. Perdu dans les profondeurs de nos souvenirs, mon corps est soudainement pris d'un sursaut lorsqu'un filet d'eau s'échoue sur ma joue. Un mouvement de recul instinctif m'éloigne du jeune homme tandis qu'un grognement quitte mes lèvres à son acte insensé. J'ai pas le temps de réagir qu'il prend déjà le temps de m'essuyer. « Ça va, j'sais encore m'essuyer tout seul. » Ma voix est froide, bien plus que je ne le voudrais mais pas agressive. Faut dire que j'ai jamais été du genre chaleureux avec qui ce soit. Sauf peut-être au pieu, et encore. Moins j'en sais sur les hommes qui me font face, mieux je me porte. Dire qu'il fut un temps où je supportais ce gamin.
Sa main attrape la mienne et, comme un pauvre con, je n'y apporte aucune résistance. Je suis ses pas, fébrile, comme un pantin aux cordes usés. Mes yeux se posent sur ses cheveux blonds, toujours incapable de parler de quoi que ce soit. J'pourrais lui demander de ses nouvelles, mais est-ce que je veux vraiment le savoir ? Trois ans. Il s'en passe des choses en trois ans. J'ai changé, je suis devenu encore plus froid et bâtard que je ne l'étais déjà. Comme si le temps s'était ligué contre moi au point de me rendre intouchable. La pire des nouvelles pourraient me tomber sur la gueule que je ne perdrais pas le contrôle total. A force de se canaliser, on finit par ne plus ressentir réellement. Vous savez, la passion, l'amour, toutes ces choses indispensables à l'homme ne m'atteignent plus. Et ces foutus doigts liés aux miens ma ramènent au passé. De loin. Sans que je ne puisse me remémorer les battements fous de mon coeur. Une vieille histoire perdue dans ses propres chapitres. Elle arpente pourtant encore nos souvenirs. Mais on s'en fout, c'est passé. C'est terminé. On s'en branle. La seule chose qui compte c'est le moment présent. Ca sert à quoi de se lamenter sur le reste ? Ça sert à rien. « J’ai les pieds propres. Promis. » J'sais très bien qu'il se fout de moi et sur le coup, j'hésite de répondre à ses provocations. Oui, j'hésite à l'envoyer chier et lui demander de fermer sa gueule de gamin pourrit gâté. Patient, je m'approche de lui, attrape ses chaussures et ouvre la voiture en souriant. « Fais pas de manières et grimpe. » A ces mots, je contourne le carrosse et monte du côté conducteur. Une fois Lupka monté dedans, j'accélère, toujours aussi froid et silencieux. Non pas coincé, c'est juste que j'ai franchement rien à lui dire pour le moment. Les mots ne viennent pas. Absents. Comme mon esprit. Je fixe les lignes blanches sur la route avant de lui poser l'une des questions les plus banales. « T'habites où sinon ? J'veux bien faire le taxi mais sans adresse, on va pas aller loin. » Au premier feu rouge, une grimace se dessine sur mon visage tandis que j'ouvre la fenêtre pour y jeter ses chaussures. « Maintenant que t'es une star, tu pourras t'acheter de meilleures pompes. Elles puent, c'est dégueulasse. » Et pendant que je lui parle, comme ça, comme je parlerai à n'importe qui, pas une seule fois mon regard croise celui de Lupka. Trop occupé à fixer la ville qui grouille autour de moi. J'attends sa réponse, dans l'espoir que cette fois, il ne jouera pas sur son pseudo humour. Ma joue est encore humide, froide. J'ai horreur de l'eau, encore plus lorsque je m'en reçois sur la gueule. Je plonge d'ailleurs ma main dans la porte et en sort un briquet où je prends soin d'allumer une clope. Putain Julian, après trois ans, c'est tout ce que t'as à lui dire ? Lui demander son adresse en lui suggérant de s'acheter de nouvelles pompes. Mais putain, tu crains … tu crains. |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Ven 9 Aoû - 1:55 | |
| « Fais pas de manières et grimpe. » Julian n’eut pas à me le répéter une seconde fois. Sans me faire prier, j’avais fait le grand écart pour pouvoir grimper à bord de son véhicule. C’est que son 4x4 n’était pas spécialement adapté aux nains dans mon genre. Heureusement que j’étais souple. Une fois installé, je coulai un regard à l’avocat. Ce dernier semblait distant. Ce n’était pas qu’un fossé qui s’était creusé entre nous, non, c’était carrément le Grand Canyon. J’avais envie de le secouer, de lui gueuler au combien il m’avait manqué mais à quoi bon ? Ca ne l’ébranlerait même pas. Julian ne se rangeait pas dans cette catégorie de personnes qui vivaient dans le passé, même quand celui-ci leur sautait à la gueule de façon plutôt inattendue. J’en étais arrivé au point de penser que s’il n’avait pas eu la bonne idée d’assister à la représentation de ce soir, jamais il ne se serait interrogé sur ce que j’étais devenu. J’étais qu’un putain de dossier qu’il avait exploré en profondeur – dans tous les sens du terme – , ni plus ni moins. Une affaire classée de plus à son palmarès. J’aurais très bien pu crever dans cet asile qu’il n’en aurait rien su. La réalité me frappa de plein fouet. Elle se tenait là, devant moi, et pourtant, je préférais tourner la tête plutôt que l’affronter. C’était tellement plus facile de se voiler la face. De me dire que j’avais un jour représenté quelque chose de plus important qu’un simple coup aux yeux de cet homme. « T'habites où sinon ? J'veux bien faire le taxi mais sans adresse, on va pas aller loin. » Absent, ce fut d’une voix lointaine que je lui répondis platement. « Downtown , appartement 69. » Mon esprit était en proie à une guerre intestine. Cette dernière opposait ma raison qui estimait que Julian avait été contraint de me laisser croupier au fond d’une chambre d’hôpital au doute qui me poussait à croire qu’il avait délibérément pris cette décision. Mon estomac s’avéra être victime des dommages collatéraux de cette violente bataille. J’avais le cœur au bord des lèvres. Le contexte, étrangement similaire à celui du jour où il m’avait déposé devant ma nouvelle résidence, n’aidait en rien. Il arborait cette même expression. Une vraie tête de caillou. Tellement qu’il devait avoir un emplacement réservé sur l’île de Pâques.
« Maintenant que t'es une star, tu pourras t'acheter de meilleures pompes. Elles puent, c'est dégueulasse. » J’aurais pu lui faire une scène de ménage. Lui faire remarquer que le sort de mes souliers ne regardait que moi, mais je m’abstins. Après tout, qu’est-ce qu’était une paire de chaussures dans la vie d’un homme ? Rien d’autre qu’un accessoire témoin du degré de civilisation de notre société, voilà tout. En fait, j’étais trop occupé à tenter de garder mon calme pour réagir. J’avais l’impression que la carrosserie de sa jeep se refermait sur moi, prête à m’écraser. Me broyer les os. Me ramener à l’état de poussière. Cette sensation d’étouffement était si réaliste que j’avais l’impression que mes poumons avaient cessé de s’approvisionner en oxygène. « Je me sens pas bien, j’peux ouvrir la fenêtre ? » Mes pupilles étaient dilatées par la peur irrationnelle de retourner à la case prison. Sauf que la vraie vie n’avait rien à voir avec une partie de monopoly. On m’avait pas laissé l’occasion de jouer ma sortie aux dés. Julian n’était pas digne de confiance. Je ne comprenais même pas pourquoi je m’obstinais à chercher du bon en lui. Les rares qualités que je lui avais attribuées semblaient avoir été engloutie par le trou noir qui lui servait de conscience. Il ne lui restait plus rien en dehors de son physique plus qu’avantageux. C’était qu’un connard d’égoïste. Alors que je lui avais offert le mien, Julian n’avait fait que se battre pour sauver son propre cul. Et dire qu’alors qu’il m’avait lâchement abandonné au front du combat, pendant que les autres fous s’accrochaient à leur fois en dieu, moi je m’étais accroché à son équivalent humain, c’est-à-dire lui. Ma naïveté me donnait la nausée. Je vis le feu rouge suivant comme une bénédiction. « En fait, vous pouvez me déposer ici. Je vais continuer à pied. Ca sert à rien de gaspiller votre essence pour un trajet aussi court. J’pense que l’air de Seattle est suffisamment pollué comme ça. » Julian connaissait suffisamment la disposition de la ville pour capter rapidement que je me foutais ouvertement de sa gueule. A pattes, il me faudrait au moins toute la nuit pour rentrer. Mais c’était un effort que j’étais prêt à fournir, incapable de passer une minute de plus coincé dans cette voiture avec lui. J’aurais dû écouter les psys lorsqu’ils m’avaient conseillé de couper les ponts avec mon passé et surtout, de ne pas tenter de revoir Julian. Ils avaient insisté sur le fait que ce dernier allait probablement me repousser après tous les problèmes qui lui étaient tombés dessus par ma faute. Bien évidemment, je n’en avais fait qu’à ma tête, allant à l’encontre de leur jugement. Ils avaient raison sur un point : tout dans le comportement de Julian laissait supposer qu’il ne trépignait pas à l’idée de me revoir. Peut-être qu’il avait accepté de me ramener par pure pitié. Qu’il la garde pour ceux qui en avaient besoin. Mes doigts jouèrent brièvement avec ma lèvre tatouée à son nom, hésitant sur la meilleure chose à faire. Je finis par quitter le véhicule avant que le feu ne repasse au vert. Je trainai ma carcasse jusqu’au mur qui se tenait en face de moi et me laissai glisser dos à celui-ci. Complétement paumé, je plongeai ma tête entre mes paumes de mains. J’avais tellement l’air pitoyable, torse et pieds nus qu’un riche se séparerait peut-être d’une pièce pour me permettre de me payer le bus. A vrai dire, je ne comptais pas vraiment sur Julian pour se garer sur le bord de la route et venir me rejoindre. S’afficher en compagnie d’un pauvre type comme moi risquerait de nuire à sa réputation déjà tachée par mes soins.
Dernière édition par Lupka J. Taylor le Sam 10 Aoû - 21:05, édité 1 fois |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Ven 9 Aoû - 2:02 | |
| Le silence est plus fort que tout. Il recouvre nos battements de cœur, les bruits de notre respiration saccadée. Je ne suis pas à l'aise. Lupka ne l'est pas plus. Je peux le voir sur son visage, l'expression qu'il arbore le dénonce. Pas besoin de mots ou quoi que ce soit pour comprendre que les années nous ont détruites, à leur façon. Elles ont grignoté l'infime lien qui nous reliait. J'sais absolument pas ce que ce gamin attend de moi. Le problème est bien là, y a jamais rien eu à attendre de moi, j'suis rien de plus qu'un gars qui vit pour lui en attendant que les autres l'oublient. J'ai rien trouvé de mieux qu'être aussi froid et stérile qu'une brique. Pour lui prouver que je ne suis pas quelqu'un de bien. J'ai pas changé, je changerai jamais. On détruit pas 27 ans de vie et d'habitude comme ça. Même Arseniy avait fait les frais de ma connerie. Ok, et même si j'en ai bavé de lui avoir fait du mal cela ne m'empêchera jamais de recommencer. C'est comme une putain de pulsion. Un truc qui grandit en moi, inévitable. J'avais donc couché avec le blondinet uniquement sous le coup de la folie. Faut dire qu'il était attirant. J'ai eu de l'affection aussi mais j'ai tout oublié, ou presque. J'ai pas envie de ressasser le passé. Fin, je le fais déjà, en acceptant de le ramener chez lui. Je plonge mon regard dans celui de Lupka en lui donnant l'autorisation d'ouvrir la fenêtre d'un geste de la tête. Je crois qu'au final je m'inquiète plus pour ma bagnole que lui. J'ai toujours été du genre à être un putain de maniaque avec mon hummer. Fin non, avec tout ce qui m'appartient en général. Mon loft, cette voiture, ma moto, toutes ces conneries sont mes seules fiertés. Je les préserve comme un putain de lion capable de défendre son territoire. Sans eux je ne suis rien. Je vis à travers le fric, triste réalité.
« En fait, vous pouvez me déposer ici. Je vais continuer à pied. Ca sert à rien de gaspiller votre essence pour un trajet aussi court. J’pense que l’air de la ville est suffisamment pollué comme ça. » Et il descend de la bagnole, comme ça, au feu rouge. Comme un putain de pauvre con, il me laisse en plan au milieu de la route. L'idée de continuer me traverse l'esprit, ouais, au fond, c'est bien plus facile de tracer son chemin en laissant les faibles sur le côté. Et pourtant, j'suis déjà en train de me garer sur le parking d'une foutue supérette. Les battements de mon cœur s'accélèrent tandis que j'accélère le pas en direction de Lupka. Non, je suis pas en train de lui courir après pour tenter d'arranger les choses. J'ai juste envie de comprendre, de savoir, de découvrir, de lui dire comme la réalité peut être pute. De nous deux, c'est lui qui vit dans un rêve, j'suis persuadé qu'il attend encore quelque chose de moi. Tout le monde attend quelque chose de Julian de toute façon. Mais il offre jamais rien, trop occupé à baiser les gens, dans tous les sens du terme. Mon regard se pose sur lui et me ramène immédiatement à quelques années plus tôt. Il avait souvent cette position lorsque je le retrouverais à l'asile. Le désespoir qui me saute au visage me donne la sensation d'un vertige. Merde, regarde ce que t'es en train de faire. J'ai horreur qu'on me montre combien je peux être un bâtard c'est pourquoi l'envie de le secouer me traverse mais j'me retiens. Je me retiens de m'approcher un peu pour lui foutre un coup de pied. C'est pas le moment de le blesser un peu plus. Personne peut comprendre ce qu'il a pu vivre là-bas, même pas moi. J'ai été le premier à le jeter dans cet établissement d'ailleurs alors maintenant j'ai plus qu'à fermer ma grande gueule et assumer. L'argent ne sauvera pas la mise cette fois. Alors, perdu dans le passé ma voix brise tout de même le silence qui nous sépare. Ce mur de glace déjà à moitié fondu. Aussi fragile que du cristal.
« Pourquoi tu réagis comme ça ? » Hein, ouais, pourquoi ? J'y suis pour rien moi si la vie a été une pute. Fin, presque rien. Et on s'en fout, j'ai pas envie de crever de culpabilité, j'me sens assez con comme ça. « Tu veux que j'm'excuse de pas avoir été là ? Tu croyais quand même pas que j'allais tout ruiner pour un gamin ? T'avais une chance de t'en sortir, pas moi. On était tous les deux condamnés putain. » Ma voix part légèrement dans les aiguës, elle trahit inévitablement mes sentiments . Je me recule de quelques pas, donne un coup de pied dans une canette de bière qui s'écrase un peu plus loin, contre le mur. « Je vais pas être submergé par les émotions parce que je te retrouve. Les choses ont changé Lupka. J'ai fait des conneries, j'ai essayé d'assumer toute cette histoire comme je le pouvais. J'me pensais indestructible et j'étais persuadé que j'allais te sortir de là. Mais ça c'est pas passé comme je le voulais et encore une fois j'ai été à côté de la plaque. C'est trop tard pour regretter maintenant. » Quand on y pense, j'ai jamais pris le temps de regretter quoi que ce soit. A ces mots je prends une longue inspiration et me baisse pour être à sa hauteur et continuer, d'une voix moins froide. « Tu vas crever de froid si tu rentres comme ça, en plus. Allez … viens. » Et c'est de cette façon que je lui tends ma main, libre à lui de la saisir ou pas. Une chose est sûre, cela ne risque pas de se reproduire avant des millénaires. |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Ven 9 Aoû - 2:07 | |
| « Pourquoi tu réagis comme ça ? » Une multitude de réponses me vinrent à l’esprit. Le plus dur allait être de n’en retenir qu’une seule. J’avais pas envie de l’emmerder avec mes crises d’adolescent qui sort tout juste de la puberté mais c’était plus fort que moi. J’arrivais jamais à taire ce que j’avais sur la conscience, il fallait toujours que j’explose à un moment ou un autre. « J’ai pas envie que vous me plantez à nouveau alors que j’viens à peine de vous retrouver. C’est pour ça que j’ai décidé de prendre les devants. » Comme si cette simple phrase allait l’empêcher de m’abandonner sur ce parking. Comme si. Julian avait probablement autre chose à faire que perdre son temps avec des pleurnicheurs de mon acabit. Ca faisait qu’une petite demi heure que le hasard l’avait mis sur mon chemin, et autant de temps que je pleurais mon sort comme une veuve pleure son défunt mari. Surtout qu’il détestait ça, les faibles. Il n’y avait pas de place pour eux dans son agenda de ministre. « Tu veux que j'm'excuse de pas avoir été là ? Tu croyais quand même pas que j'allais tout ruiner pour un gamin ? T'avais une chance de t'en sortir, pas moi. On était tous les deux condamnés putain. » Ses paroles ne m’apprirent rien que je ne sache pas déjà. Je ne valais pas la peine de prendre le risque. De plus, il ne me devait rien. C’était moi qui m’étais mis en tête que j’étais sous sa responsabilité. Que parce qu’il avait couché avec moi, j’avais droit à certains privilèges. Pure connerie. Au fond de moi, j’avais toujours su que Julian était le genre de type qui n’hésitait pas à faire des sacrifices si ça pouvait le propulser en haut de l’échelle sociale. Sauf que j’étais loin de penser que ce principe s’appliquait également à moi. « J’en attendais pas tant de votre part. Je sais que vous faites pas dans les excuses. » Il me l’avait tellement répété qu’à la longue, ça avait fini par s’ancrer dans mon cerveau. Julian Novotny ne s’excusait pas, parce que Julian Novotny n’avait jamais rien à se faire pardonner. « J’ai eu la prétention de croire que j’étais plus qu’un gamin qu’on baise entre deux affaires. C’est dingue ce qu’on peut être naïf, à 15 ans, vous trouvez pas ? » Entre temps, j’avais réalisé que tout ce qu’il y avait eu entre nous était purement sexuel. Julian, c’était un peu comme une nana accro aux chaussures. Elle en essaie plusieurs paires d’affilée, mais ne les garde pas toutes. Elle les repose parfois, généralement lorsqu’elle se rend compte qu’elles ne sont pas à sa taille. En ce qui concerne les heureuses élues, elle les amasse sur une étagère qui croule sous leur poids. Elle les porte à plusieurs reprises avant de les délaisser au profit d’une autre paire, plus tendance. Elle ne leur confère pas de réel intérêt. Ce ne sont que des objets à ses yeux et si elle les garde, c’est uniquement pour le plaisir de les posséder. Toute cette analogie pour dire que Julian était un collectionneur de masse. « Une chance de m’en sortir ? J’ai dû la provoquer de moi-même, cette chance. Si j’avais pas dupé les infirmiers, si je m’étais pas fait passer pour un putain d’hétéro, mon squelette serait toujours en train de vous attendre bien après ma mort. » Ressaisis-toi, putain, Lupka. C’est pas l’image que tu veux lui donner de toi. Tu veux être fort, comme lui. Tu veux encaisser les événements avec cette même indifférence, mais t’en es pas capable. T’es que son pâle reflet. « J’avais peut-être pas de carrière à foutre en l’air comme vous. J’avais peut-être même pas d’avenir devant moi, mais en contrepartie, j’ai perdu ma famille, ma raison, trois ans de ma vie, et puis je vous ai perdu vous. Et vous, vous y avez laissé quoi ? Rien. Absolument rien. » Si ce n’est quelques poignées de dollars. Mais bon, c’était pas comme si l’argent lui manquait.
« J'me pensais indestructible et j'étais persuadé que j'allais te sortir de là. Mais ça c'est pas passé comme je le voulais et encore une fois j'ai été à côté de la plaque. C'est trop tard pour regretter maintenant. » Autrement dit, j’aurais mieux fait d’écouter ma mère quand elle me disait de pas faire confiance aux pédophiles. « Et moi j’ai pensé à tort que si quelqu’un me tirerait de ce merdier, ça serait bien vous. En fait, je suis même pas étonné. Mentir, c’est ce que vous faites le mieux, vous les avocats. » Parce que ouais, je restais persuadé qu’avec un peu de bonne volonté, il aurait pu m’éviter le pire. Troquer ma peine d’asile contre quelques heures de travaux généraux. C’est vrai quoi, y avait pas mort d’homme. J’avais merdé, c’était sûr, mais si tous les mômes un peu trop intimes avec les allumettes avaient dû se retrouver interner comme moi, y aurait plus de place pour les vrais barges dans les asiles à l’heure actuelle. Peut-être qu’ils m’avaient sanctionné pour montrer aux pyromanes en herbe ce qui arrivait à ceux qui mettaient la sécurité des autres en péril. Que mon exemple serve de leçon. « Cela dit, vous avez raison. C’est du passé, tout ça. Lointain pour vous, proche pour moi, mais du passé quand même. » La vérité, c’était que j’avais pas envie qu’on se quitte sur une mauvaise note. J’allais dans son sens uniquement pour éviter de le contrarier, car sa patience était loin d’être à toutes épreuves. « Tu vas crever de froid si tu rentres comme ça, en plus. Allez … viens. » Convaincu, j’attrapai la main qu’il me tendait tandis que mon autre bras vint s’enrouler autour de sa nuque. Lorsqu’il se redressa, je dus me hisser sur la pointe des pieds pour rester à son niveau. J’avais toutes les raisons du monde de le détester, et pourtant, j’arrivais encore à le désirer. J’avais plus qu’une seule envie, celle de le sentir en moi, comme au bon vieux temps. Comme quoi la baise est aveugle. Libérant mes pulsions de leurs chaînes, je laissai ma langue se frayer un passage entre ses lèvres closes. Ma libido me consumait de l’intérieur. J’étais un véritable brasier sur pattes. Hésitantes, mes mains se glissèrent sous son t-shirt, à la recherche d’un peu de chaleur corporelle. Après quelques secondes, je rompis le contact, histoire de le laisser respirer. Et tandis que mes ongles s’enfonçaient la chair de son dos, je posai mon front contre son torse. « Je suis pas fou, Julian. Je suis pas fou. » Ouais, c’était peut-être pas le moment approprié, mais je tenais à ce qu’il le sache. Le monde entier pouvait douter de ma pureté d’esprit que je m’en foutrais. Mais pas lui.
Dernière édition par Lupka J. Taylor le Sam 10 Aoû - 21:06, édité 1 fois |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Ven 9 Aoû - 2:08 | |
| Son regard reste figé en ma direction, accusateur. Je ne baisse pas les yeux, trop occupés admirer cette rancœur en lui. Cette peur fondée qu'il me lance à la figure. J'ai tellement l'habitude de faire face à de tels sentiments que cela ne me fait plus rien. Ou presque. Je sais que je suis un connard et alors ? J'ai jamais demandé à qui que ce soit de changer pour moi. Je comprendrai jamais pourquoi les personnes veulent que j'arrête mes conneries. J'suis né comme ça. Le gêne du connard m'a été généreuse donné par mon père. C'est la seule chose que je tiens de lui, j'crois, ah non, ma gueule aussi. Au fond, j'ai plus qu'à le remercier pour toutes ces choses qu'il m'a confiées. Sans lui, j'en serais très certainement pas là. Si j'avais la fibre de la faiblesse, comme ma mère, j'serais très certainement en train de chialer dans un coin de rue. A m'apitoyer sur mon sort parce que tout ne s'est pas déroulé comme je le voulais. J'ai toujours eu horreur de ce genre de comportement. Comme j'ai horreur de voir Lupka me fixer de cette manière. Si j'avais pas une putain de retenue, je lui foutrais mon poing dans la gueule. Pour le remettre à sa place et l'obliger à se la fermer. « J’ai pas envie que vous me plantez à nouveau alors que j’viens à peine de vous retrouver. » Un rire nerveux quitte mes lèvres. C'est quoi ces putains de conneries ? Non, sérieux, tu t'enfonces. Y a jamais eu question de quoi que ce soit. Et y aura plus rien entre nous. C'est terminé le temps des amourettes éphémères. « C’est pour ça que j’ai décidé de prendre les devants. » A ces mots, je retiens une remarque cynique et le laisse continuer. Ça sert à rien de l'enfoncer un peu plus. Il est jeune, il est innocent, il croit encore à des choses qui n'existent plus depuis longtemps. Laisson le se bercer d'illusions. On est tous passé par là. « J’ai eu la prétention de croire que j’étais plus qu’un gamin qu’on baise entre deux affaires. C’est dingue ce qu’on peut être naïf, à 15 ans, vous trouvez pas ? » Putain Lupka, si tu savais comme t'es encore naïf, à me regarder comme ça, comme un pauvre con qui pense que tout pourra reprendre. Y a peut-être eu une lueur de sentiments mais rien n'a jamais été acquis. Rien ne sera jamais acquis dans la vie. Un soupir d'agacement quitte mes lèvres, pour l'inciter à abréger ses paroles. Le gamin continue, dans la même optique de vider son sac. Ses sentiments s'échouent contre mon visage. Contre mon corps tout entier. Mais une enveloppe de pierre l'empêche de me pénétrer. Rien n'atteindra mon cœur. C'est tellement con, putain. Je me concentre pour l'écouter, ne rien laisser s'échapper entre l'espace réduit qui nous sépare. De temps à autre je quitte peut-être son regard, distrait par le monde qui continue de tourner autour de nous, normalement.
« J’avais peut-être pas de carrière à foutre en l’air comme vous. J’avais peut-être même pas d’avenir devant moi, mais en contrepartie, j’ai perdu ma famille, ma raison, trois ans de ma vie, et puis je vous ai perdu vous. Et vous, vous y avez laissé quoi ? Rien. Absolument rien. » C'est d'un geste positif de la tête que je lui réponds, pour le laisser aller dans son sens. Me voir comme le coupable incapable de se mouiller pour lui. « T'as raison, absolument rien. » Si rien est bien sûr mon père, ainsi que ma mère, par la même occasion. Cette fois-ci j'aurai eu bien plus qu'une cicatrice sur la gueule. Mon père m'aurait laissé crever la gueule ouverte en me crachant dessus. Alors, oui, j'avais préféré qu'il perde trois ans de sa vie, sa famille plutôt qu'entendre les insultes de mon père. Sentir ses coups s'écraser violemment contre moi. J'ai peut-être une carrure de mec qui sait se défendre mais face à mon paternel je suis rien de plus qu'un putain de pauvre gosse. J'me serais laissé écraser sans essayer une seule seconde de l'en empêcher. Il aurait eu raison de toute façon. Monsieur Novotny n'a jamais demandé à avoir une pédale de fils. Ça pouvait s'comprendre qu'il soit en colère. C'est pourquoi j'ai vécu toute ma vie dans le mensonge, pour le préserver de cette foutue déception. De cette honte que je porte sur les épaules. Et entendre Lupka me reprocher de n'avoir rien perdu me fout une haine monstre. J'peux même sentir mon sang s'épaissir dans mes veines, pourtant je reste de marbre, calme. Et cette main tendue toujours en sa direction. Je prends sur moi, comme j'ai toujours su le faire après tout. On compte sur moi, le monde entier se reposer sur mes épaules. « C'est bon, t'as terminé ton cinéma ou je sors les violons ? » Ma bonté a des limites. Je veux bien retenir ma haine, masquer la vérité pour le faire se sentir mieux mais pas l'écouter éternellement. Lupka souffre. Lupka m'en veut. Lupka a perdu beaucoup de temps par ma faute. Ouais, Lupka je sais, je m'en fous. J'peux rien changer alors arrête de t'obstiner.
Il se relève enfin. Ses mains s'attachent à moi. Mon regard le fixe longuement, le laissant faire. J'crois que j'ai pas envie de prendre les devants pour pas lui donner de faux espoirs. Je suis plus le jeune avocat perdu entre une histoire cachée et sa profession. Tout ça, c'est bien loin derrière moi. Le moment des doutes n'existe plus. La langue de Lupka rencontre la mienne pendant que ses mains se perdent sous mon t shirt. J'me remémore soudainement notre histoire et je me rappelle pourquoi je suis retourné le voir. Son jeu de bouche est plutôt pas mal pour son jeune âge. On a vu mieux mais c'est quand même vachement agréable. Mes doigts se perdent dans ses cheveux pour l'inciter à continuer ce baiser jusqu'à ce que sa voix brise ce fragile silence. « Je suis pas fou, Julian. Je suis pas fou. » Je lui souris alors, attrapant une nouvelle fois ses lèvres pour y déposer un baiser furtif. « Si, tu es fou. » Fou de me chauffer une nouvelle fois. Fou de rester si proche de moi. Fou de ne pas fuir. De ne pas m'en vouloir plus que ça. Tout est si facile, au fond. On s'étonne que je sois un connard après ça. « On devrait rentrer avant que je te viole ici et qu'on s'retrouve au poste. » Sans attendre une quelconque réaction de sa part, mes mains se perdent sur ses jambes pour le soulever et le porter jusqu'à la banquette arrière de ma voiture. C'est dans un silence total que je me retrouve soudainement couché sur lui à l'embrasser. Parce qu'après trois ans d'absence, je n'ai rien d'autre à lui donner qu'une baise rapide dans ma voiture Comme quoi, rien n'a changé. |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Ven 9 Aoû - 7:21 | |
| J’avais beau l’accabler de tous les maux dont j’avais souffert ces dernières années, Julian ne trouvait rien de mieux à faire que de me vriller de son regard méprisant. Tout ce que je disais tombait dans l’oreille d’un sourd. Mes paroles étaient étouffées avant d’arriver jusqu’à ses tympans. Forcément, ça ne l’affectait pas, alors ça n’était pas à prendre en compte. Dieu ce que je pouvais détester cette morale nombriliste à la Novotny. Mais pourtant, j’y revenais toujours. Au fond, ce n’était peut-être pas de lui que venait le problème, mais c’était tellement plus facile de lui octroyer la place de l’accusé. La remise en question, ça n’avait jamais été mon fort. Je ne savais pas ce que j’avais espéré en me jetant à son cou de la sorte. Peut-être à déterrer ces lointains souvenirs de nos ébats qu’il avait probablement rangés dans un coin de sa tête dont il avait condamné l’accès. J’espérais naïvement que les choses reprennent là où nous les avions laissées. Que sa vie était restée en suspens pendant que je pourrissais derrière les portes de cet asile. Coincé quelque part entre le paradis et l’enfer. Mon purgatoire. Et me dire que pendant que j’expiais mes péchés, Julian ouvrait la porte aux siens, ça me rendait malade. J’osais même pas pensé à tous les culs qu’il avait vu défilé alors que je passais les trois pires années de ma vie, et autant de temps que je m’accrochais désespérément à son souvenir, tout simplement parce que Julian, c’était mon premier. Celui qu’on oublie pas, jamais. « Si, tu es fou. » Alors que j’étais convaincu que l’avocat allait me remballer sans prendre la peine de mettre des gants, ce dernier m’incita clairement à continuer sur ma lancée. Ses lèvres, qui jusque-là se contentaient de me laisser faire tout le travail, finirent par se joindre à la partie et mon corps fut parcouru d’un frisson qui fit trembler mon âme.
« On devrait rentrer avant que je te viole ici et qu'on s'retrouve au poste. » En ce qui me concernait, je trouvais l’idée de nous faire prendre la main dans le slip carrément excitante. J’imaginais déjà la tête que tirerait l’officier en consultant son casier judicaire. Dans un premier temps, il passerait sans doute pour un récidiviste. C’est vrai que ma gueule de bébé trompait grandement sur mon âge. Sauf que maintenant que j’avais atteint ma majorité sexuelle, il était hors de portée du détournement de mineur. Son seul tort serait celui de s’être purgé sur la voie publique. Je renonçais rapidement à cette idée. Si j’avais toujours eu un goût prononcé pour tout ce qui était illégal, Julian lui évitait d’y tremper. Enfin, il évitait surtout de se faire prendre. La loi, c’était bien, mais uniquement quand c’était lui qui l’appliquait. Je n’eus pas le temps de lui donner mon approbation que déjà, mes pieds ne touchaient plus le sol. Il faisait toujours ça, me porter comme si je n’étais qu’une vulgaire poupée de chiffon qu’on trimballe partout. Je mourais d’envie de lui dire que si Dieu m’avait donné des jambes, ce n’était pas pour rien, mais je me taisais, parce qu’au fond, ça me dérangeait pas plus que ça. Je ne tardai pas à sentir le cuir froid de la banquette arrière s’imprimer ma peau, ce qui contrastait particulièrement avec la température de mon corps qui aurait bien pu faire péter les thermostats à l’instant présent. Tandis que sa langue claquait contre mon épiderme dans un bruit de succion, je me contentai de le regarder faire. Mes pommettes se soulevèrent dans un grand sourire. Je réalisais enfin ce qui était en train de se produire. Les choses s’étaient passées si vite que je n’avais pas eu le temps de prendre le train en marche. J’avais grillé les étapes en jouant les tapettes en manque. Retrouvailles expédiées ou non, on ne pouvait éviter l’inévitable, juste le retarder. Julian ne pouvait pas résister à l’appel d’un cul, et moi j’en profitais comme je l’avais toujours fait. Il n’y avait pas de raison que ça change.
Tandis que j’abandonnais mon corps à ses bons soins, je ne pus réprimer un rire moqueur qui s’échappa de mes lèvres closes. Je le revoyais encore rouler des yeux comme si je venais de lui demander quelque chose d’infiniment stupide à chaque fois que j’essayais de le brancher à bord de son 4x4. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne me repousse, en proie à ses irrépressibles pulsions de maniaque compulsif qui refaisaient parfois surface quand la propreté de son joujou motorisé était en jeu. Le compte à rebours était lancé. « Non, Lupka, où tu veux, mais pas dans la bagnole. Mon hummer, c’est comme les vaches en Inde, c’est sacré. » Ca sonnait mieux dans ma tête. J’étais rien d’autre qu’un gamin comparable à ces mômes de maternelle qui satirisent leur maitresse dès qu’elle a le dos tourné. De peur qu’il n’aille penser que je me foutais de sa gueule, mes lèvres allèrent écraser un baiser contre les siennes tandis que je le repoussais en arrière. Un son mat me signala qu’il était acculé contre le dossier. Mes bras se croisèrent derrière sa nuque et simultanément, mon regard accrocha le sien. « On va chez vous ? On risque de se retrouver un peu à l’étroit, sur la banquette de ma roulotte. » J’avais surtout peur que la crasse le fasse fuir, mais ça, je me gardais bien de lui dire. Ca faisait tellement longtemps que j’avais plus fait le ménage qu’il risquait de se retrouver avec un préservatif de poussière avant même que son boxer ne tombe sur ses chevilles. Sans vraiment lui laisser le choix, je quittais ses genoux et rejoignis le siège avant sans même me donner la peine de sortir du véhicule. Je fus soulagé de le voir s’installer au volant du monstre d’acier qui ne tarda pas à briser le silence de son rugissement guttural. Nous venions à peine de quitter le parking désert où nous étions stationnés que déjà, je me penchais en direction de Julian, bien décidé à lui offrir un apéritif avant de passer au plat principal. Et tout apéritif s’accompagne d’une mise en bouche. Mes doigts écartèrent les dents de sa braguette puis finirent par plonger dans cette gueule béante afin d’en sortir une langue déjà bien baveuse. Après avoir empli mes poumons d’air, je laissai ma bouche entourer sa verge et entamer un mouvement de va-et-vient dans un rythme endiablé, laissant mon muscle buccal trainer sur le chemin. L’heure du couvre feu dépassée depuis un moment déjà, seuls les couche tard demeuraient encore sur les routes. Je profitais du fait qu’il n’y ait aucune voiture autour de nous à des kilomètres à la ronde pour prendre appui sur la cuisse de Julian qui contrôlait la pédale d’accélérateur. Les pneus mordirent le macadam avec plus d’ardeur encpre tandis que le hummer filait à travers vent. « Pressé de rentrer ? » Ce fut les dernières paroles que je lui adressais avant de reprendre mon activité là où je l’avais laissée.
Dernière édition par Lupka J. Taylor le Sam 10 Aoû - 21:06, édité 1 fois |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Sam 10 Aoû - 2:50 | |
| Sur le moment, j'ai pas vraiment songé à quoi que ce soit. Mon cerveau, perdu dans les entrailles de ses yeux s'est laissé aller à sa folie. Ma langue, attachée à celle de Lupka entre dans une danse sensuelle. Mes doigts se perdent sous son t shirt, ne réfléchissent pas une seule seconde aux regards posés sur nous. J'crois même, qu'au final, le baiser dans ma bagnole serait possible. L'âme est ailleurs, elle divague aux côtés de celle du gamin. Elle y trouve un chemin agréable, semble marcher sur de la mousse. Douce sensation que celle de retrouver l'être perdu.
Je nous vois encore devant l'hôpital psychiatrique. Il était paumé, ça se lisait dans son regard brillant. J'étais comme à mon habitude froid comme une pierre tombale. J'avais pourtant le cœur qui battait trop vite. Pourquoi pour ce gosse ? J'en sais rien. J'en saurais même très certainement jamais rien. J'avais juste l'impression de revivre en le serrant dans mes bras. J'oubliais ce que la vie pouvait être cruelle en puisant dans son innocence. La délicatesse de ses pensées m'aidaient à surmonter l'échec de mes sentiments. Mais comme à mon habitude, je l'avais laissé tomber, là, aux bras de ces monstres. J'aurai très bien pu l'enfermer dans ma voiture et tracer la route. Tous les deux. Rien que nous deux. Deux idiots en désaccord avec la société. On aurait roulé jusqu'à plus avoir de carburant, jusqu'à en avoir marre de sentir les paysages défiler autour de nous. Qui sait, on aurait même peut-être trouvé un petit boulot dégueulasse. Mais juste assez pour se payer un appartement et baiser toute la journée comme des bêtes. On aurait pas eu de la pluie dans le cœur, comme aujourd'hui. Lupka avait quinze ans. J'étais pas encore totalement dégoûté par le monde. De toute façon, c'était un sentiment éphémère, comme les autres. Je me serais retrouvé lassé de cette vie avec lui. Je me connais. Je sais ce dont mon esprit est capable.
« Non, Lupka, où tu veux, mais pas dans la bagnole. Mon hummer, c’est comme les vaches en Inde, c’est sacré. » Un sourire se dessine sur mes lèvres. Son corps se dissout sous mes doigts. Le mien va finalement prendre place sur le siège conducteur. Le silence n'a pas le temps de s'installer entre nous que, déjà, la voix de Lupka résonne à mes tympans. C'est d'un simple geste de la tête que je lui réponds positivement. En dehors du boulot, je n'ai jamais été doué pour les dialogues, de toute façon. Ça sonne jamais comme je le veux une fois sorti de mes lèvres. C'est blessant, c'est sale, c'est indélicat, c'est cynique. L'effet Julian, un mur de glace.
Mon pied appuie sur l'accélérateur. La voiture s'engage sur la route rapidement. Elle ne se perd pas au milieu des autres véhicules, non, on le voit toujours, le monstre noir, se frayer un chemin entre les simples mortels. Le hummer gronde. Le hummer demande à ce qu'on le regarde. Il ne tient même pas assez la route pour le prix qu'il a coûté. Tout n'est que superficialité. Tape à l'oeil.
Le regard posé sur la route, je ne remarque même pas que Lupka se baisse en ma direction. Ce n'est que lorsque ses doigts effleurent le bas de mon ventre qu'un frisson traverse mon être. La chaleur de sa salive contre mon sexe éveille mes sens. La température grimpe entre ces plaques de fer. Ma main se perd même dans ses cheveux pour l'accompagner dans ses mouvements. Ma respiration, elle aussi, s'accélère, en même temps que les battements de mes cils. Le moment est délicieux. Un parfum d'avant règne au dessus de nos têtes. J'ai jamais été adepte au passé, pourtant, à cet instant, il me paraît meilleur que jamais.
L'engin prend place à quelques mètres de l'entrée. Le moteur cesse de grogner tandis que le visage de Lupka se réveille. Le bout de mes doigts écrase mon membre durcit à l'intérieur de mon boxer. Mon t shirt trop long vient recouvrir celui-ci. Juste assez pour parcourir les mètres jusqu'au loft sans avoir la queue à l'air. Pressé, mes pieds me traînent jusqu'à la porte que j'ouvre énergiquement avant de la refermer avec autant de vitalité.
Et à nouveau, mes bras qui se referment autour de Lupka. Ils le soulèvent, incitent ses jambes à s'enrouler autour de ma taille. Mes mains s'arrêtent au bas de son dos et mes lèvres s'accrochent aux siennes. La bulle se renforce. Le monde nous élève d'un cran. Son corps frêle rencontre le matelas. Au dessus de lui, ma bouche redécouvre la chaleur de son épiderme. Mes doigts prennent soin à détacher ses vêtements un à un. Ils relèvent son bassin nu contre le mien. Ma bouche rejoint la sienne. Je me souviens de notre première fois. J'ai la vague sensation que nous sommes en train de renaître. Qu'à nouveau, nous en sommes à notre rencontre. Le temps a passé. Il a tout emporté.
De mon bras tendu, j'attrape un préservatif. Mon souffle chaud se perd contre la joue de Lupka. Il est si petit. Si fragile. Il semble encore plus vulnérable qu'Arseniy. Plus faible que ces gamins baisés à la va vite en boîte. Je lui apporte pas plus d'importance. Juste un peu plus de tendresse. J'en sais rien. Je l'ai brisé une fois. Pourquoi pas deux ? Pas maintenant, pas tout de suite. On a tout notre temps pour mourir. Ses illusions s'envoleront un jour certainement, aussi. Dans une capote usagée ou bien une mauvaise baise. Mais pour le moment, autant préserver cette part de fragilité. C'est ce qui le rend aussi attirant, là, tout de suite. Mes doigts s'accrochent à sa verge, exercent des vas et viens délicats. Aussi délicats que le son de sa voix. Mon autre main se lie à la sienne pour y déposer le préservatif. « Quand t'es prêt, tu me le mets et on se lance. Ok ? » Je le presse pas. Je le mets en confiance. Comme un putain d'arnaqueur que je suis. S'il savait ce qui l'attend réellement. Lui aussi finira comme un con dans sa roulotte après avoir été sauté par Novotny. Lui aussi se retrouvera seul. |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Lun 12 Aoû - 5:19 | |
| Ma bouche avide finit par se refermer sur le néant. Ce n’est qu’au moment où un vent froid s’engouffre dans la carcasse du véhicule que je relève la tête, comprenant que nous sommes arrivés à destination. Vif, je m’extirpe du carrosse et emboite le pas à Julian. La porte se referme, nous avale à l’intérieur. Je suis là, comme un gamin qui met les pieds à Disneyland pour la première fois. Emerveillé. En perpétuel mouvement, mes yeux ne savent pas où se poser. Elles roulent dans leurs orbites, ces billes couleur océan. Sauf que ce ne sont pas mes héros de jeunesse qui tourbillonnent sous mes mirettes dans une joyeuse farandole mais des chiffres. Je ne peux m’empêcher de me dire que le prix d’un seul de ces meubles représente un mois de mon salaire. Tout cela me ramène à l’esprit qu’un univers nous sépare. Il y a le monde de Julian, où politique et argent ne font qu’un et puis il y a le mien qui gravite autour, inlassablement, jusqu’à m’en donner le tournis. Julian est riche. Julian est beau. Julian est vénéré. Réunies, ces conditions sont plus que suffisantes pour qu’il s’attire la haine du bas peuple. En ce qui me concerne, je n’ai rien contre les rupins. Si mes parents n’avaient pas été aussi friqués, je n’aurais pas pu m’offrir les services de cet avocat de renommée pour lequel Julian travaillait lorsque je l’ai rencontré. Je n’ai pas honte de dire que je suis né avec une cuillère en or dans la bouche et le cul bordé de nouilles. L’argent n’est pas une tare. La cupidité l’est.
Maintenant ? Maintenant, l’argent m’a fait faux bond. Maintenant, je ne suis plus rien. Juste Lupka, le cracheur de feu qui vend du rêve aux mômes pour combler l’absence des siens, délaissés au fond d’une chambre d’hôpital.
Pour la seconde fois de la soirée, Julian me soulève dans les airs. Instinctivement, mes jambes emprisonnent sa taille dans une geôle d’os et de chair. Mes lèvres affamées glissent dans son cou, y déposent des baisers humides. Peu à peu, le désir fait son nid. Quand ses doigts entreprennent de me délester de mes vêtements, mes poils se dressent. Et ils ne sont pas les seuls, d’ailleurs. Ca faisait tellement longtemps que mon corps avait dû se passer de ses caresses que j’avais presque oublié à quel point c’était bon. A l’asile, rares étaient les personnes sur qui les griffes du sexe avaient laissé leurs marques. La plupart des résidents étaient trop attardés pour savoir à quoi servait ce qui leur pendait mollement entre les jambes. Ou au contraire, ils y pensaient sans cesse, tellement que leur main gauche et leur entrejambe se confondaient presque. Au milieu, il y avait moi. Moi qui avais connu les délices exquis de la baise. Moi qui en avais été privé.
Tandis que Julian m’allonge sur le lit, ma main s’égare sur sa joue. Je veux juste m’assurer qu’il est bien réel, qu’il ne va pas partir en fumée en emportant mon espoir avec lui. Souvent ces dernières années, j’avais eu l’impression que ma tête faisait office de shaker. Mes fantasmes s’y mêlaient à la réalité, me plongeant dans la confusion la plus totale. Mes poings s’écrasaient alors contre le béton froid pour me ramener les pieds sur terre. Mais pas cette fois. C’est bien Julian, le prototype du parfait connard qui est penché au-dessus de mon corps chétif, et non pas une projection de mon esprit. Le plaisir fait de moi son habitacle à l’instant même où Julian pose ses doigts sur mon membre. Les gémissements qui s’échappent de mes lèvres entrouvertes en témoignent. Mon sang quant à lui n’est plus que torrent de magma. Mes ongles labourent la peau de son dos, laissant des marques rouge vif dans leur sillon. Je suis content que Julian ait choisi cette position. J’ai jamais été un adepte de la levrette. Je ne supportais pas qu’il me prenne par derrière, à la manière des animaux. D’accord, nous n’étions rien d’autre que des animaux légèrement surévolués, mais autant nous comporter comme tel et montrer ce qui nous différenciait des bêtes sauvages. En plus, j’aimais voir son visage se crisper quand il jouissait en moi. Je ne suis pas venu ici pour contempler son matelas. « Quand t'es prêt, tu me le mets et on se lance. Ok ? » J’acquiesce d’un hochement de la tête et je m’empare du petit carré de plastique, non sans retenir un soupir. J’y peux rien, savoir qu’il y aura toujours ce capuchon de latex pour se mettre entre Julian et moi, ça me donne de l’urticaire. Je comprends qu’il veuille se protéger à tout prix avec les MST qui courent mais moi, ça me donne l’impression d’être un pestiféré qu’on ne peut pas toucher sans gants. Tout en le toisant du regard, je déchire l’emballage du préservatif avec mes dents, comme je l’ai vu faire des centaines de fois. Mon geste est vide de classe. C’est souvent ce qui arrive quand on essaie d’imiter Novotny, on se couvre de ridicule. Je déroule la capote sur son sexe en érection et de ma main libre, j’attrape le tube de lubrifiant qui trainait sur la table de chevet et le tend à Julian. Après trois ans sans baise, je m’apprête à vivre une seconde première fois. Je me rappelle combien cette dernière avait été douloureuse, parce que dans le feu de l’action, l’avocat avait omis de m’y préparer correctement. Je lui adresse un vague sourire avant de me remettre en position. C’est quand il veut.
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Lun 12 Aoû - 22:13 | |
| Ses lèvres contre les miennes sont de plus en plus agréable. Mes mains caressent chaque parcelle de son corps avec attention. Mes doigts brûlants laissent derrière eux une traînée légèrement rouge. Et mon souffle s'intensifie. Les battements de mon cœur se perdent contre sa cage thoracique. Une partie de moi a beau s'exclamer je la terre au plus profond de mon âme. Au diable mes conneries. Au diable ma lâcheté. Au diable les conséquences. Tout le monde finit toujours seul de toute façon. C'est pas une petite baise qui changera quoi que ce soit à la face du monde. Lupka n'en mourra pas. Lupka s'en remettra, comme il l'a déjà fait par le passé. C'est comme ça. Y a rien à faire, parce que rien ne changera jamais.
La capote entre ses mains, un faible sourire prend place sur ma bouche. Il se veut rassurant. Presque agréable et sans arrières pensées. Le blond se baisse. Un frisson traverse mon être. Ses doigts contre mon sexe parviennent à me décrocher un gémissement de plaisir. Le latex épouse mon membre, donne le feu vert. Une nouvelle fois, mes lèvres viennent parcourir celles du gamin. Ma langue s'attache à la sienne dans un baiser fougueux. J'ai l'impression de retourner quelques années plus tôt, dans mon ancien appartement. C'est à ce moment là que je prends conscience des choses. Du temps qui passe. De mon attachement à Lupka. De la souffrance qu'il a peut-être du endurer dans cette asile. Et pourtant, pas l'ombre d'un remord ne se faufile dans mon cœur. Tout est noir. Vide de conscience. Parce que tout se renouvelle, là, sur ces draps aux milles parfums.
Le tube de lubrifiant entre les mains, celui-ci part préparer la voie. Le contact du liquide est glacé contre mes doigts. Il me décroche une légère grimace avant de s'échouer violemment au sol suite à un geste trop vif de ma part. Je peux sentir le bassin de Lupka se relever pour m'ouvrir le chemin. La température grimpe d'un cran. Le monde s'écroule tout autour de nous. Il ne reste plus que le regard du gamin. Ses deux iris bleus dans lesquels je me perds sans plus aucunes gênes. Les barrières se sont effacées à l'instant même où j'ai pu le croiser du regard. Tout est soudainement revenu en moi. Trop vif. Trop fort. Incontrôlable. Comme une flamme qui crame vos pensées sans plus aucune pitié. Un semblant de sentiments. Peut-être ce que j'avais pu avoir par le passé. Avant que tout ne parte en vrille.
Pris d'une poussée d'adrénaline, mes ongles s'enfoncent soudainement dans ses fesses pour l'obliger à coller au maximum son bassin contre le mien. Lui, le petit être si fragile qu'on pourrait le confondre à une poupée. Mes doigts s'accrochent à la base de mon membre pour le pénétrer lentement, d'une douceur calculée. Mes premiers coups de bassin sont calmes, sensuels, presque attentionnés à le faire souffrir un minimum. Ma bouche se perd contre la sienne pour le distraire des premières secondes de douleur, avant que celle-ci ne se transforme en un plaisir incontrôlable. Collé à lui, mes coups de reins s'accélèrent légèrement jusqu'à ce qu'un profond soupir ne s'échappe de mes poumons.
C'est comme ça, que d'un geste de recul, la capote se retrouve enlevé et jeté sur le carrelage. Ça m'emmerde autant que Lupka, après tout. Être séparé de lui, même par un simple capuchon, me donne la sensation de ne pas le retrouver pleinement. Puisque la vie nous a volé trois années, pourquoi ne pas en profiter réellement à présent ? Pourquoi, ouais. « Si tu chopes une saloperie, j'veux rien savoir. » parce qu'il y a bien plus de chances que je lui refile une maladie. À moins que Lupka ne soit devenue l'une de ces tapettes prêtes à écarter les cuisses au premier venu. Dans ce cas là, ce sera bien fait pour nos gueules, à tous les deux. Mais c'est trop tard pour y penser. Déjà, mon sexe se retrouve à l'intérieur de lui. La sensation est meilleure. L'excitation crispe nerveusement mes muscles. Mes doigts en viennent même à trembler contre sa peau. Le lit craque, témoignant de la violence de mes allers et venus en lui. Mes doigts retrouvent leur place au bas de son dos, retiennent son bassin surélevé pour ne surtout pas perdre une simple goutte de désir.
Perdu contre ce gamin, yeux fermés, mon visage s'élance en arrière pour profiter au maximum de ce plaisir délicat. L'impression d'interdit semble encore planer au dessus de nos têtes, comme lorsqu'il n'avait même pas seize ans. Un « Oh putain » étouffé se mélange à ma transpiration. Mes lèvres se retrouvent une énième fois plaquées à celles du blond, bien plus douces et sucrées. Les battements de mon cœur se font plus rapides, plus violents, plus nerveux. L'organe vital s'écrase contre mes côtes, semble vouloir s'y échapper, de cette cage d'os. J'ai littéralement l'impression de crever, perdu dans l'être de Lupka. Les sensations sont si violentes qu'elles m'emportent dans un état second. À peine capable de me faire respirer. À peine capable de me faire vivre. Juste taillé pour son corps.
La transe est si violente que mes mains se détachent de son bassin pour venir enrouler son cou. Mes doigts se resserrent fermement sur son épiderme. Peut-être pas assez pour l'étouffer, mais suffisamment pour y déposer des marques. Je peux les voir, les traces, s'attacher à sa peau. Pourtant, il m'est impossible d'y mettre fin. Mes phalanges s'accrochent à Lupka, pour sentir son cœur battre. Pour l'entendre suffoquer de plaisir. Pour tous ces mois loin de lui. Pour ce bout de vie volée sans préavis. Pour toute cette merde dans laquelle nous nous trouvons toujours. Pour lui. |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Mer 14 Aoû - 6:28 | |
| Ses lèvres contre les miennes suffisent à me transplanter au septième ciel. Cela fait depuis que mon regard a accroché le sien au cirque que j’attends ce moment et paradoxalement, je voudrais qu’il ne soit jamais arrivé, priant le petit jésus des gays – à condition qu’il existe – de m’accorder un saut en arrière dans le temps. Le fait que cet instant tant espéré frappe à ma porte signifie également qu’il est en passe de prendre fin. Je veux pas que ça s’arrête. Je veux pas retrouver ma roulotte, ni ma vie morose, pourtant, je sais que c’est ce qui m’attend. Je n’y échapperais pas. D’ici quelques dizaines de minutes, Julian me renverra chez moi, comme il le fait toujours pour éviter de nourrir l’espoir des tapettes qu’il ramène chez lui. Et toutes les supplications du monde ne changeront rien à cela. Julian fait dans la baise, pas dans l’auberge de jeunesse.
L’effet froid du lubrifiant me donne de la chair de poule. Heureusement, ça ne va pas le rester longtemps. Julian va s’occuper de réchauffer tout ça, et d’ici quelques minutes, je supplierai même pour qu’on me jette un seau d’eau glacée au visage. Déjà, ses ongles s’enfoncent dans la chair de mes fesses. Mon corps s’embrase, se transforme en véritable torche humaine. Mon bassin se presse timidement contre le sien. Je suis pas entièrement à l’aise, mais je lui fais confiance. Il sait ce qu’il fait mieux que n’importe qui. Faut dire qu’il a eu le temps de collectionner les expériences, depuis sa première fois. Quand le sexe de l’avocat s’insinue en moi, mes yeux s’embrument. La marée monte, mais se rétracte aussitôt. Instinctivement, je porte instinctivement mon poing à ma bouche pour y planter mes dents, pour combattre le mal par le mal. La douleur finit par quitter mon corps en même temps qu’un gémissement terriblement explicite. Bientôt, ses coups de reins se font de plus en plus rapides. J’ai tellement peur que ma tête s’encastre dans le mur sous la violence de ses assauts que je me colle un peu plus à lui. Je n’ai jamais eu de problème avec la baise sauvage, que du contraire. Ca ne me dérange pas qu’il laisse sa bestialité reprendre ses droits. J’aime avoir l’impression de le sentir encore en moi des jours plus tard, quand je marche dans la rue en m’efforçant de dissimuler ma démarche de cowboy mal assuré qui sort d’une semaine de randonnée équestre. Ca fait partie du jeu.
Sourire jusqu’aux oreilles, je regarde la capote à peine usée rejoindre le tube de lubrifiant au sol. « Si tu chopes une saloperie, j'veux rien savoir. » De ce côté-là, il n’a aucun souci à se faire. Il n’aurait même pas le temps de le savoir. Je crois que si je venais à choper une mst mortelle, ma vie s’arrêterait bien avant que le sida ne m’emporte. Exister avec la pitié des gens, c’est juste impensable. Le simple fait de penser à tous ces gens qui modifient leur attitude pour la simple raison qu’une maladie est en train de vous détruire cellule par cellule me donne la nausée. « Tu l’apprendras en même temps que mes funérailles. » Pour la première fois, je me permets de le tutoyer sans que ça ne sonne comme une fausse note à mes oreilles. J’ignore pourquoi, mais j’ai l’impression que cette baise nous a rapproché au point d’abandonner toutes ces formalités auxquelles je m’accroche depuis le début, telle une moule à son rocher. Je n’ai pas le temps de me lancer dans un débat philosophique avec ma conscience que Julian revient à la charge. Sous le joug de l’euphorie, je me cambre à un tel point que j’ai l’impression que ma colonne vertébrale va se rompre en deux. Je reprends aussitôt ma position initiale, non désireux de terminer tétraplégique pour avoir profité pleinement de cette partie de jambe en l’air. Ma main se glisse alors jusqu’à mon sexe et le pogne jusqu’à ce qu’il pleure sa joie. Le plaisir ne lambine pas à s’extérioriser sous sa forme la plus pure, même si elle n’a de pure que sa blancheur.
Toute personne normale se serait probablement débattue au moment où les mains de Julian se sont refermées sur sa gorge, mais pas moi. Je pousse même le vice jusqu’à pencher ma taille en arrière, lui présentant ma pomme d’Adam pour lui assurer une meilleure prise. L’air se fraie difficilement un passage jusqu’à mes bronches. J’halète comme un chien au bord de la déshydratation et pourtant, je continue à onduler du bassin. J’ai toujours été plutôt actif, pour un passif. J’ai pas envie de lui donner l’impression de se branler avec mon corps plutôt qu’avec sa main. Le sexe, c’est interactif et beaucoup de tapettes ont tendance à oublier ce petit détail. J’hyperventile, respirant comme si chaque bouffée d’air était la dernière. Quand mon souffle commence à se faire trop irrégulier, mes doigts se cramponnent à ses avant-bras, les serrent si fort qu’il doit en avoir la circulation coupée. Pourtant, respirer n’est pas ma priorité. Non, je veux juste le voir jouir. Le voir jouir avant de mourir entre ses mains, de préférence.
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Mer 14 Aoû - 20:28 | |
| Mes doigts prennent un plaisir malsain à s'enfoncer dangereusement dans sa peau. Il suffoque, je peux le sentir à sa respiration. Aux battements de son cœur qui accélèrent instinctivement. L'impression de le sentir mourir sous mes mains rend le plaisir plus intense. Plus fort. Ses coups de bassin mélangés aux miens me rendent complètement dingue. La cadence s'accélère tandis que ses doigts, trop fins, encerclent mes poignets. Je peux lire dans le regard de Lupka la souffrance et le bien être. Mes lèvres poussent le vice un peu plus loin, viennent se caler contre les siennes déjà agonisantes. Les gémissements se retrouvent coincés dans sa gorge serrée à l'extrême. Mon cœur s'embrase, en même temps que mon corps perdu dans le sien. Je redécouvre la délicatesse de sa peau. La beauté de son regard. La tendresse de sa bouche. Sa chevelure blonde porte le parfum d'une histoire passée reprenant ses droits. Les amants détestés se retrouvent, à la plus grande ignorance de leurs ennemis. La justice ne peut plus rien contre eux. Elle ne peut plus rien contre personne.
Enfin, mes doigts quittent sa peau pour se perdre sur son torse. L'une de mes mains ne résistent pas à l'envie de caresser son sexe d'avant en arrière. Je dévore chaque parcelle de sa peau nue. Y dépose ma trace, mon odeur. Comme pour me réconforter. Effacer toutes les mains posées sur son épiderme les années passées. Sur le moment, je suis si bien que je pourrais resté pendu à ses lèvres éternellement. Mon souffle chaud s'échoue contre sa nuque marquée par ma violence. Comparable à un lion sauvage, mon poids écrase le sien. Mon âme se dépose sur lui. Une possessivité rare démarque ce moment nouveau. J'ai dans le cœur le son de sa voix il y a des années en arrière. Je tente de rattraper par une simple baise les jours passés loin de lui. La rancœur causée. La trahison. Je dissimule nos différents dans un coup de rein plus fort que les autres. Le plaisir atteint son paroxysme lorsque mon visage se perd contre lui. L'orgasme atteint ma bouche asséchée. S'échappe de mes lèvres un « Je t'aime » étouffé. L'une de mes mains se perd contre mon sexe à présent à l'air libre. Ma semence ne tarde pas à s'échouer vivement sur le ventre de Lupka dans un ultime râle. Et soudain, mon corps se perd dans les draps défaits. Silence.
Ma respiration est forte. Trop forte pour être normale. Elle témoigne de notre union. Mes muscles encore crispés à l'extrême semblent me brûler. Pourtant, au plus profond de moi, le corps réclame toujours la présence du gamin. Les deux pupilles sombres et vides se plantent en direction de Lupka. Elles restent là, à redessiner chaque trait de son visage. C'est à peine s'il a changé. À peine s'il a grandit. Il ressemble toujours au gamin que j'ai croisé pour la première fois. C'est un peu comme si le temps s'était figé sur lui pendant que le monde avait continué de tourner, inévitablement. Lupka est le même, pour ne pas dire plus beau. Plus attirant. Le silence s'étire entre nos corps transpirant comme un retour brusque à la réalité. Est-ce que ça en valait la peine, seulement, de baiser à nouveau ? Après tout, pourquoi pas. Un profond soupir quitte mes lèvres humides. Mes phalanges se posent sur son torse, sans un sourire. Toujours ce même vide. Ce néant détestable.
« Tu peux rester ici cette nuit s'tu veux. » Ma voix résonne, froide. En contraste total avec mon corps recouvert de lave. À ce moment là, mon bras ramène sous ma tête un oreiller, juste de quoi mieux le fixer. « J'ai la flemme de te ramener à ta caravane de pauvre. J'ai pas envie de salir mes pneus. » L'excuse trouvée au hasard est pourtant si réelle, au fond. Le hummer est l'une des choses les plus propres que je puisse posséder. Contrairement à ma bite aussi sale que les poubelles du coin. « Puis j'crois qu'il faut que tu prennes une douche à moins que tu veuilles t'en faire un masque. » Un faible sourire accompagne mes paroles tandis que je me relève lentement. La colonne vertébrale craque, signe de fatigue. Des heures de boulot en trop. Des événements passés. La tête encore haute, mon regard croise à nouveau le sien. « Si tu te sers d'un truc, tu le remets à sa place sinon tu rembourses. » Ouais, le bourge qui dit ça. Au pauvre. Comme s'il avait déjà été question de pitié de ma part, comme si. Le sexe encore légèrement tendu, mes pas me guident finalement vers la douche où je laisse l'eau froide s'écouler sur ma peau. Une eau froide, de quoi permettre aux esprits de se remettre en place. De quoi ne pas mourir sous les questions. De l'eau froide, pour passer une soirée avec Lupka. Et une pointe de folie pure. |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Lun 26 Aoû - 23:05 | |
| Mes cellules asphyxiées hurlent sourdement. Elles appellent l’oxygène à elles, en vain. Ma main gauche finit par quitter l’avant-bras de Julian. Mes ongles s’enfoncent dans ma paume tandis que mon poing va s’abattre dans le dos de l’avocat. La panique s’installe mais je m’efforce à rester calme. Je sais qu’il saura s’arrêter à temps. Une nouvelle fois, je place ma confiance entre ses mains. Ca a toujours été ça, mon plus gros problème. Julian a beau s’être comporté comme le pire des lâches, la dette de sa trahison est déjà effacée de l’ardoise. Je me repose aveuglément sur lui et il n’en est jamais rien découlé de bon, hormis de la déception. Le seul domaine où Julian ne m’avait jamais désappointé, c’était le sexe. Là encore, sa bouche recherche la chaleur de la mienne. En guise de réponse, mes dents capturent sa lèvre inférieure et la mordillent avec douceur, pour oublier ce corps qui crie à l’agonie et ces vertiges qui me font tourner la tête. A moins que ça ne soit lui, l’homme qui me fait planer même quand je suis clean. Julian, un shoot et on y devient accro.
« Je t'aime » Je dois sans doute être en train de délirer. Ces quelques syllabes évacuées en même temps que sa semence me font l’effet d’une balle en plein milieu du front. J’ai l’impression de pouvoir voir la trainée de poudre fumante s’échapper de ses lèvres. Une partie de moi veut y croire, mais il y a cette voix dans ma tête qui tente de la ramener à la raison, de la museler pour mieux la réduire au silence. Elle s’égosille à me rappeler que l’amour de Julian ne marche qu’au forfait un soir. Qu’il est trop occupé à chérir sa petite personne pour s’attacher aux autres. S’il s’aime à ce point, ça doit être parce qu’il n’a personne pour le faire à sa place. Parce que Julian, c’est avant tout le mec qui fait baver tout le monde, que ça soit dans un sens ou dans l’autre. Celui que la population gay toute entière blasphème en secret mais auquel personne n’ose se refuser. A Toronto, je ne pouvais pas sortir de chez moi sans qu’il ne soit mentionné quelque part, et pas toujours en bien. Des litres de venin avaient dû couler à son nom, parce que c’est bien connu, quand Julian n’est pas là, les pédales dansent.
Son foutre ne tarde pas à se mêler au mien. et je me plais à me dire que mes prouesses sexuelles n’ont pas perdu de leur splendeur. Avant d’atterrir dans ses draps, j’avais franchement redouté une panne liée à la baisse de régime qui m’avait été imposée ces dernières années. J’avais eu peur que la flamme qui prenait possession de mon être à chaque fois que je me retrouvais nu en sa compagnie ne se retrouve étouffée sous les cendres. Apparemment, j’avais sous-estimé les capacités de mon combustible. Je peux à présent sentir sa chaleur se répandre entre mes reins. Je meurs d’envie de l’alimenter encore et encore, jusqu’à ce qu’un nuage de fumée noire nous enveloppe tous les deux, mais au lieu de ça, je m’applique à rester le plus détaché possible face à Julian la vache à lait. Il n’a pas besoin d’être complimenté, il sait ce qu’il vaut, et à part faire gonfler son ego comme un ballon de baudruche, ça ne servirait absolument à rien.
« Tu peux rester ici cette nuit s'tu veux. » Mes iris se plongent dans les siens, cherchent le piège. J’ai la désagréable impression de progresser en terrain miné, et que la moindre erreur de jugement peut m’être fatale. Avant que sa très chère amie la paranoïa ne s’invite à la fête, je bâillonne ma méfiance et me contente de lui sourire bêtement, escortant mon geste d’un commentaire comme à mon habitude. « Si j’avais su, j’aurais emmené mon pyjama. » Et de quoi me changer. C’est que ma tenue de spectacle est loin d’être dernier cri. « J'ai la flemme de te ramener à ta caravane de pauvre. J'ai pas envie de salir mes pneus. » Il y a toujours une raison à tout, avec Julian. Qu’elle soit véritable ou pondue sur le tas, il faisait toujours en sorte que sa bonté d’âme reste un mythe populaire. « Que ce soit aujourd’hui ou demain, il va bien falloir que tes pneus fassent connaissance avec la gadoue de mon campement, un jour ou l'autre. » Ma roulotte se situe dans un endroit si reculé qu’aucun transport ne le dessert. De toute façon, je n’ai ni l’argent ni l’envie de rentrer en bus. C’est tellement plus plaisant de se faire raccompagner par Julian, histoire de jeter de la poudre aux yeux de mes collègues. Alors que je me régale à cette pensée, j’aperçois l’homme de loi se lever du coin de l’œil. Silencieusement, je me fonds dans ses pas. Je reste un instant statique devant la cabine de douche. J’attends un signe de sa part, par crainte de passer pour la tapette pot de colle mais il ne remarque même pas ma présence. Je suis redevenu Lupka, le gamin invisible. Je me délecte encore un peu de cette vision qui m’est offerte et j’autorise finalement mon corps à aller se coller au sien. L’eau glacée qui me lèche la peau m’arrache une grimace. « T’as pas peur de l’hypothermie ? » Je n’attends pas sa réponse pour tourner le bouton de douche. « Ta circulation risque d’être coupée. » A ces mots, je jette un regard furtif à son sexe pour vérifier que son système sanguin ne s’est pas entièrement mis au repos. Sourire. Ma tête roule sur le côté, mes lèvres quémandent sa bouche. Mes mains attrapent les siennes pour les guider jusqu’à mon ventre, histoire de le débarrasser de cette substance qui lui appartenait. Ma voix vient se mêler à la mélodie irrégulière du jet d’eau. « Tu dis toujours ce que tu penses, pas vrai ? » Je m’étais pourtant promis de ne pas revenir là-dessus. Avec chance, il ne fera pas le rapprochement entre ma question et ces quelques mots probablement insignifiants qu’il m’a lâché plus tôt dans la soirée. Je me sens ridicule à poser cette question à Julian, le mec qui crache à la gueule des sentiments. J’ai pas envie de l’entendre dire que tout ce que j’ai en plus que les autres, c’est un casier judiciaire. Je suis sur le point de faire diversion quand la sonnerie du téléphone retentit. Instantanément, je m’écarte de lui, colle mon front contre la paroi humide de la douche. « Va y, c’est peut être important. » |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN Sam 31 Aoû - 17:42 | |
| Je sais très bien qu'en faisant entrer Lupka ici, qu'en lui offrant une nouvelle fois de mon corps, c'est un peu comme lui donner un espoir nouveau. Après tout c'est vrai, jamais deux fois le même. Alors pourquoi lui ? J'en sais rien. Peut-être son sourire, sa façon presque optimiste de tourner la page sur tout. L'arrière de ma tête rencontre le carrelage glacé, l'eau froide se déverse sur mon visage, épouse mes courbes. Le silence fait renaître le bruit de ma boîte crânienne. Mes muscles se tendent, se détendent, comme un pantin, il semblerait que mes membres ne veuillent plus m'obéir correctement. Le temps s'allonge, sous ces gouttes froides. Les bruits de pas son masqués par celles-ci, pourtant, l'arrivée du blond sous la douche ne m'étonne même pas. Je savais qu'en quittant la pièce jusqu'ici il me suivrait. Ce doit être pour ça, d'ailleurs, que je n'ai pas pris la peine de fermer la porte à clé derrière moi. Parce que je le savais. Et finalement, cela ne me dérange pas, pas encore. Sa présence finira par me lasser, c'est inévitable. Comme tous ces gamins dont les jouets de noël terminent dans un coin de la chambre. Lupka, le jouet. Lupka, le chiffon. Mes yeux s'ouvrent, le fixe intensément. Mes lèvres restent closes, lui offrir de mes mots me demande encore beaucoup trop de sacrifices. Alors, je le laisse parler, là, sous les gouttes d'eau trop froides pour lui. Et je souris, à la voir frissonner. Son corps trop mince se recroqueville un peu. « T’as pas peur de l’hypothermie ? » Je me tais, encore. Tel un fantôme, je me contente de le regarder, de mes yeux trop sombres et vides. Le prédateur convoite encore sa proie, il n'a pas assez abusé d'elle. Et mes mains se mêlent aux siennes, sans broncher, elle caresse sa peau, le liquide visqueux. C'est à peine si je parviens à ressentir le changement de température.
« Tu dis toujours ce que tu penses, pas vrai ? » Je lui réponds positivement, d'un bref signe de la tête, comme ça, juste pour la forme. J'ai envie de lui dire de se taire, de ne pas gâcher ce moment de calme. Les mots restes coincés dans ma gorge, encore trop fatigués pour s'échouer de mes lèvres. Mes doigts se perdent dans son dos, remontent le long de sa colonne vertébrale, caressent sa nuque et se perdent dans ses cheveux. Le baiser est nouveau, calme, presque doux. Il dure quelques secondes, trop longtemps peut-être. Qu'importe. Cela fait du bien, au fond, de sentir une présence autre que le vide. La solitude est bonne amie mais elle n'hésite pas à tuer si l'envie lui prend. La sonnerie du téléphone retentit, elle me coupe dans cet élan démesuré de gentillesse. Mon cœur s'arrête de battre lorsque l'appareil insiste. Il hurle, dans la pièce d'à côté. « Va y, c’est peut être important. » C'est sans un regard que je quitte la cabine, attrapant au passage une serviette pour m'essuyer mains et visage. Le prénom affiché sur l'écran lumineux me donne envie de vomir. Une longue remontée acide. Mon père. Le cerveau m'ordonne de le laisser à sa connerie mais mes doigts se précipitent pour décrocher. Et là. La voix de ma mère. Tremblante, soulagée. Elle caresse mes tympans, douloureusement.
Le temps s'arrête, mon corps se pose sur le rebord du lit, pour ne pas laisser mes jambes se dérober sous mon poids. Tout est si soudain, si rapide, si douloureux qu'il semblerait que mon sang tout entier vienne de s'échapper de mes veines. Elles sont vides, sèches, désagréables. Elle me demande de lui dire quelque chose. Un je ne sais quoi pour lui donner un peu de mon cœur, de mes sentiments. Mais rien, oh non rien ne résonne dans la pièce. C'est déjà trop tard, de toute façon, je viens de lui raccrocher au nez. Par peur de craquer face à elle. Par peur de ne pas contrôler une émotion trop forte. « C'est ton père, crise cardiaque, il est mort. » Ton père, crise cardiaque, mort. Ton père, mort. Mort.
Ça sonne comme une mélodie mélancolique, ou libératrice, tout dépend de celui qui l'écoute. C'est sur ces notes de musique que je m'avance à nouveau vers la salle de bains pour me perdre sous les gouttes d'eau et plaquer violemment le corps frêle de Lupka contre les parois. Son dos claque. Mes lèvres se perdent dans son cou, cherchent la courbe de sa bouche. « C'était important ouais. » Ma main descend jusqu'à son sexe, le caresse un peu, juste de quoi oublier la nouvelle. « Mon père est mort. » Et ça me ferait presque sourire, cette annonce tragique. Mon bassin claque violemment contre le sien. C'est tellement con, Lupka, de payer les frais du désespoir. |
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| (#) Sujet: Re: We don't have the choice to stay. We'd rather die than do it your way. JULIAN | |
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