~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Le lycée. Comment ils disent les jeunes ? "Ouais, la meilleure période de ma vie sérieux !" Ah bon ? Ca se voit qu'ils n'ont pas connu ce qu'il pouvait se passer après. Toi, au lycée, tu étais le mec cool qu'on essayait d'avoir un peu partout. Le gosse de riche qui rend jaloux tout le monde parce que tu as toujours ce que tu veux. Tu es le genre de mec qui fout un bordel monstre, qui se trouve au fond à droit dans la classe et qui lance un stylo sur la personne en bas à gauche, mais quand il arrive le moment des notes, tu as toujours des putains de bonnes notes. C'est un don, que tu disais. Mais là aussi tu te foutais de leur gueule. Le talent ça existe, mais tu bosses aussi, il ne faut pas croire. Parce que tu as eu tes parents sur ton dos tout le long de ton lycée. Il fallait que tu t'en sortes pour être le mâle qui succèdera. Alors quand tu rentrais chez toi tu bossais assez. Mais personne ne le sait, tu ne voulais pas gâcher ton image de mec cool qui n'en branle pas une, tout ça pour un nom... Bien que ce nom ait fait des merveilles dans les WC du lycée. Ton année lycée, c'est aussi à ce moment-là que tu as commencé à mal viré... C'est là que tu as fait de ta soeur, ta pute.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
You're a puppet on a string. Ouais, c'est un peu ce qu'on peut dire de toi maintenant. Le bonheur ? Au chiotte ! De toute manière, depuis un certain passage de ta vie, tu n'as plus jamais été heureux, non tu peux décidément pas être heureux. Pourtant tu ne manques de rien, tu as avec toi tout ce que tu veux. De l'argent, des femmes, des hommes, une maison, un boulot qui rapporte -dans l'illégalité la plus totale, mais les règles ne sont-elles pas faites pour être brisées ? Tu n'as pas d'amis, des connaissances. Et tu es en bon terme avec presque tous les monde, il le faut. Tu es un St-John, tu es parfait. Ta famille, ça va... Tes parents sont tranquilles, toi aussi, il n'y a pas de problèmes. Pourtant, tu n'es pas heureux, non. Tu as juste envie de tout casser, parce qu'il te manque quelques chose. Ce vide qui remplit ton coeur à chaque fois que tu respires te blesse. Il t'empêche de dire "oui, moi ça va, je suis heureux aujourd'hui."

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Tu t'imagines avec la classe. Mais pas trop. Tu auras sûrement quelques rides, mais elles seront bien placées. Elles te donneront cet air de star de cinéma qui se conservent plutôt pas mal. Tu porteras des constumes gris ou marine, comme ton père, tu enfileras sûrement une cravate. Vite fait. Des fois tu laisseras ta chemise ouverte. Mais ce n'est pas le plus important. Tu t'imagines assis dans un fauteuil, dans cette grande maison qui est la tienne. Tu auras le sourire et tu seras heureux. Il y aura quelques filles par-ci par-là, des putes. Les tiennes. Les privilégiées. Mais ce n'est pas ça. Avec toi elle sera là. Candide vivra à tes côtés. Heureuse. Elle se noiera dans l'argent que tu lui donneras, tu feras d'elle ta princesse et même si on vous regardera de travers, tu vivrais cet amour que tu t'imagines tant avec elle. Mais tout ça... C'est dans dix ans. D'ici là, tu peux mourir un million de fois

« Tu n'es qu'une pute. » Ces mots, tu voudrais qu'ils sortent réellement d'entre tes lèvres. Des fois, lorsque tu la regardes, tu as envie de l'insulter de tous les noms. Tu as envie de l'étrangler, de la voir te supplier. Mais tu ne fais jamais rien, tu ne lui dis jamais rien. Tu te contentes de la regarder avec cette lueur au fond des yeux qui veut tout dire, et rien dire à la fois. On ne sait pas si c'est de la pitié que tu as pour elle, si c'est ton amour que tu voiles ou si tu la vois simplement comme une prostituée. Des fois, pour te convaincre, tu aimerais lui dire, qu'elle n'est rien pour toi. Mais ce serait mentir, te mentir, lui mentir... Pourtant, tu fais d'elle quelque chose de mal, tu la salis. Comme s'il fallait dégouter les autres pour qu'elle ne soit plus qu'à toi. Au fond, c'est ce que tu essayes de faire, c'est sur. De la garder pour toi, rien que pour toi. De l'avoir simplement dans tes bras. Pour arriver là, tu te sens obligé de la blesser, de la tuer à petit feu. Et même après ça, elle arrive à ne pas t'aimer, à aller voir ailleurs. Une pute reste une pute, tu as fait de ta soeur ce qu'elle n'aurait jamais du être ; elle te donne simplement ce que tu mérites ; ses yeux plein de haine.

Tu es issu d'une bonne famille, tu le sais. Tu n'as qu'à voir ton nom de famille ainsi que l'argent qu'on te donne enfant pour aller t'acheter des bonbons. Une fois, on a même pas pu te rendre la monnaie, si c'est pour dire. « Mais papa et maman n'ont que ça ! » T'étais-tu exclamé les larmes aux yeux. Que ça. Tu n'avais aucune notion de l'argent, tu ne comprenais pas ce que signifiait être riche. Pour toi, tu étais comme tout le monde, et St-John ou pas, tu t'en foutais. Mais les adultes sont là, ils arrivent pour te bourrer le crane. Tu es doux, tu es gentil, mais tu es riche mon enfant. Alors montre leur qui tu es, d'où tu viens. Tu n'as pas le droit de te mêler aux autres sans te sentir supérieur, tu comprends ? Non, tu ne comprenais pas, pourquoi fallait-il que tu sois différent des autres ? Tu étais encore enfant, trop petit. Et pourtant, on voulait t'apprendre des choses de grand, comme avec les petits princes qui à chaque moment pouvaient monter sur le trône. Tu allais être le roi des St-John, on devait t'y préparer. Mais on ne t'avait pas préparer à l'arrivée de bêtises comme ta soeur, non ça ! On ne t'en avait pas parlé, qu'il allait se pointer une petite rousse chez toi, avec un grand sourire et de grands yeux. On ne t'avait pas prévenu que, des choses se produisent quand on est adolescent, qui ne devraient pas se produire. On t'a appris à jouer avec de l'argent, mais pas avec tes sentiments.

« Candie ! Viens, on essaye d'escalader l'arbre ! Allez, bouge ! Avant que les parents n'arrivent ! » Tu la regardes, tu souris. Ca fait maintenant un an que ta petite soeur est complètement folle. C'est meme toi qui le dit, elle parle seule ! Mais des fois, tu aimes bien jouer avec elle. Surtout quand il s'agit de faire des choses dangereuses. Tu es un garçon, c'est normal que tu veuilles te mettre dans la merde. Mais tu y mets toujours ta petite soeur avec toi. Surtout qu'elle est petite et fragile. Et toi, non, tu ne t'en occupes pas. Pas comme tu le devrais ! C'est pour ça qu'elle est folle... Des fois, c'est ce que tu penses. Toi, tu as dix ans, maintenant tu comprends ce que c'est d'être un garçon dans la famille St-John. On s'agite autour de toi, on fait tout pour que tu sois le meilleur, alors on la délaisse. C'est pour ça que des fois, tu souris et tu joues avec elle. Aujourd'hui, tu as décidé d'escalader un arbre. Celui du jardin, le grand ! Si on tombe, on meurt. Tu l'avais prévenu ! Alors vous commencez à escalader, elle est plus agile que toi. Tu boudes un peu, tu dis que c'est parce qu'elle est plus jeune que toi et que c'est normal ! Elle arrive sur la branche avant toi, elle est heureuse. Elle a l'air en tout cas, elle balance ses pieds à présent nus d'avant en arrière et toi tu es accroché à une branche. Elle a l'air fier d'elle, tu es un peu amer... Ou alors, tu as simplement envie de lui faire comprendre qui c'est le chef, tu descends de l'arbre, et tu la préviens de ne surtout pas bouger. Lorsque tu pars, elle doit surement parler avec ses amis imaginaires. Tu reviens, et tu la pointes du doigt. Avec toi, il y a ton père. Cet homme sur qui tu prends exemple, ce grand et fort monsieur qui est pour toi le meilleur sur cette terre. Tu montres du doigt ta soeur, et elle peut t'entendre t'exprimer ; « Papa ! Elle remet ça ! Regarde ! Elle est montée sur l'arbre avec ses amis alors que c'est interdit ! Elle est folle papa, elle est folle ! »

Elle ne t'en a jamais voulu. De ce que tu as dit, de ce que tu lui as fait. Non jamais. Les années s'écoulaient sans que votre complicité ne se soit renforcée, elle était là et absente à la fois. Toi, tu grandissais. Tu étais de plus en plus parfait aux yeux de tes parents, et il y avait ta petite soeur. Cette chose là, qui osait te défier, qui te passionnait autant que tu pouvais la détester. Mais ne dit-on pas que de l'amour à la haine il n'y a qu'un pas ? A moins que ce soit de l'amitié à l'amour... En attendant, ta perfection n'était qu'une façade, qu'une enveloppe. Toi, tu le sais, que tu n'es pas parfait. Quand tu vois ta soeur, ton coeur bat. Il bat trop fort, il va te déchirer la poitrine, mais tu ne peux pas t'empêcher de vivre, alors tu te laisses déchirer la poitrine par un coeur. Tu as treize ans, quand tu as parles avec tes "amis", ils te disent que c'est de l'amour, toi tu ne veux pas y croire. De l'amour ? Tu n'as jamais ressenti ça, tu n'en as pas eu le temps. Tu étais trop occupé avec ta famille... C'est vrai, la seule fille qui était là, c'était elle. mais pourquoi, l'aimer elle ? Pourtant, c'est la vérité, c'est elle que tu aimes. Lorsque tu rougis, lorsque tu souris, lorsqu'elle te sourit. Tu ne te sens plus, tu chavires. Tu as envie de la prendre dans tes bras, de l'embrasser de la chérir. Mais ce serait bizarre non ? Alors tu la regardes. Dans les bras d'un autre, tu as envie de le tuer. Tu veux le frapper, l'attaquer, tu veux lui déclarer la guerre. Mais tu ne fais rien, tu regardes. Doucement toi tu sombres, et tu tombes dans ce qu'il ne faut pas; Tu as quinze ans, et pourtant tu sais déjà ce que c'est que de voir mourir des défoncés, ce que c'est que de causer la mort pour gagner de l'argent... Tu n'as pas honte, parce que tu fais ça pour elle. Tu ne sais plus comment, tu ne sais plus pourquoi, mais tu as décidé de la protéger comme ça, tu as décidé de faire ça pour qu'elle vive... Tu as une drôle de façon de la protéger. « 'Man, je te répète que je touche à rien, je ressemble à un putain de Junkie ? Non, alors tu te calmes, et maintenant, tu dégages. » T'es méprisant; Les femmes, tu les méprises, ta mère s'inquiète pour toi. Et toi, tu lui mens; Tu ne dis pas qu'il  t'arriver de prendre un peu de poudre, juste de quoi tenir. La pression qu'on te met sur les épaules, elle est trop lourde, tu as besoin de ça. Tu le fais vite, discrètement, personne ne le sait. Mais tu le fais. Tout en continuant de porter cette enveloppe de l'homme parfait. Derrière ça, tu caches cet homme qui exploite la femme, tu gagnes de l'argent alors qu'elles taillent des pipes, tu gagnes de l'argent sur leur dos, mais elles ne valent rien, pour toi, elles ne sont rien.

« Candie, ne t'en fais pas.. Viens. Arrête de pleurer. Serre-moi contre toi, j'aime pas voir ces larmes sur ton visage, ce n'est rien, oui, ne t'en fais pas... Moi je... Ne t'inquiètes pas. » Et c'est à ce moment que tu craquas, doucement lentement tu l'embrassas tu prenais ses lèvres avec envie, avec passion. Vous avez fait l'interdit, tu le sais. Le problème, c'est que tu as aimé. Tu as aimé faire ça, la sentir contre toi, l'entendre gémir, la voir frissonner. Mais c'est interdit, tu le sais. Depuis le début cet amour va te mener à ta perte, ça aussi tu le sais. Ca te donne envie de pleurer, tu te sens honteux. Qu'as-tu fais de ta soeur ? Pourquoi est-ce que tu l'as fait ? Tu ne devrais pas. La pauvre... Ta pauvre soeur... Tu fermes les yeux, tu passes ta main sur ton visage, tu regardes son corps nu. Tu ne devrais pas penser à ça, non, mais pourtant... « Candie. On aurait jamais du faire ça. » Une respiration. « Tu ouvres la bouche, on t'croira pas. 'Man et P'pa t'pensent encore folle. Donc, tu sais ce qu'on va faire ? Tu vas travailler pour moi, comme ça, je me tairais aussi. T'as pas envie de finir à l'asile hein ? Ce serait dommage. Tu auras un peu plus que les autres, t'es une St-John quand meme... » Tu vins lui embrasser la tempe. « Je te veux sur le trottoir demain soir, fais-toi belle. »