~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Je n'aime pas parler de mes années de lycée puisque les gens à qui j'en parle ont tendance à croire que je m'en vante. Je vous explique : au lycée, j'étais un peu comme la reine du collège. Oui, ça fait très cliché, mais c'était le cas. J'avais des notes qui faisaient rêver mes professeurs et mes parents, j'avais une bande d'amies qui étaient vraiment sympathiques – seulement entre elles, pour la plupart – et je faisais partie de plusieurs clubs extrascolaires comme les cheerleaders, le comité organisateur de l'école et la troupe de théâtre. Quand vous lisez ces quelques lignes, vous devez sans doute vous dire « pfff, la voilà la petite starlette du lycée de White Oak ! », mais en fait, vous vous trompez à mon sujet. Oui, j'attirais les regards de tous et chacun. Je les intriguais, je les amusais. On parlait de moi – et de mes amies – dans le couloir, entre deux cours... Mais je n'avais pas « l'attitude ». Vous savez, cette attitude déplacée de gosse de riche ? L'attitude qui fait qu'on vous regarde de haut, qui que vous soyez, et qu'on vous fait immanquablement vous sentir mal dans vos pantalons ? En bref, je n'ai jamais été celle-là. Mes copines l'étaient, mais pas moi. Moi j'étais celle qui parlait à tout le monde, qui aidait tout le monde et qui appréciait les gens sans même les connaître. Je me suis toujours dit que je ne voulais pas me faire juger à tord et à travers, alors j'ai pris les devants, montrant aux gens qu'ils n'avaient pas à me craindre, au contraire. Ce fut une très, très bonne époque pour moi. Loin derrière, par contre.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Sur certains points de ma vie, je ne pourrais pas rêver mieux. Je suis au top, comme je me plais à dire aux journalistes qui m'abordent souvent en me demandant comment je me porte. Je suis fondatrice de Belli&Sario, tout en y étant designer. La boite connait un succès presque mondiale – qui l'eut cru ! – et j'adore mon équipe. En plus, je dois admettre que ça flatte l'égo que de se faire reconnaître lorsqu'on marche dans la rue. C'est très plaisant cette belle sensation d'importance que je ressens en ce qui concerne ma vie professionnelle. Le seul hic, en ce moment, c'est le côté plus personnel de ma vie. Je n'aime mieux pas y penser, en fait... J'adore ma famille, mais elle commence à m'étouffer, sans parler de mon « fiancé »... Quelques fois, je me dis que je vais un jour comprendre et admettre qui je suis, ce que je veux être. Ces gens – ma famille – sont merveilleux avec moi, ils me supportent, m'écoute, me donnent de bons conseils, mais ils ne me connaissent pas. Depuis que j'ai commencé mon ascension, j'ai fermé la porte sur mes sentiments et sur ce que je veux réellement en ce qui concerne cet aspect de ma vie. Et souvent, ça me fait me sentir mal. C'est comme si je m'empêchais d'être moi à part entière. Je ne veux pas froisser, je ne veux pas déplaire... Et pourtant, il faudra bien un jour que ça sorte...

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Dans dix ans... Je vois Belli&Sario au sommet ! Non, sans rire, j'espère que cette entreprise, mon petit bébé, aura toujours sa place sur le marché. La mode, c'est comme une montagne russe: tantôt ça va à vive allure, tantôt c'est une grande descente qui s'amorce. Je me vois encore dans ce domaine, c'est évidemment. Je ne lâcherai pas la barre, détrompez-vous. Je souhaite aussi avoir la même équipe; des gens motivés, impliqués et intéressés par cet art. Peut-être que d'ici là, j'aurai mon loft à New York ou ma villa à Paris ? Bon, vaut mieux ne pas trop y penser, quant à moi... En ce qui concerne ma vie sentimentale, j'ose espérer que dans dix ans, je serai mariée à la femme de ma vie et que nous aurons peut-être un ou deux enfants – ou des chiens, si avoir des enfants est trop compliqué... – J'espère que je serai capable, à un moment ou à un autre, de me défaire de ce qui me retient d'aller de l'avant. Dans dix ans, je me vois par dessus tout heureuse et fière de moi. Pour être fière de moi, présentement, il faudrait que je sois capable d'avouer mon secret. Une fois que ce sera fait, je n'aurai plus peur de vivre, de respirer et surtout : de chercher la perle rare. Pour résumer, dans une dizaine d'années, je me vois toujours aussi prestigieuse, mais accompagnée d'une personne, une femme, que j'aimerai vraiment.

Née le 11 janvier 1986, à White Oak ¶ Ses parents, James et Astrid, ont toujours résidé à White Oak ¶ Ils sont tous les deux de très grands avocats de la place, ce qui fait qu'ils n'ont jamais aucun soucis à se faire niveau dépenses et revenue ¶ Jolene est le premier enfant, et le seul, que la famille Bellisario a pu avoir. Les problèmes de fertilité de son père ont été un peu dérangeant ¶ La petite blonde allait donc être chouchoutée par ses deux parents ¶ Comme de raison, à ses quatre ans, Jolene fut inscrite à des cours de danse, de piano et de théâtre. Même si elle n'était pas vraiment chaude à cette idée, elle accepta pour faire plaisir à sa maman ¶ À ses cinq ans, elle intègre les rangs de la meilleure école privé qui existe au pays. Les frais sont payés d'avance, grâce aux énormes économies que ses parents avaient fait depuis toutes ses années à attendre l'enfant prodige ¶ Belli n'est pas très douée à l'école, à cette époque, mais elle n'abandonne pas : ses parents sont derrière elle et lui offre tous les cours particuliers qui pourraient être susceptible de l'aide à mieux avancer ¶ Les années passent et se ressemblent. Bellisaro atteint ses dix ans et déjà, elle a un compte en banque presque pleins, des notes pratiquement parfaite et un statut social plus élevé que la moyenne. Ses parents font tout pour qu'elle soit à la hauteur ¶ Le lycée arrive à grand pas et c'est avec une mention spéciale qu'elle entre au collège privé de la ville. Ses parents sont si fiers d'elle ! ¶ À quinze ans, Jolene commence à comprendre qu'elle a toujours vécut dans l'ombre de ses parents. Elle a toujours tout fait pour que ses parents soient heureux. Elle a même compromis ses propres désirs et ses envies personnelles ¶ Un soir, elle s'installe au salon avec ses parents. Elle leur parle de ses rêves et de ses ambitions. Elle met les cartes sur table : elle ne fera pas d'études de droits, mais elle ne lâchera pas ses études pour autant. Elle promet alors d'offrir un bulletin plus que parfait si ses parents lui permettent d'accéder aux études de design qu'elle rêve depuis quelques mois déjà. Avec hésitation, ils acceptent, mettant tout de même leurs conditions ¶ Jo entre donc dans l'équipe de cheerleader du lycée. Elle fait aussi partie du comité d'organisation et du conseil de l'école. Elle se fait de nouveaux amis et, involontairement, devient la tête d'affiche de l'école, le nouveau modèle pour beaucoup d'entre eux ¶ À la remise des diplômes, ses parents sont présents. Ils ne sont pas très heureux d'apprendre qu'elle ira à White Oak University alors qu'ils avaient des projets plus grandioses pour elle. C'était un accord et ils le respectent néanmoins ¶ À 20 ans, alors que la belle poursuit ses études avec brio, ses parents reviennent toquer à sa porte – porte d'appartement luxueux, au centre-ville – pour lui faire part d'un marché. Comme Jolene n'a pas de fréquentation et qu'elle n'est visiblement pas sur le point d'en avoir une, ses parents la case avec le fils d'un couple d'amis. Riche, lui aussi. Il est surtout plus vieux qu'elle... Elle ne peut pas refuser, par contre... ¶ À 23 ans, ils se fiancent contre son gré. Ça a quand même pris trois ans avant que cela arrive... Jolene avait insisté pour attendre jusqu'à la fin de ses études. C'était maintenant chose faite. Son fiancé lui promettait les plus beaux cadeaux du monde : argent, pouvoir, luxe. Tout ce qu'une fille peut rêver. N'importe quelle fille en rêverait... Mais pas Jolene ¶ Toutefois, elle utilisa ce beau mâle pour lui permettre d'obtenir ce qu'elle avait toujours souhaité depuis son entrée à l'université : sa propre ligne. ¶ Jolene Bellisario s'associa donc avec Sarah Hennig pour former Belli&Sario, la ligne de robes de mariée et de bal qui devient, avec le temps – et l'argent – un réel succès ¶ À l'aube de ses vingt-sept ans, la blondinette se rend bien compte que les choses ne peuvent plus durer ainsi. Elle ne peut plus vivre comme ça, aux côtés d'un homme qu'elle n'aime pas – puisqu'elle est attiré par les femmes – Elle veut vivre sa vie, son indépendance ¶ Parlant de femmes, c'est un peu grâce à Sarah que Jolene sait où elle en est. Sarah, c'est la meilleure amie de la blonde depuis qu'elles sont au lycée. Ensembles, elles ont tout vécut. Même les premières expériences. Et ça a toujours marqué Jolene. Même si elles sont qu'amies, c'est un peu à cause de la rouquine qu'elle sait reconnaître son homosexualité. Plus tard, elle la remerciera... ¶ Dans le futur, elle fera tout ce qui est en son possible pour changer. Changer et devenir celle qu'elle a toujours voulu être.