~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
« Regarde ce qu'elle porte, on dirait un garçon ! » « Et puis tu as vu les tâches de peinture sur son linge et dans ses cheveux ? Pouah, elle ne doit pas se laver souvent. » L'intimidation a secoué la jeune Charly longtemps. Enfant, elle n'était pas comme les autres. Alors qu'ils aimaient tous courir et jouer avec des poupées, elle aimait peinturer sur les murs de sa chambre et se faire raconter des histoires sur des poètes. Adolescente, elle était encore plus différente : les filles se maquillaient et voulaient plaire aux garçons en changeant, tandis que la jeune Pagé restait elle-même et était tout aussi rêveuse. Inutile de nier que plusieurs garçons fondaient à ses pieds, mais elle ne s'en préoccupait pas. Les autres filles étaient jalouses d'elle, ce qui fait qu'elle n'avait que très peu d'amis. Oui, Charly a toujours été différente des personnes de son âge : c'est ça être une artiste.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Le bonheur, c'est quoi ? En fait, Charly a basé sa vie sur une citation célèbre de John Lennon. '' Quand j'étais jeune, mon professeur m'a demandé ce que je voulais être plus tard et j'ai répondu heureux. Il m'a dit que je n'avais pas compris la question, je lui ai dit qu'il n'avait pas compris la vie. '' C'est pourquoi elle ne sait jamais apitoyer sur son sort d'enfant intimidé et c'est ce qui fait d'elle la femme épanouie aujourd'hui. Elle n'a jamais eu peur d'être la personne qu'elle était et maintenant, elle vit en parfaite harmonie avec elle-même. Elle fait ce qu'elle aime, là où elle veut, avec qui elle veut et elle n'a aucune raison de se plaindre de sa vie en ce moment. Non, vraiment, elle est heureuse et amoureuse de la vie.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Dix ans, c'est long. Et surtout, c'est dans longtemps. Comment peut-on savoir où on va se trouver dans dix ans et surtout, dans quel état ? Charly préfère laisser le vent la mener là où elle doit aller, sans penser trop à ce qui pourrait arriver. Bien entendu, elle a des rêves, des désirs : elle souhaite exercer un métier d'artiste, que ce soit peindre ou même écrire. Pour le reste, elle l'ignore : passer sa vie sans homme à ses côtés ne la perturbe pas du tout, contrairement à plusieurs. Charly est une féministe et ne croit pas avoir besoin d'eux pour survivre. Elle espère seulement que dans dix ans, elle sera toujours la même femme avec les mêmes principes et la même joie de vivre.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Valou. Bon, ce n'est qu'un diminutif de mon prénom, soit ''Valérie'', et c'est peut-être pas classe comme James Bond, mais on s'en fiche quoi, le nom ne fait pas la classe.    ÂGE: J'ai quinze ans et je suis très mature, ne vous en faites pas ! PAYS: QUÉBEC, parce que OUI c'est un pays dans mon cœur.   PRÉSENCE: J'ai l'habitude de passer à peu près chaque jour sur les forums, faire mon petit coucou quotidien et répondre à des sujets de flood. Cependant, mes réponses sont beaucoup moins fréquentes. Avec l'école, je réponds environ une fois par semaine, deux si j'ai de la chance et du temps.   COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? olala, je ne me rappelle plus. Je crois que c'était un partenariat peut-être ? J'avais laissé le forum dans mes favoris sans pourtant m'inscrire et puis paf!, me voilà.    PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? Le fruit de mon imagination.   AUTRE CHOSE À AJOUTER? Je crois que je vais tous vous marier, je vais devenir polygame, on va m'arrêter car c'est illégal dans mon pays et puis je ferai de la prison, mais je me trouverai du réseau pour venir sur le forum, car je l'aime trop.  

** les parties de l'histoire où il n'y a pas de date avant se déroulent à white oak **

Je la regarde et je la trouve belle. Charly a la souplesse d'une danseuse et la grâce d'une reine. C'est peut-être en l'honneur de toutes ces duchesses et grâce à ses nombreuses qualités que ses parents l'ont nommée Charlotte, ou peut-être bien est-ce en l'honneur de ces villes, car elle mérite d'être connue. Je la regarde en train de peinturer le mur de sa chambre, marmonnant les paroles de la chanson qui joue. Je me demande bien ce que c'est, d'ailleurs. Je tends l'oreille et je suis convaincu que c'est Hey Jude, des Beatles. Je le sais, car c'est la chanson qu'elle avait mise dans ma voiture, lorsque je l'ai ramassé sur le bord du chemin. Elle disait l'adorer et je pouvais encore la voir sur mon banc passager, chanter les paroles de sa voix si mélodieuse. La voir si épanouie et concentrée à peinturer des petits détails sur le mur me rappelle que ma vie a changé depuis que je l'ai rencontrée.

***

AOÛT 2010. Je me promène au bord de la route alors que le soleil commence à se coucher. J'adore cette vue, voir le ciel tourné orange avec des teintes de rose. La vue est magnifique et j'allume ma radio en écoutant distraitement la chanson qui joue. C'est alors que je la vois. Elle marche sur le bord de la route, sac à l'épaule, vêtu d'une paire de short et d'une camisole. Elle finira par avoir froid bien rapidement, mais elle semble trop concentrer à aligner chacun de ses pieds l'un devant l'autre sur la ligne blanche. Tranquillement, j'arrête ma voiture à côté d'elle. Elle détourne le regard vers moi et c'est probablement la plus belle femme que j'ai jamais vue. Simple, naturelle ... « Tu vas quelque part ? » lui dis-je. « Là où le vent va me porter, » se contente-t-elle de me répondre en souriant. Sa longue crinière lui tombe le long des bras et elle replace furtivement une mèche derrière son oreille. « Ça tombe bien, moi aussi. Monte. » Elle me regarde et ma foie, elle est mille fois plus belle lorsqu'elle sourit. Je lui débarre la porte et elle prend place sur le siège passager, se place en position de tailleur et lance son sac sur les bancs de derrière, par-dessus mes boîtes. « Je sens qu'on va bien s'entendre, » me dit-elle en regardant mes boîtes et en souriant. Je lui adresse un sourire à mon tour et reprend la route. « Ça te dérange si je m'en allume un ? » lance-t-elle soudainement, me désignant un rouleau que je doute être du tabac. « Seulement si tu me le partages. » Elle l'allume et après avoir prit une première bouffée, elle me le tend. J'en prends une à mon tour, ça me soulage. « T'as quoi comme CD ? » Elle regarde un peu partout et trouve mon vieux des Beatles, le sort de son boitier et le place dans mon radio. La première chanson à jouer est Hey Jude et regardant la route, je l'entends marmonner les paroles à côté de moi. Le vent fait bouger ses cheveux dans tous les sens, mais ça ne semble pas la préoccuper d'être décoiffer. C'est à cet instant que je compris, la regardant sortir le bras par la fenêtre afin de sentir le vent sur sa peau de pêche, que Charly n'était pas comme les autres. Elle était différente.

JANVIER 2013. Charly est toujours dans ma vie et je ne peux m'empêcher de la trouver belle, jour par jour. Depuis que je l'ai ramassé sur une route à Toronto, nous nous amusons à nous promener dans le pays. Notre destination du moment est Vancouver, une ville magnifique. D'ailleurs, je viens tout juste de garer la voiture dans le stationnement du petit motel où nous vivrons pendant quelques temps. C'est Charly qui a eu l'idée de se promener ainsi dans le Canada, tel des nomades. Je sors de la voiture et alors que je m'apprête à lui ouvrir la porte, elle le fait elle-même : les féministes n'ont pas besoin de se faire ouvrir une porte par un homme, selon ma princesse. Elle semble un peu troublée, je n'ai même pas le temps de lui demander ce qui la perturbe qu'elle me répond. « Tu sais, j'ai jamais dépassé Toronto. Ça fait étrange de voir autant de faune. » Charly est plutôt discrète sur son passé. J'ai réussi à en tirer certains détails, comme quoi ses parents ont divorcé et qu'elle les détestait depuis. Ils se battaient pour l'avoir, mais elle s'en moquait. Je la regarde et ses yeux sont aussi éblouissants que le soleil. « La vue est magnifique. » Est-ce que je parle de Charly ou des montagnes ? Les deux, à vrai dire. J'ouvre la valise, prend nos bagages et pousse un profond soupir en pensant à ces prochains mois que nous passeront ici.

***

Une main passe devant mon visage, puis un rire éclate à côtés de mes oreilles. « La Terre appelle son capitaine ! » me dit-elle de sa voix mélodieuse. Je me retourne, elle est maintenant derrière moi. J'étais tellement absorbé par mes pensées que je n'ai pas remarqué qu'elle avait fini son mur. « À quoi tu pensais ? » « À nous. » Je sais très bien qu'il n'y a pas de nous, c'est évident : Charly me regarde avec une certaine admiration dans ses yeux, elle me voit comme un grand homme, un grand frère. Pas plus. Je soupire donc et me dirige vers le mur qu'elle a apparemment terminé de peinturé. « Et puis ? Ce mur, ça avance ? » « J'ai terminé. » C'est alors que je vois son dessin. Une voiture sur une route, un homme qui me ressemble au volant et une jeune femme qui lui ressemble à côté. C'est ce qui me surprendra toujours de Charly. Elle a un don, j'en suis convaincu. Elle arrive toujours à mettre ses pensées sur un mur et je comprends à travers sa peinture qu'elle était heureuse. Je me retourne vers elle, elle s'est allumée de nouveau ce rouleau de substances illicites. « Charly, t'es la reine de la peinture. » « Ça se pourrait, » me dit-elle en cachant son visage par la fumée de son joint. « Tu sais, je suis heureuse que tu m'aies trouvé sur la route ce soir-là. » C'est étrange, Charly n'a jamais reparlé de ce moment. Je commence donc à craindre où elle veut en venir. « Je crois que le destin voulait qu'on se rencontre. » « T'as raison. » « Je crois aussi qu'en quelque sorte, on s'est sauvé. » À ce moment, je la vois détourner le regard. Ce n'est pas dans son habitude, faire autant de confidence. J'ignorais à ce moment qu'elle repensait à son passé d'enfant intimidé, j'ignorais qu'elle repensait à sa vie d'avant. Charly est comme un oignon : il faut la peler pelure par pelure en faisant attention pour ne pas s'y prendre à notre tour. Je me contente donc de la rejoindre et de la serrer dans mes bras, tout en humant son parfum de fleurs d'été.

***

MAI 2013. Nous sommes toujours à Vancouver, cependant nos bagages sont fermés. Je lance les sacs derrière la voiture, Charly prend place sur le siège passager et je me mets derrière le volant. Nous avons passé assez de temps ici, il est temps pour nous de changer d'air. C'est d'ailleurs ce que nous faisons tout le temps : nous vivons à un endroit et puis on s'en va. Nous sommes des nomades, on ne peut rester au même endroit trop longtemps. Je fais partir le moteur et je me tourne vers elle, elle me sourit. « Prête ? » « Comme d'habitude. » Et puis nous nous lançons sur la route en écoutant les paroles de notre chanson, Hey Jude.