~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
l'ombre au coin des couloirs, le murmure dans le noir. des bottes, en cuir dégarni , qui claquent contre le parquet sale. voilà c'que j'étais, au lycée. voilà c'que j'me souviens, du lycée. de la clope entre mes lèvres, des filles trop plates, si peu attrayantes. de l'ennui trop présent, trop oppressant. des gens, des visages éphémères qui se sont tous effacés, et puis de la vie qui a tout bonnement continué. c'est juste ça, le lycée. que ça. rien d'autre. une page qui s'est tournée, du temps qui s'est passé.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
heureux? c'est quoi, cette connerie ? un mot comme ça, pour caractériser un état d'esprit ? juste un mot, tout bonnement. j'en ai rien à foutre, des mots. être heureux, c'est un coup de publicité, ouais. un mot comme ça, un état d'esprit finement créé pour que les gens courent après, comme des affamés, et qu'ils achètent, encore, toujours, des trucs qui les détruisent, mais qui leur font croire qu'ils sont heureux. alors non, j'suis pas heureux. mais j'vends du bonheur aux gens, si ça peut vous rassurer. à coup d'lignes, de pilules et d'seringues, en compagnie d'mon frère.  

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
dix ans. trente ans. qu'importe, hein, de tout ça ? que des chiffres. la vie changera pas. j'serais pas marié. j'serais pas sage, peu importe l'temps qu'on compte, l'temps qui passe. j'serais juste moi, et puis c'est tout. qu'une merde, encore, toujours, qui vole les âmes errantes pour rire un peu, et puis jouir de la vie. rien d'autres. j'serais p'être ici, qui sait, ou alors loin, sur le bord de la mer peut-être, une tequila à la main, et perdu entre les reins de ta soeur. ou ta femme, qui sait. personne le sait, ça, mais c'que j'peux te dire, en tous cas, c'est que j'serais pas plus à l'église qu'hier, ou qu'demain.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: neo/mel ÂGE: un billet de vingt PAYS: québec ( canada ) PRÉSENCE: plutôt régulière COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? arse    AUTRE CHOSE À AJOUTER? vous êtes bien beaux

papa ; t'es où, papa ? c'est c'que j'ai dit ; c'est c'que j'ai crié pendant des années. pauvre enfant illusionné. pauvre petite connerie déjà bien damnée. j'étais qu'une merde. t'entends, l'môme ?! t'étais qu'une putain de merde. une foutue de merde. aller, hurle. j'ai hurlé. c'est bien, j'ai fait le môme. j'ai hurlé, pour avoir droit à mon père, haut. fort. j'ai hurlé, encore. j'ai hurlé, pour bien m'entendre. pour mieux m'comprendre. j'ai hurlé, jusqu'à m'épuiser, j'ai hurlé, jusqu'au jour où il a frappé. parce que oui, ce salopard s'est pointé. faut dire, mes cris l'ont certainement alarmés. il a trop crié, le putain de môme. tu comprends, le môme ? faut pas crier. tais toi, réagis pas. reste là, bouge pas. mais j'ai bougé ; j'ai bougé et j'ai hurlé. hurlé d'peur, d'pleurs et de conneries. qu'importe. il a frappé. encore, toujours, il  a frappé. arrête d'hurler, qu'il a dit. sois pas un minable, qu'il a hurlé. t'es qu'une sous-merde, salopard de mioche, qu'il a craché. et moi, j'ai sangloté. il a sangloté, le môme. il y est resté, j'crois bien, le môme. détruis sous les coups, anéanti par les débris. t'es où, le môme ? voilà, il répond pas. il a coupé la ligne, le môme, il a fermé les yeux, tiré le rideaux, abandonné le chapiteau. adieu, qu'il a dit. y'en a qui disent, chez les québécois « on a mis quelqu'un au monde, faudrait p'être bien l'écouter * » ouais bah, celui-là, il a trop hurlé. on l'a trop écouté. papa, il en voulait pas, de ses « papa » trop hurlés. il en voulait pas, de son affection surdimensionné. le petit, qui a cessé d'exister. il a fait pouf, au travers de l'univers, comme un soleil qui s'meurt. il s'est éteint, et puis un trou noir est noir. tu t'es éteint. tu t'es éteint, et je suis né. voilà comment ça s'est passé.

quoi? tu la voulais pas, la jolie histoire du mec handicapé. du mec paralysé des sentiments ? bah la voilà. roh, fais pas ta salope, tu veux. y'en a pas de beau prince ténébreux à sauver. viens pas faire ta mère térésa ; tu sers à rien, ma fille. tes beaux yeux, j'en ai rien à faire. tes beaux yeux, je les oublie après un verre, ou p'être deux. elles ont été nombreuses, les connasses avant toi. vous êtes toutes pareilles. j'vais le sauver, que vous vous dites. il est gentil, juste un peu meurtri. j'suis comme ça, un point c'est tout. j'vais vous fourrer, vous baiser, et vous abandonner. j'ai trop hurlé, qu'on dit ; j'ai la voix écorchée. t'inquiètes, ma belle. j'vais voler tes cris, un peu, peut-être, pour m'abreuver.

rire.

quoi, ma belle ? pourquoi tu m'observes comme ça ? t'as un problème, ma beauté ? t'aimes pas ce qui est en train de s'afficher ? t'aimes pas l'dessin qui est en train d'se tracer ? c'est un peu noir, non ? des traits obscurs, tout ça. c'est un peu triste, voilà. un peu triste, quelque chose comme ça. roh, mais fais pas cette tête là. faut pas, tu sais. c'toujours comme ça, quand on quitte les contes de fée. c'est comme ça, la réalité. faut assumer. assume, meuf. t'es face à un enculé. à un enculé qui aimerait bien t'enc...quoi? roh, faut pas, voyons. t'aimerais bien, tu sais. les autres, elles ont appréciés. c'est ça, les joies de la vie des aliénés. parce qu'on l'est tous, en fait, aliéné. faut juste voir la réalité. fais le vite, ma belle, tu tomberais d'moins haut.

bruit de verre. goutte, le long de la gorge.

hein ? c'que j'fais là ? bah dis donc, ma belle. c'est quoi, tous ces questions ? tu travailles pour les poulets, ma princesse ? ouais, t'es mieux pas. hein ? oh bah, j'ai juste pas envie de te buter, tu vois. haha, ouais, c'est ça, ris. ris encore. c'est bien, rire. au moins, tu chiales pas comme une merde. c'est toujours moche, une meuf qui chiale. quoi ? oh, ta gueule. toi aussi, t'es moche, quand tu chiales. déjà que t'es pas extra... hein? roh, fais pas ta gamine. avec un verre, t'es presque belle. ouais, ouais, sérieusement. quoi ? non, j'me fais pas chier, moi, avec des putains de mensonge. la vérité, ça se crache, point barre. la vérité, c'est le meilleur des revolvers, j'te dis. tu le sens, non, au creux d'ta poitrine ? t'as mal, ma salope ? ah bah voilà, tu vois. j''te l'ai bien dit. mais oui, t'inquiètes. hein ? ah ouais...c'que j'fais là. j'vais te dire, moi.

ricanement. froissement de chandail.

je chasse, voilà, c'que j'fais. je chasse la pédale. quoi? nan, faut pas de permis de chasse, pour ça. t'es idiote, ou quoi ? j'chasse un putain d'homo, voilà ! bon quoi, maintenant que tu comprends, tu fais les gros yeux ? roh, calme toi. c'pas si mal. tu veux savoir la suite, nan ? alors ta gueule, voilà. comme t'es mignonne, oui. j'te ferais pas trop mal, tu vas voir, ma belle. p'être bien que t'aimeras, qui sait. hein ? ah ouais, bon. une pédale, donc. une petite salope qui m'a volé un peu d'stock, si tu vois c'que je veux dire. quel genre de stock ? de la coke. hein ? putain mais t'es blonde ou quoi? j'en ai rien à foutre, du coca cola. de la coke, merde, de la drogue, idiote. ouais, voilà. quoi ? bah ouais, que c'pas légale. tu crois quoi ? pff mais c'que t'es conne, franchement. me faut un autre verre, sinon j'vais t'en foutre une. garçon !! ouais, un verre. double, ouais. ou triple, même. vaut mieux triple. merci. donc ouais. j'disais quoi ? ah ouais, ma pédale voleuse de coke. ça fait un p'tit moment, quand même. y'a deux ans, quand j'étais à toronto. quoi ? non, j'viens pas d'là. j'viens de montréal, mais j'ai quitté la métropole pour toronto, pour être entouré d'anglo, quoi. j'supporte pas les québécois. ils sont trop patriotique, tu vois ? genre, ils font la guerre alors qu'ils savent même pas chier encore, tu vois ? ouais, voilà. là t'as l'air un peu intelligente. bravo, j'suis fier de toi. donc bon. il m'a volé mon stock, le petit salopard. hein ? c'que j'ai fait pour ? rien du tout, franchement. je l'ai mis à sa place, c'est tout. hmm... bah au plus bas, quoi. ouais, avec les sous fifres, en gros. roh, prends pas son parti. nan mais ta gueule quoi. tu tiens à ta gorge, ma belle ? bah voilà, ferme la.

ah, mon verre. merci, mon gars.

bruit de glaçon.

c'que j'compte lui faire ? oh... même toi, tu veux pas le savoir, ma chérie. tu veux pas le savoir...

* harmonium